C’est presque devenu superflu de présenter Myles Kennedy, chanteur d’Alter Bridge et du projet solo de Slash, Slash Featuring Myles Kennedy And The Conspirators. Le guitariste-chanteur a révélé une facette plus intime de son talent musical cette année avec la sortie de son premier album solo, intitulé Year Of The Tiger. L’artiste s’est volontairement éloigné de ce qu’il propose habituellement dans ses autres formations, à savoir un hard-rock plutôt traditionnel et soigneux. Year Of The Tiger l’associe en revanche davantage au blues, à un rock plus ténu teinté de folk.
Myles a entrepris une tournée européenne, parfois accompagné du jeune guitariste français de Blues Pills Dorian Sorriaux présentant lui aussi son premier album solo aux teintes folk paru cette année, Hungry Ghost. L’occasion de revenir sur deux excellents concerts où nous étions présents : le 12 juillet au Rockhal au Luxembourg et au Cabaret Sauvage à Paris, le 26 juillet.
Artiste : Myles Kennedy
Date : 12 juillet 2018
Salle : Rockhal
Ville : Luxembourg
Venu dans un premier temps présenter son projet sur scène chez nos voisins Anglais au printemps, il revient, après une tournée des clubs américains, fouler le sol européen. Nous le retrouvons donc ce soir au Luxembourg, dans une belle salle, le Rockhal.
Il a choisi comme première partie un jeune gars accompagné de sa guitare et répondant au nom de Dorian Sorriaux. Guitariste du groupe Suédois Blues Pills, celui-ci a profité d’un break dans l’agenda du groupe pour sortir son premier projet solo, un album intitulé Hungry Ghost. L’approche est simple : seul sur scène avec sa guitare, Dorian nous fait vibrer. Sa voix cristalline résonne d’accents folks des années 70 pleinement assumées. Le jeune homme est loquace et très sympathique et ses compositions, mélodiques et mélancoliques, sont très applaudies par le public présent. Ses influences (Neil Young, Van Morrison) sont parfaitement digérées et on sent chez lui un réel amour de cette période musicale, une belle envie de partager.
Myles Kennedy arrive uniquement accompagné d’une guitare et d’un rack d’effets posé au sol. Des chandeliers sur pied sont disposés de part et d’autre de la scène et les lumières donnent une impression cosy à l’ensemble. Il débute le concert sous une salve d’applaudissements, avec « Devil On The Wall » tiré de Year Of The Tiger. A la fin du morceau, saluant le public, Myles nous explique ce qu’il a imaginé pour nous, à savoir un « Best Of » de ce qu’il a pu écrire tout au long de sa carrière depuis The Mayfield Four, groupe néo grunge de la fin des années 1990, en passant par Alter Bridge ou encore Slash. Il enchaîne donc avec « Standing In The Sun » tiré d’« Apocalyptic Love », album de Slash. La quasi-totalité des personnes présentes dans le public sont des fans du Monsieur et c’est donc sous un tonnerre de « Ohhh » et de « Ahhh » que Myles entame « Mars Hotel », un fabuleux morceau des Mayfield Four. Pour celles et ceux qui connaissent les deux albums studio de ce groupe c’est un réel miracle que de pouvoir entendre un morceau tel que celui-là sur scène.
Comme d’habitude Myles est phénoménal vocalement, jamais pris en faute. Note après note il égrène les titres, seul, avec juste au pied droit une pédale lui permettant de donner le rythme des morceaux. L’acoustique de la salle est vraiment très bonne. Le public est chaud comme la braise, pensez-donc, des années que les fans attendaient cet album solo ! Ce qui frappe également par rapport à Myles Kennedy dans Alter Bridge, c’est que le Monsieur est drôle, très drôle, et bien plus prolixe qu’à l’accoutumée. Anecdotes et blagues en tous genres ponctuent le set. « Addicted To Pain » d’Alter Bridge voit intervenir Tim Tournier, le technicien guitare de Myles. Pas de mystère, ça joue et ça joue bien, les deux compères s’accordant à merveille pour rendre en acoustique la pêche que ce morceau a en électrique. Sur « Starlight », morceau de Slash, celui-là même qui a décidé l’homme au chapeau à intégrer définitivement Myles à son projet, prend une ampleur démentielle, la voix de Myles montant dans les aigus sans aucun souci et donnant des frissons à tous les poils de bras dans l’assistance.
Retour à Year Of The Tiger avec « Ghosts Of Sangri-La », un superbe morceau mid-tempo déjà connu par la plupart des gens présents. Encore un détour par Alter Bridge avec « Losing Patience » et Myles propose un petit « cadeau » à tout le monde : une reprise d’Iron Maiden tout en acoustique et, comme il le précise lui-même, à la façon d’un Johnny Cash : « The Trooper » ! Armé de sa guitare et de son pied droit qui frappe la mesure, Myles se lâche et donne tout, faisant, bien entendu, chanter tout le monde sur les « Ohohoh » bien connus de ce morceau mythique. Une sacrée performance pour un seul homme ! Il enchaîne avec un deuxième morceau culte des Mayfield Four, « White Flag » reprise comme un seul homme par les fans. Magnifique. « Haunted By Design » tiré de Year Of The Tiger continue de prouver à tous que Myles sait tout faire : chanter, jouer de la guitare et surtout rassembler un public même avec un morceau aux antipodes de ce qu’il joue habituellement. Il continue son voyage dans le temps en interprétant « All Ends Well », une ballade signée Alter Bridge qui fait rugir de plaisir les aficionados du groupe. C’est un morceau fabuleux empli d’espoir qui fait mouche. « Songbird », quatrième incursion dans Year Of The Tiger permet, avec son rythme folk très dansant, de réaliser la diversité des morceaux proposés sur cet album.
Vient le tour vivement attendu par l’audience de « Watch Over You », un morceau d’Alter Bridge joué également en acoustique pendant leurs concerts. S’il n’y a pas de surprise pour les personnes ayant déjà assisté à un concert de ce groupe, néanmoins Myles permet à tous de l’accompagner vocalement et personne ne boude son plaisir, reprenant à tue-tête le refrain prodigieux de ce morceau, tout simple en apparence, mais tellement fédérateur ! Après ce moment d’extase, Myles démontre encore la diversité de ses capacités vocales et instrumentales en jouant de façon déchaînée, un classique du blues des USA, l’indéboulonnable « Travelling Riverside Blues » de Robert Johnson datant de 1937 ! Notez que ce morceau a déjà été maintes et maintes fois repris, notamment par Led Zeppelin, mais ce que Myles lui apporte est une fraîcheur et un entrain, souligné par les slides qu’il joue sur une superbe guitare, imparable pour faire taper des pieds et des mains ! Le morceau suivant est une belle relecture de « World On Fire » de Slash, tiré de l’album éponyme. Si la version originale décornerait n’importe quel bœuf, la version de Myles ce soir est dégoulinante de sensualité, plus lente, la voix plus profonde et bien sûr, elle fait mouche. Myles laisse le public exsangue, le temps d’un tout petit break permettant à tout le public d’en réclamer encore et encore.
Myles revient, humble et respectueux face aux spectateurs qui ne veulent pas que le show s’arrête. Il salue bien bas tout le monde et empoigne une nouvelle fois sa guitare pour un rappel généreux en émotions. C’est donc sur « Year Of The Tiger », morceau éponyme que commence ce rappel. Myles est accompagné de Tim Tournier sur ce titre. Il sera suivi par LE morceau de cet album, « Love Can Only Heal ». Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore ce titre, c’est le genre de chanson qui vous fait hérisser les poils et qui peut faire couler les larmes sur vos joues. Mélancolique à souhait et simplement accompagné par un riff au début, il permet à Myles de donner tout ce qu’il a dans les tripes, sa voix puissante et magnifique s’envolant et venant tous nous frapper en plein cœur. Une apothéose pour la fin du concert. Choisir un tel morceau en conclusion est un pari que Myles a hautement relevé ce soir.
Myles Kennedy est certes immensément agréable, drôle et très talentueux mais il est surtout un stakhanoviste de la musique qui magnifie tout ce qu’il touche, ou plutôt tout ce qu’il chante.
Artiste : Myles Kennedy
Date : 26 juillet 2018
Salle : Le Cabaret Sauvage
Ville : Paris
C’est sous une chaleur écrasante que Myles Kennedy foule enfin les pavés parisiens en ce mois de juillet. Les amateurs ne s’y sont pas trompés, le Cabaret Sauvage affiche complet ce soir. Myles Kennedy a quelque peu changé la présentation de son concert parisien, deuxième partie de sa tournée européenne commencée quelques semaines plus tôt. Là où certains l’auront vu mettre en lumière son album solo seul avec sa guitare et sa voix, ce soir il propose à son public une scénographie un peu différente, il nous présente son concert sous le nom de « Myles and Company ». Le Cabaret Sauvage, très belle salle située dans le parc de La Villette, est en fait un chapiteau de cirque, avec une fosse toute ronde et des sortes de boxes sur les côtés. Les organisateurs ont opté pour une configuration assise, des chaises pliantes emplissent l’espace central et les alentours de celui-ci.
Comme sur ses précédentes dates européennes, Myles laisse l’ouverture du show à Dorian Sorriaux de Blues Pills qui présente son premier opus solo Hungry Ghost. Sa musique grandement influencée par les pointures du folk tels que Neil Young ou Bob Dylan se laisse déguster sans faire la fine bouche. Le jeune homme est très à l’aise sur scène, seul avec sa guitare, et ses compositions toutes en douceur font planer un air de 1970 dans cette salle magnifique. Dorian a su digérer ses influences pour délivrer des titres forts en mélodie et sa jolie voix accompagne à merveille tous les accords qu’il égrène sur sa guitare. Fans de Folk seventies, laissez donc traîner vos oreilles du coté de Hungry Ghost, vous y trouverez votre compte.
Contrairement à ses dates précédentes, Myles Kennedy arrive sur scène non pas seul mais accompagné par deux talentueux musiciens, son technicien guitare Tim Tournier à la basse et Monsieur Zia Uddin à la batterie. Les fans de la première heure de la carrière de Myles reconnaissent bien sûr le batteur de The Mayfield Four, groupe neo grunge de la fin des années 1990 créé par une bande de copains du coté de Spokane dans l’état de Washington. A savoir, Zia a joué les parties de batterie sur Year Of The Tiger. Fort de ce soutien musical pour accompagner ses morceaux solos, Myles enchaîne pas moins de quatre titres issus de son bébé, Year Of The Tiger, dès le début du set : « Devil On The wall », « The Great Beyond », « Ghost Of Shangri-La » débutent donc le show sur les chapeaux de roue. La configuration assise surprend quelque peu le chanteur qui, répondant à un spectateur lui faisant remarquer ce fait, prend le pari de faire lever tout le monde sur le quatrième morceau, « Haunted By Design ». Pari gagné pour Myles ; à la fin du titre, tout le monde est debout et le restera jusqu’à la fin du spectacle !
Les titres de l’album solo de Myles sont bien loin de ce qu’il fait habituellement avec Alter Bridge ou encore Slash, mais la voix est la même, puissante et claire, jamais prise en défaut. Myles le prouve sur « Starlight », morceau qu’il a initialement chanté sur un album de Slash où le six-cordistes avait réuni la crème de la crème des chanteurs actuels pour interpréter un titre. Myles a été le seul à en chanter deux et notre guitariste au haut de forme ne s’est pas trompé en choisissant Myles pour assurer les voix sur ses deux albums suivants (le troisième sortira le 21 septembre) : la voix claire et suave de Myles monte crescendo pour atteindre son apogée sur les refrains, faisant hurler le public présent. Cet homme est non seulement très sympathique mais il est aussi absolument incroyable lorsqu’il s’agit de transcender des morceaux habituellement très électriques comme cette reprise d’ Alter Bridge, « Addicted To Pain ». Myles et ses musiciens mettent le feu. Suivent encore deux morceaux de Year Of The Tiger, « Turning Stones » aux accents Simon And Garfunkeliens, et un titre très peu joué depuis le début de la tournée, « Nothing But A Name ».
Myles propose ensuite une petite pépite déjà testée auprès de son public Européen, une reprise des grands Iron Maiden, « The Trooper », mais, comme il le précise, à la façon de Johnny Cash ! Il faut oser s’attaquer à cette pointure et Myles, simplement mais avec tout son cœur et toute son énergie nous en met plein la tête. Les gens chantent à tue-tête les « Wohohohoho » du refrain et Myles tout sourire doit se dire qu’il a drôlement bien fait d’oser ! Vient le moment « Best buddies » du concert, Zia quittant provisoirement son kit de batterie pour s’avancer sur le devant de la scène, face à des percussions. Myles attrape une nouvelle fois sa guitare acoustique et ensemble ils déroulent un merveilleux « White Flag » des Mayfield Four, suintant de tendresse et de douceur. Une pépite pour les fans de ce groupe injustement méconnu, la voix de Myles s’envolant dans les airs, auréolée des percussions de Zia.
Depuis le quasi début de la prestation de Myles, un fan exalté au premier rang s’amuse à annoncer les titres avant même que le chanteur ait pu dire un mot et ce sera encore le cas pour « Songbird » issu de Year Of The Tiger. Alors avec toute la délicatesse et la gentillesse qui le caractérisent, à l’issue du morceau et alors que ce fan annonce « Watch Over You », hit interplanétaire d’Alter Bridge, Myles prend le contre-pied et entame la sublime ballade « Wonderful Life » du même groupe, non prévue sur la setlist, pour le plus grand plaisir des fans présents dans la salle. L’enchaînement est alors facile pour « Watch Over You » que le public connaît déjà en acoustique puisque c’est de cette manière que Myles chante ce morceau pendant les concerts d’Alter Bridge. Il n’empêche, personne ne boude son plaisir lorsqu’il s’agit de reprendre le refrain à pleins poumons avec le chanteur. Ce sont certes des moments déjà vécus, mais l’audience n’en a cure.
Myles continue son voyage musical en nous jouant de façon déchaînée le standard de Robert Johnson « Travelling Riverside Blues » s’accompagnant d’une guitare sur laquelle il slide à tout va. On tape des mains, on tape des pieds, tout le monde transpire à grosses gouttes dans la salle mais continue néanmoins de faire la fête avec lui en dépit de la chaleur infernale. Myles enchaîne ensuite, seul avec sa guitare, sur une version personnelle de « World On Fire » tiré de l’album éponyme de Slash. Habituellement ce morceau est très rapide et très électrique mais Myles nous offre sa version, très sensuelle, qui lui sied à merveille. L’artiste semble être capable de tout faire ! Il est absolument grandiose sur ce titre alors que ce dernier s’éloigne franchement de la version originale. Myles clôt le set avec « Year Of The Tiger », morceau-titre de son album solo.
Le rappel demandé à grands cris par le public voit Myles se saisir une nouvelle fois de sa guitare acoustique pour nous interpréter une autre magnifique balade d’Alter Bridge, « All Ends Well ». Puis, comme pour nous donner le coup de grâce, il termine son concert avec, à mon sens, un des plus beaux morceaux de sa carrière tous groupes confondus, le magnifique « Love Can Only Heal » tiré de son album solo. Seul, égrenant les notes de ce morceau sublime, il chante, chante et chante encore. Les gens se taisent, le silence se fait dans la salle lorsque sa voix s’élève seule et majestueuse. Il semble auréolé d’une lumière divine et nous offre rien de moins que son cœur pour clore un concert absolument génial de bout en bout.
Myles Kennedy est un grand chanteur et un formidable guitariste, faisant de tout ce qu’il touche de véritables pépites et ce soir, à Paris la ville lumière, c’en est une autre qui est venu concurrencer notre belle capitale, un astre humble et magnifique, une étoile pleine de talent.
Setlist Rockha, Luxembourg (sous réserve) :
01. Devil on the Wall
02. Standing in the Sun (Slash feat. Myles Kennedy & The Conspirators)
03. Mars Hotel (The Mayfield Four)
04. Addicted to Pain(Alter Bridge)
05. Starlight (Slash)
06. Ghost of Shangri La
07. Losing Patience (Alter Bridge)
08. The Trooper (Iron Maiden)
09. White Flag (The Mayfield Four)
10. Haunted by Design
11. All Ends Well(Alter Bridge)
12. Songbird
13. Watch Over You (Alter Bridge)
14. Travelling Riverside Blues (Robert Johnson)
15. World on Fire (Slash feat. Myles Kennedy & The Conspirators)
Rappel :
16. Year of the Tiger
17. Love Can Only Heal
Setlist Le Cabaret Sauvage, Paris (sous réserve) :
01. Devil on the Wall
02. The Great Beyond
03. Ghost of Shangri La
04. Haunted by Design
05. Starlight (Slash)
06. Addicted to Pain (Alter Bridge)
07. Turning Stones
08. Nothing But a Name
09. The Trooper (Iron Maiden)
10. White Flag (The Mayfield Four)
11. Songbird
12. Wonderful Life (Alter Bridge)
13. Watch Over You (Alter Bridge)
14. Travelling Riverside Blues (Robert Johnson)
15. World on Fire (Slash feat. Myles Kennedy & The Conspirators)
16. Year of the Tiger
Rappel:
17. All Ends Well (Alter Bridge)
18. Love Can Only Heal