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Interview   

Motocultor 2023 : du changement dans la continuité ?


2023 est une année très importante pour le Motocultor. Créé en 2007, le festival passé par Theix et Saint-Nolff a déménagé à Carhaix sur le site des Vieilles Charrues. Réputé pour ses affiches de haute qualité mais souvent critiqué pour son organisation globale, le Motoc’ paraît être aujourd’hui à un tournant de son histoire. Yann Le Baraillec, son directeur de la programmation, se montre plutôt confiant par rapport à cette nouvelle édition.

Dans l’entretien ci-dessous, il revient sur les raisons du changement de terrain et donne des informations importantes sur la manière dont va se tenir l’édition 2023. Il nous a également paru intéressant de revenir avec lui sur la question de l’image du festival et sur son évolution à travers les années. Un échange sans langue de bois que nous vous invitons à découvrir dès maintenant.

Là, nous sommes en pleine sérénité avec une mairie qui soutient à fond le festival et le site de Kérampuilh est adapté à notre jauge de quinze mille.

« L’idée est de garder un festival à taille humaine sur le site des Vieilles Charrues pour faire grandir le festival après. C’est plutôt faire complet plus vite que de grandir indéfiniment. »

Radio Metal : Dans un premier temps, peux-tu effectuer une rétrospective entre le Motocultor de l’année dernière et le Motocultor qui arrive ? L’actualité a été chargée pour le festival…

Yann Le Baraillec : Nous avons changé de département et de lieu, aujourd’hui nous sommes sur le site de Kérampuilh à Carhaix qui est aussi connu pour être le site qui accueille les Veilles Charrues. C’était dans l’air depuis de nombreuses années puisqu’en 2019, il y avait pas mal de choses qui n’avançaient plus avec l’ancien site : notamment avec les possibilités d’aménagement du terrain. Il ne se passait rien depuis 2014 alors que nous avions trouvé des collectivités qui étaient prêtes à financer des travaux pour aménager le site de Saint-Nolff. La mairie voulait que nous revenions à trois jours, mais il n’y avait pas de raison spécifique, ça ne dérangeait personne, il n’y avait pas d’argument pour dire « quatre jours ce n’est pas bien ». Il fallait juste que ça revienne à trois jours parce que les élus de la majorité l’avaient décidé. Mais nous, notre question était que nous voulions qu’ils tranchent définitivement s’ils étaient OK que la formule soit de quatre jours, comme on a pu le faire lors de deux éditions en 2019 et 2022, et l’idée était de voir ce qu’il se passerait après 2022 pour pouvoir se projeter. Pour savoir si nous allions devoir chercher ailleurs ou si nous pouvions nous projeter durablement sur Saint-Nolff. Aujourd’hui, tous les festivals metal, même en dehors du metal, la plupart des festivals européens sont sous le format quatre jours, c’est devenu un peu la norme. Donc, pour plein de raisons, c’est impossible de revenir en arrière là-dessus, surtout qu’il n’y a pas de raison spécifique locale qui nécessite ce retour en arrière et nous, pour notre modèle économique, c’est essentiel. Donc, l’option avant l’été dernier, c’était soit nous arrêtions tout simplement, 2022 aurait ainsi été la dernière édition, soit nous aurions cherché un terrain et ça aurait pris un peu de temps, car nous espérions vraiment l’accord de la mairie de Saint-Nolff. Il devait y avoir un débat, finalement, il n’y en a pas eu.

Maintenant, vous allez être sur le site des Vieilles Charrues historiquement. Concrètement, es-tu à même de donner des garanties aux festivaliers notamment en termes d’accueil ?

Alors déjà, il y a eu des améliorations en 2022 sur les temps d’attente, à part le premier jour où il y avait eu des soucis avec la mairie justement. Là, nous sommes en entente normale avec la mairie de Carhaix, donc il n’y aura pas de soucis de ce genre-là. Vu qu’il y avait cette problématique de fond comme elle savait que nous allions partir, cela a été un peu emmerdant sur des détails qui ont fait perdre du temps à l’ouverture du festival. Nous étions dans cette ambiance un peu foireuse l’an dernier. Là, nous sommes en pleine sérénité avec une mairie qui soutient à fond le festival et le site de Kérampuilh est adapté à notre jauge de quinze mille. C’est parfait, il y a des infrastructures en dur pour l’accueil des artistes, il y a des loges dans une salle en dur, ça n’aura rien à voir là-dessus. L’an dernier, les efforts que nous avions faits, c’était l’attente de restauration avec le nombre food-truck qu’il y avait, nous étions dans un bon nombre et ça, ça avait permis de réduire l’attente considérablement, donc c’était un plus. Cette année, nous allons mettre l’accent sur les équipes de nettoyage douches toilettes, nous allons mettre un gros coup dessus et sur la signalétique : ce sont les deux axes forts d’amélioration que nous souhaitons mettre en place en 2023, mais ça n’a rien à voir avec le site, si nous étions toujours à Saint-Nolff, ça aurait été pareil. Le nouveau site permet de garder les avantages qu’il y avait à Saint-Nolff, nous avons réussi à améliorer le site d’une manière à ce que ça reste compact, nous n’allons pas nous étendre, nous arrivons à garder trois hectares de terrain pour la partie site concert comme c’était le cas à Saint-Nolff, et le camping et le parking sont à côté comme à Saint-Nolff. Nous avons gardé cette proximité. En fonction de la configuration des bars, il fallait avoir des terrains… Ce que nous avons fait ces derniers mois, c’est toute l’organisation pour mettre ça en place et arriver à quelque chose de très compact comme avant pour garder le côté convivial à taille humaine. La jauge l’an dernier était à quinze mille, nous étions en moyenne à onze mille par jour (quinze mille, c’est tout inclus, pas que les payants) et là cette année nous restons à la même jauge dans le dossier de sécurité qui est déposé. Peut-être plus tard, si nous voyons que nous arrivons à remplir, nous augmenterons de mille, deux mille personnes, peut-être que nous serons à quinze mille payants un jour, mais là, il faut d’abord remplir la jauge que nous avons actuellement et après nous verrons si nous augmenterons légèrement après. Mais l’idée est de garder un festival à taille humaine sur le site des Vieilles Charrues pour faire grandir le festival après. C’est plutôt faire complet plus vite que de grandir indéfiniment.

Penses-tu que l’organisation du Motocultor aura plus de stabilité en étant présent à Carhaix ?

Déjà, ce qu’il faut, c’est une bonne entente entre le festival et la mairie, c’est évident. Là, on a signé un contrat sur cinq ans, à Saint-Nolff, nous étions sur une année. Ça apporte de la sérénité de savoir que nous sommes sur cinq ans et il n’y a pas de raison que ça ne perdure pas ensuite. Les changements vont surtout être chez les bénévoles, il va pas mal y avoir de sang frais, car il y a énormément de demande en local. Il y aura le vivier des gens qui ont l’habitude de venir depuis des années. Nous avons fait plusieurs sondages avec Corentin Charbonnier et les bénévoles se sentent bien accueillis, ça revient d’une année à l’autre. Concernant les inscriptions, en même pas dix jours, nous sommes déjà à la moitié des objectifs. Avec les associations locales qui veulent être partenaires de l’événement, c’est bien parce que le festival a beaucoup grandi ces dernières années et là, nous allons avoir un apport de gens, d’associations locales qui ont l’expérience des Vieilles Charrues. Ça, ça va permettre d’avoir des gens qui savent ce que c’est que de participer à l’organisation d’un festival, ils ont de l’expérience, tout le territoire de Carhaix a cette expérience. Saint-Nolff est à côté d’une grande ville comme Vannes, là, Carhaix, c’est à peine plus grand que Saint-Nolff, mais par contre, c’est la principale ville du territoire : c’est l’endroit où il y a tout, il y a plein de magasins, il y a un centre-ville, c’est important. Pour une ville de huit mille habitants, c’est une ville qui a pratiquement autant d’infrastructures qu’une ville de cent mille habitants. Au niveau touristique, il y a plein de choses à faire. Tous les prestataires, là-bas, sont souvent prestataires aux Vieilles Charrues. Nous avons beaucoup de demandes d’entreprises locales du Finistère, du territoire du Poher. C’est vraiment un département terre de festival et je vois une grande différence avec le Morbihan. Maintenant, nous avons des demandes d’entreprises pour être partenaires, avant dans le Morbihan, il fallait les démarcher, ils ne savaient pas forcément s’adapter à des festivals. Ici, ils savent très bien, du coup, ça va très vite. Le fait d’être sur un territoire qui connaît les festivals, dès septembre, nous avons eu des demandes de bénévolat, dans le Morbihan, nous n’avons jamais eu ça, même lors des premières éditions. Dans le Morbihan, il y a plein d’événements culturels de l’agglomération de Vannes, donc nous n’étions qu’un événement parmi d’autres. Là, il y a les Vieilles Charrues et il y a le Motocultor seulement maintenant, ça change pas mal la donne. Puis je pense qu’il y a une culture des festivals dans le Finistère qui est vraiment plus importante.

« Nous avons beaucoup de demandes d’entreprises locales du Finistère, du territoire du Poher. C’est vraiment un département terre de festival et je vois une grande différence avec le Morbihan. »

En fait, le Motoc’ n’a pas un travail énorme à faire pour ancrer le festival dans le local parce que le territoire est très accueillant vu qu’il est déjà tourné vers la musique.

Je pense que si nous n’avions pas eu l’option Carhaix, il n’y aurait pas eu d’édition cette année, c’est évident. Le temps de mettre tout ça en place, notre priorité était de convaincre la mairie de Carhaix et les planètes se sont alignées, car j’avais demandé en 2019 et la réponse était négative. Nous avons redemandé durant l’été une fois que nous avions la réponse écrite de la mairie de Saint-Nolff et le maire s’est dit intéressé et a annoncé qu’il viendrait sur le festival. Il a pris le pouls durant toute l’édition 2022, il est venu vendredi, il est allé voir les chefs de poste, les bénévoles pour voir l’ambiance : comment était l’ambiance en interne, l’ambiance au niveau des artistes, au niveau des concerts… Il n’écoute pas de metal, mais il a l’expérience des festivals, il est le fondateur des Vieilles Charrues, donc il sait ce que c’est que d’être maire d’une mairie qui accueille un festival et il a aussi un regard d’organisateur, car il l’a été sur les premières éditions des Vieilles Charrues, c’est lui qui a lancé le truc. On s’est vus à dix-huit heures et en cinq minutes ça s’est réglé, il m’a dit : « En tout cas, la porte est grande ouverte pour venir à Carhaix. » Avant, je me disais que nous devions trouver un terrain, mais que ça allait être difficile pour l’organisation, qu’il valait peut-être mieux, si nous trouvions un terrain, de faire l’impasse sur 2023 pour faire ça bien. Mais là, en allant à Carhaix, je savais que ça allait être sport, mais que nous n’allions pas être dans le rouge, même moins que l’an dernier. Le post-Covid était compliqué, mais cette année, nous sommes bien, car le territoire est un territoire de festival.

Tu parlais des équipes et du regard du maire de Carhaix par rapport à ces équipes. Justement, il y a eu encore beaucoup de mouvement dans tes équipes. Tu as par exemple travaillé avec trois attachés de presse différents en seulement un an et cette année il va encore y avoir du changement dans les équipes du Metal Market…

Le metal market est un poste bénévole et la personne souhaitait être salariée. Je lui ai dit que ça restait un poste bénévole et elle a dit qu’elle arrêtait. Au niveau des attachés de presse, nous avons longtemps été avec Elodie d’Agence Singularités. L’année dernière nous avons essayé avec quelqu’un d’autre mais les équipes en interne ne voulaient pas que nous continuions, même si le travail était correct.

Plus globalement, est-ce que tu trouves qu’il y a une stabilité à aller chercher sur le volet interne au Motocultor ?

C’est stable depuis 2013, nous avons quasiment les mêmes équipes dans 90% des pôles, sur tout ce qui est sécurité, structure, scène, son, lumière… Les équipes sur ces postes-là, ce sont les mêmes depuis 2013. Au niveau des chefs de poste, il y en a qui s’absentent un ou deux ans mais ils reviennent après. Ce sont des postes où dans la vie professionnelle, les gens doivent bouger mais il y en a plein qui reviennent. Le responsable environnement, celui qui fait de la prévention, est parti vivre trois ans aux Etats-Unis, mais il revient. L’année dernière, les gens du bar VIP qui se sont absentés car ils voulaient partir en vacances après le Covid… L’année dernière, nous avons eu une partie du public et certains chefs de poste, qui reviennent cette année, qui étaient absents l’an dernier à cause du Covid et de la double édition du Hellfest. Jusqu’à 2018, il n’y avait pas d’équipes salariées sauf CDD, service civique ou stage et ça, ça tourne tout le temps et c’est normal. Mais depuis l’an dernier, nous essayons de figer une équipe et d’avoir plusieurs postes salariés car comme le festival a grandi, nous sommes passés d’un budget d’un million en 2018 à trois millions maintenant, nous pouvons donc nous permettre d’avoir Pierre Agapit en chargé de production, de trouver un administrateur, un poste clé pour nous. L’étape d’après, l’an prochain, si les moyens nous le permettent, est d’avoir quelqu’un en communication. Pour l’instant c’est un poste en CDD mais tant que nous n’avons pas l’argent, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer. Nous sommes en restriction budgétaire parce que l’année dernière était une année déficitaire, donc cette année il faut faire attention.

Tu maîtrises vraiment les tenants et aboutissants du festival en tant que directeur et programmateur. Si tu devais décrire pour les festivaliers, les professionnels, l’image du festival, qu’est-ce que tu dirais ? C’est quoi pour toi l’image aujourd’hui du Motoc’ après beaucoup d’années de présence dans le milieu de l’industrie musicale ?

L’image n’est pas la même en fonction des personnes. Pour les artistes, le festival est très bien vu car il y a de plus en plus de groupes qui arrivent. Tout ce qui est boîte de production, l’image est excellente car depuis 2010, dès la première édition, la qualité est excellente. C’était déjà au niveau qu’il fallait pour faire venir des groupes et avec le bouche-à-oreille, nous avons réussi à avoir de meilleurs groupes d’année en année et à continuer comme ça et à avoir la confiance des agents internationaux. Les gens ne me connaissent pas mais ils me mettent plein de groupes et il n’y a plus besoin de passer par plein d’intermédiaires, nous pouvons y aller direct. Donc ça, le bouche-à-oreille, c’est l’expérience que nous avons avec les prestataires avec qui nous sommes. Au niveau des bénévoles, je pense que ça se passe bien, après il y a quand même pas mal d’anciens que nous avons virés qui donnent un mauvais truc, mais ce sont des gens que nous avons dû virer pour certaines raisons, soit pour des problèmes de drogue ou des soucis qui n’ont rien à voir. Mais à part ça, au niveau bénévole, avec Gregory Moigne, ça se passe bien. Nous faisons surtout la promotion interne au sein de nos équipes, tous les gens qui sont en régie cette année, ce ne sont que des gens qui ont été prestataires sur le festival avant ou qui ont été bénévoles avant. Les festivaliers vont dire qu’il y a un côté un peu « roots » mais ils reviennent d’une année sur l’autre. Nous avons fait trois sondages et je vois la différence entre ce qu’il y a sur les sondages et ce qu’on peut lire des mecs qui râlent sur les réseaux sociaux. L’image du festival est excellente, même pour les bénévoles, à quatre-vingts pour cent.

Quand le festivalier dit que le Motoc’ à un côté « roots », j’imagine qu’il y a ce sentiment que le festival est un peu « à l’arrache ». As-tu ce sentiment-là en tant que programmateur ?

Le côté à l’arrache est dû à des dysfonctionnements internes qu’il y a eu sur le festival et qu’il n’y a plus aujourd’hui. Quand ça clashe entre deux points de vue, en dessous, ça crée un bordel. Quand on donne une direction et qu’il y a des qui gens ne voulaient pas le faire parce qu’ils étaient en désaccord et que ça partait sur autre chose… Il faut qu’il y ait une direction et nous avons fait du nettoyage là-dessus.

Est-ce qu’on a le droit d’être en désaccord avec toi ? [Rires]

Bien évidemment. C’est tout con mais nos bénévoles par exemple, ceux qui font le montage et le démontage, nous leur donnons des repas. Depuis 2010, ils ont eu des repas pour le festival et, sans me concerter, il y a des gens qui prennent la décision de faire différemment, ça m’agace. Ça donne une mauvaise image et ça nous retombe dessus. Entre 2019 et 2021, il y a eu un petit moment rude en interne.

« Nous avons fait trois sondages et je vois la différence entre ce qu’il y a sur les sondages et ce qu’on peut lire des mecs qui râlent sur les réseaux sociaux. L’image du festival est excellente, même pour les bénévoles, à quatre-vingts pour cent. »

Je comprends tout à fait que ce soit toi qui donnes la direction du festival, mais quand un projet doit évoluer, ça passe aussi par l’échange, l’interaction. Estimes-tu être quelqu’un qui est dans ses convictions mais tout de même à l’écoute ? Penses-tu être quelqu’un qui écoute naturellement ?

Quand tu as plusieurs centaines de milliers d’euros de déficit, tu n’as pas forcément le temps d’écouter les autres, il n’y a pas le choix. Nous étions en train de couler, il y avait des options, il fallait passer à quatre jours, et il y a des gens à qui ça faisait peur. Les choix font que nous sommes encore là aujourd’hui, donc ça a été, mais nous n’avions pas le choix. En 2017 notamment, quand nous avons fait le crowdfunding, nous avons failli arrêter à ce moment-là. Il fallait que nous passions à quatre jours, nous étions déficitaires, mais le fait de faire monter en puissance le festival a permis de réduire la dette mécaniquement en pourcentage. Ça a tout changé une fois que nous avions passé ce cap-là. En termes de suivi, l’organisation n’a pas suivi car nous n’étions pas assez nombreux, le festival grandissait plus vite que l’équipe salariée. Par contre en termes de pourcentage, une dette de cent cinquante mille euros, celle qu’il y avait en 2017 par exemple, quand tu es sur un festival qui a quatre cent cinquante mille euros de budget, c’est chaud d’avoir une dette comme ça. Puis quand le budget monte à plus de huit cent mille, puis un million trois cent mille euros, puis deux millions trois cent mille euros, ça change tout, ça n’a plus rien à voir. Un moment donné, la dette devient juste ce que tu dois à la SACEM, du coup tu peux payer tout le reste, au niveau de ton plan de trésorerie c’est beaucoup plus simple et ça t’enlève une charge de travail et mentale énorme. C’est pour ça que j’ai fait ce choix-là, face à la dette qui était importante, c’était un pari risqué mais qui a marché : 2018 et 2019 ont été deux belles éditions. C’est depuis 2018 et 2019 que nous avons pu enfin embaucher plein de personnel au montage et démontage.

Aujourd’hui le Hellfest est devenu une référence au niveau de l’organisation d’événements. Est-ce que cette organisation t’inspire ? As-tu des rapports, des liens avec eux sur le festival ?

Nous en avions au tout début, maintenant, non, nous n’avons pas de liens avec eux. Et au niveau de l’organisation, ce n’est pas pareil parce que ce sont deux échelles complètement différentes. Il n’y a plus beaucoup de bénévolat, ce sont surtout plein de salariés et plein de moyens différents. Ils ont de très gros partenaires, ce n’est pas tout à fait pareil. Nous, du point de vue préfecture et groupes, nous sommes bons, il n’y a pas de souci mais il manque un peu de permanent, je pense qu’il manque vraiment quelqu’un à la communication aujourd’hui. Sinon, sur le reste, nous sommes bien.

Est-ce qu’il y a des choses qui t’inspirent en termes d’organisation au Hellfest ?

Comme je t’ai dit, ça n’a rien à voir avec nous, ça ne m’inspire pas, non. C’est une échelle énorme, d’une année sur l’autre, les décors sont déjà sur place, le terrain leur appartient, donc ils font ce qu’ils veulent dedans. Nous, nous sommes sur un terrain déjà aménagé, tous les aménagements que j’espérais… Admettons que nous soyons restés à Saint-Nolff et que j’aie pu faire les aménagements voulus, ça aurait mis dix, voire vingt ans pour arriver au stade du terrain à Carhaix. Là, je suis déjà hyper content en termes d’avancée. Il y a plein de réseaux électriques, plein de réseaux d’eau, d’évacuations et d’arrivées d’eau, il y en a partout, ça permet de mettre des toilettes raccordables et d’aménager beaucoup plus facilement les choses. Après, il y a plus de pentes, tout n’est pas parfait [rires] ! Pour l’emplacement de la Supositor Stage, il n’y a pas l’équivalent, nous n’aurons pas aussi bien. Il y avait des avantages à Kerboulard et des choses que nous n’allons pas retrouver mais il y a plein de bonnes choses à Kérampuilh. En termes d’organisation, c’est plus facile là-bas parce que c’est aménagé largement pour un festival de notre taille.

Tu as remis le dossier de sécurité le 11 mai à la préfecture, il n’y a pas eu de souci ? Tu étais dans les délais, ça a été accepté et validé ?

Comme c’est la première édition, il y aura une autre réunion mais sur les grandes lignes tout a été validé. Mais il y a encore l’aménagement des loges qui n’est pas encore figé et suite aux discussions avec la mairie, il y a deux, trois points à clarifier mais sur les grandes lignes tout est OK.

Tu es content de la billetterie, tu disais qu’il y avait déjà trente pour cent des billets vendus, tu disais aussi qu’il y avait beaucoup de ventes qui se faisaient après le Hellfest. Estimes-tu être dans une bonne dynamique en termes de prévente ?

Nous sommes tout juste dans ce qu’il faut pour le moment, et là nous voyons que ça commence à bouger suite aux dernières annonces, à l’appel aux bénévoles. Les gens commencent à se projeter sur ce qu’ils vont faire cet été. En général, nous arrivons à cinquante pour cent des ventes fin juin et le reste est vendu dans l’été.

Au niveau de la programmation, c’est une sacrée affiche. En es-tu fier ?

Oui ! Il reste encore quelques groupes, j’ai hâte que ce soit booké parce que dès que ça l’est, nous allons pouvoir communiquer sur le running order qui est très attendu par les festivaliers.

Depuis que tu as créé le Motoc’, quand tu vois son évolution, estimes-tu que ça t’a apporté quelque chose sur le plan humain ? Si oui, à quel niveau ?

J’ai beaucoup appris parce j’ai tout fait moi-même et il y a plein de choses que je ne connaissais pas comme tout ce qui est régie technique, communication… Nous avons appris par nous-mêmes, sur le tas, beaucoup de choses qui font que nous avons nos propres manières de faire et nos méthodologies. C’est plutôt en interne que nous avons bien progressé et c’est en partie pour ça que nous ne voulons pas grandir parce que là, nous sommes bien. Si nous continuons de grandir, nous n’arriverons jamais au bon niveau en termes d’effectifs et là, je trouve que nous sommes vraiment bien. C’est en faisant l’édition 2010 que je me suis rendu compte que je suis jusqu’au-boutiste et que j’ai appris le plus parce qu’humainement, je pense qu’il y a eu tous les ennuis possibles et imaginables. Après tout ce qu’il y a eu en 2010, tout était facile pour moi.

Aujourd’hui par rapport à l’organisation d’un festival qui change de lieu, est-ce que tu penses être dans le bon tempo avec tes prestataires ? D’ailleurs, estimes-tu être plus organisé qu’avant ?

L’année dernière, il y avait des problématiques sur les scènes notamment, mais c’était pour tous les festivals. De toute façon, nous travaillons avec les mêmes prestataires d’une année sur l’autre, tout est déjà réservé. Juste là, au lieu d’avoir quarante Algeco, nous n’en prenons plus que vingt, des choses comme ça. Là-dessus nous sommes bons. Ce qu’il nous faut, c’est faire une édition qui nous permet d’embaucher quelqu’un en communication pour bien coordonner la communication. Et aussi pour permettre d’optimiser cette équipe permanente qui va permettre la stabilité, il faudrait que nous ayons d’autres projets à l’année. Comme je n’ai pas envie de faire grandir le festival, on réfléchit à d’autres projets à l’année pour pouvoir se permettre de se payer des permanents : une équipe en production, en administratif, en communication. Le festival n’est pas suffisant pour ça. On a des idées depuis plusieurs années, certaines d’entre elles aboutiront l’an prochain. Ce sont des projets de petite et moyenne envergure.

Interview réalisée par téléphone le 12 mai 2023 par Amaury Blanc.
Retranscription : Emma Hodapp.
Photos : Pauline Felix (2, 3) & Sylvain Fragneau (4).

Site officiel du Motocultor : www.motocultor-festival.com



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  • 6trouille dit :

    On sent que le fest a à coeur de s’améliorer chaque année, objectif qu’avait déjà son grand frère de Clisson , avec la progression et le succès qu’on connaît.
    Bravo pour le soin apporté à l’orga et par conséquent pour le respect accordé aux festivaliers.

    Je ferais un seul reproche au Motocultor mais majeur : avoir choisi de s’enfoncer en Bretagne au lieu de se rapprocher par exemple de Rennes. Drôle de choix que de « fuir » autant à l’Ouest au lieu de se mettre à la portée des amateurs, de revenir à une position peut-être plus centrale. Perso, je ne suis suivrai pas un festoche qui déménage aussi loin, je sais que c’est très bête d’autant que j’avais assisté à ma première édition en 2022 et adoré la taille humaine d’un festival qui est l’antithèse de ce que le Hellfest est devenu.
    Mais non… Carhaix, c’est tout d’abord la punition pour l’automobiliste que je suis. 🙁

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