Au moment où nous noircissons ces colonnes, le Motocultor a réuni plus de 57.000 euros dans le cadre de sa campagne de crowdfunding actuellement en cours. Le festival a déjà réussi sa campagne puisque la somme qu’il visait pour pouvoir assurer l’édition 2017, soit 50.000 euros, a été atteinte il y a quelques jours. Une preuve incontestable que le festival créé en 2007 par Yann Le Baraillec, et qui aura donc lieu cette année les 18, 19 et 20 août, a su fidéliser son public malgré d’immenses difficultés.
Dans l’entretien ci-dessous, programmateur du Motoc’ revient en détails sur les couacs que le festival a connus – des difficultés avant tout financières -, partage sa détermination et explique notamment les tourments psychologiques que la gestion d’un tel festival incombe. Car malgré sa longévité, l’événement aujourd’hui basé à St-Nolff, à côté de Vannes, a chaque année été remis en question. C’est d’ailleurs pour cette raison que la campagne de financement participatif court jusqu’à ce vendredi 10 mars avec un second objectif de 120.000 euros : car il faut que la dette du Motocultor soit réduite au maximum pour que le festival soit encore plus viable économiquement.
« On n’a jamais trop communiqué là-dessus mais chaque année je ne sais pas s’il y aura une édition après. »
Radio Metal : Lorsque le Motocultor 2016 s’est terminé l’année dernière, quel était ton état d’esprit ?
Yann Le Baraillec : Je me disais que je ne savais pas s’il y aurait une nouvelle édition l’année prochaine. A la fin du festival on essaye de démonter le dimanche, donc je pense à ces quatre jours les pires de l’année : le démontage. On ne pense qu’à ça et, même si ce n’est pas ce qui est le plus motivant, il faut le faire le plus rapidement possible. Donc en général, le dimanche soir, je me dis « c’est pas fini et c’est le début des pires journées de l’année ! » par conséquent je ne suis pas très joyeux. En fait, c’est toujours le même phénomène : au fur et à mesure que le festival se monte, il y a de plus en plus de gens qui arrivent, ensuite il y a le festival où il y a tous les bénévoles et tous les festivaliers, et après au fur et à mesure les gens partent. Et c’est toujours bizarre car il y a plein de gens, plein d’énergie donc à la fin c’est toujours la sensation étrange d’avoir vécu quelque chose d’énorme, mais avec quand même un peu de tristesse de voir que ça se termine. Néanmoins toutes les bonnes choses ont une fin.
Tu étais satisfait de l’édition 2016 ?
J’avais des craintes, c’était en juillet 2016, qu’il y ait encore moins de monde. Car il y avait moins de préventes, il y avait eu également les attentats de Nice le 14 juillet. En plus on était en retard sur la prog’ parce que l’année dernière on s’est concentrés pendant deux mois à développer les partenariats publics. En effet, il est n’est pas facile d’en avoir. Du coup, on s’est concentrés à aller voir tous les élus et les services culturels, faire des tours de tables entre les différentes collectivités. On s’est focalisés là-dessus en février, mars et avril l’année dernière. Et la prog’ à été mise de côté pendant ce temps-là et c’était la première année qu’on a fait ça. Ainsi, on a annoncé les groupes très tardivement, ce qui fait que le gens se sont aussi décidés tardivement à venir, d’où le fait qu’il y ait peut-être eu un peu moins de monde l’an dernier. En plus, avec le contexte des attentats, je me suis dit en juillet qu’il était possible qu’on se prenne un gros bouillon qui, sans parler des problèmes de déficits que l’on a, aurait pu nous couler. Au final, les derniers jours ont rattrapé car j’avais peur qu’on fasse 15% de moins en billetterie par rapport à ce qu’il fallait, et on a fait au final « que » 9% de moins, ce qui est déjà beaucoup mais je m’attendais à pire. Donc déjà j’étais un peu plus satisfait sur cette question. Et puis après, sur le sujet des chapiteaux, cela a été un choix mûri de longue date de les faire. En effet, sur le site de Kerboulard où le festival à lieu, quand il pleut les artistes se prennent la pluie plein la gueule parce que les scènes sont dans l’axe des vents dominants. Et comme on a peu de moyens, on a que des petites scènes mais au final ça ne marche que par beau temps. Donc là on a fait le compromis de mettre deux chapiteaux sur les trois scènes. La troisième scène est dans un autre endroit qu’on a réussi à avoir en mettant les parkings à l’extérieur, ce qui nous permet de garder une scène en pleine air mais qui n’est pas dans l’axe des vents dominants. Alors du coup quand il pleut ça va. On a pu tester ça le premier jour, le vendredi, parce qu’il a plu pendant plusieurs heures et ça c’était une satisfaction à la fin du week-end. Car si cela avait été les autres années, on aurait dû annuler quatre heures de concerts. Dès le départ ça aurait été un mauvais démarrage et annuler plusieurs groupes n’est jamais plaisant. Là les chapiteaux ont prouvé leur intérêt sur le site du festival.
Est-ce que tu penses que les attentats de Nice, qui ont eu seulement lieu un mois avant le festival, ont vraiment participé à ce que beaucoup de gens ne fassent pas le déplacement au Motocultor 2016 ? Pour toi c’est un fait avéré en tant que programmateur du festival ?
Non c’est difficile à savoir, d’autant plus que je n’ai pas observé ce qu’il y a eu dans les autres festivals. Je sais que là on va bientôt rentrer dans un collectif de festivals Breton, du coup j’imagine qu’il y aura ce genre de discussion où je verrai l’analyse qu’en font les autres festivals. Nous je pense que ce qui fait qu’il y a eu moins d’entrées l’an dernier,c’est qu’on a mis la priorité sur la recherche de partenariats publics, ce qui a marché puisqu’on est passés de 2% net d’aides publiques à 5%. Une évolution positive qui renforce le budget du festival. Ce n’est pas encore suffisant mais on se rapproche de notre objectif d’arriver à 8-10% pour que le festival soit viable. Mais par contre la bonne nouvelle c’est qu’on est passés d’un partenaire public à trois partenaires publics, du coup là il y a une bien meilleure dynamique. Et on a calé justement un rendez-vous avec ces partenaires-là en avril pour essayer de voir comment faire pour arriver à se rapprocher des 10% d’aides publiques, parce que les festivals en moyenne en Bretagne c’est 28% d’aides et on est à 5%, alors qu’au niveau national la moyenne c’est 20%. Nous on pense qu’il va y avoir moins d’aides à l’avenir pour les festivals mais on pense que 8-10% c’est viable pour notre festival. Et je pense que c’est plus le fait qu’on ait mis une priorité là-dessus l’an dernier qui a plombé les entrées. Après, les attentats ont peut-être accentué ça un petit peu. Vu qu’on a commencé tardivement, du coup les gens ont commencé à réfléchir un peu plus tardivement. L’annonce des groupes s’est faite plus tardivement donc les gens se sont préparés à venir plus tard et en plus c’est arrivé en plein contexte des attentats de Nice. En conséquence, les gens ont freiné leur achat mais je ne sais pas si ça a freiné la venue de certains.
« L’idée c’était d’avoir une aide déjà pour que, dans un premier temps, le festival puisse avoir lieu en 2017 et ensuite de réduire au maximum la dette pour pérenniser le festival à Vannes et qu’il dure le plus longtemps possible. »
À la fin du Motoc’ 2016, quand tu pensais à l’édition 2017, est-ce que tu envisageais cela plein d’espoir ou il te semblait compliqué que cette édition ait lieu ?
Techniquement, depuis 2010, à chaque fois je ne sais pas s’il y aura une édition. On n’a jamais trop communiqué là-dessus mais chaque année je ne sais pas s’il y aura une édition après. Moi je suis plutôt du genre à ne rien dire. On faisait tout ce qu’il y avait à faire pour qu’il y ait un festival l’année d’après, mais on s’est pris un bouillon dès la première année. Depuis, on tire un boulet qui nous empêche de développer normalement le festival. Par exemple, le fait qu’on ait eu un déficit dès la première année en 2010, c’est arrivé dans un contexte difficile car l’année d’après il y avait le festival de Saint-Nolff, qui est un festival généraliste, qui avait lieu sur le même site que nous et qui a déposé le bilan. Nous on arrive avec une structure qui a 100 000 euros dans la gueule, on arrive pour demander des subventions, il y a un autre festival dans l’agglomération qui dépose le bilan donc eux se disent « Holà, on va vous aider mais un tout petit peu parce qu’on attend de voir ce que ça donne votre festival, car on n’a pas envie de ré-aider de nouveau un festival si c’est pour que celui-ci se casse la gueule après et foute de l’argent public en l’air. » Les autres collectivités n’ont pas suivi le département et la région. Du coup, on s’est retrouvés à ne pas être aidés parce qu’il y avait un déficit sur la première année. C’est que depuis l’année dernière qu’on a vraiment eu des aides et des subventions, parce que ça a mis plusieurs années au final. Il y a aussi le fait qu’on n’avait pas de terrain fixe sur les premières années, ce qui est dur. On voulait aller à Saint-Nolff mais la mairie voulait remonter un nouveau festival et ils ne voulaient pas qu’on vienne tant que l’autre festival n’était pas remonté. Donc on a mis beaucoup de temps à venir sur Saint-Nolff et qu’on puisse y rester pendant plusieurs années de manière durable. C’est difficile de faire un festival dans ces conditions, avec une grosse dette, mais on a réussi à tenir d’années en années. Donc l’année dernière, je n’étais pas plus négatif que les autres années parce que les autres années c’était déjà très compliqué.
Qui a eu l’idée du crowdfunding ? Comment cela s’est mis en place et est-ce que tu as été surpris du succès ?
C’est possible que ça soit moi, j’ai rédigé le texte en tout cas. En fait, le crowdfunding est une manière de faire qui depuis plusieurs années de développait en France. C’était à la réflexion, parce qu’on s’était déjà posé la question il y a trois quatre ans mais on n’était pas très chauds. Et puis cela faisait un peu plus d’un an que j’y pensais un peu plus sérieusement, donc l’idée je ne sais pas de quand elle date exactement mais le fait d’y réfléchir un peu plus sérieusement c’est de mon initiative. L’idée c’était de dire, si on fait un crowdfunding il faut être sûrs derrière de mettre toute l’énergie nécessaire pour y arriver et pour que le festival se fasse après parce que l’on ne peut pas faire un crowdfunding et dire après aux gens « Merci, mais finalement on ne peut pas continuer, on a juste payé les dettes et le festival n’a plus de dettes mais on ne continue pas. » Ce n’est pas possible de tenir ce discours, si on fait un crowdfunding c’est pour qu’il y ait un festival et que ça motive beaucoup plus les gens. Ils ne sont pas là pour payer les dettes. L’idée c’était d’avoir une aide déjà pour que, dans un premier temps, le festival puisse avoir lieu en 2017 et ensuite de réduire au maximum la dette pour pérenniser le festival à Vannes et qu’il dure le plus longtemps possible. Car l’une des difficultés, c’est que pour tenir jusqu’à 2016 on a beaucoup de gens de l’association qui ont prêté de l’argent au festival pour avoir de la trésorerie. Et heureusement on a aussi eu beaucoup de partenaires qui nous ont suivis. On a eu la confiance de nos prestataires qui nous ont laissé des échéanciers très longs pour les paiements. Ce qui nous a permis de passer d’une année à une autre en décalant les paiements. En outre, pour payer les acomptes des groupes, on avait des membres de l’association qui nous prêtaient beaucoup d’argent. Et du coup on a épuisé toutes les ressources possibles et inimaginables dans le réseau famille et amis. Pour 2017, il ne restait donc que cette solution-là. Le crowdfunding, c’était par conséquent à la fois un moyen d’avoir de la trésorerie en remplacement des prêts qu’on avait avant et en même temps c’était un moyen de réduire la dette. Parce que plutôt que d’emprunter de l’argent à la famille ou aux amis, pour le festival et comme toute entreprise, c’est mieux d’emprunter de l’argent à une banque et faire ça de manière plus professionnelle.
Le crowdfunding se met en place, toi quel est ton sentiment au départ ? Est-ce que tu penses que ça va le faire ?
Comme on y réfléchissait un an avant, c’est ce que je te disais tout à l’heure, on s’est dit qu’on allait étaler nos difficultés au public de manière transparente – ce n’est pas forcément quelque chose dont j’aime parler aux festivaliers, parce qu’avant on en parlait jamais – et du coup là on s’est dits qu’on allait communiquer à 100% sur nos difficultés, de manière exceptionnelle. Du coup, on a commencé à le faire après le festival 2016 et depuis la conférence de presse du festival 2016 on a commencé à expliquer que l’avenir est incertain. On a donc communiqué de manière transparente dans nos communiqués de presse, dans le but de préparer les gens et pour qu’ils comprennent. Et on a vu spontanément les festivaliers nous motiver à faire le crowdfunding. Suite à ce communiqué, on nous a dit « faites un crowdfunding, on est nombreux à vouloir aider le festival et à vouloir que ça continue… » Donc on a eu ces retours-là, on y a réfléchi, et on s’est demandés quel serait le bon moment, donc forcément après le festival 2016 on s’est dits on va faire ça en fin d’année. Pas trop tard quand même, parce qu’il faut bien préparer ça et bien expliquer, mettre au clair au niveau des impôts, ce qui prend du temps d’avoir un avis fiscal et ce genre de choses. Ainsi on a pas pu faire ça plus tôt dans la foulée du festival, ce qui aurait été peut-être bien aussi, mais on a mis en place tout cela au début décembre. Et au départ, avant le lancement, je me disais que si on avait 15 ou 20.000 ça serait déjà bien. Ça serait pas suffisant mais ça serait une première solution, ça contribuerait à réduire la dette et à trouver une solution pour continuer, c’était un peu ça l’idée. Aujourd’hui, on a passé l’objectif et là pour les dix derniers jours du crowdfunding on va se concentrer à essayer de réduire la dette.
Justement, maintenant le but est d’aller se rapprocher du deuxième objectif de 120 000 euros.
Alors je suis réaliste et je ne pense pas qu’on atteigne les 120 000 euros car les délais sont courts. Après j’espère être agréablement surpris, mais je ne pense pas. L’objectif est de réduire la dette le plus possible et j’espère que ça va aider à réduire cette dette le plus possible. De toute façon c’est déjà incroyable qu’on ait réuni la somme actuelle et puis il y a toujours un pic de dons en fin de campagne de crowdfunding. C’est dû au fait que les gens, et je suis comme ça aussi, font pas mal de trucs dans la vie de tous les jours et c’est humain de s’y prendre au dernier moment pour faire les choses, surtout ce genre de choses. Et là on va communiquer dessus, il reste encore quelques jours et je pense qu’il y a pas mal de gens qui vont encore soutenir le festival. Le but c’est de se rapprocher au maximum des 120 000 euros, après on a une autre solution c’est de restructurer la dette par un emprunt. C’est ce qu’on va faire dans les prochains mois : rencontrer les banques. Le but c’est avoir un prêt bancaire qui nous permettra d’arriver en fin de festival pour avoir suffisamment de trésorerie pour payer l’ensemble des factures. Ce qui permettrait de mieux négocier les partenariats avec les entreprises privées avec lesquelles on bosse. Par exemple la SACEM, si on arrive à payer tout de suite en fin de festival ça évitera qu’ils nous laissent un long échéancier de paiement et du coup on aura payé. Donc on pourra faire des demandes d’aides SACEM, ils ont des aides pour développer les festivals, mais il faut avoir payé la facture aujourd’hui. Le partenariat c’est « on vous laisse du temps pour payer la facture » mais si on payait tout de suite on pourrait avoir des rentrées d’argent directement et c’est comme ça avec beaucoup de partenaires avec qui il pourrait y avoir du mécénat ou du partenariat. Mais pour l’instant ils nous disent et c’est normal : « le partenariat c’est de vous laisser du temps pour payer alors on ne va pas en plus vous donner de l’argent. » Donc le fait de payer directement les factures, ça permettra de faire rentrer de l’argent directement pour le festival et ça permettra de développer beaucoup plus facilement du mécénat culturel.
« Quand je vois déjà le retour des élus sur le crowdfunding, tout le monde a été agréablement surpris, surtout des montants. »
Lorsque les banques voient le succès de votre crowdfunding, elles doivent quand même être rassurées non ?
On va aller les voir, donc pour l’instant je ne sais pas encore. Pour le moment je pense qu’elles seront rassurées quand il n’y aura plus de dettes. C’est psychologique. Mais oui, de voir qu’il peut y avoir une levée de fond aussi importante, forcément les collectivités, les partenariats publics, les partenariats privés et les banques : tout le monde voit ça de manière positive. Pour moi ça va donner un élan, ça peut être très positif. Quand je vois déjà le retour des élus sur le crowdfunding, tout le monde a été agréablement surpris, surtout des montants. Ça ne peut que rassurer et ça montre qu’il y a un attachement fort du public sur notre festival, ça ne peut être que positif. Je ne me rends pas compte de l’impact que ça va avoir mais ça va aider pour les négociations. Et puis pour réduire la dette, si le crowdfunding ne suffit pas, concrètement on va restructurer la dette par un emprunt. Ça veut dire qu’on aura de la trésorerie pour payer les prestataires. On aura un emprunt sur cinq ans et ça veut dire qu’il faudra que le festival fasse suffisamment de bénéfices pour réduire la dette. Il faudra qu’on voie ça au prochain tour de table qui aura lieu fin mars ou début avril. Car il existe des aides possibles, des aides au fonctionnement du festival ou des aides exceptionnelles. C’est ce qu’on va essayer de demander et il y a une possibilité que chaque collectivité fasse une petite subvention exceptionnelle qui permette d’arriver aux 120 000. Donc il y a peut-être plusieurs solutions entre emprunter à une banque, avoir exceptionnellement des aides publiques pour finir de combler la dette. Ce sont des solutions, et on va voir dans quelques semaines si ça peut aboutir. Mais l’élan du crowdfunding plus il est fort, plus cela peut nous aider car même si on arrive pas aux 120 000 euros il y aura des solutions derrière pour nous aider avec les banques, les partenaires publics et l’Etat, avec le CNV. Le CNV, avant on n’avait pas les moyens de payer cette taxe et on s’est remis à jour en fin d’année. Du coup, il y a des commissions d’aide pour les structures en difficultés. Maintenant qu’on est à jours avec le CNV, on peut aller voir d’autres organismes. Avant on n’avait pas les moyens de payer cette taxe au CNV, donc on ne pouvait pas aller voir certains organismes, mais maintenant qu’on est à jour on peut aller voir d’autres organismes qui aident les festivals et les entreprises culturelles en difficulté. Je pense qu’avec ces aides d’état et de collectivités locales – plus le crowdfunding et le fait qu’on va emprunter à des banques – on est dans une dynamique qui peut marcher. Là on joue la carte du crowdfunding à fond jusqu’au 10 mars et après c’est à nous de jouer dans les négociations avec les collectivités, les structures d’Etat et les banques.
Tu parlais de négociations, il y a aussi la négociation avec les bookers étrangers et les managers des groupes pour faire venir les artistes. Quand as-tu commencé à travailler sur ce sujet pour l’édition 2017 ?
Alors on a fait un point en début d’année, un mois après le début du crowdfunding. Vers le 5-6 janvier, on a vu qu’on allait largement dépasser les 50 000 euros car quand on est à 50% de l’objectif longtemps avant la date butoir c’est que ça va au bout. Et on s’est dit que si on attendait la date butoir du 10 mars pour travailler sur la venue des groupes, on aurait l’argent mais on ne pourrait pas faire de festival. Et il faut que le festival soit au moins aussi bien que les deux dernières années, sinon ça ne vaut pas le coup parce que pour faire les infrastructures et le plan du site comme on a fait l’an dernier il faut un minimum de personnes. Surtout que, pour la dixième édition, il faut que ça soit au moins aussi bon que les deux dernières années. Donc on a commencé à démarcher des groupes dès janvier. On avait bien étudié ce qui tourne sur notre week-end et dès janvier on a fait des offres et commencé à discuter avec les tourneurs. D’où le fait qu’on a pu annoncer onze groupes, ce qui montre aux gens qu’on est sur la dynamique et qu’on prépare le festival sérieusement.
Pour l’édition 2016, vous aviez commencé à travailler avec les tourneurs et les managers bien en amont de la date de janvier. Pour toi est-ce que ce n’est pas un problème d’aller trouver les groupes entre janvier et août ? Bref est-ce que les délais ne sont pas trop courts ?
C’est vrai que ce n’est pas idéal. Mais ça n’a jamais été idéal depuis 2010. D’habitude, on commence à travailler dessus à partir de mi-novembre ou fin novembre. Une année on avait même commencé à travailler dessus en octobre. Mais ce qui n’est pas évident, c’est qu’on n’a pas la trésorerie. Pour les têtes d’affiche, il faut trouver des solutions de trésorerie parce que quand tu valides une tête d’affiche il faut pouvoir avancer 50%. D’où l’idée à terme, pour 2018 par exemple, d’arriver à négocier avec les banques des prêts importants qui pourraient structurer la dette et avoir la trésorerie nécessaire pour pouvoir faire des acomptes de groupes très tôt dans l’année et se mettre dans un rétro planning idéal et ainsi commencer à bosser dès le mois de mai et le mois de juin. Si les négociations avec les partenaires publics et les banques marchent bien, on se mettra à chercher les groupes dès mai-juin de l’année 2017 pour l’année N+1, donc pour l’édition 2018. Comme ça, l’idée c’est d’avoir les chartes graphiques, les visuels du festival, les premières têtes d’affiche avec des discussions bien amorcées et comme ça quinze jours après le festival on passe à la communication 2018 avec les premières annonces de groupes fin septembre ou début octobre. Et essayer par ce biais d’annoncer la plupart des groupes fin décembre pour se mettre au même niveau de communication que les autres festivals européens. Là, aujourd’hui, on a toujours plusieurs mois de retard sur les autres festivals. Si on fait ça on aura peut-être un peu plus de monde, ce qui fait qu’on arrivera à consolider le festival. Et là, par rapport à pareille époque en 2016, on était à dix-huit groupes confirmés. Cette année on est à onze groupes donc on a un petit retard mais l’an dernier, entre février et début avril, je n’avais quasiment rien confirmé parce qu’on était plus sur les discussions pour les partenariats publics. Parce qu’on voulait vraiment que ça avance l’an dernier car avant ça n’avançait jamais parce qu’on n’arrivait pas à débloquer les choses. Et on les a débloquées. Du coup, là moi dans les deux prochains mois ma priorité c’est la programmation. Donc on va plus avancer que l’an dernier dans les deux mois qui viennent. Ce n’est pas idéal mais on a pas encore été dans une situation idéale pour faire la prog’ depuis le début. L’implantation du site sera la même que l’année dernière (avec les chapiteaux, la disposition, les parkings à l’extérieur…), ce qui fait qu’on connaît le budget. On va se caler sur le modèle de ce qu’on a fait l’an dernier, du coup il n’y a plus ce travail-là à faire. On va pouvoir vraiment se concentrer sur le fait de négocier avec les banques, de revoir les collectivités pour la réflexion de fond sur le long terme et évidemment sur la recherche de groupes donc c’est moins de tâches que les autres années. Sur tout ça maintenant on a des réponses parce qu’on se fie à ce qui a été fait en 2016. Donc je suis confiant pour faire la prog’ plus tôt que l’année d’avant et pour l’année 2018, l’idée ce serait d’être en situation d’annoncer la plupart des groupes entre octobre et décembre.
« Là on joue la carte du crowdfunding à fond jusqu’au 10 mars et après c’est à nous de jouer dans les négociations avec les collectivités, les structures d’Etat et les banques. »
Une annonce de groupe en amont que tu as toujours voulu faire, si j’ai bien compris, mais qui était impossible à cause des problèmes financiers que tu as évoqués…
Ça se met en place petit à petit et là on rentre dans les clous étapes par étapes. Chaque année on se remet à jours des choses qui ont été perturbées par la première édition 2010. Et au fur et à mesure on rentre dans une phase ou on a une belle dynamique du crowdfunding. Ça ne pourrait pas être plus favorable en fait, après on va voir comment ça se passe dans les prochaines semaines. Je pense que les partenaires sont bienveillants et qu’il y a moyen de renforcer les partenariats privés et publics dans les mois qui viennent.
Nous avons démarré cette interview en évoquant ton état d’esprit de la fin de festival l’année dernière et j’aimerai qu’on la termine à nouveau sur cette question. Parce que quand on voit l’histoire du Motocultor et toutes les difficultés que vous avez eues, que tu as eues, on peut constater que tu es quelqu’un de courageux et de très déterminé. En conséquence, est-ce que tu as malgré tout souvent pensé à arrêter le Motocultor parce que vous n’en pouviez plus ou tu as toujours eu cette flamme qui dit « poursuis, avance, de toute façon on va s’en sortir » ?
J’avoue que depuis la fin du festival l’été dernier j’ai commencé à me dire « peut-être que là j’ai fait le maximum, je ne sais pas si je vais pouvoir faire plus » parce que jusqu’à l’été 2016 j’ai toujours eu la flamme. Je sais qu’après l’édition 2010 la plupart des gens dans le festival ne me disaient rien du tout parce que personne n’imaginait que ça serait possible de continuer et que personne ne voulait me le dire. Que ce soit dans la famille, les amis ou ceux qui participent à l’organisation du festival. Il n’y avait que moi qui avait la flamme après l’édition 2010 à me dire que je n’avais pas la solution là, aujourd’hui après le festival. Mais au fur et à mesure, les mois qui ont suivi le fest, chaque semaine je trouvais une idée pour dire « si on fait ça comme ça on pourra y arriver ». Après j’ai surtout convaincu les partenaires privés, les prestataires en leur disant « là ok on s’est plantés, on ne peut pas vous payer » mais j’expliquais ce que je voyais pour les années qui venaient – et c’est ce qu’on a fait depuis – et j’ai eu la confiance des prestataires. Cela a permis de continuer et, années après années, on a réussi à restructurer le festival. Maintenant l’idée c’est d’être dans une situation normale pour l’édition 2018. Jusqu’à 2016 inclus, j’avais vraiment la flamme et j’étais motivé et je me disais que ça allait marcher et qu’on allait tout faire pour y arriver. Les doutes, c’était à partir de cet été où là je me suis dit que ça faisait beaucoup d’énergie donnée et que là je n’en pouvais plus. C’était l’état d’esprit que j’avais cet été.
Avec les soucis rencontrés par le festival, tu n’as jamais été confronté à une situation personnelle de burn-out ? Où tu n’arrivais pas à t’en sortir et être lucide ?
C’est la crainte qu’ont les gens autour de moi. Mais là le fait que le crowdfunding marche bien et qu’on observe des perspectives positives pour l’avenir, plus ça marche et plus il y a de pistes positives pour l’avenir, tout ça fait que j’arrive à tenir mais oui c’est la crainte qu’il pourrait y avoir. Là, il faut vraiment qu’on arrive à réduire la dette et à se retrouver dans une situation normale. On ne peut pas faire ce qui a été fait les autres années pendant encore plusieurs années. Il faut vraiment qu’on règle ce problème-là et qu’on se retrouve dans un rythme normal d’organisation de festival.
Toi tu es plutôt d’un naturel optimiste ?
Ah oui oui oui ! Je pense que quand on se lance dans les projets il faut se lancer et si c’est bien réfléchi ça va y aller. Il suffit de convaincre les gens, d’être convaincu. Moi je crois à fond au festival depuis 2010. Et là le fait de voir que le public y croit, que les prestataires y croient, ça fait que ça peut marcher. Moi j’y crois depuis 2010 et le crowdfunding me motive à 100% et ça me donne envie de faire une édition de plus. Là il faut qu’on trouve une solution et on a l’élan nécessaire pour pérenniser le festival.
Quand tu regardes la première édition que vous avez faîtes en 2007, 200 entrées et 10 groupes, es-tu fier et satisfait du chemin parcouru ?
Je n’arrive pas à être satisfait car il faut pérenniser le festival et dans l’idéal j’aimerais bien que le festival tourne et qu’un jour je fasse autre chose, que je travaille sur d’autres projets. En me disant « ah bah c’est bon j’ai lancé un truc qui arrive à vivre sans moi ». C’est là où je pense que je prendrai conscience des choses et que j’en serai content. Mais là je me dis ce n’est pas fini, il y a encore des choses à faire et ce serait con que ça s’arrête. Donc je ne peux pas être satisfait quand il y a plusieurs Épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Je pense qu’il faut aller au bout du truc et on y est presque. Si le festival arrive à être pérenne, là je pense que je pourrais être satisfait. Je ne peux pas l’être aujourd’hui car il y a toujours le risque que ça s’arrête. Le fait de vivre avec cette situation perpétuelle est angoissant. C’est pour ça qu’en 2015 j’ai dit aux autres qu’après 2016 il faudrait se poser la question de savoir si on continue ou pas car ce n’était pas tenable, il y a des risques de burn-out ou de choses comme ça. Là on est dans une bonne dynamique mais c’est sûr que je ne peux pas tenir comme ça encore plusieurs années sur le plan physique. Car j’ai fait le maximum-là.
Tu te vois dans dix ans toujours être à la tête du Motocultor ?
J’aimerais bien en profiter quelques années après avoir pérennisé le festival avant de passer la main à d’autres personnes, que ça tourne. Sur le plan personnel, j’ai plein d’idées de projets dans d’autres domaines.
Interview réalisée par téléphone le 27 février 2017 par Amaury Blanc.
Retranscription : Damien Renard.
Site officiel du Motocultor : Motocultor-Festival.com
Soutenir dès maintenant le Motocultor dans sa campagne de crowdfunding.
Quand je lis ça:
« on s’est dit qu’on allait étaler nos difficultés au public de manière transparente – ce n’est pas forcément quelque chose dont j’aime parler aux festivaliers, parce qu’avant on en parlait jamais »
Je me mare doucement.
Ca fait 7 ans que je n’entends que ça à propos du Motocultor. Faillite, déficit, dettes, pas d’édition l’an prochain… 7 ans qu’ils ne communiquent que là dessus….
« Faillite »: le festival ne l’est pas si non ils auraient déclarer l’association en cessation des paiements, c’est obligation légale.
Le festival en parlent au public que depuis la conférence de presse du festival 2015. Entre août 2010 et août 2015, nous en parlions qu’en interne ou auprès des prestataires et partenaires. ça ne fait pas 7 ans qu’on ne parle que de cela.
Cher Adhérent MFP,
Si si je t’assures, je sais très bien ce que j’entends autour de moi. Contrairement à toi qui n’est pas autour de moi (je viens de vérifier là et je ne te vois pas 😉 ).
Depuis 2010 tout les gens qui reviennent du Motocultor me sortent la même histoire à base de c’était trop bien et ce sera surement la dernière édition car ils sont en [faillite/Deficit/Ruiné/sur la paille] (au choix du terme).
Et cela je l’entends dans la bouche de tous.
Je serais un rappeur je te dirais que c’est « la rue » qui en parle (pour faire une métaphore foireuse)
Enfin un peu d’honnêteté et de transparence après 10 ans de mensonges, de désorganisation, de trahison, de malversations… Le Motocultor, c’est magouilles et compagnie, argent sale, transfert de blé en liquide, refus de payer ses taxes, ses créanciers, ses salariés, sans parler des groupes pas payés pendant des années… normal pour un ancien politique, mais n’est pas Fillon qui veut, et faudra ptet refaire de la politique pour éviter la zonzon.
Au moins, il n’y a pas de Pénélope dans le tableau, il y a pourtant une bonne bande de morues et de bâtards âpres au gain, et qui traitent leurs bénévoles comme des sous-merdes bonne à envoyer au front, qui auraient sûrement apprécié un petit emploi fictif, d’ailleurs certains « chefs de poste » ne se gênent pas pour demander des faveurs sexuelles à leurs bénévoles et à leurs stagiaires (esclaves ?) gratuites ou presque…
C’est à peine pire que ceux qui bossent constamment sous coke et MDMA, histoire d’avoir une excuse pour se comporter en connard et tripoter leurs assistantes, comme au Hellfest d’ailleurs… Il serait ptet temps que les douanes nous fassent une petite descente dans les bureaux de prod, histoire de karcheriser toutes des racailles de drogués et qu’on puisse repartir sur des bases saines.
On me brûlera aussi les statuts d’asso dont les AG sont fictives et les dirigeants de fait bien cachés derrière des prête-nom, vous serez bien aimables.
Allez, j’ai une église à brûler et un renne lapon à enculer, mais sans rancune hein.
il est surtout temps que tu ailles te pendre sale sac a chiasse de sous race !
A prendre à quel degré ton commentaire?
Une belle aventure qu’on se doit d’aider (si on peut).