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Chronique Focus   

Pain Of Salvation – Panther


Daniel Gildenlöw reste l’une des figures les plus prolifiques de la scène progressive aujourd’hui. Les Suédois de Pain Of Salvation avaient réalisé un album concept intitulé In The Passing Light Of Day (2017) articulé autour des notions de joie et de mortalité, fort de son aisance à traiter des problématiques complexes via une musique polymorphe. Depuis, Pain Of Salvation a accusé le départ du guitariste Ragnar Zolberg. Les changements de line-up sont presque devenus une routine pour Pain Of Salvation qui a désormais dépassé le stade de douter de son avenir. Surtout les fans ont pu se réjouir du retour de Johan Hallgren au bercail ; une figure familière, associée à certains des meilleurs moments de la discographie du groupe, qui a de quoi rassurer. Si Daniel Gildenlöw s’est retrouvé à nouveau seul à la composition, il n’en a pas moins profité d’un rebond créatif, celui qui a donné naissance au onzième opus du groupe intitulé Panther. Pain Of Salvation entend cette fois réfléchir sur la norme et les contradictions entre les personnes qui se prétendent « normales » et celles qui ont un fonctionnement différent voire marginal. En somme « une ville scindée entre chiens et panthères », pour reprendre les dires du frontman.

Au premier abord, Pain Of Salvation décontenance. Panther nécessitera, comme d’habitude, une multitude d’écoutes pour ne serait-ce que comprendre ce que les Suédois ont dessiné. « Accelerator » entre très vite dans le vif du sujet avec une batterie syncopée caractéristique, tout en présentant les sonorités choisies par le groupe, entre organique et synthétique, via un recours plus large à l’électronique. Surtout, Pain Of Salvation surprend par le choix du spectre attribué à chacune de ses composantes. Le chant de Daniel Gildenlöw est la colonne vertébrale des compositions, les instruments « traditionnels » sont en arrière-plan. « Accelerator » est une succession d’arrangements audacieux qui s’imbriquent les uns dans les autres pour faire corps lors du refrain. Il y a de l’electronica, de la synthwave, des sonorités djent… Une véritable cohabitation cordiale. « Unfuture » s’ouvre quant à lui par des arpèges de guitare folk qui rappellent les exercices bluesy des Road Salt (2010/2011) et créent sur ses couplets une musique propice à la transe, avant d’en venir à un refrain gouverné par des dissonances et une lourdeur propres à l’industriel. « Restless Boy » prend des allures de délire trip-hop avec des lignes de chant vocodées. À nouveau Pain Of Salvation se plaît à faire voler en éclats ces atmosphères avant de recoller très vite les pièces en utilisant des accélérations et changements de registre impromptus. « Wait » délaisse un moment les couches d’arrangements électroniques pour laisser s’exprimer une boucle de piano ornée d’un jeu de guitare acoustique inspiré du folklore latin. Il est l’exemple de la puissance mélodique et émotionnelle de Pain of Salvation, qui vient encore une fois détruire sa structure pour livrer un pont fait de percussions ténues et de samples de noise.

Panther est en réalité une équation. Il a tellement d’évolutions sonores qu’il est impossible de mémoriser et de synthétiser son contenu lors des premières écoutes, même attentives. Pain Of Salvation parvient tout de même à nous enjoindre à nous y plonger davantage, balisant ses titres par une science de la mélodie toujours mise en avant. Chaque titre contient des moments entêtants, à l’image de cette boucle obsédante de guitare acoustique, synthétiseur et batterie sur « Keen To A Fault ». Il y a par endroits du Gazpacho et du Storm Corrosion dans la musique de Pain Of Salvation et ses atmosphères. Même l’interlude folklorique au banjo « Fur » agrippe l’oreille, tout comme les phrasés et arrangements hip-hop de « Panther » qui s’inscrivent, mis en perspective avec la sensibilité mélodique du refrain, dans la science du contraste propre à Pain Of Salvation (et la tradition de morceaux tels que « Used » ou « Scarsick »). Le summum de l’audace est atteint lors des treize minutes d’« Icon » et son introduction bruitiste. La chanson évolue vers une accalmie qui laisse le timbre délicat de Daniel faire son office, ainsi qu’un solo de guitare très floydien. « Icon » est un florilège, une sorte de montagne russe en termes de dynamique qui se nourrit toujours de ces sonorités hybrides, un mélange très dense entre indus, électro et rock progressif au sens classique du terme.

Panther est enthousiasmant. Même pour ceux qui n’adhèrent pas à l’audace de Pain Of Salvation, le simple fait de constater qu’on peut se laisser aller à autant d’expérimentations sonores sans se soucier des retours et sans jamais trahir sa personnalité propre rassure. Si le cheminement de Panther est difficile à suivre, il intrigue suffisamment pour que l’on s’accroche et finisse par apprécier ses excentricités. Jusqu’à devenir un univers immersif dans lequel l’auditeur veut se plonger, car il ne le trouvera que difficilement ailleurs. Des vertus de refuser cette « norme ».

Clip vidéo de la chanson « Restless Boy » :

Clip vidéo de la chanson « Accelerator » :

Album Panther, sortie le 28 août 2020 via Inside Out Music. Disponible à l’achat ici



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  • Pour le moment, les trois extraits sont en gros ce que j’attendais de PoS : troublant, même un peu flippants au premier abord parce qu’on s’attendait quand même vraiment pas à ça, puis finalement hyper prenant, passé le premier moment de sidération.

    Et maintenant j’ai hâte d’acheter l’album pour voir tout ça dans le contexte, et voir aussi ce que Daniel a réussi à nous sortir comme autres trucs qu’on attendaient pas de lui 😀

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