Les facéties de Nanowar Of Steel ne s’arrêteront sans doute jamais. Le groupe prend un malin plaisir à se moquer des codes d’un genre qui se prend trop au sérieux selon lui. Son sens de l’humour douteux s’allie à une expertise musicale indéniable, suffisamment riche pour parvenir à un cinquième opus qui perpétue la blague intitulée Dislike To False Metal. Tout un programme, où tout y passe. Reste à savoir si le niveau comique des Italiens tutoie toujours les sommets ou s’il s’enfonce dans les abysses du mauvais goût et de la blague éculée. Dans tous les cas, le groupe semble ne pas accuser de pannes d’inspiration.
« Sober » nous gratifie d’une entrée en matière en fanfare portée par les arrangements d’accordéon propres au genre du pirate-metal et faisant écho aux frasques d’Alestorm. Il s’agit ici de pirates prônant la sobriété car « le véritable trésor d’un pirate est la santé ». « Sober » n’est qu’un prétexte pour se vautrer dans tous les poncifs de l’imaginaire jambe de bois, crochet et perroquet malicieux. Quitte à boiter et à se percer la mâchoire sous les quolibets de l’équipage. « Winterstorm In The Night » accueille la participation bienvenue de Madeleine Liljestam du groupe Eleine. Les Italiens changent radicalement de registre en embrassant grossièrement les codes du metal à la Nightwish, refrains rock en chœur et nappes de clavier solennelles sont évidemment à l’honneur. Le chanteur Potowotominimak force les traits de sa voix avec une aisance pour le moins déconcertante. Le groupe nous emmène dans des froides contrées enneigées avec les chutes constantes… de pellicules. L’art de l’analogie bas du front. « Disco Metal » n’a pas réellement besoin d’être expliqué. Le titre exprime la volonté de zombies d’avoir le droit, eux aussi, de prendre leur pied en dansant. Le groupe a eu le bon goût d’employer tous les samples les plus infâmes de la musique électronique pour accoucher d’une composition trop heureuse d’abuser du vocodeur. Lorsque l’honneur est abandonné, autant se laisser aller guidé par les beats les plus clichés possible.
Ce qui est fascinant avec Nanowar Of Steel est sa capacité à ne pas se répéter. « Muscle Memories » leur permet de se muer en Nickelback de supermarché où voix langoureuse, power-chords et guitares acoustiques prônent les vertus du culte du corps et les bienfaits de la salle de muscu. « Devenir une meilleure personne, mais seulement à l’extérieur » : voilà le mantra du jeu de mots « Muscle Memories ». Les neuf minutes de « Chupacabra cadabra » mettent à l’honneur les cuivres hispanisants et s’amusent des progressions homériques du metal symphonique. De quoi mettre en scène les exploits du guerrier masqué Chapo Chups dans le désert de Chihuahua (oui, c’est ce degré de subtilité). « Pasadena 1994 », qui fait référence à la finale de Coupe du monde entre le Brésil et l’Italie, est traité comme un titre de Sabaton fort de la participation de son frontman Joakim Brodén qui se parodie lui-même. Comme tout spécialiste de la caricature qui se respecte, Nanowar Of Steel restitue à l’exactitude les gimmicks de Sabaton jusqu’au riffing martial et aux chœurs galvanisants. Évidemment, le groupe ne se prive pas d’intégrer les commentaires sportifs adéquats en guise d’« archive historique ». « Metal Boomer Battalion » est une attaque en règle contre les puristes du genre qui « refusent tout ce qui est sorti après 1982 » et qui ont « plus de patchs que Windows 98 ». « Dimmu Boogie » n’a – une fois de plus – nul besoin d’être présenté. Nanowar Of Steel se laisse aller à un boogie survolté et déjanté, avec une succession de solos de piano, guitare, saxophone, contrebasse et batterie en prime. « Protocols (Of The Elders Of Zion) Of Love » applique les codes de la pseudo-ballade pop-rock en se permettant d’enchaîner les pieds de nez à Green Day (« Wake me up when September 11 ends »), Céline Dion (« And when I see you my HAARP will go on ») et Survivor (« And finally see what’s behind the blue eyes… of a reptile »). L’occasion, en outre, de placer quelques traçantes à destination des théories du complot et des extrémistes nord-américains les plus zélés. Le groupe n’a rien trouvé de mieux que de clore son festival par « The Power Of Imodium » qui renoue (à nouveau) avec les clichés du power-metal symphonique à la Rhapsody Of Fire et raconte l’âpre lutte contre les diarrhées. Le médicament devient le héros d’une fresque épique où l’enjeu est de maîtriser son côlon. Nanowar reprend d’ailleurs les progressions de Bohemian Rhapsody et nous gratifie de son amour du français par un « j’ai la diarrhée, j’ai mal au cul ».
Dislike To False Metal est une farandole de bêtises, pour ne pas dire plus. Nanowar of Steel n’est pas toujours inspiré mais sa culture des genres musicaux, son côté touche-à-tout et sa dextérité suffisent à justifier un humour parfois douteux. Si rien n’est évidemment mémorable, il permet de relativiser le temps d’une écoute et de remettre en perspective les approches trop premier degré en esquissant des sourires. Les pantalonnades de Nanowar Of Steel ont au moins cette vertu à défaut de rendre toujours hilare.
Clip vidéo de la chanson « Winterstom In The Night » :
Album Dislike To False Metal, sortie le 10 mars 2023 via Napalm Records. Disponible à l’achat ici
> « Sober » nous gratifie d’une entrée en matière en fanfare portée par les arrangements d’accordéon propres au genre du pirate-metal et faisant écho aux frasques d’Alestorm.
Ah non ! Non non non ! Korpiklaani plutôt !