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Interview   

Non, à Radio Metal nous n’acceptons pas les pots-de-vin ! Comment ça ? Le guitariste de Lyzanxia ? Ah, alors ok…


Aujourd’hui Lyzanxia est une valeur sûre de la scène française. Fort de trois excellents albums, Eden : le premier essai, Mindcrimes : la révélation et Unsu : la confirmation, le groupe s’est imposé avec style. Les frères Potvin, qui se partagent guitare et micro, sont d’ailleurs devenus avec le temps deux figures incontournables du metal français. Deux inséparables frangins que l’on retrouve aussi dans les projets Phaze I et surtout One Way Mirror, accompagnés de membres de Scarve et de Guillaume Bideau, hurleur chez Mnemic.

Alors voilà, cela fait 4 ans maintenant que l’on attend la suite d’Unsu, mais soyez en certains, cette patience sera récompensée. C’est le 31 mai que Locust, quatrième album des thrasheux, verra le jour et nous avons déjà pu poser une oreille attentive sur cette nouvelle bombe, car oui il s’agit bien d’une bombe ! Déjà sur Unsu, avec des titres tels que « Path Blade » ou « Bled Out », on avait pu noter une volonté de s’orienter vers les rivages suédois connus pour leur dichotomie entre violence et mélodie. Avec Locust, Lyzanxia fait à nouveau un pas en avant dans cette direction. Rassurez-vous, le groupe conserve sa patte mais insuffle à sa musique un air de modernité rafraîchissant qui ne se refuse pas. En résumé : du gros riff qui dépote et de la mélodie qui claque, voilà ce que Lyzanxia a à offrir en 2010, à l’image de l’imparable titre d’ouverture « Prime Thrill ».

EDIT : Ci-dessous l’interview en version audio ainsi que sa retranscription.

Interview :

Quatre ans séparent la sortie de votre nouvel opus, Locust, et votre précédent, Unsu. Qu’est-ce que vous avez fait durant cette longue période ?

Franck : Après la sortie de Unsu, on a beaucoup tourné en France et à l’extérieur des frontières. On a également monté un autre projet avec Guillaume Bideau (ex-Scarve/Mnemic) et Dirk Verbeuren (Soilwork/Scarve), One Way Mirror. Il a donc fallu y consacrer du temps pour enregistrer et tourner. En fin de compte, ces quatre ans ne nous ont pas paru bien long car nous sommes restés assez actifs.

En parlant de One Way Mirror, où en est ce projet? Y a-t-il d’autres travaux de prévu ou en restera-t-il à un seul album ?

A la base, c’était un simple délire entre potes. Puis, on a sorti des démos et on a pu sortir un premier album chez Metalblade. Tout s’est enchaîné puisqu’on a eu l’occasion de faire une tournée européenne en compagnie de Soilwork. Etant donné que le label est satisfait et que nous nous sommes bien amusés tous ensemble, il n’y a pas de raison pour que l’on s’arrête là. Si tout se passe bien, on devrait rentrer en studio cet été pour un second album.

Avant d’en venir à Locust, vous aviez bien évolué d’un point de vue musical avec Unsu où vous aviez un son plus moderne que ce que vous faisiez auparavant. Comment a-t-il été reçu ?

Plutôt bien que ce soit en France ou à l’étranger. C’est vrai que l’on aurait peut-être dû plus donner de concerts en France mais on n’avait pas forcément les bonnes occasions, ni le temps. Après, je ne m’occupe pas des chiffres de vente d’albums mais les retombées au niveau médias et public ont été assez bonnes. Pour te donner une idée, grâce aux retombées d’Unsu, j’ai même pu m’acheter une grosse voiture allemande (rires).

Comment expliques-tu le fait que vous n’aviez pas eu trop l’opportunité de tourner en France ?

C’est assez étrange car on a eu beaucoup de chance d’avoir l’occasion de tourner en Europe et même un peu aux Etats-Unis. En France, par contre, c’est plus difficile car il faut attirer du monde, avoir assez de pré ventes. Sans compter que l’on prend les opportunités de jouer à l’étranger donc, irrémédiablement, on rate des occasions de se montrer en France. Malgré tout, on est très bien accueillis au niveau organisation, beaucoup mieux qu’à l’étranger. Après, c’est une simple question de choix de notre part.

Les projets de ton frère et toi, Phaze One et One Way Mirror, ne font-ils pas un peu pâtir la présence de Lyzanxia au sein de la scène metal ? Cela a largement joué sur la longue période entre les deux albums quand même ?

Je ne pense pas. Il y a peu, un journaliste canadien nous a surnommés les « bureaucrates du chaos » dans le sens où l’on travaille énormément, que ce soit dans différents projets ou de la production comme l’on a un studio. Je ne me vois pas rester au sein d’un seul et unique groupe au quotidien, on a d’autres envies. Après, il est juste question de bien savoir jongler et être bien rigoureux dans son planning, c’est la seule manière pour que les choses avancent.

Par rapport à ces envies, vous est-il vraiment nécessaire de monter un projet différent pour les développer ? Vous pourriez tout aussi bien les développer au sein de Lyzanxia, ce qui permet de faire évoluer le style du groupe, à l’instar de ce que peut faire Karelia à chaque nouvel album. Vous avez peur de perdre votre public ?

Déjà, on peut sentir une évolution certaine de Lyzanxia à chaque nouvel album, que ce soit au niveau du son ou de la composition. Après, One Way Mirror, la musique est vraiment différente que Lyzanxia mais surtout, les personnes sont différentes. Phaze One, quant à lui, propose un changement plutôt extrême par rapport à Lyzanxia. Dans chacun de ces trois groupes, on a une approche différente.

Justement, tu dis que ces trois projets sont différents. Pourquoi ne pas réunir toutes ces influences dans un seul groupe ?

Tu sais que tu viens de me donner une super idée ? D’ailleurs, je m’y attaque tout de suite (rires) ! Plus sérieusement, l’idée est loin d’être ridicule. Le fait de réunir toutes les influences dans un seul groupe, avec autant le côté extrême que mainstream, sans compter que l’on retrouve sensiblement les mêmes musiciens dans chacun des trois projets.

Comme ça, on pourra parler de collectif Lyzanxia ?

Oui, et sur ce coup, on aura une bonne occasion de s’en mettre plein les poches! (rires)

Quel était votre état d’esprit pour aborder Locust ?

On était très détendu et très libre. On savait très bien là où on voulait aller. Tout le monde a pris part à la composition et tout a été très naturel et rapide. De mon point de vue, on ressent qu’il s’agit d’un album honnête et metal, fait dans un état d’esprit très décontracté, comme une bite un peu molle (rires) !

A l’écoute de ce nouvel album, j’ai trouvé que vous essayiez de développer encore plus un côté moderne avec des influences suédoises que l’on pouvait déjà voir se profiler dans Unsu. Qu’en pensez vous ?

Ce n’est pas vraiment quelque chose qui est contrôlé, il s’agit plus de ressenti. Je sais que depuis le début, on a une approche très mélodique des refrains alors que la recette suédoise n’existait pas encore. D’ailleurs, Nordström qui a enregistré Eden a été très surpris de notre approche à l’époque. Peut-être le fait qu’il se soit occupé de notre son au démarrage nous a collé une étiquette de « metal suédois à la française » mais nous, on n’essaie pas de leur ressembler. On fait la musique qui nous plaît sans se coller de drapeau sur le dos.

Vous en êtes déjà à votre quatrième album. Ressentez-vous une sorte de maturité dans le sens où la composition est plus facile maintenant qu’auparavant ?

En fait, la maturité se développe à chaque album. Tu t’ouvres à plus de choses, tu évolues en tant que personne et cela se ressent dans les compositions. Locust est plus mature que Unsu, et le prochain sera encore plus mature, cela nous paraît évident.

Le fait que les refrains de certains morceaux de Locust soient très prenants m’a plutôt marqué. Le fait de faire quelque chose de plus « commercial » avec One Way Mirror vous a-t-il influencé dans ce sens avec Lyzanxia ?

Pas vraiment, car dans One Way Mirror, c’est Guillaume qui s’occupe de ses lignes de chant et non pas nous. En fait, les titres se sont donnés à être dans une veine plus « catchy », c’est vrai, mais ce n’était pas vraiment intentionnel. Les lignes de chant nous sont venues très naturellement et rapidement, du coup, on ne s’est pas posé de questions sur le fait de mettre du « commercial » ici et quelque chose de plus violent là. Peut-être sommes-nous plus commercial qu’avant ? C’est aux autres de se faire leur opinion.

Il y a eu un titre sur Unsu où un instrument japonais faisait son apparition. Pourquoi ne pas avoir réitéré l’expérience sur ce nouvel album ?

L’intégration de l’instrument japonais sur ce titre était très naturelle puisque l’on avait le son de l’instrument avant même de composer le morceau entièrement. Sur Locust, c’est vrai que l’on n’a pas intégré d’instruments peu communs mais parce que l’on pensait que les titres ne s’y prêtaient pas. On n’y a donc pas vraiment pensé. Mais si tu veux, on peut en ajouter pour te faire plaisir (rires) !

Non, ça ira (rires). Le processus est donc très spontané dans Lyzanxia avec vous si je comprends bien ?

En effet, la vision musicale reste quelque chose de très personnelle. Pour nous, tout doit rester spontané et spongieux aussi (rires). Pour composer, on prend notre guitare, on fait des riffs et si on commence à se prendre la tête, on arrête tout et on passe à autre chose, quitte à revenir dessus par la suite avec plus de recul. On est complètement dans la compulsion du processus de création. Mais le fait d’être rapide et spontané dans l’écriture peut également être préjudiciable pour nous d’un certain côté, on en est conscient. On ne fait pas du prog’ non plus, la musique sert à nous éclater, rien de plus.

Tu crois qu’un groupe comme Dream Theater ne s’éclate pas en faisant sa musique ?

Franchement, je ne suis pas sûr. L’idéal, quand même, c’est de prendre plaisir dans ce que tu entreprends. C’est vrai pour la musique mais également pour toutes les autres choses de la vie.

Les vocaux dans Locust sont plus variés. Etait-ce intentionnel ?

Pas vraiment. On colle les lignes de chant par rapport à la musique. Cet album se prêtait à tester de nouvelles choses de ce point de vue donc c’est devenu très naturel.

Tu partages le chant avec ton frère, comment se passe le partage de ce rôle ?

C’est très simple, on se joue les lignes de chant avec une partie de babyfoot ou au bras de fer. Le gagnant a le droit de chanter tel passage (rires). Non, si l’un de nous a vraiment envie de chanter un passage, l’autre laisse sa place et inversement. Après, chacun de nous a plus d’aisance dans un registre que l’autre. Par exemple, si un passage demandes des vocaux très mélodiques, il y a beaucoup de chances que ce soit David car il maîtrise mieux ce registre. De même pour moi pour des vocaux plus speed et criés.

Pourquoi Locust comme titre d’album? Un concept sur Easy Jet ? (rires)

Non. Locust serait une sorte de grillon. Dans la bible, les locusts prendraient le règne de la terre. En fait, il s’agit du nom d’un titre fort qui figure sur l’album. On voulait que le titre soit fort et représentatif et on a trouvé que ce morceau sortait du lot. C’est aussi simple que ça.

Vous avez changé le logo du groupe. Pourquoi cette décision ?

Une simple envie de changer, pour rajeunir un peu l’image du groupe. Un ami graphiste nous a envoyé un de ses projets il y a quelques mois et ça nous a bien plus. On a donc choisi le logo qu’il a fait plutôt qu’un autre.

Un petit mot sur la pochette de Locust ?

A vrai dire, au niveau de l’artwork, c’est Alain Trehard qui s’en est chargé. Il s’est occupé de toutes les pochettes de Lyzanxia, Phaze One et One Way Mirror. On a donc l’habitude de travailler avec lui. On se contente de lui envoyer les paroles, puis il a carte blanche. Si la pochette a une signification, ce serait plus à lui de dire laquelle car je n’en sais pas plus que ça. Il a un univers bien à lui et n’a pas le même regard que nous sur les choses. On lui fait totalement confiance sans lui imposer d’éléments et on est content du résultat à chaque fois.

Justement, n’as-tu pas peur que la pochette ne corresponde pas à la musique en le laissant entièrement libre ?

Pour le premier album, on avait choisi l’artwork parmi plusieurs de ses travaux donc ça allait. Mais pour Mindcrimes, on a commencé à fonctionner ainsi et on avait bien sûr pas mal d’appréhension. Au bout du compte, quand on a vu le résultat, on a très vite compris qu’il avait parfaitement cerné l’esprit du groupe et qu’on pouvait lui faire confiance.

Peux-tu nous parler des quatre titres réenregistrés tirés de la démo Lullaby qui sont apparus sur un EP digital en 2008 ?

Cela provenait d’une certaine demande de gens qui voulaient que des titres de la première démo qui contenait 11 titres soient réenregistrés. On a fait un sondage pour savoir quels titres les gens voulaient voir remis au goût du jour et on s’est attelé à la tâche. On l’a vraiment fait pour faire plaisir aux gens puisqu’on leur donnait directement, on ne voyait pas l’intérêt d’en faire un CD.

Est-ce qu’il est encore téléchargeable gratuitement aujourd’hui ?

Oui. A la base, il était téléchargeable directement sur myspace. Maintenant, ce n’est plus possible. Il suffit juste de nous demander directement le lien pour télécharger l’EP et on le donne sans problème.

N’avez-vous pas pensé à offrir l’EP pressé dans une édition limitée de Locust ?

Pas vraiment. C’est déjà un EP sorti il y a quelques temps donc ça fait un peu « réchauffé ». Par contre, nous ne sommes pas contre de sortir un jour un « CD » de bonus, je pense notamment au Japon qui demande toujours un bonus exclusif. Avec ce genre de titres en plus de l’EP en question, il y aurait de quoi faire une dizaine de titres et le vendre à pas cher. Mais pas en digital cette fois.

Vous avez beaucoup de titres bonus sortis au Japon ?

Sur trois albums, on doit en avoir quatre. Après, je ne trouve pas que leur idée soit vraiment con. Ils veulent se démarquer, avoir leur propre version, d’autant plus que les prix sont assez chers là-bas. Cela doit être pour ça qu’ils sont cette demande d’avoir des bonus exclusifs aux artistes. Et ça nous fait rappeler, en tant qu’artiste, que l’on peut être fier d’avoir un véritable contrat de distribution dans un territoire aussi éloigné que celui du Japon.

Du coup, vous écrivez ces morceaux exprès ?

La première fois, on s’est vraiment fait avoir car on a dû retourner en studio pour leur fournir leur bonus. Par la suite, on s’est dit qu’il fallait mieux enregistrer quelques titres supplémentaires, que ce soit pour les bonus japonais ou simplement des titres de réserve au cas où. Après, on ne peut pas dire que cela prenne plus de temps d’enregistrer deux ou trois titres en plus de ceux de l’album si tu as déjà la matière composée. Autant tout enregistrer d’un coup.

On va finir par un débat qui fait rage en ce moment sur Radio Metal. Que penses-tu de Limp Bizkit et de Fred Durst, son chanteur ?

Je crois que le seul titre que j’ai pu écouter d’eux et que j’ai pas trouvé trop mal en terme de son et production devait être le morceau qui apparaissait dans Mission Impossible. Au sujet de Durst, je ne le considère pas comme un chanteur. C’est juste un bon frontman et un bon businessman qui sait vendre sa bille sur internet. En résumé, je peux dire que j’en ai un peu rien à branler de ce groupe.



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