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Live Report   

PAIN OF SALVATION, TOUJOURS EN MOUVEMENT



Artistes : Pain Of SalvationThe Great Beyond
Salle : C.C.O.
Ville : Lyon
Date : 17-12-2009
Public : 300 personnes environ

Compte-Rendu : Claude (Pain Of Salvation) et Metal’o Phil (The Great Beyond)


C’est après deux frustrantes années de traversée du désert que The Great Beyond remonte sur scène. Après les départs de Vince (chant) et d’Alexis (claviers) à la mi-2008, les lyonnais ont été condamnés à quitter la scène et à rester enfermés dans leur salle de répétition jusqu’à cette neigeuse soirée du 17 décembre 2009. Les récentes arrivées de Cédric aux claviers et de Fabrice (ex-Silly Twats) au chant auront donc été une libération.

Il s’agit donc du baptême du feu pour ce nouveau line up, et quel baptême du feu ! Commencer par une première partie de Pain Of Salvation, y a pire…

Musicalement, le combo joue dans un registre metal prog moderne qui manque encore un peu de personnalité. Si Wayne (guitare) déclare vouloir privilégier l’accroche avec des refrains efficaces (comme le groupe le fait d’ailleurs très bien sur « (R)Evolution Process » et « Issue »), les titres restent un peu trop alambiqués et les lignes vocales parfois difficiles d’accès. En plus des traditionnels « (R)Evolution Process » et « Sweet Dreams My Friend », deux nouveaux titres seront introduits : l’excellent « Issue » ainsi que l’alambiqué « New Year / Last Year » à l’intro arabisante qui rappelle fortement « Home » de Dream Theater.


Wayne, quelque peu sur la réserve (photo : Site Officiel)

C’est avec une évidente appréhension que The Great Beyond commence son set et des problèmes techniques d’entrée de jeu sur les premières notes de « (R)evolution Process » transformeront cette appréhension en une crispation difficile à évacuer.

Une crispation qui nuira fortement à la cohésion du groupe et donc à l’efficacité scénique du set. Chacun aura l’air de jouer dans son coin. On n’a pas l’impression d’avoir à faire à un groupe soudé, comme cela pouvait être le cas deux ans auparavant. Un sentiment que l’on peut aussi mettre sur le compte de la fraîcheur du line up.

Car en effet, individuellement, ça tient la route : Fabrice a de la présence et de l’humour même si on voit qu’il prend encore ses marques. Vocalement, mis à part quelques erreurs, sa prestation sera correcte. Il se différencie de Vince par des lignes de chant un poil plus agressives héritées du heavy/thrash des Silly Twats. Wayne à la guitare est impeccable, comme à son habitude, quoiqu’un peu sur la réserve scéniquement : on l’a connu plus déchaîné ! Nicolas à la basse ne bouge certes pas d’un poil, mais ça a son charme ! Cédric a un jeu de scène plutôt atypique, qui ne cadre pas forcément avec le reste.

On ne peut cependant pas lui enlever le mérite d’être dynamique et de tenter des approches vers le public. Mike, à la frappe puissante, technique mais toujours efficace, est quant à lui déchaîné derrière ses fûts. A noter qu’il nous gratifiera, avec le guitariste, de très bons ch?urs sur les refrains.

Comme quoi il ne manque qu’un soupçon de cohésion aux lyonnais pour avoir un set efficace. Un soupçon qui, pour les raisons évoquées plus haut, a malheureusement et cruellement fait défaut ce soir. Ajoutons à cela un public prog presque caricatural de par son statisme et qui, peu convaincu, ne réagira même pas lorsque Fabrice annoncera la venue de Pain Of Salvation, la tête d’affiche. Aussi peu de volonté, c’était tout de même un peu exagéré…


Pain Of Salvation

Début de concert atypique pour un groupe de metal progressif…quoique pas si étonnant que ça quand on sait que ce combo est suédois : la bande sonore qui introduit le concert est celle d’un chant suédois décalé pour une audience qui ne maîtrise pas la langue. Une sorte de version Krisprolls des Frères Jacques. Après cette amusante curiosité les choses sérieuses commencent avec « Remedy Lane », diffusé dans les enceintes du CCO. Une invitation au voyage dans les méandres de la musique torturée de Pain Of Salvation.

Les cinq musiciens entrent en scène et balancent « Used ». Un morceau très efficace pour lancer le concert comme un coup de poing à la figure d’un public un peu engourdi. Dehors il fait froid mais le groupe, tout juste revenu d’Australie, a décidé de nous en faire voir de toutes les couleurs, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Daniel Gildenlow, ce grand gaillard venu du nord, aurait-il le bout des doigts congelé ? En effet, l’interprétation des solos – à moins que ce ne soit un exercice de ré interprétation – laisse à désirer. Peut-être faut-il mettre ça sur le compte de la fatigue.


Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le groupe ne cesse de modifier ses morceaux pour la scène : excellente idée et très bien réalisée si on excepte les approximations sur les soli. Il y a toujours de la nouveauté : une partie mise en avant de manière différente, une mélodie ou même tout le morceau retravaillé, comme ils avaient pu le faire sur le live acoustique 12:5. Le travail sur les harmonies vocales est sidérant, on s’en rend mieux compte observant bien qui chante quoi.

On réalise alors que Johan Hallgren à la deuxième guitare est un très bon chanteur, et qu’il prend de plus en plus de place dans l’exécution des morceaux. Ce petit lutin aux dreadlocks blondes, quand il n’est pas pendu derrière son micro, arpente la scène en allant taquiner les autres membres ou en faisant des grimaces. Tout le groupe bouge bien. Per Schelander, la nouvelle recrue à la basse, est très à l’aise avec la scène et les morceaux. Il ajoute même de temps à autre sa voix aux ch?urs tout en ayant un très bon son de basse, très bien défini.

Fredrik Hermansson, aux claviers, est beaucoup plus discret. Après la tuerie de « Used » vient « Breaching The Core » et son riff lourd, seul morceau tiré de l’ambitieux album Be. On a bien sûr droit à un extrait du récent EP Linoleum avec le morceau éponyme. S’ensuit un titre de Perfect Element avec l’incontournable « Ashes » à la mélodie revisitée. A ce stade du concert de grands morceaux ont déjà été joués, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

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La mise en scène pour l’interprétation d' »Undertow », quoique minimaliste, est tout à
fait réussie. Fredrik introduit le morceau au piano (à la place de l’intro de guitare de la version studio), dans l’obscurité, pendant que Daniel Gildenlow chante. Un ingénieur son allume alors une petite lampe pour éclairer le visage du chanteur d’un faible halo. On a alors l’impression que c’est la salle qui disparaît. Effet maximal garanti avec finalement très peu de moyens. « Fandago », autre extrait de Remedy Lane, est quant à lui mis en avant de manière très fidèle. Cela dit, il est à l’origine suffisamment tordu pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter. Vient alors -on ne l’aurait jamais espéré- « Falling » et son feeling Pinkfloydien et « The Perfect Element », les deux titres concluant l’album de 2001 : le sommet du concert. Que peut-on attendre de plus ?

Eh bien, du bonus : Leo, le nouveau batteur français du groupe, nous fend d’un solo de batterie dispensable sauf si l’on voit la chose du point de vue de ses compères qui en profiteront pour se reposer. Le groupe revient sur scène accompagné d’une nappe de clavier bien connue. Le piano se met à galoper, une pêche de batterie/basse/guitare et Daniel, encore derrière le rideau, arrive les mains vides, prend le micro et commence « Inside Out ». Gildenlow gesticule dans tous les sens, imite son idole Mike Patton, grimpe sur un flycase, etc.

Pendant ce temps, Johan Hallgren nous épate, avec des « Insiiiiiiiide ! » atteignant des hauteurs impressionnantes. « Nightmyst » clôture le set avant le rappel. Un titre à l’origine bourré de breaks sur lequel le groupe improvise des passages funky pas piqués des vers.


Linoleum, dernier EP des suédois

Quelques minutes à peine s’écoulent avant le rappel. On se demande alors ce qu’ils vont bien pouvoir nous jouer encore, le public étant déjà comblé. Frederik entame quelques notes et le public reconnaît immédiatement la reprise de « Halleluyah », version très différente et personnelle de celles de Leonard Cohen ou de Jeff Buckley. Encore une fois un excellent travail de ré interprétation.

Avant de conclure, Pain Of Salvation jouera un titre du prochain album, « Conditioned », ainsi qu’un autre extrait de Linoleum avec ce « If You Wait » simple, direct et qui passe très bien l’épreuve du live. Daniel chantera le titre allongé au sol, faisant ainsi ressortir le désespoir que ce titre évoque.

Pour finir, Daniel demandera à toute la salle de danser, sans exception, « fait rare pour être souligné dans le prog ! », sur « Disco Queen ».

Au final, Pain Of Salvation a livré un show original, n’en faisant qu’à sa tête et réussissant à partir dans toutes les directions tout en gardant une identité. Le talent du groupe n’est plus à démontrer, en revanche il convient de les féliciter pour leur travail d’actualisation et de ré interprétation des morceaux.

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