Nous retrouvons Opeth, un an après sa tournée anniversaire, dans la belle salle du Trianon et, en dépit des critiques de certains fans de la première heure, nostalgiques des growls de Mikael Åkerfeldt et sceptiques depuis le tournant entamé par le groupe dès Heritage, il y a tout de même déjà cinq ans, les fans sont venus en foule et la queue s’allonge presque à perte de vue sur le boulevard parisien.
Quant au groupe, d’ores et déjà mythique, il ne décevra personne. Certes venu soutenir son nouvel album Sorceress qui, à l’instar des deux précédents, peut diviser mais dont la sincérité artistique ne peut être mise ne doute, Opeth offre pour ce concert un set très varié, fort d’un large spectre discographique, et revient sur des titres exemplaires de sa carrière pour le plus grand plaisir de tous.
Artistes : Opeth – Myrkur
Date : 22 novembre 2016
Salle : Trianon
Ville : Paris [75]
Première partie tout en nuances et en surprise menée par le groupe Myrkur et emmené par la chanteuse et multi-instrumentiste danoise Amalie Bruun. Loin des accents black et de la fureur que le groupe sait adopter, la délicatesse éthérée est de mise. Le concert acoustique, entre violon, clavier et guitare, met en avant les voix magnifiées d’Amalie et de ses deux choristes, pour une démonstration intimiste toute en retenue, de grande qualité cependant.
L’atmosphère contemplative favorise une écoute presque religieuse des titres tirés de l’album M (2015) du groupe ou des reprises telle que la très belle « Keep The Streets Empty For Me » de Fever Ray. Si une partie de l’assistance tombe sous le charme de la formation sous ce jour très lumineux, une autre tend à manifester son ennui voire sa déception, quant à ce qui pouvait être escompté. Myrkur nous offre toutefois un très beau moment, incontestablement, et sort sous les applaudissements du public bien mérités.
Un mince temps d’attente permet aux derniers espaces vacants de se combler avant que n’entre en scène Opeth. Et le show commence fort avec « Sorceress », son riff lourdement saccadé et ses notes psychédéliques. Belle entrée en matière qui force l’adhésion des plus sceptiques pour ce titre phare du dernier né. Mais pour rassurer les plus récalcitrants, la suite du set opère un retour aux sources avec les emblématiques – et presque incontournables – « Ghost Of Perdition » et « Demon Of The Fall ». Les fans retrouvent alors avec plaisir les accents plus agressifs de la musique du groupe et les chers growls de Mikael Åkerfeldt, toujours maîtrisés. Le succès est au rendez-vous.
Après un nouveau passage parmi les titres les plus accessibles du dernier album, avec « The Wilde Flowers », proprement hypnotique et terriblement bien mené, nous quittons définitivement Sorceress et arpentons la vaste discographie des Suédois. Cette traversée montre toute la variété et la richesse de la production musicale d’Opeth, entre pièces maîtresses attendues et titres plus rares mais tout aussi savoureux. Des morceaux nettement progressifs comme « Cusp Of Eternity », aux classiques plus extrêmes, avec par exemple « The Drapery Falls », en passant par les titres apaisés, aux accents presque jazzy comme « Windowpane », les musiciens excellent et offrent un concert d’une extrême qualité, entre délicatesse et violence, toujours agrémenté par l’humour d’Åkerfeldt. Le frontman prend plaisir à rappeler qu’à ses débuts, le groupe était considéré par la presse comme ennuyeux. Le public s’applique alors à réfuter ces terribles allégations à corps et à cris.
C’est « The Grand Conjuration » qui clôt le show, morceau toujours aussi efficace et ensorcelant, sombre et obsédant, presque jusqu’à la suffocation. Les fans s’éveillent dès les premières notes et se déchaînent avec un dernier sursaut avant que le concert ne prenne résolument fin avec « Deliverance » en rappel, tout aussi captivante. Le groupe reste et demeure légitimement mythique en livrant une prestation toujours exemplaire à ses fans. Deux dates, rien de moins, pour se gorger de la musique d’Opeth, et encore, on en redemande !
Setlist :
01. Sorceress
02. Ghost Of Perdition
03. Demon Of the Fall
04. The Wilde Flowers
05. Face Of Melinda
06. Windowpane
07. Cusp Of Eternity
08. The Drapery Falls
09. Heir Apparent
10. The Grand Conjuration
Rappel :
11. Deliverance
Ah oui, quand même. Bon, ben c’est très honnête. Rien à redire.
Très bon concert et bien équilibré.
De mémoire ils ont joué 1h45.
La setlist fait un peu courte. Je sais bien qu’il y a des titres assez longs dans le lot, mais quand même…
Combien de temps ça dure, une setlist comme ça ?