Il n’est pas né celui qui enfermera Michael League dans un carcan. C’est même en partie pour ça qu’il a fondé son propre l’album GroundUP, laissant au placard autant se faire que peut les considérations mercantiles au profit des aspirations artistiques. Michael League s’est fait avant tout connaître en tant que bassiste et leader de l’excellent groupe de jazz-fusion Snarky Puppy, mais il est surtout un artiste prolifique, curieux et touche-à-tout. Il l’a prouvé avec son groupe principal, mais aussi avec la multiplication des collaborations – avec David Crosby pour ne citer que lui – et des projets, tels que Bokanté ou son projet solo avec lequel il vient fraîchement d’enregistrer son premier album.
C’est à l’occasion de la sortie de ce dernier, judicieusement intitulé So Many Me, que nous avons échangé avec le musicien. Il y explore encore un nouveau terrain de jeu, celui de la pop, du prog rock et de l’ambient, avec une affinité particulière pour les années 80 et 90, mais pas seulement. En plus de la basse, on le retrouve aux synthés et aux percussions traditionnelles. Michael League n’a de cesse d’apprendre – il a d’ailleurs sa propre conception de l’éducation musicale, lui qui enseigne également au conservatoire – et n’a de limites que ses envies et ses « options » qu’il restreint volontairement afin de donner une direction et un cadre à ses projets, comme il nous l’explique ci-après.
« J’adore l’idée de la composition comme étant un moyen de raconter une histoire que quelqu’un connaît déjà, mais sous un point de vue différent. »
Radio Metal : Tu sors ton premier album solo, intitulé So Many Me. Tu as travaillé dessus en confinement dans un petit appartement en Espagne. A quel point ces circonstances solitaires ont été le catalyseur pour faire un tel album en solitaire ?
Michael League (chant, basse, synthés, percussions) : J’étais avec ma petite amie, donc je n’étais pas vraiment tout seul, mais d’une certaine façon, on s’est tous sentis très seuls pendant la pandémie. Je veux dire que même si on vivait avec sa famille, on ne vivait pas notre vie sociale normale. Je pense qu’au moins, ça a donné du temps à tout le monde pour penser à des choses. On a plus tendance à penser à nous, à notre vie et à la vie en général quand on est seul. Donc oui, absolument, ça m’a permis d’aller un peu plus en profondeur dans ma manière de voir le monde, de me voir moi-même, etc. Surtout quand on regarde ce qui s’est passé socialement et politiquement dans le monde, à bien des égards ça s’est infiltré dans l’album, tout comme les choses qui ont été affectées par le Covid-19, à l’instar des pensées qui se sont immiscées dans mon esprit durant la pandémie. Quand on écrit un album, ce sera toujours le produit de la période dans laquelle on vit, à moins de faire semblant.
Est-ce que la conception de So Many Me a été une sorte de petit havre de paix pour toi durant cette période angoissante avec la pandémie ?
Oui, totalement. L’acte de création est probablement le facteur le plus important dans mon bonheur. Je peux être dans un groupe joyeux, je peux être seul, je peux être dans une ville, je peux être au milieu des montagnes, peu importe où je suis ou avec qui je suis, je peux être heureux dans n’importe quelle situation tant que je suis créatif et productif. Je travaillais tous les jours sur cet album. Je me levais le matin, je prenais mon petit déjeuner, je m’exerçais sur Duolingo, je m’exerçais sur des instruments, et ensuite j’écrivais après le déjeuner. Pendant un mois et demi ou deux mois, du déjeuner jusqu’au dîner, je composais cet album. C’était sympa d’avoir une routine et un sentiment de progrès quotidien, c’était très important pour moi. Si on compare avec Snarky Puppy par exemple, même si je pourrais probablement composer tous les jours, je n’ai pas le temps et c’est pourquoi les choses se font à la dernière minute ou j’écris directement en studio, car je ne me donne pas suffisamment de temps pour le faire avant. Alors qu’avec So Many Me, je composais chaque jour durant le confinement et c’était super. Je n’avais pas besoin de deadline ni de pression pour le faire. Ça venait naturellement. C’était un processus très agréable où j’avais le temps de composer et que j’adorerais répéter à un moment donné.
Avec So Many Me, tu explores des sonorités renvoyant aux années 80, et tu as déclaré qu’« il y a quelque chose dans la musique des années 80 et 90 qui [te] touche ». Selon toi, qu’est-ce qui fait la différence entre la musique de ces deux décennies et celle d’aujourd’hui ?
Je pense que l’esthétique de la pop était très différente d’aujourd’hui. Je suis beaucoup plus fan de la manière dont c’était fait à l’époque. Je pense qu’il y avait beaucoup plus… Je n’ai pas envie de comparer en disant que c’est mieux ou pire. Je devrais simplement dire que j’aimais beaucoup plus la pop qui sortait dans les années 80 et 90 que celle qui sort aujourd’hui. J’ai l’impression qu’il y avait un véritable bénéfice à créer des paroles intelligentes et de bonnes compositions intelligentes. On voyait très souvent des artistes faire ça dans les années 80 et 90, et ils en étaient récompensés. C’était bien quand ta chanson avait des paroles intelligentes ou un super pont musical, alors que maintenant c’est plutôt : « A-t-on besoin d’un pont ? Allons directement au refrain et finissons le morceau. » J’aime le fait que la créativité était récompensée à cette période et qu’en conséquence, il y avait plein de compositeurs et de stars créatifs, surtout dans les années 80.
« Je ne pense jamais vraiment en termes de genres musicaux, honnêtement je m’en fiche un peu. Je comprends pourquoi ça existe, ça permet de comprendre et classifier rapidement et facilement les choses, ce qui peut être très utile dans plein de cas, mais ça peut aussi être totalement inutile et trompeur, voire raciste [rires]. »
Tu as cité des artistes tels que Tears For Fears et Peter Gabriel comme références. Et tout comme avec ton album, ces artistes ont une forte sensibilité pop mais tout en étant sophistiqués. Penses-tu qu’on ait perdu cette dimension plus expérimentale et sophistiquée dans la pop moderne ? Penses-tu que la scène musicale actuelle manque de l’ambition artistique qu’avaient ces artistes ?
Non, absolument pas. Il y a probablement de la pop tout aussi bonne, si ce n’est meilleure que jamais qui est faite aujourd’hui. Le problème est juste qu’on ne l’entend pas. Ce n’est pas ce qui est promu. Ce n’est pas ce qu’on entend à la radio. Ce n’est pas ce qu’on voit à la télé. C’est le problème. Ce n’est pas qu’elle n’existe pas. Ce n’est pas que la scène se soit dégradée. C’est que la scène qui reflète ces qualités que tu décris n’est pas amplifiée. Mais je pense que ça commence. Je regarde des artistes comme Lianne La Havas ou Annie Clark de St. Vincent… Il y a clairement une révolution pop en cours. Peut-être que ce sera pour dans vingt ou trente ans, mais internet permet aux choses de gagner, même sans avoir le soutien des grands médias. Il y a vingt ans, si tu voulais qu’une chanson soit populaire, ce n’était possible qu’avec l’aide des stations de radio, des maisons de disques et des sociétés de marketing, alors qu’aujourd’hui, des millions de gens peuvent voir ton clip sans avoir à embaucher une seule personne d’une seule grande société pour que ça se produise. Quand les grands labels et les grosses radios se rendront à l’évidence que la très bonne musique se vend, je pense qu’ils rechercheront de la très bonne musique et ils n’auront aucun mal pour la trouver.
C’est une discussion que j’ai eue avec l’artiste de rock progressif Steven Wilson…
De Porcupine Tree, oui !
Il a lui-même cité Tears For Fears et Peter Gabriel comme influence, en particulier pour son album To The Bones avec lequel il a essayé de recréer cette approche pop sophistiquée de ces albums des années 80. Te sens-tu proche de lui et de son approche artistique ?
Oui, mais je ne dirais pas que j’essaye de recréer quoi que ce soit. Je pense que le côté année 80 et année 90 de mon album est là simplement parce que je suis né au milieu des années 80. Ce n’était pas une décision consciente. J’ai juste remarqué pendant que j’étais en train de composer l’album : « Ouah, ça sonne vraiment comme des trucs des années 80 » ou « Ça sonne années 90 ». Ce n’était pas, genre : « Je veux faire quelque chose qui sonne comme ça parce que j’adore leur musique. » Enfin, j’écoutais plein de musique ; j’ai écouté cette musique toute ma vie. Ça fait partie de moi et je n’avais jamais fait d’album de pop. Donc maintenant que j’en faisais un, c’était logique que ça ressorte. D’un autre côté, il y a plein de choses dans une veine années 80 et 90 dans mon album, mais il y a aussi plein de choses très bizarres. Par exemple, il n’y a pas de batterie dans l’album, ce ne sont que des percussions turques et marocaines. Ce n’est pas très année 80, c’est plutôt quelque chose d’étrange. Je pense aussi que les choix de sons, d’une certaine façon, renvoient plus aux années 70 ou à aujourd’hui, surtout avec les synthés analogiques. Les années 80, c’était le terrain de jeu des guitares électriques pleines de réverb et des synthétiseurs numériques DX7, alors que tout dans cet album est fait avec des synthés analogiques, en grande partie des Moog et des ARP. On utilisait ça dans les années 70 et on les utilise aussi aujourd’hui. Ce n’était donc pas une décision consciente de recréer ou de courir après quoi que ce soit du passé. Je pense que c’était juste naturel parce que j’ai grandi en écoutant de la musique des années 80 et 90.
Tu commences à avoir pas mal de groupes et de projets : Snarky Puppy, Bokanté, ton projet solo… Ce titre d’album, So Many Me, est très approprié : tout ça représente à chaque fois un toi différent. Si tu devais décrire chacun de tes groupes et projets principaux, quel « toi » représentent-ils ?
Snarky Puppy reflète plus mon désir d’exploration, de prendre de gros risques et d’implémenter ou tirer profit de toutes les années que j’ai passé à étudier le jazz, mais aussi dans la scène texane où j’ai grandi en tant que musicien. J’adore le côté ouvert de ce groupe, le fait de pouvoir combiner des influences d’un tas de musiques différentes, mais tout en ayant notre propre son. C’est donc plus une question d’exploration. Bokanté, pour moi, c’est… J’ai plutôt tendance à penser à tout ça en termes de texture, plutôt que de manière directement associative. C’est un peu dur à décrire avec des mots, mais selon moi, Bokanté puise dans mon désir et celui de Malika [Tirolen] de se confronter à des problématiques sociales, raciales et politiques, et de le faire de façon à avoir un groupe de gens issus de quatre ou cinq continents différents et qui sont tous plus ou moins sur la même longueur d’onde, ce qui, je trouve, sans même avoir des paroles politiques, envoie un message fort en soi. Et nous jouons de la musique très maigre, qui n’est pas aussi élaborée que celle de Snarky Puppy, ça va droit au but. Le groove est franc, l’harmonie est généralement très simple, mais la puissance vient d’ailleurs, alors que dans Snarky Puppy, souvent, la puissance vient de l’harmonie. C’est donc une forme très intéressante. Ensuite, pour mon projet solo, je pense qu’il s’agit plus d’exprimer des pensées d’observation. Il s’agit de faire ressortir tout ce à quoi je pense quand j’observe les gens ou le monde, et de partager des regards. J’adore l’idée de la composition comme étant un moyen de raconter une histoire que quelqu’un connaît déjà, mais sous un point de vue différent.
« La réduction est toujours le chemin le plus rapide vers le progrès. Si j’ai trop d’options, je tourne en rond et les choses prennent trop de temps. »
Comme tu l’as dit, Snarky Puppy est un groupe qui paraît très ouvert et libre, comme ont pu le prouver des albums tels que Amkeni, Sylva ou les Family Dinner. Du coup, qu’est-ce qui te pousse à cloisonner ta musique avec Bokanté et ce projet solo en l’occurrence ? Ne pourrais-tu pas sortir ces albums sous la bannière de Snarky Puppy ?
Oui, clairement. Mais j’aime beaucoup l’idée de la spécialisation du travail, en quelque sorte. Ce n’est pas la meilleure façon de l’expliquer, mais j’aime l’idée d’avoir un projet qui crée son propre monde, et ensuite tu peux vivre dans ce monde. Et lorsque tu travailles tout le temps avec les mêmes personnes, ça limite tes options. Ça limite l’étendue que tu peux couvrir. Donc ce que j’aime dans le fait d’avoir ces différents projets, c’est que les gens sont différents dans chacun d’entre eux et les possibilités deviennent différentes. Donc oui, Snarky Puppy serait-il capable de jouer les chansons de Bokanté ? A cent pour cent, mais le fait que c’est Jamey Haddad qui joue les percussions au lieu de Nate Werth fait une énorme différence dans le son et les possibilités du groupe. L’une des choses que je préfère dans la musique, c’est le fait de découvrir quel genre de musique peut être créé sur la base des personnalités qui la jouent. Ce n’est pas comme si j’avais telle chanson en tête, et je veux qu’elle soit ainsi, et on se fiche de savoir qui est le percussionniste, il doit jouer cette partie. Non, je veux entendre ce que ce percussionniste naturellement ressent et fait avec cette partie.
Les gens te connaissent dans le jazz, mais aussi pour tes influences rock. Puis sur un album comme Sylva, tu touches à la musique orchestrale, sur Amkeni tu t’es intéressé à la musique africaine et avec Bokanté, tu crées un pont entre la musique africaine et le blues. Désormais, on peut découvrir ton côté plus prog rock, pop et ambient. Quelle a été ton histoire avec tous ces genres musicaux ?
Je suis sûr que tous les artistes disent ça, mais ils le diraient probablement simplement parce que c’est vrai : je ne réfléchis pas tellement en termes de genre musical. Je réfléchis en fonction de ce qui serait cool dans une chanson, et ensuite j’essaye de le faire. Si au final ça sonne comme du prog rock, super [rires]. Je ne me dis pas : « J’ai vraiment envie que ce soit du prog rock. » Je me dis juste : « Qu’est-ce qui va bien sonner ? Qu’est-ce qui va convenir à cette chanson ? » Et je ne dirais jamais : « Je ne sais pas si je peux faire ça. Tout d’un coup, ça ne fait plus jazz, alors ne le faisons pas. » Je m’en fiche. Je veux créer de la musique qui ne me fait pas grimacer quand je l’écoute, ce qui est dur pour moi parce que je grimace beaucoup en écoutant ma musique, mais c’est mon objectif, en gros. Je ne pense jamais vraiment en termes de genres musicaux, honnêtement je m’en fiche un peu. Je comprends pourquoi ça existe, ça permet de comprendre et classifier rapidement et facilement les choses, ce qui peut être très utile dans plein de cas, mais ça peut aussi être totalement inutile et trompeur, voire raciste [rires]. Ça peut être plein d’autres trucs qui ne sont pas positifs. Donc j’essaye de ne pas trop m’attarder là-dessus.
Tu as déclaré être « Mr Snarky Puppy pour plein de gens, mais clairement pas pour [toi]. Snarky Puppy est un élément de niche très spécifique de [ta] personnalité ». Te sens-tu parfois piégé par le succès de Snarky Puppy et la manière dont les gens te limitent à ce groupe, ou même par la manière dont l’industrie a tendance à mettre les artistes dans des cases en général ?
Je ne me sens pas limité par ça, je pense que c’est logique, tout simplement. Si Snarky Puppy est le truc le plus connu que j’ai fait, c’est logique que les gens me voient comme le gars de Snarky Puppy. Est-ce que j’aimerais que ce soit autrement ? Oui, bien sûr, mais je reconnais aussi que Snarky Puppy m’a donné une carrière et l’occasion de travailler avec d’autres artistes, parce que ça a été mon ambassadeur à bien des égards. Ça a été le connecteur entre moi et d’autres projets. Je ne suis pas là à me dire toute la journée : « Ah, j’aurais aimé que les gens me voient comme je me vois. » Je ne pense pas à ça parce que je le reconnais : « Comment vont-ils savoir que je compose des chansons si je ne fais pas un album où je compose des chansons ? Comment vont-ils savoir que je chante si je ne fais pas un album où je chante ? Comment vont-ils savoir que je sais jouer de tel instrument si je ne fais pas un album où je joue de tel instrument ? » Tout ça, c’est une question de bon sens. Si Snarky Puppy ne faisait qu’un concert par an durant les dix prochaines années et que je faisais trois cents concerts par an avec mon projet solo, et que nous faisions une interview dans dix ans, après dix ans comme ça, je ne pense pas que le nom de Snarky Puppy ressortirait beaucoup dans cette interview, parce que j’aurais investi énormément de temps dans un autre projet, si bien que c’est ce dernier qui recevrait beaucoup plus ton attention. Je veux dire que Snarky Puppy n’est même pas l’artiste le plus célèbre avec lequel j’ai travaillé. J’ai travaillé avec des artistes qui sont nettement plus connus que Snarky Puppy, mais les gens ne m’en parlent pas beaucoup, simplement parce que je n’y consacre pas autant de temps ou parce que je ne le mets pas autant en avant. Je ne rends pas ces choses aussi visibles. Donc tout ça est logique pour moi. Ce n’est pas quelque chose que je trouve injuste ou quoi. Pour être honnête, je suis juste content que les gens en ont ne serait-ce que quelque chose à foutre de moi [rires]. Si c’est grâce à Snarky Puppy, super ! C’est génial. Ça me convient.
« Quand tu es en train de groover ou d’explorer, ou parfois ce sont juste des moments qui te font ressentir quelque chose, comme si tu étais un surhomme, j’adore cette sensation que procure la musique, ça te donne l’impression de quitter ton corps et de te connecter à autre chose. »
Snarky Puppy est un groupe dans lequel tu collabores avec énormément de musiciens, alors que tu es seul sur So Many Me. Ne t’es-tu pas par moments senti limité par toi-même ou penses-tu que, paradoxalement, cette limite t’a rendu plus créatif ?
Pour moi, la réduction est toujours le chemin le plus rapide vers le progrès. Si j’ai trop d’options, je tourne en rond et les choses prennent trop de temps. Si j’ai des options limitées, alors j’ai tendance à travailler rapidement et bien au sein de ces options. Dans le cas présent, j’étais la seule personne à jouer, donc j’étais très limité dans mes options d’instruments qui pouvaient être joués et par rapport à la manière dont ces instruments devaient être joués pour bien sonner, car je ne suis pas un maître technique de quoi que ce soit. Donc oui, ça a ouvert plein de portes parce qu’alors, je me dis : « Je sais que je vais jouer des percussions, et non de la batterie. Quel instrument de percussion ? » J’ai ces vingt options et je fais des choix, je m’y tiens et ensuite j’essaye et j’en tire le meilleur son. J’aime cette idée du processus de réduction – spécifiquement la réduction des options – afin d’étendre ou d’augmenter mon attention sur les options qui sont là.
Etais-tu vraiment seul durant tout le processus ?
Il n’y avait vraiment que moi et Nic Hard qui coproduisait, faisait l’ingénieur et mixait avec moi. Il n’y avait que nous deux, donc j’ai dû faire à peu près tout. Enfin, j’ai aussi le même manageur qu’avec Snarky Puppy et Bokanté, Mike Chadwick. J’ai l’habitude de produire et jouer en même temps. Ce n’est pas une situation idéale. Je préfère clairement avoir un producteur quand je joue, mais cette fois Nic était là pour coproduire avec moi, donc son opinion était très présente, très utile et très forte. Dans les moments où j’avais besoin d’un producteur, il était clairement là pour aider.
Une chose intéressante que j’ai lue, c’est que « dès que [tu] compose[s] des morceaux, [tu] passe[s] directement au clip vidéo », même si le clip reste potentiellement dans ta tête. Ça signifie que tu as une manière très visuelle de composer des morceaux. Comment cette association entre la musique et les visuels fonctionne dans ta tête ?
Je pense que je vois simplement l’histoire se dérouler à mesure que les chansons s’écrivent. J’adore l’imagerie et quand j’écris des paroles, j’adore penser aux choses comme à des scènes de film. Je pense que ça vient du fait que j’ai grandi dans les années 90 et que je regardais toujours des clips sur MTV. J’adore ce médium. Je trouve qu’il y a des clips où la vidéo met en valeur la chanson et il y en a d’autres où c’est l’inverse. Je trouve ça vraiment fascinant. Donc d’une certaine façon, oui, bien sûr, j’ai déjà le clip vidéo en tête, à bien des égards, avant même que la chanson soit terminée. Je trouve que ça aide. Encore une fois, on en revient à ce processus de réduction dont on vient de parler : si tu choisis une scène, des personnages, un contexte, tu limites tes options à quatre-vingt-dix-neuf pour cent, ce qui est fantastique. A ce moment-là, tu peux plonger sur le un pour cent restant pour te concentrer dessus et le peaufiner.
Comme tu l’as mentionné, tu joues avec des percussions turques, marocaines et kurdes dans So Many Me. Comment t’es-tu retrouvé à t’intéresser à ces percussions traditionnelles et à baser l’album dessus ? Est-ce que, d’une certaine façon, ça te rapproche de l’aspect plus primitif de la musique ?
Je pense que ça a commencé quand nous avons joué à Istanbul, il y a environ six ans, et nous avons fait venir un ensemble turc de daf [qui s’appelait Defjen] à notre concert pour jouer avec nous, et je suis tombé amoureux de cette percussion. Donc je me suis mis à l’étudier et pendant que je l’étudiais, mon professeur m’a présenté d’autres instruments que j’ai adorés. Voilà un peu comment c’est devenu mon dada et comment j’ai voulu en apprendre plus sur ces instruments. Ensuite, comme je l’ai dit, je n’allais pas mettre de batterie dans l’album. Donc il a fallu que je trouve un moyen d’obtenir ce feeling et ce son afin de remplir le rôle qu’une batterie remplit dans la pop mais sans batterie. Pour moi, l’option la plus intéressante et la plus pratique était : « Pourquoi est-ce que je ne combine pas tous ces instruments que je sais jouer pour remplir la même fonction ? » Je trouve qu’il y a une profondeur naturelle dans le son de ces instruments, surtout le davul, la daholla, le qraqeb marocain… Ces instruments ont un son très expressif, profond, vieux, riche et curatif. Donc je trouve que mettre ça dans un album de pop est intéressant. Ça apporte un son très émotionnel et, dans bien des cas, une spiritualité à une musique qui normalement n’interagit pas avec ces sons ou ces traditions. Donc ça apporte tout de suite quelque chose de frais et d’intéressant aux chansons. Quand une chanson est bien écrite, ça ouvre plein de portes par rapport à ce qu’on peut lui rajouter en arrangement ou pour l’accompagner. Mais oui, ça a commencé avec ce concert à Istanbul et ensuite je n’ai cessé de m’intéresser à d’autres instruments, de voyager, de côtoyer des gens et de prendre des leçons.
« Ce que l’on devient dans notre carrière est plus lié aux prises de décision qu’à ce dans quoi on est bons ou au talent. Ça dépend dans quoi on investit notre temps et notre énergie et ensuite ce qui devient populaire. Donc je ne trouve pas ça super de trop simplifier les musiciens. »
Dans ta carrière, tu as joué un panel assez varié d’instruments – tu as d’ailleurs commencé à la guitare. On dirait que tu as développé une forte curiosité envers les instruments…
Oui, absolument. Je pense qu’à chaque fois que je commence à apprendre un instrument, j’ai envie d’en apprendre d’autres, donc ça devient une sorte d’addiction à un moment donné. C’est aussi comme une langue : avant d’apprendre une seconde langue, on a l’impression que c’est hors de notre portée, que c’est un peu trop difficile. Ensuite on apprend une seconde langue et là, l’idée d’en apprendre une troisième devient beaucoup plus séduisante. Je pense que c’est pareil avec les instruments de musique. On devient curieux. On est là : « J’ai compris comment jouer de cet instrument, j’adore comment ça sonne, comment ça sonnerait si X, Y ou Z ? » J’adore, je trouve ça génial.
Quel est ton processus d’apprentissage quand tu commences à apprendre un nouvel instrument ?
Normalement, je regarde quelqu’un jouer pendant un moment, avant même de toucher l’instrument, et ensuite je commence avec des choses très simples et je prends des cours, je m’entraîne très largement à la technique parce que c’est principalement ce dont j’ai besoin avec chaque instrument. Comme je suis déjà un musicien, je suis capable de rapidement analyser les choses, plus ou moins. Enfin, peut-être qu’« analyser » n’est pas le bon mot… Comme je suis capable d’improviser, par exemple, ou comme je sais ce que c’est que de groover… Ce que je veux dire, c’est que si j’acquiers la technique, ma personnalité est déjà dans mon sens musical, donc peu importe l’instrument que je joue, il y aura ma personnalité, mais il faut que je puisse jouer de cet instrument. Il faut que je puisse en sortir un joli son. Il faut que je puisse être à l’aise dessus. Donc j’ai principalement besoin de travailler sur la technique quand je m’entraîne sur des instruments, et que j’apprenne les rythmes et tout, mais de toute façon, quand on connaît le rythme sur un instrument, on le connaît sur tous les instruments. Donc la technique est mon centre d’attention. Je ne suis pas très bon sur une grande partie des instruments sur lesquels j’ai joué pour cet album, donc j’ai dû relever des défis et j’ai vécu des journées à enregistrer et à chanter très frustrantes. C’est une forme de vulnérabilité, bien sûr, mais c’est aussi un processus d’apprentissage et tu réalises dans quoi tu n’es pas bon en tant que musicien, et c’est toujours très bien de le reconnaître afin de pouvoir travailler dessus.
Te considères-tu toujours comme étant principalement un bassiste ou as-tu dépassé cette étiquette ?
Aujourd’hui, je dis juste que je suis un multi-instrumentiste. Enfin, la basse est mon instrument de prédilection, celui sur lequel je suis le plus à l’aise, mais je joue d’autres instruments et j’adore en jouer. Donc je pense que multi-instrumentiste est la meilleure manière de me qualifier.
Comment te définirais-tu aujourd’hui en tant que bassiste ?
En général, je suis spacieux. J’aime laisser beaucoup de place dans le groove au jeu des autres. J’aime jouer de manière à soutenir ce qui est important, que ce soit une ligne de chant, une mélodie ou autre. J’adore servir la chanson, c’est important pour moi. Si tu penses à ça, alors encore une fois, ça limite tes options, ce qui est super, et ensuite tu peux vraiment te faire plaisir avec chaque option.
Dans Snarky Puppy, tu n’es pas seulement le bassiste mais aussi le leader du groupe. Est-ce que jouer d’un instrument qui est à cheval entre la mélodie et le rythme, le fait d’avoir ce genre de position centrale, aide à être un bon « chef d’orchestre » ?
Je ne sais pas si ça serait plus facile ou plus dur si je jouais du saxophone ténor. Enfin, oui, j’ai davantage la possibilité de guider le groupe en tant que bassiste, tout comme un batteur peut le faire. Donc ça permet d’avoir une influence plus directe pendant que je mène le groupe, mais je ne sais pas. J’ai l’impression que si je jouais des cuivres, si je chantais ou peu importe, je le vivrais de la même manière. C’est juste une couleur différente. D’un autre côté, fut un temps où j’avais beaucoup de mal à faire les deux en même temps, c’est-à-dire jouer de la basse sur scène comme un bassiste tout en menant le groupe comme un leader. Soit je me retrouvais à jouer de la basse comme un leader et donc à trop jouer – ce qui est la pire façon de jouer de la basse –, soit je délaissais mon rôle de meneur de groupe. Mais ça m’arrive moins maintenant qu’avant. Je suis plus à l’aise aujourd’hui.
« Mon processus, c’est généralement : trouve les choses que tu veux faire et trouve comment les vendre, plutôt que de regarder ce qui se vend pour ensuite voir comment le faire. »
Tu chantes et joues pas mal avec les harmonies vocales dans So Many Me, ce qui te permet de mettre encore plus de toi dans les chansons. Est-ce que chanter et écrire des textes t’offre un exutoire qui t’avait manqué avant ?
Oui, clairement. Avec Malika, nous créons les concepts de chanson ensemble, mais c’est elle qui se charge d’écrire les textes. Dans Snarky Puppy, il n’y a pas de parole, alors qu’avec ça, j’écris toutes les paroles. Donc oui, absolument, ça me permet de vraiment m’exprimer sans aucun compromis et de dire exactement ce que je veux dire et de le dire exactement comme je veux le dire. Je pense que si les gens lisent les paroles, ils en apprendront beaucoup plus sur ma manière de penser. D’un autre côté, j’aborde le chant de la même manière que j’aborde n’importe quoi. Encore une fois, j’essaye juste de servir les chansons. Donc j’essaye de chanter de manière à bien communiquer les paroles et à les transmettre avec précision à l’auditoire et de telle façon qu’il y ait des sentiments et de l’émotion. Enfin, ce n’est pas ma meilleure casquette. Ce n’est pas mon instrument principal, mais la percussion et les synthétiseurs non plus, et pourtant j’en joue. Tant qu’on fait ce dont la chanson a besoin, on est bon.
La dernière chanson, intitulée « The Last Friend », était ta contribution au Morning Edition Song Project, qui « demandait à des musiciens de composer des chansons originales pour immortaliser à quoi ressemble la vie à l’ère du Covid-19 ». Dans cette chanson, tu as choisi de personnifier la mort comme étant ce dernier ami, en faisant d’elle un personnage moins effrayant. Tu sembles avoir une conception de la mort assez différente de notre perception traditionnelle en Occident. Peux-tu nous en parler ?
Je pense que j’essayais de voir la mort comme un personnage permanent, et pas qui apparaît juste à un certain moment, à la fin en l’occurrence, et repart d’où il vient. Il nous accompagne toute notre vie et ensuite, à un certain moment, il nous laisse passer à l’étape suivante, c’est quelque chose qui est là auprès de nous et qui protège le récit de notre vie. C’était un peu l’idée. J’ai perdu ma grand-mère l’an dernier. Enfin, tout le monde a perdu plein de gens l’an dernier. Ça m’a fait d’autant plus réfléchir sur la mort et je l’ai peut-être toujours vue différemment de la plupart des gens. Ils se regroupent à des funérailles et sont tristes… Je n’aime pas les funérailles. Bon, je pense que peu de gens les aiment, mais… Je ne sais pas. C’est juste que ma relation à la mort est différente, donc j’ai voulu l’exprimer.
De façon plus générale, es-tu très spirituel et quelle est la place de la musique dans ta spiritualité ? Je veux dire, n’y a-t-il pas un côté « chamanique » dans les percussions que tu utilises dans cet album ?
Je crois qu’il se passe des choses dans l’univers que l’on ne comprend pas, et je crois que c’est bien d’essayer de puiser là-dedans, d’essayer de comprendre les choses et, globalement, de se connecter à ça, peu importe ce que c’est. La musique m’a beaucoup nourri spirituellement, et aujourd’hui plus que jamais, je joue de la musique pour la drogue qu’elle représente. Quand tu es en train de groover ou d’explorer, ou parfois ce sont juste des moments qui te font ressentir quelque chose, comme si tu étais un surhomme, j’adore cette sensation que procure la musique, ça te donne l’impression de quitter ton corps et de te connecter à autre chose, on peut appeler ça comme on veut. J’adore ça, mais je n’adhère à aucune doctrine spirituelle. Mais oui, une grande partie des instruments que j’utilise dans l’album sont des instruments servant pour les transes. Ils sont faits pour provoquer un état de transe et permettre aux gens de quitter le plan physique et aller dans le monde spirituel. C’est le but de ces instruments. Dans le cas de cet album, je n’essayais pas de créer une transe ou quoi que ce soit ou de faire en sorte que les gens quittent leur plan physique, mais le fait que ces instruments soient faits pour ça, je suis sûr que ça a un effet sur le son de l’album qui, rien que par association avec ces instruments, peut partir dans une direction plus spirituelle.
Comme on en a parlé, tes projets sont très différents – c’est le but après tout – mais ça peut aussi être déroutant pour les gens qui suivent ta carrière, car c’est assez difficile de saisir qui est Michael League. Du coup, d’après toi, qui est-il ?
Je pense que tous les musiciens ont plein de facettes et sont capables de plein de choses différentes. Tous les musiciens ne s’autorisent peut-être pas à faire toutes les choses dont ils sont capables, mais de nombreux musiciens s’autorisent plein de choses différentes mais on les réduit toujours à tel groupe ou peu importe. Qui je suis ? Je suis toutes ces choses. Je suis tout ce que j’ai fait et probablement d’autres choses que j’adore et que je peux faire mais n’ai pas faites publiquement, sorties, etc. Je pense que tous les musiciens sont comme ça. Ce n’est pas comme si j’étais spécial d’une quelconque façon. Souvent, ce que l’on devient dans notre carrière est plus lié aux prises de décision qu’à ce dans quoi on est bons ou au talent. Ça dépend dans quoi on investit notre temps et notre énergie et ensuite ce qui devient populaire. Donc je ne trouve pas ça super de trop simplifier les musiciens. J’imagine que So Many Me pourrait dérouter certaines personnes, mais il pourrait aussi sembler parfaitement logique pour d’autres personnes. J’imagine que ça dépend de l’auditeur.
« Lorsqu’on va en école de musique, reconnaître que les gens qu’on étudie n’ont pas été en école de musique fait partie de l’apprentissage [petits rires]. »
En dehors de la musique, tu as fondé le label GroundUP en 2012. A ce propos, tu disais que ton « objectif est de tenir l’industrie musicale à l’écart de la musique ». A quel point as-tu l’impression que l’industrie a tendance à faire obstacle à la musique ? As-tu toi-même vécu de mauvaises expériences ?
Avec l’industrie musicale ? Je pense que tous les musiciens en ont vécu ! [Rires] Il est clair que j’apprécie travailler ou m’associer à des musiciens qui voient ça différemment de moi, ça ne me pose pas de problème. Je connais plein de gens qui jouent de la musique pour gagner de l’argent ou parce qu’ils veulent être célèbres, ou alors ils prennent leurs décisions en fonction de ce qui est bon pour leur carrière plutôt que parce que c’est ce qu’ils veulent faire artistiquement, mais ce n’est pas un souci. Je pense que chacun doit faire ce qu’il veut. Aujourd’hui, je ne me sens pas à l’aise de faire des choses dont je ne suis pas fier. Enfin, parfois je suis obligé parce que je dois m’assurer que mon label ne va pas faire faillite ou je ne sais quoi. Parfois, je fais des concerts ou je joue sur des albums sur lesquels je ne jouerais pas si je n’avais pas besoin d’argent, mais il faut aussi survivre. Mon processus, c’est généralement : trouve les choses que tu veux faire et trouve comment les vendre, plutôt que de regarder ce qui se vend pour ensuite voir comment le faire. Je pense que les questions qu’on doit tous se poser en tant que musiciens, c’est : « D’accord, il y a le business et il y a la musique. Quelle est l’importance de chacun pour moi et comment je veux faire les choses ? De quoi suis-je fier ? Vais-je pouvoir bien dormir la nuit ? » Une grande partie des décisions qu’on prend sont générées par une mentalité dominante, donc il faut programmer, créer ou choisir une mentalité en soi avec laquelle on est à l’aise sur le plan éthique, de façon à ce que toutes les décisions en émergent et reflètent cette déontologie.
Tu es aussi dans l’éducation musicale. Une chose que l’on peut remarquer est que certains des artistes les plus révolutionnaires et novateurs ont été plus ou moins autodidactes. Est-ce que ça dit quelque chose, d’après toi, sur l’éducation musicale ?
L’institutionnalisation de la musique dans le monde universitaire est relativement récente. Je crois que le premier diplôme d’enseignement supérieur en jazz dans le monde date de 1947 et je pense que la plupart des écoles n’ont toujours pas de programme rock. Oui, les Beatles n’ont pas étudié la musique ou n’ont pas étudié le jazz ou peu importe à l’université, probablement parce que l’option n’existait pas. Mais je comprends ce que tu dis. Oui, il y a clairement quelque chose qui se produit dans les écoles, une forme d’homogénéisation dans la manière dont les gens jouent, une sur-analyse, une sur-intellectualisation. Oui, ce sont des problèmes et ce serait raisonnable de supposer que, dans bien des cas, les gens qui ne vont pas en école de musique ont une relation avec la musique plus intuitive qu’académique et intellectuelle. Mais ça dépend peut-être plus de la personne que du fait que la personne ait été en école de musique ou pas. Je pense aussi que lorsqu’on va en école de musique, reconnaître que les gens qu’on étudie n’ont pas été en école de musique fait partie de l’apprentissage [petits rires]. Il faut garder ça en tête durant son parcours musical et se demander en tant que musicien : « Qu’est-on vraiment en train d’essayer de faire ? Que recherche-t-on ? »
Quelle est ton approche de l’éducation musicale, personnellement ?
Quand j’enseigne, j’essaye de mettre l’accent sur l’importance de s’exposer à autant d’opinions différentes et contradictoires de la part d’enseignants que possible, et aussi, musicalement, de se stimuler, d’être suffisamment curieux pour explorer des idées et des concepts contrastés, afin de découvrir où se situe la vérité pour soi. Je n’aime pas l’idée de prendre pour une vérité tout ce que notre professeur nous dit, parce que je peux dire une chose et quelqu’un d’autre peut dire l’inverse et il se peut qu’on ait tous les deux raisons sur la base de notre expérience respective. Donc, pour moi, c’est une question d’exposition. J’ai enseigné au conservatoire ce semestre et, pour moi, il s’agissait surtout d’encourager les étudiants à s’intéresser à différentes choses et différents points de vue, car tout est valable. Si ça sort de la bouche d’une personne douée dans ce qu’elle fait, tout ce qu’elle a à dire est valable. On peut être en désaccord avec ça, ça peut ne pas être pour nous, mais c’est bien de se forcer à entendre toutes ces choses afin de tirer ses propres conclusions.
Interview réalisée par téléphone le 21 juin 2021 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Txus Garcia (4, 8) & Stella K (2, 6).
Site officiel de Michael League : www.michaelleagueplaysmusic.com
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