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Interview   

Neal Morse : partage et sincérité


Nous avions déjà évoqué le rapport très personnel de Neal Morse à la foi lors de notre précédente interview avec le multi-instrumentiste. Une relation qui lui inspire un espoir qu’il cherche à partager sans pour autant l’imposer. Quand il conclut une interview en vous disant « Que Dieu vous bénisse », il n’y a rien d’intrusif, simplement une sincère attention.

Mais c’est la musique qui prime et le message qui est véhiculé dans les textes ne l’est que parce qu’il colle avec l’esprit de la chanson. Et à propos de musique, nous avons évoqué avec lui ses habitudes de composition, la rapidité avec laquelle le dernier album Momentum avait été écrit, ainsi que ses influences récurrentes dont il a bien du mal à se débarrasser et dont il rit volontiers.

« Tu sais, parfois si tu as de la musique pendant très longtemps, arrivé au moment de les enregistrer, tu es déjà lassé. Ce n’était pas le cas pour cet album. »

Radio Metal : Apparemment, quand tu as invité Mike Portnoy et Randy George pour enregistrer l’album, celui-ci n’était même pas encore écrit. Puis tu as déclaré avoir vécu une sorte d’explosion créative. A ton avis, qu’est-ce qui a causé cette explosion ?

Neal Morse : Pour être parfaitement honnête, j’ai prié à propos de ça, je sentais en moi-même que si je réservais un créneau pour  Mike et Randy, je finirai par avoir la musique. Le processus de création est vraiment intéressant, je ne sais pas si je le comprends entièrement. J’ai juste commencé à me réveiller avec des idées, le matin, et quand un flot d’idées te vient comme ça, tu peux écrire beaucoup de musique très rapidement. Donc, oui, j’ai vraiment écrit l’album en deux semaines, puis j’en ai fait des démos en à peu près une semaine et les gars sont venus pendant la dernière semaine de janvier. Je pense que c’est pour cette raison que certaines personnes ont dit que l’album avait une certaine fraicheur par rapport à certains de mes albums précédents. Je pense que c’est pour ça, il était tout simplement, vraiment fait quand on l’a enregistré. Tu sais, parfois si tu as de la musique pendant très longtemps, arrivé au moment de l’enregistrer, tu es déjà lassé. Ce n’était pas le cas pour cet album.

Ne penses-tu pas que, d’un autre côté, écrire aussi instinctivement comme ça est risqué parce que ça peut rendre ta musique prévisible ?

Oui, bien sûr. Ou alors tu peux avoir tort ! Tu peux penser que tu as de la vraie inspiration et peut-être que plus tard, en réécoutant, tu vas te dire : « Ce n’était peut-être pas une bonne idée après tout… ». C’est là que Mike et Randy sont vraiment des parties importantes du puzzle, parce que je leur ai envoyé les démos et ils sont tous les deux revenus vers moi… enfin Mike, pas vraiment, mais Randy est revenu vers moi en me disant qu’il pensait que j’étais vraiment sur la bonne piste, tu sais, à faire un album qui était moins intellectuel, plus simple et un peu plus facile d’accès que mes albums précédents. C’était le bon album au bon moment.

« J’étais en train de glander à regarder la télé […] puis j’ai vu une émission qui s’appelle ‘Hillsong’ et le titre de la présentation d’un gars était ‘Momentum’. […] J’ai vraiment senti que le Seigneur parlait à travers ça. »

Sur la chanson éponyme de l’album, on peut t’entendre chanter « Tu as un nouvel élan, tu as intérêt à continuer d’avancer ». Est-ce que ces paroles symbolisent ton état d’esprit actuel à propos de ta carrière musicale ?

Ouais, assez. Comme je le dis dans le livret de l’album, la première semaine de janvier je venais de rentrer de vacances et je pensais qu’on allait faire un nouvel album de Transatlantic, début janvier. Mais il se trouve que les emplois du temps de Mike et de Pete [Trewavas, basse] étaient incompatibles, donc je me suis retrouvé à glander chez moi et à me demander : c’est un peu le début de l’année, souvent c’est une période où les gens réfléchissent sur quoi faire cette année, éventuellement les gens envisagent de prendre de nouvelles résolutions ou autre. Donc j’étais en train de glander à regarder la télé, à penser à ce que je pourrais faire ensuite et à prier, puis à la télé j’ai vu une émission qui s’appelle Hillsong et le titre de la présentation d’un gars était « Momentum ». Pour résumer son message, il disait : « Dieu nous a donné de l’élan, n’hésitez pas à faire des changements mais continuez d’aller dans la direction dans laquelle il vous a mis ». J’ai vraiment senti que le Seigneur parlait à travers ça. C’est comme ça que je me sentais à propos de moi et de ma musique et d’où j’en étais, j’avais de l’élan et j’avais envie de continuer avec.

Tu as pratiqué ce type de rock progressif pendant longtemps. Tu joues avec Mike et Randy depuis longtemps également. Penses-tu que tout ce contexte d’habitude t’ont aidé à écrire plus rapidement ?

On est effectivement habitué à travailler ensemble mais il y a eu des choses différentes cette fois. Randy est venu un peu en avance et on a écrit la trame de « Thoughts Part 5 » en une journée. Il me semble que c’était un vendredi et Mike arrivait le dimanche, je pense. On s’est tous reposés le samedi, d’après mes souvenirs [rires]. Mais c’était différent pour Randy et moi de se retrouver en avance afin d’écrire, on n’avait jamais vraiment fait ça avant. Quand tu as l’habitude de travailler avec des gens comme ça, tu leur fais confiance, tu te sens vraiment bien en réunissant tout le monde. J’étais vraiment en paix, sachant que tout allait bien se passer quand on serait ensemble, que si je m’égarais d’une façon ou d’une autre, les autres m’aideraient à retrouver mon chemin et ils l’ont fait. Je suis vraiment content du résultat.

« J’ai envie de partager l’espoir que j’ai trouvé à travers Jésus […]. Mais j’ai également envie que les gens apprécient la musique. Je pense que c’est important d’avoir une musique qui aiderait les gens à ressentir les paroles. Tu sais, j’essaie juste d’écrire des paroles qui collent à la musique. »

Tes albums sont toujours pleins d’espoir. Essaies-tu via ta musique de partager avec l’auditeur l’espoir que tu as trouvé dans la religion ?

Oh oui, j’ai tout à fait envie de partager l’espoir que j’ai trouvé dans la religion. Ensuite, je n’aime pas vraiment le mot « religion » parce que ça fait penser au fait qu’il y a beaucoup de religions mortes dans le monde.

Peut-être pas « religion », peut-être que « foi » serait un meilleur mot.

Oui, peut-être « foi ». Je ne suis pas offensé par « religion » c’est juste que certains mots évoquent certaines images aux gens. Mais oui, j’ai envie de partager l’espoir que j’ai trouvé à travers Jésus et le travail que je sens qu’il fait dans mon cœur et dans ma vie et comment j’ai été libéré. Mais j’ai également envie que les gens apprécient la musique. Je pense que c’est important d’avoir une musique qui aiderait les gens à ressentir les paroles. Tu sais, j’essaie juste d’écrire des paroles qui collent à la musique. Donc, par exemple, dans « Thoughts Part 5 » les paroles ne sont pas vraiment spirituelles parce que ce n’était pas ce type de chanson. J’essaie de ne pas me forcer. Il faut que ça vienne naturellement afin de se ressentir comme quelque chose de sincère, quelque chose qu’ils peuvent ressentir, qu’ils peuvent chanter. Ce n’est pas juste à propos de moi ou de mes expériences, c’est à propos de nous.

Tu es un musicien très prolifique, tout comme Mike Portnoy. Est-ce une des raisons pour lesquelles vous êtes amis ?

Peut-être qu’il y a de ça. On se ressemble sous certains aspects, nous sommes tous deux des personnes qui passent leur temps à « faire les choses ». Quand on prend une décision de faire quelque chose, on aime bien les voir finies rapidement. Il y a peut-être de ça, mais il y a beaucoup de choses où nous sommes différents également. Mais on s’apprécie et notre amitié grandit, je l’aime vraiment, c’est un type formidable.

Peux-tu nous donner des nouvelles de tes autres projets comme Flying Colors et Transatlantic ?

Bien sûr. Flying Colors, comme tu le sais probablement, sera en tournée le mois prochain. Donc je vais commencer à travailler là-dessus la semaine prochaine il me semble. Donc je pense beaucoup à Flying Colors en ce moment, il y a la tournée et on va aussi faire un DVD Making-Of, et je pense qu’ils vont tourner un DVD live pendant qu’on sera sur la route. Donc il y aura plus de choses de la part de Flying Colors à se mettre sous la dent. Transatlantic est au point mort à l’heure actuelle, en attendant que les emplois du temps permettent qu’on se retrouve, donc voilà ce qui se passe avec les projets.

Et penses-tu que Daniel Gildenlöw va participer au prochain album de Transatlantic ?

Je ne sais pas, c’est quelque chose dont on parlera dans le futur.

Et à propos de Flying Colors, n’était-ce pas difficile de regrouper tous ces musiciens, puisque c’est une sorte de « super projet » ?

C’était difficile à planifier. La planification est toujours compliquée, souvent par e-mail les gens sont partants, puis quand il s’agit de se mettre au boulot et de se rejoindre, ça devient plus compliqué. C’est là que les gens doivent mettre du temps de côté, puis il faut trouver les fonds et tout concrétiser, tu vois ? Mais Flying Colors semble bien se passer.

« Il faut que je fasse attention à ce que je commence à écouter parce que ça peut ressortir d’une façon digérée au milieu d’un morceau de Transatlantic ou autre. « 

Tu participes souvent à des projets de reprises. Est-ce que reprendre des morceaux d’autres groupes te permet de prendre du recul sur ta propre musique ?

Tu sais, j’apprends constamment d’autres musiciens et d’autres albums, ça m’influence parfois. Quand tu creuses un album, que tu commences vraiment à l’écouter et à écouter ce qu’ils ont joué et comment ils l’ont approché, ça a un impact sur moi, mais tout a un impact sur moi. Il faut que je fasse attention à ce que je commence à écouter parce que ça peut ressortir d’une façon digérée au milieu d’un morceau de Transatlantic ou autre. C’est assez drôle. J’ai une histoire marrante pour toi. Tu connais l’album The Whirlwind de Transatlantic ? On m’a demandé d’aider à l’école de mes enfants, ils auditionnaient des enfants pour la comédie musicale Charlie Brown. Ils m’ont donc demandé de jouer pendant qu’ils auditionnaient les enfants. Ils ont fait les auditions sur la chanson « Happiness » de Charlie Brown. J’ai donc joué ça pendant une heure et demi tandis que tous ces enfants venaient et la chantaient. Puis deux semaines plus tard j’avais ce thème musical dans la tête [il chante à pleins poumons], tu sais, un des thèmes principaux de The Whirlwind. Puis ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte que c’était vaguement basé sur cette chanson de « You’re a Good Man, Charlie Brown » la comédie musicale : [il chante] « Happiness is to kinds of ice cream, Pizza with sausage, climbing a tree… » [rires].

Personne ne t’a fait de procès pour ça ?

Maintenant que je te l’ai chanté, peut-être qu’on m’en fera un.

[Rires] D’accord, j’essaierais de garder le secret.

Non, je ne pense pas que c’est proche. Ce que je veux dire, c’est que les choses vont entrer dans ma tête et dans mon cœur et qu’ils ressortent de façon bizarre. Parfois tu y repenses plus tard et tu te dis : « Tu sais, ceci était influencé par cela ! ». Il faut que je fasse attention à ne pas écouter trop de pop ou je vais me retrouver à écrire quelque chose qui sonne comme « Move Like Jagger » [ndlr : chanson de Maroon 5].

« [Les Beatles étaient] le premier groupe que j’ai vraiment aimé étant enfant. Donc j’y pense presque comme si c’étaient mes parents musicaux. Parfois, alors que tu ne l’as pas particulièrement cherché, tu te retrouves à sonner vraiment comme tes propres parents. »

Justement, on dirait vraiment que les Beatles sont une grosse partie de ta vie artistique. Leur influence est très importante dans ta musique et tu as notamment participé à Yellow Matter Custard, un groupe de reprises des Beatles avec Paul Gilbert et Mike Portnoy. Peux-tu m’en dire plus à propos de ta relation à ce groupe ?

C’était le premier groupe que j’ai vraiment aimé étant enfant. Donc j’y pense presque comme si c’étaient mes parents musicaux. Parfois, alors que tu ne l’as pas particulièrement cherché, tu te retrouves à sonner vraiment comme tes propres parents. Par exemple, tu es en train de gronder ton fils puis tu te dis : « Mon Dieu, je parle exactement comme mon père ! ». Eh bien c’est comme ça avec les Beatles, parfois je ne m’en rends pas compte avant longtemps après. J’écouterai un truc et je me dirai que je n’ai pas fait exprès de sonner aussi Beatlesien, par exemple « Freak » sur le nouvel album. Je n’ai vraiment pas fait exprès de chanter avec un léger accent anglais ; mais entre ma façon de chanter et les accords, c’est totalement Beatlesien. Ce n’est pas mauvais, c’est juste marrant que je ne cherche pas du tout à sonner comme eux et pourtant c’est toujours le cas. C’est juste comme ça.

Te considères tu comme le fils des Beatles ?

Non, il y a bien d’autres influences là-dedans. C’est comme si toutes sortes d’influences musicales m’étaient venues dans le cœur à travers les décennies que j’ai vécu et maintenant elles ressortent toutes de façons différentes. Tu peux entendre toutes sortes d’influences ici et là, venant de différents endroits lorsque tu écoutes mes albums, tu sais ? Mais j’espère qu’il y a une certaine quantité d’originalité dedans également.

Et y a-t-il un autre groupe avec lequel tu aimerais faire la même chose que ce que tu as fait avec les Beatles avec Yellow Matter Custard ?

A vrai dire, ça c’était le truc de Mike, je me suis juste retrouvé à le suivre. C’est Mike qui a toujours envie de faire ces groupes de reprises. Je ne sais pas si je le ferais par moi-même, c’est pas vraiment mon truc. Mais je suis content qu’il m’ait invité, c’était vraiment, vraiment amusant et c’est comme ça que j’ai rencontré des gens excellents comme Paul Gilbert, Kasim Sulton et Matt Bissonette, tu sais, donc ça a été une expérience géniale. J’espère seulement que Mike m’invitera la prochaine fois aussi.

C’est tout pour moi, as-tu un mot pour la fin ?

Je dirai « Salut, que Dieu vous bénisse ». Vous êtes en France, c’est ça ? On espère mettre en place une date pour la tournée de Momentum en France et j’espère tous vous y voir. Que Dieu bénisse tous mes amis français.

Interview réalisée le 7 août 2012 par téléphone
Retranscription et traduction : Stan

Site Internet de Neal Morse : www.nealmorse.com
Album : Momentum, sortie le 11 septembre 2012 via Century Media Records



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