Artiste : Oomph!
Ville : Saarbrücken
Lieu : Garage
Date : 26-11-2008
Public : 500 personnes environ
La soirée débute à 19h30 précise car les allemands ont la fâcheuse habitude de commencer les concerts à l’heure ! Le show commence donc avec Mina Harker où une bonne partie du public remplie déjà la salle. En fait Mina Harker est un duo « electro-goth-rock » (leur propre définition) emmené par Mina Harker au chant et Alex Gorodezki aux machines. Leur musique rappelle immédiatement celle de l’Âme Immortelle. Le mélange guitares/machines porte la voix de Mina avec force et conviction ; elle réussit à y instiller une douceur et une émotion qui sont extrêmement bien mesurées. Une belle prestation même si le public a encore du mal à se réchauffer. La soirée s’entame donc sous les meilleures auspices.
Oomph! : Dero : maître de cérémonie charismatique et déjanté !
A peine le temps de faire le tour de la salle pour jauger le public et les suédois de All Ends débarquent sur scène ! Nous avons affaire à un groupe de metal, plutôt romantique, d’ailleurs doté de deux chanteuses ! Rien de moins ! Et il s’avère que l’une d’entre elles n’est autre que la petite s?ur de Björn Gelotte, guitariste d’In Flames ! Et elles ont la pêche, les demoiselles. Voix envoûtantes et travaillées, physiques attirants (NDLR : Le Duc se lâche Mesdames et Messieurs !) ; ça bouge et le tout est porté par une musique fort sympathique et énergique.
Rien de neuf sous le soleil, pourrait-on dire. « Le métal à chanteuse(s), c’est plutôt de la pop », entendons-nous logiquement dans le public. Et pourtant… All Ends ce n’est pas Nightwish, ni Epica… Loin de la performance (même si les voix d’Emma et Tinna sont hallucinantes), All Ends semble chercher tout simplement à prendre son pied en faisant ce que ses membres aiment faire. Aussi simple que cela. Le groupe gratifie même le public de son premier single, une reprise plus qu’impressionante de « Too Late To Apologize » de Timbaland (glups !). Leur prestation s’achève et emporte l’adhésion d’un public bien plus féminisé que d’ordinaire…
Oomph! : Crap (premier plan), Leo (batterie) et Hagen (basse)
Oui, comme vous le remarquez, beaucoup de filles sont présentes ce soir. Pas étonnant quand on voit Dero, le chanteur de Oomph!. Bourreau des coeurs, avec une voix de crooner… forcément il n’est pas étonnant de retrouver un public bien féminisé. Et comme nous l’évoquions ci-dessus, nos amis d’Outre-Rhin sont ponctuels. 21 heures pétantes, mouvement de foule vers la scène et ça démarre !
Oomph!, c’est une onomatopée anglaise, mais c’est surtout un nom mythique de la scène allemande. Bientôt 20 ans d’existence (en 2009), dix albums et une musique sans cesse renouvelée… Une carrière plutôt bien remplie pour ces trois amis de Wolfsburg qui ont inspiré les papes germanophones de Rammstein . Et quand bien même ils ne remplissent pas les stades comme leurs cadets, ils ne sont pas peu fiers de ce parcours sans faute et authentique.
C’est un rituel. Du fond de la scène, un technicien fait clignoter sa lampe torche, les lumières baissent. Entrée des artistes. Hagen (basse live), puis Leo (batterie live), Flux (guitare), Crap (guitare) et enfin Dero (chant), grimmé en Cenobite/The Crow, qui déclenche toujours une semi-émeute parmi les membres actifs de la gent féminine.
La prestation s’entame sur « Beim Ersten Mal Tut’s Immer Weh », premier titre de « Monster », le nouvel album. Début en fanfare, puissant, immédiatement enchaîné avec deux hits, « Träumst Du » et « Unsere Rettung ». Difficile, quand on a apprécié Oomph! dans les années 90, d’imaginer que la voix hurlante et malsaine de Dero ait pu s’adoucir à ce point. Cela dit, ce fait n’altère aucunement la qualité et la force des morceaux les plus anciens. Histoire de faire monter le mercure au sein du public, arrive « Fieber » (duo en studio avec Nina Hagen). Dero, toujours enchassé de sa voix suave de crooner-dandy-destroy, est de plus en plus démonstratif. La scène bouge bien, le public est chaud, c’est parti.
Oomph! : Crap (guitare)
C’est une tornade de 7 titres furieux qui s’abat sur le Garage de Saarbrücken. Chaque morceau a droit à une intro de la part du chanteur, extrêmement communicatif avec le public. Des titres aux refrains imparables, aux rythmiques millimétriques. Le metal allemand, la « neue deutsche Härte » dans toute sa splendeur. Un fan se risque à demander une chanson : « Gib mir Seeeeeeex !!! » (NDLR : « Donnez-moi du sexe ! », c’est aussi le refrain de « Sex » single de l’album Defekt, 1994) ; réponse de Dero « Jetzt ? Sofort ? » (« Là ? Tout de suite ? »). Rires.
C’est bien une fête qui nous est proposée ce soir, et les maîtres de cérémonie sont chacun à l’aise dans leur élément. Crap reste stoïque, le visage fermé comme à son habitude. Flux « se la donne », bouge et voyage sur scène. Hagen est perché sur un podium, en arrière plan, près de Leo qui martèle ses fûts entre deux bouffées de nicotine. Dero, lui, reste fidèle à ses habitudes. Incapable de rester statique ! Son jeu de scène, particulièrement violent par le passé, s’est muté en quelque chose de plus mature, mais tout aussi mouvementé. Exit le headbanging à tous les étages et la camisole de force. Bonjour et bienvenue aux sautillements divers, démarches de marionnette, yeux révulsés… bien différent, mais tout aussi savoureux.
Mina Harker revient sur scène pour chanter le duo « Bis Zum Schluß ». Le mélange de leurs deux voix fait mouche. La chanson est belle, mélancolique. Pour introduire « Revolution », Dero nous mime Barack Obama et son « Yes we can ». Beaucoup d’humour et de jeu avec le public, voilà quelque chose de vraiment agréable. Notre Germain vocaliste semble également apprécier le crowdsurfing.
Quelques titres plus doux, mais tout aussi intenses suivent, comme « Sex Hat Keine Macht », « Lass Mich Raus », ou « Die Schlinge », single de l’album « GlaubeLiebeTod » auquel Apocalyptica a participé. Et là, force est de constater qu’après 1h15 de show délirant, ils ont littéralement mis le feu à la salle. On se dit que la fin est proche et que ça va se calmer.
Dero arbore alors un sourire pervers et prend une pose christique… le mur de guitare s’avance… « Gekreuzigt » ! Historiquement, il s’agit d’un des titres les plus violents du combo, et aussi de leur premier single classé dans les charts allemands. Moment de folie dans le public. Encore un slam de Dero. Mais comment fait-il pour avoir tant d’énergie ? On enchaîne avec « Labyrinth », extrait de « Monster ». Impressionant. Fin du set principal, haletant, magistral et surtout très énergique. Ceci dit, il manque un petit quelque chose.
Ce petit quelque chose, ce sont des bons gros hits qui savatent. N’ayez pas peur, public cosmopolite (autant de français que d’allemands ce soir…), le premier rappel s’ouvre sur le morceau préféré de notre Metalo’Phil national : « Gott Ist Ein Popstar ». On enchaîne avec « Augen Auf », extrait du disque « Wahrheit Oder Pflicht ». Waw. Déconcerté par tant de pêche, le public réclame encore. Un deuxième rappel commence, plus soft, mais toujours aussi énorme, aussi sensuel et déjanté.
Dero en appelle aux forces divines.
Pas de troisième rappel (faudrait pas éxagérer, tout de même), par contre Dero revient sur scène ! C’est un cyborg ou quoi ? « Vous en voulez encore une ? – Ouaiiiiiiiiiiis ! – Vous en voulez encore deux ? – … (circonspection du public…) – Bon, tant mieux, je commence à fatiguer, là ! ». Excellent. Mais non moins excellent que ce qui se prépare. Pour son Best Of « Delikatessen », Oomph! a enregistré une reprise, en anglais, de « The Power Of Love » de Frankie Goes To Hollywood. L’idée peut sembler saugrenue, mais la voix, la musique de Oomph sur ce titre, c’est du velours… et là c’est a capella que l’on nous sert ce tube. Majestueux, envoûtant, Dero prouve une fois de plus qu’il n’a pas qu’une corde vocale à son arc. Et sur ce, on se quitte sous un tonerre d’applaudissements et de cris. Et Dieu, même s’il est mort ou s’il est une Popstar, sait qu’on ne s’approprie pas un public comme ça, par hasard.
Ce set impeccable aura fait la part belle à « Monster » (7 morceaux sur 24), qui aura été promu avec brio. On retiendra la générosité sans borne de ce groupe qui écume la scène metal depuis bientôt deux décennies, sans rides et sans avoir adhéré à un schéma commercial quelconque. Généreux, disponibles, énergiques, les gars de Oomph! sont comme on aimerait parfois que soient toutes les figures du metal. Rendez-vous en 2009 pour la promotion de « Monster » en France !
Set List
Beim ersten Mal tut’s immer weh
Träumst du
Unsere Rettung
Fieber
Wer schön sein will muß leiden
Du willst es doch auch
Wach auf !
Das letzte Streichholz
Das weiße Licht
Sex
Mitten ins Herz
Bis zum Schluß (avec Mina Harker)
Revolution
Sex hat keine Macht
Mein Schatz
Laß mich raus
Die Schlinge
Niemand
Gekreuzigt
Labyrinth
1er rappel
Gott ist ein Popstar
Augen auf
2nd rappel
Menschsein
Die Leiter
The power of love (Frankie goes to Hollywood cover) – Dero seul, a capella
NB : Radio Metal remercie chaleureusement Trixi, Basty et Dero.