ENVOYEZ VOS INFOS :

CONTACT [at] RADIOMETAL [dot] FR

Chronique   

Naïve – Altra


Naïve - AltraQu’est-ce que le progressif aujourd’hui ? Question épineuse qui ferait l’objet d’une thèse à elle seule tant les définitions divergent. Certains défendent la notion de complexité, l’innovation, et d’autres insistent sur le panel émotionnel qu’une musique peut proposer à travers une progression agencée à cet effet. L’écueil est simple : intellectualiser sa musique et la transformer en une masse informe et imperceptible. Altra, le dernier opus des Toulousains de Naïve, se situe à l’opposé. Il dégage une clarté rarement appréciée, une forme d’élégance qui semble n’appartenir qu’à lui.

Successeur de The End (2011) et Illuminatis (2012), Altra n’est pas un bouleversement. Naïve réemprunte des procédés qu’il maîtrise désormais, un mélange entre éléments électro et metal moderne pour proposer une musique aussi éthérée qu’elle peut s’avérer puissante à travers une production exemplaire. L’ouverture de l’album, « Elevate/Levitate », fait écho à l’artwork très réussi de Jouch, chanteur-guitariste du groupe. La transcendance est mise à l’honneur, les rythmiques lourdes succèdent aux atmosphères aériennes que les différents samples parviennent à renforcer. Le chant de Jouch a cette discrétion et cette sobriété qui permet à Naïve de calibrer les émotions de manière subtile : ne jamais laisser indifférent sans pour autant sombrer dans l’emphase. Surtout, l’usage d’une même rhétorique tout au long de l’album n’a pas pour effet de restreindre le groupe dans ses compositions. On retrouve des riffs classiques du metal progressif à l’instar des introductions in medias res de « Yshbel » et « Monument Size ». Le plan final de « Surge » dégage une puissance qui rappelle le A Perfect Circle de Thirteenth Step (2003). L’incorporation discrète d’éléments trip-hop rappelle l’audace de Cult Of Luna dans « Vicarious Redemption » sur Vertikal (2013). L’ambiance de « Mother Russia » est à ce titre particulièrement envoûtante, l’utilisation d’une voix russe en arrière-plan la rend d’autant plus crédible. Le titre dégage une impression d’immensité et de nostalgie qui s’efface dès lors qu’une rythmique syncopée vienne complètement désarçonner l’auditeur.

Altra est un album de sept titres, pour 61 minutes de musique. Néanmoins, le disque paraît court à l’écoute, justement parce que les compositions sont d’une fluidité exemplaire. « Monument Size » s’en fait le témoin et se fait succéder déluge de riffs et pont électro pour se conclure sur une outro massive où ces deux éléments se conjuguent sans peine. Le titre éponyme, le plus long de l’album, en dépassant les douze minutes, illustre à lui seul l’essence d’Altra : rendre aisément appréhensible ce qui paraît complexe comme si, quelque soit la longueur du chemin emprunté, l’auditeur se sent toujours guidé.

En réalité, Altra est un argument à lui seul lorsqu’il s’agit de définir ce qui rend une musique « progressive ». Naïve n’a que faire du démonstratif et de la prouesse technique. Il ne se soucie pas de rentrer dans une catégorie singulière et d’en devenir un avatar. Bien au contraire, sa prose est limpide et parvient aisément à émouvoir. Voici ce que l’exemple d’Altra prône : une intelligence sincère et l’humilité de sa démonstration.

Ecouter l’album en intégralité :

Album Altra, sorti le 20 mars 2015.



Laisser un commentaire

  • Petite coquille, c’est « le Thirteenth Step de A Perfect Circle », pas l’inverse.

    Très sympa sinon, je vais aller écouter davantage.

    [Reply]

    Thibaud Bétencourt / RM

    Ce n’est pas une coquille, c’est une syntaxe (alambiquée j’en conviens) qui signifie le A Perfect Circle « de l’époque » de l’album Thirteenth Step.

  • excellent groupe!!pour les bretons,ces gars là nous font le plaisir de passer à rennes,au mondo bizzaro,le 16 avril!!he!ho!let’s go!!

    [Reply]

  • Arrow
    Arrow
    The Cure @ Paris
    Slider
  • 1/3