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Interview   

Napalm Death déballe la vérité comme un morceau de viande avarié


Après accoutumance, on est bien moins dérangé par la voix rauque du death metal, la voix éraillée du black metal et par la vitesse surréaliste et les sons de guitare agressifs du metal extrême. Au delà du fait d’apprécier le résultat artistique, notre oreille et notre corps peuvent même finir par trouver agréable l’écoute de ces divers éléments sonores difficiles à l’oreille du commun des mortels. Ce n’est pas vraiment le cas de Napalm Death qui, malgré sa carrière installée, continue de sortir des albums qui représentent souvent une épreuve sonore pour l’auditeur, qu’il soit « débutant » ou inconditionnel. C’est le résultat d’un constant travail de remise en question, d’évolution et d’expérimentations sonores en studio destinées à repousser les limites de l’extrême. Ce travail ne se concentre pas seulement sur la vitesse, mais sur le spectre sonore global. Cela va du travail de la voix au choix des notes et des fréquences.

En mettant en perspective cette démarche visant systématiquement à déranger l’auditeur avec le message de dénonciation du comportement des puissants de ce monde, il serait facile de voir un lien de cause à effet classique : une musique coup de poing pour un message engagé. Pour autant, son intention première est surtout, simplement, de faire une musique qui lui plaît et qui le représente et, à son modeste niveau, dire des choses et apporter sa petite pierre à l’édifice d’un monde moins injuste.

Dans le contexte de la sortie du nouvel opus de Napalm Death, intitulé Apex Predator – Easy Meat, le hurleur Mark « Barney » Greenway, toujours plein d’esprit, est revenu pour nous sur ce qui fait l’essence de Napalm Death.

« La chose que je trouve vraiment limitant, c’est le fait que les gens peuvent considérer le spectre musical comme quelque chose de purement confortable […]. Pourquoi ne pas profiter de tout le spectre ? Pourquoi ne pas utiliser les notes qui vrillent vraiment les têtes des gens ? »

Radio Metal : Votre nouvel album s’intitule Apex Predator – Easy Meat et est, de toute évidence, avec son illustration, une critique de notre mode de consommation dans la société moderne. Peux-tu expliquer la symbolique de tout ceci ?

Mark « Barney » Greenway (chant) : Ouais, non seulement c’est un commentaire sur cette culture du « je consomme et je jette », c’est aussi plus une critique personnalisée de la manière dont certaines forces de travail sont traitées dans le monde. Le « prédateur suprême » (NDT : traduction de « apex predator »), dans ce contexte, est censé représenter les patrons et les entreprises qui font appel à des pratiques particulièrement abusives. Dans certains cas ils ont recours à de l’intimidation et des menaces de mort, ils contrôlent aussi parfois les logements dans lesquels les gens vivent, ils contrôlent aussi les loyers, ils contrôlent le service public… Ils ont toujours le contrôle sur la vie de la personne de manière à pouvoir les garder sous la contrainte. Et la « viande facile » (NDT : traduction de « easy meat »), dans ce contexte, c’est précisément les gens qui sont sujets à ces conditions. Tu as donc les prédateurs suprêmes en haut de la pyramide et la « viande facile » tout en bas, ce sont donc deux antipodes de ce thème particulier.

Est-ce qu’à un niveau personnel tu essaies de faire attention à ta manière de consommer ou même au niveau du groupe sur la manière dont votre musique est fabriquée matériellement, vos CDs pressés, etc. ?

Ouais, ouais, je fais attention. Il est clair que j’essaie à mon niveau. Je fais certains choix dans mes achats dans ma vie et je ne suis pas de ces gens qui sont abrutis par les publicités qui essaient de me convaincre que j’ai besoin de la nouvelle tablette ou ci ou ça. Ca ne fonctionne tout simplement pas sur moi parce que je sais que ces trucs seront sans doute obsolètes quelques mois plus tard. Donc ouais, je fais des choix. C’est un peu plus difficile avec le groupe parce que, bien sûr, tu n’as pas toujours un contrôle direct sur les choses que tu produis, mais Century Media et aussi notre management sont très conscients qu’il faut un processus qui se fasse de la meilleure manière possible. C’est clairement un sujet d’inquiétude pour nous. Donc peut-être que certains groupes ne s’en inquiètent pas mais c’est important pour moi. Je n’essaie pas de nous mettre sur un piédestal. Je ne dis pas que nous sommes plus purs que n’importe quel autre groupe, si tu veux. Ce n’est pas le sujet. C’est une question de faire une différence.

L’illustration de l’album est assez dérangeante car très réaliste. Etait-ce l’intention ? Est-ce une manière pour vous de montrer que toute la violence et la laideur que l’on peut entendre à travers la musique est, en fait, très réelle ?

Ouais, et comme je le dis toujours, c’est ça le paradoxe : la musique très violente et les paroles très paisibles. Mais ouais, visuellement, l’illustration est très agressive, je suis d’accord. Et, tu sais, cette image est réelle ! Ca ne vient pas d’une manipulation d’image de quelque sorte. C’est littéralement un emballage d’abats provenant, je suppose, d’une usine à viande, et il l’a gardé dans sa cave pendant trois semaines avant de le photographier. Et il a dit qu’il avait dû mettre un masque pour faire la photo parce que ça puait à mort ! [Rires]

Dans le dossier de presse, en parlant des paroles de l’album, tu as mentionné un événement qui t’as choqué : l’effondrement d’un immeuble au Bangladesh. L’immeuble était déjà dangereux et pourtant ils ont construit des stockages supplémentaires et un atelier par-dessus, sans penser à la sécurité des gens qui y travaillaient. Dirais-tu que c’est devenu une sorte de symbole pour ce dont parle l’album ?

Eh bien, c’est le catalyseur, le point de départ, c’est certain ! Pour compléter la petite explication que tu viens de donner, tu sais quoi ? Bien au-delà des étages supplémentaires, ils ont vu les fissures dans l’immeuble, genre le jour avant qu’il ne s’effondre ! Ils savaient donc qu’il y avait une forte probabilité pour qu’un événement grave se produise – et ça s’est produit. C’était clairement le catalyseur. C’était le point de départ. Je me souviens m’être dit à l’époque : « Tu sais quoi ? Il faut que tu fasses un exposé là-dessus. » J’ai ressenti comme une responsabilité de devoir faire ça. Même si les gens se disent du genre : « Eh bien, tu sais, même si effectivement tu fais ça, et alors ? Car Napalm Death est un groupe de moyenne voire petite envergure, etc. » Bon, ok, tu peux le voir ainsi mais au moins c’est quelque chose. Au moins on plante une graine. Au moins ont met les faits sur la table et en disant : « Regarde, c’est inhumain, ce n’est pas une manière de traiter les gens, peu importe où tu vis dans le monde. Point final. »

L’album commence avec une chanson titre très surprenante, avec un côté industriel et tribal. Dans la mesure où l’un des thèmes principaux de l’album est l’esclavagisme moderne, était-ce une manière d’exprimer le fait que nous sommes encore des sauvages primitifs vivants dans un monde industriel moche ?

Ce n’est pas tant un commentaire sur le monde de manière générale ; c’est spécifiquement pour les gens qui vivent dans ces conditions. Parce que, bien sûr, nous avons tous des problèmes avec la société et la société à un paquet de putain de comptes à rendre, dans sa structure même. Mais ces gens sont à l’extrémité, les types de personnes dont je parle vivent dans certains endroits, comme le subcontinent asiatique, où les conditions sont véritablement ignobles pour les gens, où ils subissent des intimidations lorsqu’ils vont au travail et s’ils essaient de protester contre leurs conditions ou autre. Je veux dire que ce sont des trucs sacrément extrêmes. Donc ça s’applique à eux et ça parle de l’insignifiance absolue de ces gens dans ces situations où ils pourraient être tués au travail sans que personne n’en ait quoi que ce soit à foutre, ce serait juste : « Oh, c’est juste un numéro. Gribouille un autre numéro dans la chaîne de production. » C’était ça le but, vraiment. Donc ouais, c’est une chanson vraiment moche, tu sais. La voix est littéralement crachée par la bouche pour capturer ce type d’atmosphère vraiment dégueulasse.

« J’ai appris avec les années que tu transmets mal les choses au gens si tu les bats avec un putain de gros bâton. »

Tu as déclaré : « Lorsque les groupes avancent dans leur carrière, les gens ont tendance à dire ‘Oh, ils font encore des albums mais ils doivent sans doute être un peu dans la routine maintenant…’ et tu sais quoi ? C’est quelque chose que j’espère personne ne dira à propos de nous. » Est-ce important en tant qu’artiste de ne jamais tomber dans la routine ?

Ouais parce que si tu deviens complaisant ou si tu crois être tendance, comme on dit, alors tu es dans une zone de confort. Du coup tu n’es plus stimulé. Je ne voudrais jamais en arriver là parce que le truc, c’est que si nous en arrivions à ce stade, je m’arrêterais de faire ça. Je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose qui a un impact bien moindre, qui a une approche bien moindre, qui a une attaque musicale et au niveau des paroles bien moindre…. Je ne vois pas en quoi ça pourrait avoir un véritable intérêt.

Utilitarian avait introduit de nombreux éléments inattendus mélangés à votre musique ; est-ce que ça vous a motivé à aller plus loin encore dans ce type de créativité ?

Je pense qu’Apex c’est juste quelques pas supplémentaires en avant. Je ne pourrais pas vraiment te donner une formule scientifique sur le pourquoi du comment mais j’ai le sentiment que c’est une avancée naturelle. J’ai le sentiment d’aller plus loin sans perdre le côté extrême, en mélangeant les deux styles – les trucs vraiment extrêmes avec les trucs ambiants -, ça va un peu plus loin là-dedans. Et on dirait que ça s’emboite tout seul.

Devrions-nous nous attendre à de l’inattendu avec Napalm Death ?

Tout ça c’est subjectif. Ce qui est inattendu pour une personne pourrait être un événement logique pour quelqu’un d’autre. Le terme « inattendu » peut couvrir un spectre très, très large. Donc je pense que c’est tout relatif, vraiment. C’est une question à laquelle j’aurais du mal à répondre, c’est quelque chose que j’aurais du mal à cerner.

On peut entendre des voix plus ou moins claires sur « Smash A Single Digit », « Dear Slum Landlord… » ou même un refrain très mélodique sur « Hierarchies ». Cherchez-vous à ouvrir la diversité vocale de votre musique ?

Le truc, c’est que je fais cette diversité vocale, comme tu dis, depuis six, sept, huit ou neuf albums. Je veux dire que ce n’est pas si nouveau. C’est juste que j’ai appris à le développer. Je suis devenu plus confiant avec ma voix. Et, bien sûr, je vais expérimenter. Je ne vais pas faire quelque chose qui enlèvera le côté extrême de Napalm Death, ce n’est pas le but. Le but c’est de trouver des façons de s’exprimer, exprimer ton chant de nombreuses manières différences. Il y a des centaines de possibilités. Et comme je dis, encore une fois pour aller plus loin, tant que c’est extrême, alors ce n’est pas un problème.

Encore dans le dossier de presse, tu mentionnes : « Je ne veux pas quelque chose de plus raffiné ou moins extrême, je veux quelque chose de plus extrême. » Est-ce le rôle de Napalm Death de toujours repousser les limites des musiques extrêmes ?

Ouais, bien sûr mais ce n’est pas le rôle de Napalm Death d’apprendre à le faire au reste du monde. C’est le rôle de Napalm Death de le faire en son sein, si tu vois ce que je veux dire. Tout d’abord, être extrême, c’est pour nous satisfaire nous-mêmes et pour être, si tu veux, fidèles au nom Napalm Death. Si quelqu’un te parle de Napalm Death, quel est la première chose à laquelle tu penses ? « Extrême », très certainement. Ouais, tu pourrais dire des voix rauques. Ouais tu pourrais dire des guitares ultra distordues. Ouais tu pourrais dire une batterie qui sonne complètement dingue. Mais met toutes ces choses ensemble, qu’est-ce que c’est ? C’est extrême, tu sais, si on met tout ça sous une même bannière. Donc si ça c’est la devise de Napalm Death, alors bien sûr, c’est notre responsabilité envers nous-mêmes de maintenir ça.

Penses-tu qu’il n’y a aucune limite ? Que tu peux toujours aller plus loin dans l’extrême ?

Eh bien, ouais, bien sûr que tu peux. Je veux dire que je ne sais pas encore nécessairement ce que ce peut être, mais ça deviendra évident. C’est un scénario ouvert, vraiment, où tout peut arriver.

« Je ne suis pas assez naïf pour croire que Napalm Death va un jour révolutionner le monde mais un petit pas c’est certainement quelque chose. »

Pour beaucoup de gens, la musique extrême c’est surtout une question de jouer vite. Mais avec Napalm Death c’est aussi une question de dissonance, de sons tordus, etc. Quel est alors ta définition du mot « extrême » ?

[Il réfléchit] Quelque chose d’aussi irritante que stimulante. Et c’est difficile à émuler en studio parce qu’une partie de la rugosité du son est atteinte avec quelque chose, si tu y réfléchis bien, qui peut aussi être très difficile à écouter. Parce que, soyons francs, si tu dois avoir un aspect extrême sur un album, ça ne sera pas joli. Ca ne peut jamais être joli. Et « joli » signifie en quelque sorte « facile pour les oreilles ». Il faut donc rendre ça dur pour les oreilles et une part de la difficulté vient du fait qu’il y aura un facteur irritant. J’aime ça parce que la chose que je trouve vraiment limitant, c’est le fait que les gens peuvent considérer le spectre musical comme quelque chose de purement confortable, stimulant selon seulement une ou deux façons. Mais pourquoi ne pas profiter de tout le spectre ? Pourquoi ne pas utiliser les notes qui vrillent vraiment les têtes des gens ? Si tu utilises un ampli à large bande passante, il y certaines fréquences basses qui foutent le bordel avec les organes internes des gens [petits rires]. Je veux dire qu’il y a un spectre sonore monumental à utiliser.

Tu as d’ailleurs dit une fois que « certains sons que Napalm Death utilise sont délibérément conçus pour irriter les gens. » Peux-tu citer certaines choses sur l’album qui aient été effectivement conçues pour irriter les gens ?

Eh bien, l’intro en l’occurrence ! Si tu écoutes l’intro, c’est putain d’irritant ! [Rires] Tu sais, certains trucs dans les basses et tout le reste. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, ça peut être très difficile d’émuler et d’obtenir ça en studio parce que ce que tu entends en studio, autant ça peut t’exploser tes putains d’oreilles sur place, autant ça ne se traduit pas toujours ainsi pour quelqu’un qui l’entend sur chaine hi-fi personnelle. C’est donc difficile à accomplir mais ça peut se faire. « Dear Slum Landlord… », c’est une chanson très ambiante mais si tu écoutes les accords dans le fond, c’est une chanson qui sonne très nauséeuse, ce sont des notes de guitare très inconfortables qui sont utilisées là-dessous. Il y a donc des manières très subtiles et d’autres parfois moins subtiles d’obtenir ça.

Est-ce que tu as des influences de musiques extrêmes en-dehors du metal ?

Ouais, bien sûr, je veux dire que le hardcore-punk a toujours été une grosse influence. Ensuite, je suppose qu’il y a aussi le post-punk, les trucs de pop bizarre, comme Joy Division, My Bloody Valentine, The Jesus And Mary Chain, tout ces trucs. Ce ne sont clairement pas des groupes de metal mais ils ont un côté vraiment étrange.

Napalm Death étant l’un des groupes les plus brutaux qui existent, est-ce que votre musique serait une manière de contrebalancer l’ignorance des gens en leur frappant la vérité en pleine tête ? Est-ce que la brutalité de votre musique est proportionnelle au silence qui entoure certains problèmes que vous évoquez ?

Pour être franc, je ne voudrais pas frapper quelqu’un de cette manière ou de manière littérale. C’est une chose qu’il est important de dire : j’ai appris avec les années que tu transmets mal les choses au gens si tu les bats avec un putain de gros bâton. Parce que si tu y vas avec la méthode forte contre les gens, leur perception de ce que tu essaies de dire peut totalement se retourner. Ca peut en fait les pousser à s’éloigner de ce que tu essaies de leur dire. Il n’est donc pas question de violenter mais d’exposer les choses et dire : « Regardez les gars, putain, voici ce qu’il se passe ! Voici mon point de vue sur le sujet. Prend le, penses-y et fait toi une opinion, si tu le souhaite. » C’est ça le but.

Est-ce que vous êtes parvenus à ouvrir les yeux des gens sur les sujets dont vous parlez dans votre musique ?

Pour sûr ! Je veux dire qu’avec les années, avec tous les albums de Napalm Death, des gens sont venus vers nous pour dire : « J’aime vraiment tous les trucs que tu dis. J’ai été voir par moi-même et j’ai découvert que je peux faire certaines choses, que je peux m’impliquer dans ceci ou dans cela, que j’ai fais des choix personnels dans ma vie comme ci et ça… » Ca a clairement un effet. Évidemment, je ne suis pas assez naïf pour croire que Napalm Death va un jour révolutionner le monde mais un petit pas c’est certainement quelque chose. Et que préférais-tu avoir ? Quelque chose ou rien du tout ? Eh bien, quelque chose, pour sûr.

N’est-ce pas un peu vain d’essayer d’ouvrir les yeux des gens via une musique qui est si extrême qu’elle est marginalisée et que peu de personnes peuvent la comprendre ? Ne serait-il pas plus efficace…

Je sais ce que tu vas dire et je vais directement dire ceci : tu ne peux pas tout contrôler. Tu vois ce que je veux dire ? Tu ne peux pas perfectionner chaque forme d’art au point de satisfaire chaque critère possible. A un moment donné, tu dois pouvoir dire : « Tu sais quoi ? Ceci est ce que nous sommes et ceci est ce que nous allons faire. » Et il y a une solution très simple à ce dilemme, ce sont les paroles dans les livrets des albums [petits rires] ou sur les CDs ! C’est la seule chose que je peux dire par rapport à ça. Je veux dire, c’est sûr, ouais, on pourrait chanter ces paroles avec un groupe de pop, avec n’importe quel type de musique mais ce n’est pas ce que nous voulons être. Nous voulons être Napalm Death. Nous voulons jouer à cent à l’heure et parfois nous voulons jouer très lentement avec des chansons qui sonnent très dépressives, tu vois [petits rires]. C’est tout. Nous devons vivre avec ça et ce n’est pas un problème, c’est une très bonne chose avec laquelle vivre d’après mon expérience [rires].

« Si tu peux imaginer quelqu’un basculer un interrupteur, genre un bouton électrique, c’est comme ça que ça se passe [dans ma tête quand je monte sur scène]. »

Nous nous sommes entretenus avec Tomash « Orion » Wroblewski, le bassiste de Behemoth et il nous a dit qu’on ne pouvait pas jouer du metal extrême éternellement et que, au bout d’un moment, lorsque tu atteints cinquante ans, tu peux te retrouver avec des problèmes de dos et d’autres soucis de santé qui t’empêche de jouer de la musique extrême, tout particulièrement sur scène. Est-ce quelque chose qui t’inquiète toi ou le groupe ?

Non, pas vraiment. Je veux dire que j’ai toujours fait de mon mieux, en général, pour maintenir ma santé. Ce n’est donc pas une source d’inquiétude pour moi. Je ne peux que parler tel que je suis aujourd’hui, et je me sens en plein forme. Pour être honnête, à ce stade de l’année, je me sens assez fatigué mais c’est à cause de ce qu’a été l’année. Je pense que, de manière générale, si tu fais abstraction de ça, je suis plutôt en forme. Ca ne m’inquiète pas. J’ai toujours pris soin de mon corps, ce n’est donc pas un problème pour moi. Après, c’est sans doute différent pour quelqu’un qui joue d’un instrument parce qu’évidemment, il a toujours le poids de l’instrument sur ses épaules ou sur son dos. Ce n’est pas vraiment mon cas. Je prends soin de moi, donc pas de souci.

Tu as une manière incontrôlée et violente de bouger et te comporter sur scène. Qu’est-ce qui te passe par la tête pendant les concerts ?

Oh, si tu peux imaginer quelqu’un basculer un interrupteur, genre un bouton électrique, c’est comme ça que ça se passe. Je ne veux pas paraitre prétentieux mais je suppose que c’est la musique et l’atmosphère qui me traverse et aussi l’idée que j’ai au fond de moi : « Pourquoi voudrais-je rester les bras balans sur scène ? Rester là à un même endroit, ce serait putain d’ennuyeux ! » Alors je ne fais pas ça ! J’envoie la sauce.

Tu as sans doute l’une des voix les plus brutales dans le metal. D’où te vient cette voix ?

C’était un certain nombre d’influences allant du hardcore extrême au metal extrême. C’était mon truc, des chants venant de nombreux contextes différents et ensuite, bien sûr, je mets ma propre touche sur les choses. Donc ouais, c’est un certain nombre de choses et, comme nous en parlions déjà, j’ai développé ma voix avec les années pour faire différentes choses. Je suis très en confiance avec ma voix. Je suis toujours prêt à essayer des choses qui, c’est sûr, ne marchent pas toujours du premier coup mais peuvent fonctionner avec un peu d’entraînement.

Vous avez travaillé pour la huitième fois d’affilée avec le producteur Russ Russel. Peux-tu nous en dire plus sur votre relation avec lui ? Penses-tu qu’il ait une compréhension parfaite de comment Napalm Death devrait sonner ?

Ouais, c’est le cas, c’est le cas. Il est avec nous depuis si longtemps et lorsque tu travailles avec quelqu’un pendant autant de temps, il connaît tes habitudes, la manière dont tu aimes enregistrer, quelle est la meilleure façon de te produire en studio, comment obtenir les meilleurs résultats… C’est donc une relation très, très complice et pourvu que ça dure. Russell comprend que nous n’avons pas besoin de faire toujours le même album, encore et encore. Il est très pro, disant : « Ok, allons de l’avant à partir de là, faisons une production un peu différente. Ne soyez pas moins extrêmes mais faites en sorte que ce soit différent. Faites en sorte que ce soit spontané. Faites en ceci, faites en cela… »

Interview réalisée par téléphone le 8 décembre 2014 par Philippe Sliwa.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Kevin Estrada.

Page Facebook officielle de Napalm Death : www.facebook.com/officialnapalmdeath.



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  • Spartakus dit :

    Le metal extreme me fait penser à l’art minimaliste: c’est pas forcément beau, agréable, mais c’est justement fait pour interpeller! Pour faire réfléchir le spectateur/auditeur sur la notion d’art et justement la notion de beauté: est ce que l’art est forcément beau?
    Je pense que ça nous apprend la tolérance envers des styles artistiques différents, des sonorités par exemple pas agréables directement, mais que l’on peut apprendre à apprécier (ou pas)

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  • Game-system dit :

    Excellente interview ! Barney est un véritable personnage unique dans le milieu du metal extrême.

    [Reply]

  • Interview très interressante qui montre une vision particulièrement extrême du metal par l’un des artistes les plus jusqu’au boutistes de la scène.Je me retrouve beacoup dans sa manière de parler du metal extrême comme quelque chose d’irritant pour l’oreille et pour lequel il faut faire un effort pour rentrer dedans.

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