ENVOYEZ VOS INFOS :

CONTACT [at] RADIOMETAL [dot] FR

Chronique Focus   

Ov Sulfur – The Burden Ov Faith


Ov Sulfur représente à la fois un départ fulgurant et un grand retour. Après un EP, Oblivion, sorti en 2021, le quintet (parfois décrit comme un collectif, peut-être du fait de la profusion d’invités) a pu se greffer sur de nombreuses tournées, et n’a pas manqué d’attirer l’attention avec un blackened deathcore puissant et attractif. Et pourtant, ce projet aurait bien pu ne jamais voir le jour. Le chanteur Ricky Hoover a passé dix ans loin de la scène, s’étant reconverti en barbier à Las Vegas après avoir laissé le groupe Suffokate derrière lui. Ce n’est que lorsque le Covid-19 a interrompu cette activité que ce dernier a décidé de remettre le couvert, pour échapper à une immobilité qui mettait à mal sa santé mentale.

Ricky montre un intérêt presque autodestructeur pour la théologie : plus il trouve de poussière sous le tapis, plus il fouille. Son aversion pour la religion, et en particulier pour les actions qu’elle peut servir à justifier, fournit la matière nécessaire à son épanouissement artistique. Ce premier album sous l’égide d’Ov Sulfur entend ainsi exposer au grand jour ce « fardeau de la foi » qu’il a pris en grippe dès son enfance.

Ce premier album ajuste quelque peu la recette expérimentée sur l’EP. Le chant clair ne devait initialement faire qu’une poignée d’irruptions, mais les capacités de Ricky ont surpris toute sa troupe. Avec l’aide de l’équipe de production et de mixage, la portée et l’approche de The Burden Ov Faith ont été ainsi considérablement chamboulées. La foule d’accroches mélodiques et rythmiques n’en a été que renforcée. Le guitariste et chanteur Chase Wilson n’hésite pas à plaisanter sur le fait que cet album pourrait être vu comme une sorte de black metal taillé pour les stades. La voix claire de Ricky est étonnamment chargée d’émotions, et contraste avec la brutalité sans pitié des assauts growlés entre lesquels elle s’intercale. L’auditeur, à ce titre, peut être renvoyé à des projets bien plus progressifs, tels que Persefone, bien qu’Ov Sulfur soit à l’opposé de cela : direct et plutôt transparent. Si ces revirements de registres vocaux arrivent parfois un peu à l’improviste – au point même de heurter –, c’est lorsque les styles se combinent que le rendu est le plus intéressant. À ce titre, « Earthen » est d’autant plus impactant qu’il conte l’histoire d’un neveu de Ricky, décédé d’un cancer au jeune âge de seize ans. Ce dernier s’est abandonné à son destin après un échec de greffe de moelle, et ses proches n’ont pu que l’observer dans son agonie. Le tempo chez Ov Sulfur est une notion très malléable. Il se décompose soudain comme neige en enfer, et nous amène à un death-grind écrasant en fin de « Stained In Rot » ou encore « Befouler », où Alex Terrible de Slaughter To Prevail contribue à plomber un peu plus l’ambiance. « A Path To Salvation? » fait jaillir une émotion tirant davantage vers le metalcore. Le morceau est extrêmement court, mais fouillé ; après une première moitié étouffée et intrigante, il se cale de nouveau sur une intensité maximale.

Parmi les interventions externes les plus notables se trouve indubitablement celle d’Howard Jones, de Light The Torch, qui s’est fait un nom dans Killswitch Engage. « Wide Open » donne ainsi une idée de ce que ce dernier groupe aurait pu faire s’il avait, sur un coup de tête, opté pour une brutalité consommée. « Death Ov Circumstance » révèle quant à lui, par ses dynamiques, le côté Dagoba d’Ov Sulfur. Des instrumentations subtilement classiques effleurent le symphonique, sans jamais y tremper davantage que deux ou trois orteils. Le groupe ne cache pas son affection pour Dimmu Borgir et consorts ; la chanson-titre voit d’ailleurs apparaître l’ex-Cradle Of Filth Lindsay Schoolcraft. On pourrait également songer, avec un peu d’imagination, à Epica, surtout lorsque les sonorités se font plus exotiques. Une certaine aura régalienne se forme, et devient quasi omniprésente, sans que la prétention noie l’œuvre (« I, Apostate »). On ressent d’autant plus clairement que le groupe ne fait pas référence à une foi en particulier, mais à quelque chose d’ancien et de profond, aux racines d’un mal insidieux, englobant l’humanité dans son ensemble. Quelques répétitions, malgré la courte durée des morceaux, peuvent user (le « it’s all meaningless » de « Unraveling »). Peut-être cela fait-il cependant partie du concept – tout comme ce gimmick du « ov », qui est ici poussé suffisamment loin pour que la retranscription officielle des paroles ne contienne aucun « of » normal.

Sous ses airs de disque « sans prise de tête », The Burden Ov Faith propose une violence orientée avec soin, un peu plus tempérée que sur l’EP des débuts. Cette offrande, véritable tour de Babel du blasphème, pourrait plaire à des profils d’auditeurs variés, qui y repêcheraient chacun des influences diverses. Même si les œuvres antireligieuses sont légion, l’approche diffère ici suffisamment pour raviver une certaine flamme, pour laquelle on fera au minimum une petite halte, sinon davantage.

Clip vidéo de la chanson « Wide Open » :

Clip vidéo de la chanson « Befouler » :

<

Clip vidéo de la chanson « Earthen » :

Clip vidéo de la chanson « Death Ov Circumstance » :

Clip vidéo de la chanson « Stained In Rot » :

Clip vidéo de la chanson « Wide Open » :

Album The Burden Ov Faith, sorti le 24 mars 2023 via Century Media Records. Disponible à l’achat ici



Laisser un commentaire

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
    previous arrow
    next arrow
     
  • 1/3