Molybaron est un groupe composé de musiciens français et irlandais et dont l’histoire et la carrière est marquée par nombre de décisions dénuée de toute forme de calcul, de stratégie marketing ou de préméditation artistique, à part celle de réaliser la musique la plus aboutie et la plus personnelle possible.
A ce titre, c’est à l’origine par défaut que le guitariste Gary Kelly s’est retrouvé à assurer les parties de chant. Une décision dont le groupe se satisfait pleinement tant au niveau des textes que de son timbre particulier qui semble être la voix qu’ils cherchaient depuis leurs débuts. Quant à la musique du groupe, elle est tout simplement le résultat d’un travail à la fois spontané et méticuleux entre plusieurs musiciens aux horizons certes variés mais pleinement dédiés au projet.
C’est donc pour évoquer ce parcours qui a mené à la sortie d’un premier album naturellement éponyme que nous nous sommes entretenus avec le guitariste Steven Andre.
« Si nous sommes en répète, en train de faire un morceau, nous allons peut-être passer une heure et demie sur un break pour que ce soit absolument parfait. »
Radio Metal : C’est donc votre première grosse série d’interviews. Qu’est-ce que ça fait de parler pour la première fois d’un projet ? Comment est-ce qu’on s’y prépare et qu’est-ce qu’on en ressent ?
Steven Andre (guitare) : Au début, nous avons essayé de nous poser ensemble et de nous dire : « Bon, qu’est-ce qu’il faut dire ? Qu’est-ce qui est intéressant, qu’est-ce qui ne l’est pas ? » Et au final, nous nous sommes mis d’accord sur les grandes lignes et nous nous sommes dit que nous allions y aller un peu au feeling parce que cela nous permettrait de répondre de manière honnête et directe, sans spécialement réfléchir, et d’être plus spontanés. Je pense que c’est plus intéressant que de devoir répéter des choses que nous avons écrites sur une feuille. Donc il n’y a pas eu spécialement de préparation parce que nous savons l’histoire de notre groupe, nous savons ce que nous avons envie de dire et de partager, mais après, comme je t’ai dit, il n’y a pas de préparation particulière. C’est super, et c’est impressionnant pour moi qui suis un fan de musique depuis que j’ai cinq ans, qui bouffe des interviews à la chaîne, qui lis, qui suis insatiable à ce niveau-là; c’est super rigolo de se retrouver de ce côté-là de la caméra, mais c’est génial.
Tu disais justement que tu as regardé beaucoup d’interviews, comme on le fait tous, de tes artistes préférés. Quand tu as commencé à t’imaginer être interviewés, est-ce qu’il y a des choses, des comportements, où tu t’es dit : « Non, j’ai pas envie d’être comme ça, d’être ce genre d’artiste-là, faire ce genre d’interview-là… », des choses que tu as vues et que tu n’as pas voulu reproduire ?
Il y a des comportements que j’ai lus et qui me débectent un peu mais, en soi, dans ce milieu, j’ai l’impression que tout le monde est plus ou moins cool. Après, nous n’avons pas envie de passer pour une bande de connards arrogants ou quoi que ce soit, au contraire, nous sommes les gens les plus gentils du monde. Mais je pense qu’il n’y a pas de raison pour que nous véhiculions une image négative ou prétentieuse, parce que ce n’est absolument pas le cas. C’est juste que nous y allons un peu à la cool, nous sommes juste extrêmement heureux et honorés d’avoir la chance de faire ça et d’avoir la chance d’avoir des radios, des webzines, des magazines qui s’intéressent à nous, le temps de quinze, vingt, trente minutes, je ne sais pas. Donc nous prenons juste ça comme quelque chose de génial, et si ça peut permettre à certaines personnes de nous écouter, c’est juste extraordinaire. C’est que du plus, en fait ! Nous ne nous disons pas : « Il faut pas qu’on ait l’air de connards prétentieux. » Nous nous disons juste : « On va parler de notre musique, on va être comme on est au quotidien, c’est-à-dire gentils, etc., et on espère que ça va contribuer à ce que des personnes se penchent sur notre musique. »
En parcourant la biographie du groupe, on voit que celle-ci est quand même très centrée sur la vie de Gary. Il y a un constat qui ressort dès le départ, c’est que la grosse influence dans sa vie de musicien, c’est sa découverte de …And Justice For All de Metallica, puisque c’est apparemment cet album-là qui lui a donné envie de monter un groupe, etc. On l’entend aussi un peu dans votre musique pour le côté « progressif », à la Metallica. Du coup, est-ce une influence que tout le monde partage dans le groupe ? Et si oui, que représentent cet album et Metallica pour le groupe ?
Oui, c’est une influence majeure pour nous. Je suis un immense fan de Metallica depuis que je suis gosse, c’est pareil pour Seb à la basse et pour Raph à la batterie. C’est un classique, ce sont les aînés, les tontons, Metallica ! Donc au final, nous sommes tous plus ou moins influencés par Metallica, même sans forcément le savoir. Et même des groupes qui vont sortir des albums ne vont pas revendiquer Metallica, et pourtant, on va sentir Metallica partout parce que ça fait partie de ce genre de groupe, comme il n’y en a pas beaucoup qui ont pris la musique rock-metal et qui l’ont placée à un niveau au-dessus, donc forcément, c’est un peu partout. Après, Metallica, je suis peut-être plus Master Of Puppets et Ride The Lightning, Seb est un peu plus aussi porté sur les premiers albums, et je sais que Raph aussi apprécie énormément Metallica, mais nous avons tous plus ou moins nos influences que nous apportons dans le groupe, ce qui fait que ça fait une espèce de mélange qui fonctionne plutôt très bien. Metallica est très important pour nous, mais nous avons quand même d’autres groupes en tant qu’influences. Moi, par exemple, je me sentirais peut-être plus proche d’un Guns N’ Roses que d’un Metallica, c’est un groupe qui me parle plus. Ça reste quand même des groupes pour lesquels j’ai un respect infini et dont l’influence restera gravée pour toujours.
Tu disais que certains groupes sont influencés par Metallica mais ne le revendiquent pas. Penses-tu que parfois, certains groupes n’assument pas d’avoir pour influence Metallica, parce qu’ils se disent que c’est trop mainstream, etc., et parce qu’il y a aussi un côté « cool » à critiquer Metallica ?
Ça, après, il faut demander à chaque groupe [rires], mais après, personnellement, je ne vois pas spécialement l’intérêt de critiquer un groupe qui a marqué l’histoire de la musique. Qu’on aime ou pas ce qu’ils ont fait récemment, qu’on aime ou pas leur mentalité, ils ont quand même fait avancer les choses, comme Black Sabbath, comme Iron Maiden. Donc si les groupes décident de ne pas le revendiquer, c’est leur choix. Je ne veux pas trop m’aventurer là-dedans parce que c’est à chaque groupe de dire un peu ses influences. Moi, par exemple, je suis bien plus Megadeth que Metallica. Mais c’est juste une question de goût. Après, pour le côté mainstream de Metallica, quand quelque chose marche, ça marche, tant mieux pour eux, je n’ai pas spécialement d’avis là-dessus. Chacun dit et pense ce qu’il veut de chaque groupe.
« Gary a commencé à chanter de plus en plus, […] et nous nous disions : ‘Putain, mais c’est exactement ce dont le groupe avait besoin !’ C’était exactement cette espèce de tessiture vocale un peu étrange qui donne une ambiance aux chansons. »
La biographie du groupe mentionne également des artistes comme Radiohead et Hans Zimmer, le compositeur de musiques de film. Comment ces artistes-là vous influencent pour la musique de Molybaron ? Votre musique est plutôt rentre-dedans, alors que ces artistes ont une musique beaucoup plus basée sur l’atmosphère et l’ambiance…
Nous écoutons beaucoup de musiques différentes chacun, nous avons différentes phases. Moi, je sais que je vais avoir des phases un peu plus bourrines; par exemple, là, je suis à fond dans Dillinger Escape Plan, ce qui n’a rien à voir avec notre musique, et dans le même temps, Gary va peut-être plus être dans une phase Muse ou Royal Blood, qui va aussi être complètement différente. Après, du coup, ça apporte un petit quelque chose à chaque chanson. Je sais que l’arrivée de notre batteur, Raph, qui est très inspiré par Meshuggah, Mastodon, etc., apporte justement un côté plus tribal et technique à la batterie, auquel nous n’aurions pas pensé avant. Que ce soit Hans Zimmer, Radiohead, Muse ou quoi que ce soit, chacun apporte une espèce de petite touche dans les chansons. « Tiens, ce break-là qui sonne comme ça, ça pourrait être cool à ce moment-là » « Ouais et moi je peux faire un riff de guitare un peu lourd à la Metallica; après on pourrait passer avec un truc un peu syncopé, free jazz, à la Dillinger… » Et au final, c’est ce qui fait que ça fonctionne. Après, dans l’album, peut-être que ça ne se ressent pas à la première écoute, mais je sais que ça influence pas mal de nos chansons. Par exemple, l’introduction de « Mother », avec les espèces de nappes, etc., je sais que ça fait très musique de film, donc c’est surtout là-dedans qu’on va retrouver ce genre d’influence. Comme je te dis, nous écoutons beaucoup de choses différentes, donc beaucoup de phases, et ce qui apporte justement toute la richesse de ce que nous voulons apporter à notre musique, et en même temps, nous nous posons énormément pour composer nos morceaux, nous réfléchissons beaucoup aux morceaux pour la manière dont ils peuvent sonner le mieux. Donc ça nous arrive de jeter des choses, d’en modifier complètement, etc. Les chansons dans les démos n’étaient à la base absolument pas ce qu’elles sont sur le CD parce qu’elles ont évolué dans tous les sens, pour le mieux. Du coup, c’est peut-être toutes ces influences-là, diverses et variées, qui font que notre musique est comme ça. Nous écoutons beaucoup de choses différentes.
Votre album est globalement très rentre-dedans, avec des morceaux plutôt hard-rock, blues-rock, ou metal, mais c’est vrai qu’en trame de fond, il y a ces espèces de nappes, ces ambiances, surtout sur des chansons comme « Mother » ou « Incognito ». Ce ne doit pas être facile de rajouter cette dimension-là, ces atmosphères-là, sans sacrifier l’énergie. Mais lorsqu’on écoute les morceaux, ça marche très bien. Donc comment avez-vous travaillé sur le fait de trouver un équilibre entre l’accroche et l’atmosphère ?
Chacun donne un peu ses avis sur ce qui pourrait être le mieux. Je sais que Gary a son home studio chez lui, du coup il teste beaucoup de choses dans son temps libre. T’as pas idée à quel point les morceaux ont évolué et changé au fur et à mesure ! Donc en fait, nous essayons, nous faisons des tests, nous les écoutons pas mal de fois, ça finit par rentrer dans nos têtes, et nous nous disons : « Ça, ça marche. Ça, ça marche pas. Au final peut-être qu’ici on pourra rajouter une espèce de synthé, et là une espèce de bruit comme ça, une nappe de guitare en reverb derrière. » Les chansons se créent un peu comme ça. Nous ne sommes pas du genre à entrer en studio et à dire : « Allez, dans deux minutes, la chanson est faite, je fais les lyrics et voilà ! » Parce que nous voulons vraiment que les chansons sonnent le mieux possible, et au final, c’est vrai que l’ajout de ce genre de petite nappe, ce genre de petit son, qu’on utilise en samples en live pour recréer les ambiances sur le refrain d’« Incognito » ou le début de « Mother », nous permet justement d’ajouter une profondeur, de tirer la chanson un peu plus vers le haut, peut-être au détriment de l’énergie comme tu le disais, mais plus pour le côté introspectif et un peu intense, que nous essayons de rechercher quand nous sommes en train d’écrire ou d’enregistrer.
Molybaron est donc un groupe binational puisqu’il y a Gary dans le groupe qui vient de Dublin. Ressentez-vous de temps en temps des différences culturelles, ou des approches différentes vis-à-vis de la musique, qui sont liées à sa culture à lui, qui est très différente de la nôtre par rapport à la musique ?
Dans sa façon de jouer, pas spécialement, parce que Gary a toujours joué du hard-rock/metal, enfin il joue aussi énormément d’autres choses, mais au niveau du jeu, c’est un guitariste excellent, c’est vraiment le meilleur guitariste avec lequel j’ai eu la chance de jouer. Mais il n’y a pas spécialement d’approche, c’est plus dans sa façon d’être, peut-être, il a d’ailleurs un accent assez prononcé, ce qui est assez rigolo – du coup nous parlons tous anglais dans le groupe. Mais en soi, dans son approche de la musique, il est très perfectionniste, c’est-à-dire que si nous sommes en répète, en train de faire un morceau, nous allons peut-être passer une heure et demie sur un break pour que ce soit absolument parfait, le mieux possible, et c’est quelque chose dont je n’avais pas l’habitude avant, quand je jouais, de dire : « On recommence, on recommence, ça c’est mieux, ça c’est mieux, ça peut être mieux, c’est encore mieux. » Et au final, je ne dirais pas que c’est lié à sa culture, mais plutôt que c’est lié à sa personnalité, de vouloir vraiment nous pousser vers le meilleur, et c’est extrêmement enrichissant et juste absolument génial de travailler et de composer des morceaux avec lui, car il est extrêmement perfectionniste, mais en même temps ouvert à 2000% aux propositions de chacun et à nos avis. Par exemple, quand nous avons une démo et qu’il rencontre des gens, des potes, c’est le premier à leur dire : « Alors ? Qu’est-ce que vous en pensez ? » Et que ce soit le positif ou le négatif, il va vraiment tout prendre très intelligemment pour essayer d’en tirer le mieux. Je ne sais pas si c’est lié à sa culture irlandaise, mais c’est totalement lié à sa personnalité, et c’est génial.
Donc le cliché du musicien français un peu trop classique et cérébral, versus le musicien irlandais qui a ça dans le sang et qui fait les choses de manière naturelle et très spontanée, ça ne s’applique pas à vous ?
Je ne suis pas du tout cérébral de mon côté. J’avais vachement l’habitude de jouer au feeling, comme je le ressentais, et de rencontrer Gary, qui est un peu comme moi mais vachement plus assidu dans sa façon d’aborder les morceaux, etc., ça a permis de faire une espèce de mélange tous les deux, au niveau du jeu de guitare. C’est super important pour notre groupe parce que nous allons y aller au feeling en disant : « Tiens, je rajoute cette note-là ici, dis-moi ce que t’en penses, » et en même temps, nous allons la travailler à mort pour que ce soit le mieux possible. Donc le cliché ne s’applique ni à moi, ni à lui, donc au final, c’est pour le mieux [rires].
« Nous n’allons pas dire : ‘On est un groupe étrange !’ Nous allons simplement dire : ‘On est un groupe de hard rock/metal, à vous de voir ce que vous aimez et ce que vous trouvez dedans.' »
À la création du groupe, il y a eu une longue période de deux ans où vous avez cherché un chanteur, et vous n’avez pas trouvé le chanteur qui correspondait le mieux. Au final, c’est Gary qui a décidé de se charger du chant. Peux-tu nous parler de cette période et du moment où la décision a été prise de laisser Gary faire, et pourquoi ne l’a-t-il pas décidé plus tôt ?
Nous avons commencé à chercher un chanteur, et cela a été extrêmement long. Nous avons auditionné beaucoup de gens, des chanteurs qui chantaient très bien, des chanteurs qui chantaient moins bien, nous avons eu une chanteuse pendant quelques semaines, ou un mois, en nous disant que c’était parfait, mais au final nous avons réalisé que ça ne collait pas. C’était déjà très dur de trouver quelqu’un qui n’avait pas d’accent français. Ça paraît con, dit comme ça, mais ce n’est vraiment pas évident. Donc nous commencions un peu à désespérer, nous nous disions que nous n’allions jamais trouver, etc., nous avions dix chansons en boîte mais nous n’arrivions pas à trouver la voix qui collait. Nous chantonnions en studio les mélodies pour les placements de voix, et nous avons fini par dire à Gary : « Tu chantes juste, c’est déjà énorme, parce qu’il y a des gens qui chantent faux. Tu devrais chanter, ce sont nos morceaux, tu les ressens; écris des paroles et chante-les avec ton cœur. » Il nous disait : « Je ne sais pas chanter ! » « Mais justement, apprends à chanter, on a le temps, on n’a pas spécialement d’obligation, prends le temps qu’il faut pour apprendre à chanter. » Et au final, Gary a commencé à chanter de plus en plus, jusqu’à ce qu’il ouvre son larynx et commence à chanter avec le ventre et non pas avec le nez, et que ça commence vraiment à sonner, et que nous nous disions : « Putain, mais c’est exactement ce dont le groupe avait besoin ! » C’était exactement cette espèce de tessiture vocale un peu étrange qui donne une ambiance aux chansons. Nous nous sommes dit : « Si tu t’étais mis à chanter deux ans plus tôt, on aurait gagné deux ans sur tout ! » Mais au final, pas de regret car ça nous a permis de peaufiner au mieux le reste. Ça s’est fait comme ça. Et maintenant, Gary chante comme un ange ! Nous sommes très contents de ce choix. Après, cela a été un peu plus compliqué parce qu’il n’avait jamais chanté, parce que se retrouver sur scène en frontline à chanter devant les gens n’était pas une chose à laquelle il était habitué, il y a eu pas mal d’appréhension pour le premier concert, mais au final, tout s’est bien passé et il a pris confiance. Ce qui est super avec Gary, c’est qu’il est très rigolo et très sympa, et ça va se ressentir sur scène. Du coup, il prend de plus en plus confiance et de plus en plus de plaisir à chanter. Du coup, quand nous jammons, il arrive souvent avec des mélodies, il chante spontanément et il est vraiment devenu un vrai chanteur.
Tu parlais de « l’étrange » : quand on écoute l’album, ça tourne, c’est bien rentre-dedans, etc. mais on ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il y a un truc, une atmosphère étrange. C’est un mot qui est utilisé dans votre biographie pour décrire notamment vos paroles, et aussi un terme que tu viens d’employer pour parler du chant de Gary. Est-ce que ce rapport à l’étrange, ce côté « bizarre », est quelque chose que vous revendiquez de manière intentionnelle, ou bien ça s’est fait tout seul ?
Ce n’est pas quelque chose que nous revendiquons ou qu’on fait exprès d’avoir, c’est vraiment venu comme ça. Avant que tu me poses la question, je ne pensais même pas dire que notre musique était étrange, mais juste que nous ne faisons que du hard rock/metal moderne. Mais maintenant que tu me poses la question, peut-être que ce côté étrange vient justement de toutes nos influences, tout ce mélange de choses que nous mettons dans nos chansons. Après, nous n’allons pas dire : « On est un groupe étrange ! » Nous allons simplement dire : « On est un groupe de hard rock/metal, à vous de voir ce que vous aimez et ce que vous trouvez dedans. » Ça s’est fait sans le faire exprès, parce que nous ne nous en rendons pas spécialement compte. Je ne suis même pas sûr que si tu posais la question à Gary, il te dise : « Un groupe étrange ? Non, c’est juste que c’est nous, notre personnalité, c’est la musique qu’on a envie de faire, ça sort de nos tripes et de notre cœur, et au final, si c’est un peu étrange, tant mieux, ça ne ressemble peut-être pas à tout. »
Vos textes font un portrait de la société qui est assez sombre. Peux-tu nous parler de ce ton global que vous avez adopté pour les paroles de l’album ?
C’est Gary qui écrit les paroles. Ça nous arrive parfois de lancer des sujets, des thèmes, mais c’est surtout Gary, vu qu’il parle anglais couramment, c’est beaucoup plus simple pour lui d’écrire les paroles. En plus, vu qu’il les chante, ça lui permet de ressentir un peu ce qu’il dit. Après, au niveau du sous-texte, Gary va plus écrire sur des choses qu’il ressent, qu’il voit, des choses qu’il a envie de dénoncer, ou pas, mais sans être moralisateur ou être tel un prêtre américain dans une grande église devant ses fidèles, mais c’est juste que s’il a envie de parler de quelque chose, il le dit. Après, chacun se fait sa propre interprétation, mais c’est ce qu’il voit, ce dont il a envie de parler, il ne cherche pas à créer un album-concept très grandiloquent, etc., c’est plus sur ce qu’il ressent, et ce qu’il a envie de dire.
Au niveau de l’artwork, on voit un homme qui était assis devant sa télé et qui est attiré par une sorte d’orbe, en arrière-plan, on voit un décor quasiment vide. On ressent quand même un message derrière, peux-tu nous en parler ?
L’artwork a beaucoup évolué au fur et à mesure, mais au final, ce qu’il veut dire, c’est quelqu’un qui regarde la télé, qui se fait un peu embobiner par les médias, et qui est en train de perdre un peu son combat entre sa libre pensée et tout ce que les médias essayent de nous dire, et tous les mensonges que l’on peut gober. Après, c’est comme pour les paroles, chacun se fait sa propre interprétation, c’est vrai qu’il y a cette orbe qui semble l’attirer, chacun interprète à sa façon. Nous l’avons pas mal utilisé dans le clip de « Moly », où il y a le mec devant sa télé, qui regarde, l’orbe qui passe en fond, nous avons tourné le clip sur une plage qui ressemble à la pochette de l’album… C’est assez conceptuel, c’est peut-être un peu la mentalité des paroles, de dénoncer un peu ce genre de choses, et de dire un peu ce que nous pensons de ce que nous voyons, ce qui se passe à la télé, dans les médias, dans la vie de tous les jours, ça représente un peu la conscience qui se fait happer par tout ça.
Interview réalisée par téléphone le 24 octobre 2017 par Philippe Sliwa.
Retranscription : Robin Collas.
Site officiel de Molybaron : www.molybaron.com.
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