En France, nous avons Ultra Vomit. En Italie, ils peuvent compter sur Nanowar Of Steel pour se moquer d’un genre parfois exubérant, avec un sens de la parodie très aiguisé. Nanowar Of Steel a effectué ses premiers vrais méfaits en 2005 avec Other Bands Play, Nanowar Gay!, des débuts qui permettaient de constater l’étendue du potentiel satyrique du groupe. À ce jeu-là, leur nouvel et quatrième opus intitulé Stairway To Valhalla (doit-on expliciter la référence ?) bat des records. Surtout, il ne transige pas sur la qualité musicale.
Nanowar Of Steel est un album copieux, qui compte dix-huit titres (et son lot d’interludes) pour presque une heure de musique. Au premier abord, on ne peut s’empêcher de penser au pire : des vannes mal famées et l’exécution approximative qui l’accompagne. La réalité est bien plus clémente : Nanowar Of Steel a un vrai talent pour la parodie. Il peut s’agir de clins d’œil succincts, à l’instar d’ « Uranus », pastiche de sleaze/glam qui renvoie de manière très explicite aux Mötley Crüe et autres Steel Panther, mais qui prend aussi le temps d’intégrer une référence délicieusement cocasse aux Bee Gees. Nanowar Of Steel peut aussi s’exercer à la copie presque conforme à l’image de « The Quest For Carrefour » que Blind Guardian ne renierait pas tant le mimétisme, notamment au niveau des chœurs et de la production des guitares, est réussi (il faut remercier à ce titre le travail protéiforme du producteur Alessandro Del Vecchio). C’est le point fort de ce Stairway To Valhalla : l’aisance qu’a Nanowar Of Steel à se travestir et la multiplicité de ses apparences. « Barbie Milf Princess Of The Twilight » rappelle le Rhapsody des premières heures, avec son intro ampoulée « Declination » et la participation de Fabio Lione (Angra, ex-Rhapsody Of Fire) qui se parodie lui-même… « Heavy Metal Kibbles » est un ersatz de Judas Priest dans ce qu’il a de plus extravagant, jeté dans l’absurdité la plus totale entre miaulements et aboiements. Le moindre petit arrangement a pour vocation de provoquer l’hilarité. Le Manowarien « In The Sky » use de répétitions compulsives, que ce soit son break ultra-classique ou le titre scandé, jusqu’à devenir abrutissantes.
Au-delà de la capacité de Nanowar Of Steel à faire ressortir les traits marquants des formations auxquelles il fait référence, le véritable potentiel humoristique de l’album se dévoile lorsqu’on se plonge réellement dans les paroles. Ainsi, « Tooth Fairy », aux airs de titre heavy-speed langoureux, avec sa mélodie kitchissime et ses échos à Stratovarius, dénonce les pratiques d’inflation économique de ladite fée, tandis que « The Call Of Cthulhu » se moque évidemment des thématiques Lovecraftiennes qui pullulent dans le metal. L’une des plus réussies reste sans doute « Images And Swords », interlude- sketch qui illustre un débat cherchant à démontrer que Dream Theater doit son succès à un plagiat de Manowar. Il y a même une seconde lecture possible qui permet de constater l’ampleur des références utilisées par Nanowar Of Steel, sorte de véritables easter eggs que l’auditeur s’évertuera à découvrir. Par exemple, la ballade « … And Then I Noticed That She Was A Gargoyle », et ses chœurs gospel, s’approprie aussi furtivement qu’habilement à la fois une accroche de « Moonlight Shadow » de Mike Oldfield et le célèbre refrain de « Maniac » de Michael Sembello. Puis « Hail To Liechestein » a de quoi faire enrager les fans de Sabaton sans second degré…
Nanowar Of Steel mérite qu’on y passe du temps, aussi incroyable que ça puisse paraître. D’une part parce qu’il y a un véritable effort de composition, une qualité dans les arrangements qui empêche de taxer l’entreprise de farce musicale au sens négatif. D’autre part parce que la compréhension des textes vaut le détour, et que l’album se mue très vite en véritable chasse à l’easter egg. Nanowar Of Steel a des prétentions peu communes : celles de faire rire avant même de captiver par la musique. Ç’aurait pu être un véritable naufrage et pourtant non. Nanowar Of Steel exacerbe le mauvais goût parfois présent dans le metal et permet de relativiser à son propos. C’est assez intelligent pour un trait d’humour en apparence frontal.
Clip vidéo de la chanson « The Call Of Cthulhu » :
Lyric vidéo de la chanson « L’Opelatole Ecologico » :
Lyrics video de la chanson « Barbie Milf Princess Of The Twilight » :
Album Stairway To Valhalla, sorti le 9 novembre 2018 via Audioglobe. Disponible à l’achat ici