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Interview   

Mr. Lordi taquine le monde


Mr. Lordi est taquin. Rien ne lui fait plus plaisir que de faire face aux moqueries des gens par rapport à ses déguisements ou par rapport à la musique qu’il fait. Surtout quand, en plus, il a l’occasion de faire ravaler ces moqueries en réussissant ce qu’il accomplit. On a tous en tête notre Michel Drucker national ricanant devant la prestation de Lordi à l’Eurovision en 2006, n’imaginant pas une seule seconde le groupe gagner ce concours. Et pourtant… Il en va de même pour ceux qui, même dans son entourage le plus proche, doutent de lui. Quel musicien n’a pas connu ça ?

Mr. Lordi aime s’adresser même à ceux qui ne l’aiment pas, comme en témoigne la chanson « Sincerely With Love », qui a été écrite pour que ceux qui ont le malheur de subir un concert de Lordi alors qu’ils n’aiment pas la musique du groupe puissent chanter quelque chose malgré tout.

Le loquace, jovial et généreux en anecdotes Mr. Lordi a fait avec nous le point sur la carrière du groupe, sur le départ que ce nouvel album To Beast Or Not To Beast semble représenter pour eux. Un disque écrit après le décès du batteur Otus, l’homme qui cassait « une ou deux cymbales » par concert. Disque dont le chanteur nous raconte le loufoque scénario ainsi que la genèse de son titre, pour lequel Kiss a eu indirectement un rôle…

« J’ai toujours détesté ce putain de système d’autorité qui pense être meilleur que toi et qui pense te connaître, tu vois ce que je veux dire ? Tu sais qu’ils te veulent du bien, tu sais qu’ils cherchent simplement à t’aider, mais dans le même temps ils te rendent complètement fou en pensant te comprendre. »

Radio Metal : J’imagine qu’il est plus confortable pour toi de répondre à des interviews sans ton costume. Je sais que tu as donné une conférence de presse déguisé hier…

Mr. Lordi (chant) : Comment sais-tu que je ne porte pas de costume là tout de suite ?

Oui, en effet, en fait je n’en sais rien ! C’est le cas ?

Ah, tu vois !

Donc tu portes ton costume ?

Non, je ne le porte pas [rires]…

C’est la seconde fois que vous travaillez avec le même producteur. Penses-tu que cela puisse devenir une habitude ?

Oh ouais, ça pourrait être le cas, c’est une possibilité, bien entendu. Je ne dirais pas que cela n’arrivera pas. Mais les réalités doivent aussi être prises en compte et le souci du scénario est qu’il travaille aux États-Unis, à l’autre bout de la planète. C’est un problème financier, vraiment, ou plutôt, ne disons pas que c’est un problème mais que c’est plus ou moins un défi à chaque fois car le groupe est composé de cinq membres et que nous devons voyager en partant de Finlande donc… C’est la seule chose qui pourrait rendre ça difficile, en plus de l’état du business de la musique aujourd’hui, en quelque sorte… Mais je dirais que si tout était possible, dans un monde idéal, pourquoi pas. Je verrais bien ça se reproduire, ouais.

Vous avez désormais un nouveau batteur et un nouveau clavier. Quelle a été leur implication dans les processus d’écriture et d’enregistrement de l’album ?

Eh bien, ils n’étaient pas du tout impliqués dans le processus d’écriture. Les chansons étaient en grande partie terminées, ou tout du moins choisies lorsqu’ils ont rejoint le groupe. Mana, le batteur, nous a rejoint quelque chose comme un mois avant d’entrer en studio, donc nous avons décidé que les nouveaux gars n’auraient pas leur mot à dire dans le travail en cours, sur quelles chansons allaient être enregistrée, etc. Ils étaient là depuis seulement quelques mois et nous, nous étions là depuis des années, donc nous ne les avons pas laissés participer à ce stade. Mais durant le processus d’enregistrement, bien sûr, tout le monde peut faire ses parties ! Nous leur laissons les mains libres. Ça n’a aucun sens pour moi de dire à Mana ou Hella ou qui que ce soit comment ils doivent jouer de leurs propres instruments. C’est leur propre interprétation des chansons, tu vois ce que je veux dire ? Tout ce que tu entends des claviers est fait par Hella et c’est Hella qui l’a créé, et c’est la même chose pour la batterie : Mana a fait ses propres motifs de batterie et a décidé ce qu’il allait jouer. Comme il l’a d’ailleurs dit hier, c’est ce qui fait un groupe.

Et penses-tu que pour le prochain album ils auront la possibilité d’amener leurs propres influences et saveurs dans votre musique ?

Bien sûr ! Ça a toujours été comme ça, même si j’écris 95% du matériel. Depuis l’extérieur, ça peut donner l’impression que je décide et fais la plupart des choses. Mais ce n’est pas ainsi, tout le monde écrit et je suis le premier à pousser tous les autres à écrire également pour ce que nous faisons, quoi que ça puisse être. Mais mathématiquement, le fait est que j’écris tellement, j’écris de nouvelles choses en permanence… Lorsque j’écris quarante ou cinquante chansons pour un album, les autres sont contents s’ils obtiennent dix chansons ensemble. Donc le fait que la plupart des choses viennent de moi est une simple question de mathématiques. J’écris des centaines de chansons et enregistre des démos, ça ne veut pas dire que tout est bon, mais il y a toujours beaucoup plus !

Le premier single de l’album s’appelle « The Riff ». Est-ce une sorte d’hommage à cette recherche du fameux riff de chaque groupe de metal ?

Bonne question ! Je n’ai jamais pensé à ça en fait. Le titre vient d’une histoire. Les paroles décrivent une histoire très claire, comme un conte de fées à propos de Mister Lordi qui rencontre Mister Death et parle à Mister Death au sujet d’un riff de guitare spécial [rires]. J’ai pensé dans ma tête que tout le scénario était drôle. Mais dans beaucoup de cas tu peux entendre une chanson qui a un très bon riff, mais le reste de la chanson est vraiment à jeter. Et l’inverse est vrai aussi, tu sais : le refrain est bien accrocheur mais tu n’aimes pas vraiment le reste. C’est ainsi que nous faisons les chansons : pas même la moitié des chansons que vous entendez sur les albums de Lordi étaient comme ça à leurs débuts en tant que démo. Dans de nombreux cas, lorsqu’une chanson est sélectionnée pour un album qui doit être enregistré, il se peut que l’on retire le riff et le remplace par un autre riff d’une autre chanson qui est meilleur, mais… C’est une bonne question en réalité, la recherche du riff parfait… Michael [Wagener] a dit une chose amusante lorsque nous étions en studio : « Travaillez vraiment sur la chanson qui s’appelle ‘The Riff’ car il faudra qu’elle ait un riff sensationnel ! » Eh bien, ce n’est pas le cas car la chanson est à propos du riff mais on n’entend pas le riff dont on parle, il reste inexprimé. Et dans les paroles, ça dit : « Ça fait comme ça… » et ensuite il y a une partie qui pourrait être le riff, si quelqu’un veut l’interpréter ainsi, mais encore une fois, je laisse les portes ouvertes, je n’affirme pas que c’est le riff [rires].

Quel serait le meilleur riff de tous les temps pour toi ?

Oh wow ! Ce n’est pas une question facile, mec… Il y a pleins de riffs incroyables dans le monde. Par exemple « Bark At The Moon », ça c’est un riff génial, « War Pigs », évidemment énormément de riffs de Black Sabbath sont excellents… La liste est grande. Même « Jump » [de Van Halen] a un riff terrible, même s’il n’est pas fait à la guitare, et puis il n’a pas nécessairement à l’être… Je ne sais pas, c’est une question vicieuse. Il y en a tant. Je pourrais commencer à lister les riffs et commencer avec les riffs de Kiss par exemple, de « God Of Thunder », « Almost Human », « I Stole Your Love », « Love Gun », la liste est longue. « All Hell’s Breaking Lose », « Unholy » a un riff super, et ça ce n’est qu’un groupe ! « Wild Child » de W.A.S.P., « Poison » d’Alice Cooper…

Et quel serait ton riff préféré de Lordi ? Pas ta chanson préférée, mais ton riff préféré ?

Mec, tu as des questions vicieuses ! J’aime toujours le riff de « Biomechanic Man » du premier album et aussi « Get Heavy ». Je pense que nous avons sorti des riffs qui sonnent bien classique. « This Is Heavy Metal » par exemple a un riff très intéressant. Même si c’est supposé fortement rappeler quelque chose que tu as déjà entendu, c’était le but. Je pense qu’on essaie toujours de trouver le meilleur riff possible pour la chanson qu’on fait à un instant T. Je suis plutôt content du riff dans « I’m The Best » issu du nouvel album.

Tu as déclaré que, avant qu’il ne décède, Otus a écrit des parties de batteries qui étaient vraiment agressives et que ça a donné à Lordi l’orientation pour le nouvel album. Pourquoi penses-tu qu’il a écrit ces parties agressives ? Etait-il en colère à l’époque ?

Non ! Il était simplement lui-même ! C’était un batteur de metal vraiment, vraiment, vraiment respecté et vraiment doué. Il était un des meilleurs batteurs de metal de Finlande. Il était vraiment la crème de la crème et sa manière de jouer était comme ça. Ce salopard était agressif. Il était comme Vinnie Paul sous amphètes, il était putain de génial. Il avait une technique incroyable et il frappait vraiment fort. Il y a des batteurs avec qui tu peux parler lorsqu’ils jouent car ils frappent si doucement, mais Otus, c’était comme s’il découpait du bois ! Il frappait vraiment. A chaque concert, il cassait au moins une ou deux cymbales. A chaque concert ! Pas seulement des baguettes, mais des cymbales ! Quiconque a déjà eu l’occasion de jouer un peu de batterie sait à quel point il faut marteler ses cymbales pour les casser. C’était son style de jeu !

« [Une amie] me demande toujours : ‘Oh, donc tu fais toujours ton truc avec ton groupe ? Quand vas-tu commencer à faire quelque chose de sérieux avec ta vie ?’ Non mais franchement ? Je sais qu’elle me veut du bien mais… »

Le nouveau batteur ne ressent-il pas de la pression à être son remplaçant ?

[Rires] Oh ouais, il a dit qu’il y avait de grosses chaussures à enfiler. Mais il peut jouer dans le même esprit et puis, encore une fois, après tout, tout le monde a sa propre manière de jouer de son instrument, peu importe l’instrument, à moins que tu copies vraiment quelqu’un volontairement, donc il y arrivera sans problème, il a son propre style. Il n’est pas Otus et il n’a pas à être Otus. Mais lorsque nous recherchions un nouveau batteur, la partie la plus difficile était de trouver un gars qui pouvait jouer les choses comme Otus le faisait, car le nouveau matériel était très influencé par le jeu d’Otus. Il fallait que le nouveau batteur soit capable de jouer ce type de choses, mais aussi connaisse les styles classiques de Kiss, Twisted Sister et Alice Cooper, ces trucs des années 80 car ce sont nos bases. Il doit connaître toutes ces références aussi. Et en premier lieu, il doit être une super personne, il doit coller à l’alchimie du groupe. Il n’est pas là pour copier Otus et je crois qu’il ne devrait pas penser à ça. Je ne crois même pas qu’il y pense, il fait les choses à sa manière, tu sais.

Le titre de l’album était originellement supposé être « Upgradead ». Pourquoi cela a-t-il changé ?

Parce que c’était un titre merdique ! [Rires]

Je trouvais ça cool !

Eh bien, ouais, je veux dire… Ouais, ça l’était mais toute l’histoire derrière le titre de l’album est plutôt longue. Généralement, avant que l’on commence à travailler sur du nouveau matériel pour le nouvel album, on a déjà un titre de travail pour l’album. On a au moins une idée et en général ça reste. Et cette fois-ci, il y a deux ans nous avions déjà un nom : Monsterial Phonica. On s’est dit, OK, l’album s’appellera Monsterial Phonica, et ça c’était avant même que nous commencions à jouer le nouveau matériel. Ensuite Kiss a annoncé que leur nouvel album s’intitulerait Monster et nous nous sommes dit : « Oh non, fait chier ! Si nous sortons un album après Kiss qui s’intitule Monsterial Phonica… » Et ensuite ils ont sorti une chanson qui s’appelle « Hell Or Hallelujah » et nous nous disions : « Hmmm, ça sonne un peu comme quelque chose que nous avons fait », donc Allan de Sony en Finlande nous a dit : « Peut-être devriez-vous appeler votre album Kiss ! » [Rires] On a plaisanté avec ça pendant un moment mais ensuite, après ça, nous n’avions toujours pas trouvé de titre pour l’album. Nous étions en permanence à la recherche de ce putain de titre, tout l’été, tout l’automne, tout le temps passé en studio nous réfléchissions sur ce putain de titre. Nous ne parvenions à rien qui collait à ce que l’on crée d’habitude. Et ensuite nous nous sommes fixés sur « Upgradead » car je voulais aussi qu’il y ait une connotation liée au changement dans le titre de l’album : il y a eu tant de changements dans le groupe et dans la musique et dans le line-up et tout… « Upgradead », c’était comme : « OK, c’est ‘upgradé’ (NDLR : amélioré) avec ‘dead’ (NDLR : mort) pour la fin, tout est dans le nom, c’est une meilleure, nouvelle version du groupe. » Mais encore, d’une certaine manière, ça ne paraissait pas être le meilleur titre d’album que nous pouvions trouver à ce moment-là. Et nous avons sorti une tonne de titres d’album différents pour le prochain, mais pas pour celui-ci, et nous nous disions « Putain ! » C’était la première fois que ça arrivait. J’ai peint la couverture de l’album avec le titre « Upgradead » en tête : j’avais cette idée d’une vieille publicité rétro, genre année 50, 40, 30 ou peu importe, avec une dame rétro faisant la publicité d’un produit, et le produit est bien entendu la nouvelle version de l’homme qu’est Lordi dans une meilleure version. Il y avait pas mal de balafres et beaucoup de choses dans la peinture. Ça n’avait pas l’air terrible. Quelque chose n’allait pas avec ça, donc j’ai commencé à retirer toutes les fioritures en extra et je me suis retrouvé avec la peinture qui est devenu la pochette de l’album. Lorsque j’ai montré ça à Amen (notre guitariste), il a dit : « Je ne vois plus le rapport avec Upgradead. C’est plus comme être ou ne pas être. » Et là j’ai dit : « Eh bien voilà ! To Beast Or Not To Beast ! Telle est la question ! » Ce qui est important, c’est le jeu de mots, nous avons toujours un jeu de mots et aussi un peu d’humour, et puis ça répond à sa propre question. « Être une bête ou ne pas être une bête » et la réponse est déjà dans tes mains car si tu as l’album, cela signifie que tu dois être une bête !

J’y pensais d’ailleurs il y a quelques minutes… Que penses-tu de l’album Monster de Kiss qui est sorti l’année dernière ?

En fait, nous étions déjà en train d’enregistrer lorsque Monster est sorti. Nous l’avons entendu, nous sommes allés chez le disquaire et l’avons acheté le jour de sa sortie, nous étions à peu près à la moitié de l’enregistrement à l’époque. Mais nous l’avons écouté. Je pense que c’est un bon album. Je pense qu’il est bien meilleur que Sonic Boom.

A la fin de l’album, il y a une chanson où tu chantes : « Va te faire foutre trou du cul, sincèrement avec amour ». A qui est-ce dédié ?

[Rires] Personne en particulier. Je pense que n’importe qui peut s’approprier cette phrase. C’est une chanson pour ces gens que tout le monde connaît. Tout le monde a connu dans sa vie le genre de personne dont je parle, que ce soit leur mère, leur père, leur patron ou leur professeur à l’école, peu importe. Il y a toujours ces gens qui pensent être meilleurs que toi, tu sais et c’est toujours fou. J’ai toujours détesté ce putain de système d’autorité qui pense être meilleur que toi et qui pense te connaître, tu vois ce que je veux dire ? Tu sais qu’ils te veulent du bien, tu sais qu’ils cherchent simplement à t’aider, mais dans le même temps ils te rendent complètement fou en pensant te comprendre alors que ce n’est pas le cas. Ils te disent : « Je veux simplement t’aider ! » C’est là tout le message là derrière. Je pense que tout le monde peut s’identifier à ça. Aussi, lorsque j’étais en train d’écrire les paroles, je calculais, je voulais avoir des paroles que tout le monde pourrait comprendre, de manière universelle, partout dans le monde. Il fallait donc que ce soit assez simple : tout le monde a entendu ce genre de phrase dans des films, à la TV, etc. Surtout si tu regardes des films américains, tu as forcément entendu ça. Même si tu ne parles pas un putain de mot d’anglais, tu sais ce que « Fuck you asshole! » signifie. Et je trouve aussi que le public durant les festivals d’été était toujours divisé. C’est toujours le cas lorsqu’il y a beaucoup de groupes qui jouent. C’est tellement rare de voir un festival où tous les gens sont unis pour chaque groupe. Je me suis donc demandé : que pourrais-je bien faire pour voir tout le monde chanter sur la même chanson, même les gens qui détestent Lordi, même les gens qui sont au bar à boire des bières tout au fond du terrain du festival et se disent : « Putain, je déteste ce groupe merdique » ? OK, il est probable qu’ils chantent : « Allez vous faire foutre, tirez vous de la scène bande d’enculés ! », j’ai déjà entendu ça avant de jouer des chansons. Donc, après quelques bières, lorsque tu es au bar et si tu détestes Lordi, tu voudras probablement rejoindre les autres pour chanter « Fuck you asshole » vu que tu nous le chantes déjà. Telle est l’expérience scientifique à laquelle nous nous prêterons l’été prochain lorsque nous jouerons dans les festivals, nous verrons. [Rires]

Et à propos de ces gens qui pensent être meilleurs que toi et pensent t’aider, je suppose que tu as dû en rencontrer un certain nombre dans la mesure où tu es musicien… Il doit surement y avoir des gens autour de toi qui ne comprennent pas vraiment ce qu’est être musicien et te conseillent de trouver un vrai boulot…

Ouais, exactement. [Soupire] J’ai d’ailleurs toujours une amie… J’ai à peu près quarante ans désormais. Du point de vue de l’âge, je suis un adulte, même si dans ma tête j’ai toujours seize ans. Cette amie a deux enfants, déjà un second mari et un boulot stable. Elle vit une vie normale, une vie d’adulte, alors que moi je vis toujours la même vie que je vivais lorsque j’étais au lycée. Elle me demande toujours [il prend une voix aigüe] : « Oh, donc tu fais toujours ton truc avec ton groupe ? Quand vas-tu commencer à faire quelque chose de sérieux avec ta vie ? » Non mais franchement ? Je sais qu’elle me veut du bien mais…

« Nous avons fait l’Eurovision et pour beaucoup de gens c’était : ‘Ok, ça y est, c’est de la merde’. Mais nous n’avons rien fait différemment ! C’est exactement la raison pour laquelle nous avons gagné. »

L’album s’achève avec un titre intitulé « SCG6 Otus’ Butcher Clinic » qui est très étrange : on peut y entendre des sons électroniques et quelque chose qui pourrait être un solo qu’Otus aurait enregistré avec un téléphone ou un enregistreur. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est notre hommage à Otus. Sur chaque album généralement nous avons une intro avant la première chanson et elles sont toujours nommées « SCG ». Donc, cette fois-ci, nous avons décidé de mettre le « SCG » à la fin. Nous avons décidé d’utiliser les pistes de fond sonore que nous utilisions pour les solos de batteries au cours de l’été 2011. Nous avons pris ça et en avons fait une chanson. Le problème avec Otus est qu’il a rejoint le groupe juste après la sortie de notre précédent album et il est décédé au milieu de l’enregistrement des démos du suivant, donc nous n’avons jamais eu aucun enregistrement avec lui. Nous voulions lui rendre hommage de quelque manière que ce soit. Donc, en premier lieu, nous avons décidé d’utiliser les pistes utilisées pour son solo de batterie et d’ajouter des trucs pour ça. Et à la dernière minute, avant que ça n’atterrisse sur l’album, Amen a trouvé sur le disque dur d’Otus dans le studio un solo de batterie qui avait été fait à Paris, au Trabendo, durant la tournée Babez For Breakfast et qu’il avait enregistré lui-même. Nous ne savons pas s’il l’a enregistré avec un téléphone ou quoi, mais il l’a simplement enregistré derrière la batterie. Il y avait cet unique fichier dans toute la centaine de fichiers sur son putain de disque dur. Et nous sommes allés voir Michael : « Hey, peux-tu utiliser ça ? » et il a répondu : « Bien sûr, il faut que nous utilisions ça d’une certaine manière », car c’est le seul enregistrement que nous avons de lui en train de jouer.

L’année 2012 a été marquée par deux anniversaires pour Lordi : les vingt ans du groupe et les dix ans du premier album Get Heavy. Otus est décédé et vous n’avez pas célébré ces anniversaires. Comptez-vous le faire un de ces jours ?

Oui, d’une certaine manière. nous avons fait un concert anniversaire en août dernier dans ma ville natale, Rovaniemi. C’était d’ailleurs le dernier concert avec le clavier que nous avions depuis longtemps avec nous. Mais, bien sûr, tous les gros événements que nous avions prévus ont été plus ou moins annulés et puis nous ne nous sentions pas trop de faire ça. Et maintenant, le moment est un peu passé car nous avons un nouvel album. Ce qui ne veut pas dire que dans le futur nous ne célèbrerons pas l’histoire du groupe d’une manière ou d’une autre avec les fans. Je ne sais pas comment, je ne sais pas où, je ne sais pas quand exactement, mais je suis certain que nous trouverons le moyen de faire quelque chose.

Presque dix ans ont passés depuis votre victoire à l’Eurovision. Quels en ont été les conséquences sur votre carrière ?

En fait, je n’ai absolument rien de mal à dire à propos de l’Eurovision, de toute cette compétition en tant que telle. Ça nous a ouvert de très nombreuses nouvelles opportunités et possibilités. Cela va sans dire. On a eu une telle exposition médiatique grâce à ça. Et on pourrait penser que parce que c’est l’Eurovision ça ne marcherait qu’en Europe, mais en réalité ça nous a ouvert des portes partout dans le monde. Ce n’était que du positif. Mais ce qui drôle, c’est qu’il y a tellement de gens qui utilisent ça contre nous… Le plus grand péché du groupe n’est pas le fait d’avoir participé au concours de l’Eurovision et de gagner. Car, pour des putain de raisons complètement stupides, certaines personnes disent qu’ils ne pourront jamais nous prendre au sérieux, mais ils ne nous auraient sans doute de toute façon pas pris au sérieux dans la mesure où nous portions déjà des masques avant ça. Mais nous avons fait l’Eurovision et pour beaucoup de gens c’était : « OK, ça y est, c’est de la merde ». Mais nous n’avons rien fait différemment ! C’est exactement la raison pour laquelle nous avons gagné : nous n’avons pas changé une seule chose dans notre performance, notre chanson, notre image ou quoi que ce soit. Nous nous sommes approprié la scène. Nous pourrions venir faire un putain de concert d’église et nous nous accaparerons de la scène pendant ces trois minutes et demie ou deux heures de show. Nous nous foutons de savoir où nous jouons car nous faisons notre propre truc et nous ne nous changeons pas pour qui que ce soit. Donc, d’une certaine manière, c’est stupide de croire que nous nous sommes vendus pour l’Eurovision, c’était juste de la forme. C’est le signe d’une très mauvaise estime de soi si un groupe pense ne pas pouvoir jouer dans certains endroits. Le groupe doit se sentir assez fort et en confiance sur son répertoire pour pouvoir jouer n’importe où. Ce n’est pas une question de forme mais de confiance en ce que tu fais.

Ce qui était drôle à ce propos, c’était le présentateur qui se payait votre tête lorsque vous jouiez à l’Eurovision et il n’imaginait pas un seul instant que vous gagneriez !

Ouais, je me souviens. J’ai entendu cette histoire plus tard à propos de ce type. Mais voilà : c’est ces mecs qui avaient tort ! C’était un mec qui ne savait absolument de quoi il parlait.

Mais je suis certain qu’en fait tu adores que les gens se paient votre tête en pensant que vous n’êtes que des clowns, simplement pour leur prouver qu’ils se plantent…

Bien sûr ! C’est le meilleur sentiment au monde, vraiment ! [Rires]

Interview réalisée par téléphone le 14 février 2013
Retranscription et traduction : Spaceman

Site internet officiel de Lordi : www.lordi.fi

Album To Beast Or Not To Beast sorti le 1er mars 2013 chez AFM Records



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