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Chronique Focus   

Nostromo – Narrenschiff


Cela faisait plus d’une décennie que certains rêvaient secrètement d’un retour de Nostromo au sein de la scène musicale. Les Genevois semblaient ne pas avoir anticipé l’impatience de les voir à nouveau fouler les planches, jusqu’à motiver le Hellfest à les inviter pour leur édition 2017, à l’instar de Gojira pour une tournée. Emporté par l’élan, Nostromo décide alors de se reformer officiellement, à condition d’associer aux concerts des nouveaux enregistrements. L’EP deux titres Uraeus sorti l’an dernier nous laissait juger de l’état de forme du groupe et a eu pour principal effet de renforcer la période d’expectative. Le nouvel EP de six titres intitulé Narrenschiff réalisé avec le nouveau batteur Max Hänsenberger, fondé sur La Nef Des Fous du poète Sébastien Brant, y met un terme. Nostromo rattrape le temps perdu à une vitesse effroyable.

La production d’Uraeus constitue une indication notable de celle de Narrenschiff, œuvre de Johann Meyer (Gojira). Nostromo a la propreté qui sied à un groupe de sa trempe tout en conservant ce cachet si particulier, une noirceur dans le son des guitares, quelque chose de vicié. En aucun cas Uraeus ne permettait en revanche d’anticiper la déferlante Narrenschiff. Car il s’agit bien de cela : une déferlante, qui ne s’arrête qu’un temps : celui de l’introduction de « Septentrion ». Le parti pris du quatuor est simple : Narrenschiff est sans doute l’œuvre la plus extrême de sa discographie. « The Drift » n’a que le dixième de seconde d’inspiration de Javier Varela avant d’amorcer les débats de manière frontale et relevée. Nostromo emprunte au hardcore son sens du propos sans ambivalence en le tordant suffisamment pour aboutir à quelque chose de beaucoup plus violent. Il suffit d’entendre Javier s’écorcher la voix en vociférant « get a life! » pour sentir les premières poussées d’adrénaline. La cadence imposée par Nostromo est très rapide, « Taciturn » ne lève pas davantage le pied, à l’instar des trois minutes grind de « Superbia ». Nostromo promeut l’immersion de l’auditeur par cette fougue insatiable, cherchant à communier dans une sorte de frénésie. À ce titre Narrenschiff fait écho aux deux dernières années de la vie du groupe, embarqué dans quelque chose qu’il ne maîtrise pas totalement et que son entourage perçoit comme vain. En connaissance de cause, la folie et l’intensité délivrées par Nostromo sont encore plus pertinentes.

La force du groupe ne réside pas seulement dans son aspect frontal. Il y a une culture du riff et de la dynamique singulière qui évite à Nostromo de n’être qu’un vétéran prisonnier d’un style dont il n’a en réalité que faire. La brutalité de « Superbia » se présente justement sous deux aspects : une colère débridée, bordélique en apparence, avant d’être stoppée par un riffing plus massif, plus groovy et puissant. Narrenschiff regorge d’articulations de ce type, et ce dès le premier titre « The Drift ». La vitesse et la puissance sont conjuguées à merveille. « As Quasars Collide » effleure le Morbid Angel et provoque quelques frissons lors du break d’une lourdeur étourdissante, lorsque « pretentious insects » est scandé avec une certaine force de conviction… « Septentrion » délaisse l’orientation plus directe de Narrenschiff via son introduction atmosphérique qui introduit un riffing plus lent et syncopé, plus proche d’« Uraeus » justement. Nostromo en vient à souligner davantage la dissonance des guitares et cisèle ainsi une ambiance hiératique, reprise dans le titre de conclusion qui comprend la narration du texte original remémorant le goût (ou dégoût ?) des choses rituelles que l’on retrouve chez Rotting Christ.

Nostromo semble avoir pris une résolution sans faille : revenir de manière impérieuse. Narrenschiff est prenant du premier au dernier titre, il communique à la fois une noirceur et la volonté enragée de la surmonter en filigrane. Il est extrême, immersif et évocateur : la violence a du sens, prouesse qui légitime largement les années d’attente.

Album Narrenschiff, sortie le 8 mars 2019 via Noise Addict. Disponible à l’achat ici



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