« J’aurais pu, c’était pas malin,
Faire avec lui, un bout de chemin
Ça l’aurait peut-être rendu heureux
Mon vieux…
Mais quand on a juste quinze ans,
On n’a pas le coeur assez grand
Pour y loger toutes ces choses-là
Tu vois…
Maintenant qu’il est loin d’ici,
En pensant à tout ça, je me dis:
J’aimerais bien qu’il soit près de moi,
Papa… »
Extrait des paroles de « Mon vieux », Jean Ferrat ; paroles : Michelle Senlis.
C’est parfois pas facile d’être un fils. Jason Bonham en sait quelque chose. Dans une interview accordée récemment à Ross Raihala de PionnerPress et publiée hier, Jason Bonham a affirmé toute la difficulté d’être « seulement » le fils d’une légende :
« Il est difficile d’avoir sa propre identité quand votre papa est John Bonham de Led Zeppelin, mais je l’accepte et j’aime le fait que mon père ait été qui il est. J’ai compris que mon père est le plus grand, j’essaie juste de jouer au meilleur de mes capacités. »
Évidemment, nous n’allons pas non plus nous amuser à comparer le jeu du père et du fils. John Bonham appartenait à une de ses générations de batteurs fous – comme Keith Moon (The Who) ou Bill Ward (Black Sabbath) – dont le style et la technique relevaient principalement de la possession, entraînant le batteur de Led Zep dans des excès insensés que ce soit dans sa propre vie (et ils lui furent fatals) ou sur scène où ses fameux soli sur « Moby Dick » – pouvant durer parfois près de quarante minutes – culminaient dans des instants où, après avoir flingué toutes les baguettes qu’il avait sous la main, il était forcé de finir ces passages-là à mains nues, offrant son sang en sacrifice aux fûts et aux cymbales.
Jason Bonham est actuellement en tournée en Amérique du Nord avec son groupe Jason Bonham’s Led Zeppelin Experience, tribute band honorant son père autant que ses trois compères. Et c’est justement sur le titre « Moby Dick » que l’émotion peut atteindre son comble :
« J’ai centré les concerts sur des images d’archives. Certaines montrent mon père enfant, là d’où nous venons, à quoi ressemblait notre vie chez nous. […] A un moment donné je joue « Moby Dick » avec mon père. L’écran est séparé en deux et nous jouons ensemble. C’est un peu étrange. J’ai quarante quatre ans et je joue avec mon père alors qu’il était âgé de vingt ans. »
Jason Bonham n’avait pas quinze ans quand son père est mort. Maintenant il fait vraiment ce chemin avec lui. Son père est toujours près de lui. Et ainsi, encore près de nous aussi.