Nachtmystium, c’est terminé. Blake Judd, maître à penser du groupe de black metal américain a lâché la nouvelle sur Facebook en ces termes : « Très bien tout le monde – C’est officiel : Nachtmystium repose en paix. » Près de quatorze ans après Holocaust Of Eternity, première démo du combo, Blake Judd a finalement décidé de clôturer l’histoire du groupe après une année 2013 éprouvante par ses nombreuses péripéties.
Car fallait-il s’y attendre, après qu’au printemps dernier la formation a perdu deux de ses membres : son guitariste lead Andrew Markuszewski et son clavier/ingé-son Sanford Parker ? Nullement. Si ces deux départs avaient conduit Judd a annuler l’intégralité de leur tournée estivale, ce dernier tenait à rassurer leurs fans en expliquant, et par la même, en répondant aux rumeurs annonçant la mort du groupe, qu’apparemment « certains sites metal ont annoncé aujourd’hui que Nachtmystium était soit ‘séparé’ soit, en ‘pause indéterminée’. Aucune de ces choses n’est vraie. Le combo a connu quelques changements de personnel lors des derniers mois et j’ai pris la décision d’annuler la totalité de notre tournée des festivals prévue pour cet été et le groupe se reforme. Au lieu de partir en tournée, nous allons donc écrire et enregistrer notre prochain album dans les mois à venir ; il sortira via Century Media dans le monde entier vers fin 2013. » Ainsi, la promesse d’un nouvel album à venir écartait, au moins provisoirement, le split du groupe dans un futur proche. Masquant toutefois, la réalité de certains faits.
Tout se gâte au début du mois d’octobre quand Judd lui-même est arrêté suite à des accusations de vol pour une utilisation non-autorisée de biens ne dépassant pas une valeur de 500$. Après avoir passé quelques semaines en prison, le musicien est renvoyé chez lui. Or, suite à cet épisode, Judd avoua sur Facebook – dans un message qu’il supprima peu de temps après publication – souffrir de problèmes personnels qui le tiendraient (certainement) éloignés de la musique tant que ceux-ci ne seraient pas réglés. Expliquant que parmi ces soucis, résidaient certaines addictions : « Ce n’est un secret pour aucun d’entre vous que j’ai de graves problèmes de toxicomanie (se casser une jambe afin de se faire approvisionner pendant quatre mois en oxycodone par un médecin, après que cela ait débuté en 2009 … pas en décidant un jour : ‘Hé, je veux être un toxicomane aux opiacés !’). En ce qui concerne cette question, je n’ai jamais essayé de le cacher, écoutez les paroles de ma musique. Il est évident que j’ai eu à en découdre avec. »
Dans cet aveu public, Judd ajoutait qu’il y avait de fortes chances pour que ce soit la fin de Nachtmystium et que l’album enregistré l’été dernier, The World We Left Behind, soit le dernier. Et si Nachtmystium n’ira pas plus loin, les fans auront de quoi se délecter avec ce nouvel album qui sortira quoi qu’il en soit. Une date de sortie au printemps prochain est déjà évoquée par l’artiste. Cet opus a été écrit, produit et joué (guitares, synthé et chant) par Blake Judd, alors que la basse est ici tenue par John Porada, et Sam Shroyer s’occupe de la batterie. Un premier extrait, « Voyager », a d’ailleurs été dévoilé début novembre. Concernant cet album, Judd expliquait (propos rapportés par Blabbermouth) : « [Nous nous sommes] enfermés dans un studio à une heure et demie en dehors de Chicago pendant quatre semaines (plus longue session que nous ayons jamais eue), nous sommes rentrés à la maison pendant dix jours une fois les premiers enregistrements complétés, puis nous sommes repartis du 5 au 14 août pour terminer les voix, les overdubs et le mixage. » Et, dans les mois à venir (aucune date précise), en amont de ce nouvel album, Nachtmystium sortira également un split-disque en compagnie de The Many via Plastik Music.
Enfin, voici le communiqué officiel de Judd marquant le terme de cette aventure : « Aujourd’hui, je me dirige vers mes 31 ans et comme un cadeau à moi-même, aussi triste soit-il, je lâche quelque chose dans lequel j’ai mis du sang, de la sueur et des larmes durant les treize ans et demi passés. Cela a été une aventure incroyable pleine de hauts extrêmement hauts et de bas extrêmement bas. Cela m’a conduit à travers le monde en des endroits que je n’aurais jamais imaginé pouvoir voir ou découvrir. J’ai tourné avec certains de mes groupes préférés de toujours et j’ai rencontré certaines des personnes les plus étonnantes que j’aurais jamais pu demander à rencontrer. Ces expériences sont de bons souvenirs que je serai incapable d’oublier jusqu’au jour de ma mort, et je serai éternellement reconnaissant de les avoir à l’esprit. »
Si le nom du groupe est un mot-valise combinant les termes « Nacht » (nuit, en allemand) et « mystium » (ressemblant à l’adjectif latin « mysticum »), les membres ont toujours traduit et décrit le sens de Nachtmystium par « Obscurité Environnante ». Il faut croire que le groupe ne pouvait vivre que dans l’obscurité et que leurs soucis internes sous-jacents une fois plongés en pleine lumière, la formation ne pouvait plus avancer. Blake Judd expliquait lui-même avoir vécu, durant ces derniers mois, un véritable « examen de conscience », introspectif, ayant débouché « sur l’endroit où je suis et où je vais ». Cependant, si Nachtmystium n’est plus, le musicien a toujours été le compositeur principal du groupe et, aux vues des circonstances actuelles, il n’est pas à exclure que l’homme aura de nouveau le besoin d’exprimer tout cela en musique. Tôt ou tard.