Après un été particulièrement mouvementé médiatiquement parlant, autant dire que le petit écran, pour s’attaquer à nouveau au cas du metal, allait devoir y aller à pas prudents. M6 en a fait les frais, à juste titre dans un certain sens, avec un Zone Interdite, moins coup de poing que camouflet, qui n’avait de percutant que son titre tant son contenu s’est avéré aberrant. La bouillasse erronée servie à la ménagère n’avait pas été digérée par certains qui l’avaient alors bien fait comprendre. Donc quand l’émission Monte Le Son, sur France 4 (à qui l’on devait déjà d’avoir diffusé en 2011 le documentaire « Le Metal expliqué à ma mère »), a annoncé que son émission du 16 novembre consacrerait un reportage à la musique metal, de nombreuses mâchoires ont commencé à crisser, quand bien même celui-ci semblait voué à défendre la cause métalleuse en mettant « à mort les clichés » qui collent aux basques des metalheads, tel ce chewing-gum sous sa semelle que l’on n’ose même plus enlever, tant il a tendance à y revenir tout seul.
Mais il faut avouer que Monte Le Son a finalement respecté son contrat initial : se débarrasser des clichés faciles. Pour se faire, Charline Roux, dans « L’enquête de la semaine », plutôt que de partir avec son argumentaire pré-écrit, a donné la parole à quelques uns des acteurs du milieu metal hexagonal : Sylvain Quimène (chroniqueur sur Le Mouv’), Nicolas Giraudet (alias Niko Jones, frontman de Tagada Jones, et tourneur chez Rage Tour) et les membres d’un des groupes de metal français les plus respectés : Mass Hysteria. Des personnes qui parlent en connaissance de cause et dont le point de vue sur ce milieu est, de facto, plus juste puisque vu de l’intérieur. Or, démonter tous les clichés qui entourent le metal n’est pas chose aisée, surtout (comme on pouvait s’y attendre) en seulement quelques minutes de traitement.
Le discours, on le connait. Oui, le metal souffre d’une sous-exposition médiatique. Ni télés, ni radios généralistes ne se risquent à programmer cette musique alors que la France grouille de combos métalliques. D’ailleurs, cette France aime t-elle le metal s’interroge Charline Roux ? Comme précisé par Sylvain Quimène, la France a une culture rock qui se définit, majoritairement, par son versant le plus pop. A contrario de nos voisins européens et d’outre-Atlantique, la France ignore ouvertement ce courant musical (telle cette anecdote des Mass Hysteria refusés de plateau par Nagui, à l’époque). Marginalisée, critiquée ou crainte, cette musique a, dans tous les cas, toujours entretenu son imagerie extrême comme le rappelle Niko, tourneur du Rage Tour. Après tout, le metal n’est pas là pour contenter la masse et vit très bien à l’écart de celle-ci.
Néanmoins, durant l’intégralité de ces huit minutes, le reportage ne fait qu’enchaîner des images live de groupes de black ou de death metal (ou au fort visuel tel que Ghost, formation pas si metal que ça, diront même certains). Il est donc encore rare de voir les médias généralistes se détacher de cette imagerie extrême qui n’est, finalement, que le cliché du metal le plus répandu. Et après tout ce montage, le téléspectateur qui ne connaissait pas Mass Hysteria, pourrait facilement les prendre pour des cracheurs de sang barbouillés, comme les autres. Le metal est une large famille et indubitablement, le heavy, l’indus ou d’autres styles plus accessibles représentent eux aussi toute sa diversité. Un caractère apparemment oublié dans cette enquête.
Enfin, même si France 4 traite avec suffisamment d’impartialité ce sujet épineux (quoiqu’on décèle un léger parti pris pro-metal, presque inévitable étant donné le but initial de celui-ci), il est évident que ce reportage ne changera pas vraiment la face du monde. Car bien que le fond soit juste, cela touchera avant tout, voire uniquement, la caste des chevelus, caressés dans le sens du poil, heureux d’avoir enfin un portrait conforme à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes à la télévision. Par essence, ce genre de courte fenêtre médiatique n’est pas ce qu’il y a de plus virale dans le monde de l’audiovisuel français. Et même sa disponibilité maintenant sur le web, avec moins de 8000 visionnages sur YouTube à l’heure actuelle, montre que cette enquête n’excite pas les cent mille festivaliers du Hellfest qui se seraient sentis lésés par la télévision française l’été dernier. Faut-il croire que tant que TF1 ou M6 ne diffuseront pas un reportage de deux heures, en prime-time, avec une démarche comparable à ce qu’a offert Monte Le Son!, les cibles touchées (et donc l’impact) seront toujours minimes ? N’en demeure pas moins que la démarche de France 4 est tout à fait honorable et remet, à sa manière et avec ses moyens, les pendules à l’heure.
« Après tout, le metal n’est pas là pour contenter la masse et vit très bien à l’écart de celle-ci. »
Et c’est très bien comme ça !
lu et approuvé:bravo pour cet article pertinent après avoir vu l’émission en question
Le fond de cet article reprend le commentaire que j’ai posté sur ce site lorsque l’émission a été diffusée: on dit du bien du Metal, certes, mais ces propos ne sont illustrés que par des images de groupes extrêmes.
Si on voyait un peu de Power, de Sympho ou de Prog, même dans les émissions qui « nous caressent dans le sens du poil », ça aiderait le grand public à voir le Metal autrement que par les cracheurs de sang (si tant est qu’on accorde de l’importance à l’avis du grand public – mais dans tous les cas, ne montrer que du Black/Death n’est-il pas une sorte de désinformation, ceci étant souvent blâmée par les Metalleux?)
Après, c’était tout de même une bonne émission, mais France 4 est loin d’être la chaîne la plus regardée du *PAF!*
C’est bien d’avoir fait ça, mais il aurai été plus judicieux, dans l’optique réellement casser les préjugés, de passer en fond une musique plus calme, ou en tout cas chanté plus normalement ( je dis pas que j’aime pas Sepultura attention! ) et non pas forcée…. Mais sinon c’est bien! 😉
Je remercie M6 de m’avoir fait connaître Rammstein avec le clip Engel, ha oui il y a fort longtemps M6 diffusait du métal, il y avait du Megadeth du Suicidal Tendencies etc.
A l’époque on était sûrement moins extreme.
GOJIRA a l’Eurovision 2015 de toute façon !