Dans l’univers des festivals metal et punk, il y a les poids lourds tels que le Hellfest ou Download (même si le punk du Download porté par des Green Day et autres Blink 182 est peu en rapport avec le punk sale et anglais des origines que propose le Panic! Fest). Au sein des Savoies, les festivals bien établis ne manquent pas non plus tels que Guitare En Scène à Sant-Julien-en-Genevois qui a vu Scorpions ou Twisted Sister et, à Aix-Les-Bains, Musilac qui proposait Airbourne cette année et a accueilli du Motörhead, Gojira et autres Dropkick Murphys par le passé.
Au beau milieu de ce contexte, à Saint-Félix, bourgade de Haute-Savoie connue pour sa brocante, à mi-chemin d’Annecy et d’Aix-Les-Bains, un petit poucet en est à sa troisième édition. Il s’agit du Panic! Fest qui, de Goatfather à The Mahones en passant par The Arrs ou encore Maid Of Ace, propose cette année une programmation variée et alléchante. Entrez donc dans le complexe scolaire de la rue Marius Picon où se tient la fête pour en savoir plus.
Artistes : Panic! Fest
Date : 22 Juillet 2017
Salle : Groupe Scolaire
Ville : Saint-Félix [74]
Côté météo le Panic! Fest tombe dans une zone instable. Après plusieurs jours de grand beau temps, les orages entrent en scène. Un vendredi très moche précède un samedi plus clément même si les Panicfesteuses et Panicfesteux seront bien mouillés dans la soirée.
Le site est donc installé à côté du groupe scolaire de Saint-Félix, la scène juchée sur un pré d’herbe. Ici point de démesure, la jauge est à 800 personnes. Presque une fête entre amis. Stand de ventes de tee-shirt, restauration, toilettes, côté public les basiques sont présents, agrémentés d’un village avec quelques stands : vous y trouverez par exemple un tatoueur et pourrez vous exercer à Guitar Hero. Côté coulisses, l’espace VIP est bitumé, photographes, journalistes, staff, cuistots partagent le même espace, assez grand pour tout le monde. C’est aussi là que les groupes arrivent en van, déchargent leur matériel, se restaurent, préparent une setlist ou se chauffent avant de monter sur la scène, toute proche. Cette proximité est très agréable d’autant que la décontraction est de mise, maître-mot de cette journée remplie de sourires, qu’ils soient ceux du staff ou des groupes.
Voilà pour le contexte. Ne perdons plus de temps, Goatfather ouvre le bal, il est 15h00 comme prévu. Les Lyonnais démarrent devant un parterre de fans bien vide mais ils vont faire le job avec un stoner qui sonne vraiment bien en live. Le chanteur Olaf est très présent, invite le public à se rapprocher. Le reste du groupe est plus discret même si Greg, le guitariste soliste, s’avancera souvent. La conduite de la barque incombe au chanteur qui dédie « Hipster Fister » à ceux qui portent des chemises à carreaux et introduit « The Devil Made Me Smoke His Bong » en disant que ce titre parle du public, de Satan et de weed tout en précisant qu’il a capté de bonnes odeurs. En conclusion, il invite tout le monde à se retrouver à la fin du concert avec une bière. C’est poisseux, le rythme pèse, la voix hurle et la guitare déchire de solos, le temps alloué donne la possibilité au groupe de s’exprimer – ce qui sera vrai tout au long du festival. Très bonne entame de festival !
Pendant que Goatfather range son matériel, Olaf gère le stand tee-shirt et privilégie un contact très direct avec le public. Les marseillais de Landmvrks arrivent sur le site tandis que Le Réparateur, autre combo lyonnais, se prépare pour son concert imminent.
16h30, le duo guitare batterie formé par Thibaud et Aksel continue la fête avec ses titres sociaux aux entournures comiques. Vous en doutez ? « Ferme Ta Gueule Charlotte Gainsbourg », chanson sur les riches, est une preuve indubitable du second degré corrosif utilisé par les lyonnais. « Société Tu M’Auras Pas», reprise de Renaud, atteste de la révolte qui gronde au sein du Réparateur. Thibaud a un bon contact avec le public auquel il demande ironiquement de faire autant de bruit qu’à un concert de Sidilarsen. Le duo est plutôt charismatique. Les Panicfesteux et les Panicfesteuses sont un peu plus nombreux et s’adonnent au pogo avec plaisir. Sur scène, le chanteur demande à avoir de la bière et remercie le Panic! Fest. C’est âpre, révolté et dépouillé, un chouïa corrosif et cela continue de mettre le festival sur de bons rails punks.
17h15, The Arrs arrive dans la place, tandis que les filles de Maid Of Ace s’apprêtent à investir la scène.
A 17h30, les quatre filles, pêchues à souhait, délivrent un punk efficace pétri d’Angleterre. On sent de l’Exploited dedans, un zeste de L7 (un groupe féminin de rock punkoïde peut-il échapper à cette référence ?). La chanteuse Alison Cara Elliot a d’ailleurs un patch de la bande de Wattie sur son short. Les Maid Of Ace mêlent charme et attitude pour un alliage assez explosif. Le public apprécie, pogote et au vu du nombre de pogos déclenchés, les filles placent la barre assez haute pour les groupes suivants. Dès leur descente de scène, les anglaises se rendent au stand de merchandising où nombreux sont les spectateurs qui demandent une photo en compagnie du groupe. Elles s’y prêtent avec un sourire radieux. La mauvaise nouvelle est que dans l’immédiat aucune date française n’est dans les tuyaux.
Retour en France et au metal avec les marseillais de Landmvrks dont c’est la première fois dans la région, qui leur offre les premières gouttes de pluie. Le public encore peu fourni reste motivé, pogos et violent dancing envahissent la fosse. Sur scène, le groupe déverse une belle énergie avec Florent, le chanteur, aux avant-postes : leader jeune et déjà charismatique. Leur metalcore joué sous l’œil expert des The Arrs qui se tiennent sur le côté de la scène ne révolutionne pas forcément le genre mais reste très agréable à écouter en ce 22 juillet. Peut-être desservi par un son un peu fort. Leur unique album Hollow sert évidemment d’ossature à la setlist dans laquelle les marseillais glissent une reprise de « Fat Lip » des Sum 41. Succès garanti. Reste aux marseillais à trouver leur propre touche et nul doute qu’ils ont un bel avenir. En tout cas, les cinq garçons ont montré quelque chose d’intéressant.
19h20, The Arrs patiente, Nicolas jouant au tir aux canards sur une console vieille école, les anglaises de Maid Of Ace se restaurent et la pluie s’invite plus sérieusement.
« Talk Shit, Get Shot » résonne dans le pré. Body Count n’est pas dans la place mais les finlandais de Lost Society attaquent leur set avec cette introduction. Impressionnants de maîtrise les finlandais ! Grosses baskets et jeans moulants, rythmiques qui claquent, leur thrash classique est sacrément efficace et vivifiant et la fougue du groupe emporte tout ! Une vraie tornade. Jouissif. Jeunesse insolente de décomplexion ! Le public suit malgré la pluie, enchaînant circle pit sur circle pit. Est-ce la raison pour laquelle, Samy, le chanteur, se demande pourquoi les fans français deviennent de plus en plus dingues à chacune de leurs apparitions ? Sous-entendrait-il que Saint-Félix est plus fou que Brétigny-sur-Orge où se tenait le Download parisien auquel Lost Society participait ? Allez savoir. En attendant l’orage met son grain de sel dans la fin de la prestation, coupant le courant à plusieurs reprises.
Pendant que les finlandais régalent l’assistance avec leur thrash efficace, The Mahones arrivent vers 20h00 dans le complexe scolaire, à temps pour leur prestation de 21h00. Durant une heure et quart, les californiens vont envoyer leur punk celtique jovial, agrémenté de violon et d’accordéon. La jeune violoniste apporte charme et jeunesse, une touche féminine qui contraste avec les musiciens, vieux briscards. Le batteur assure le show, montant sur son instrument. Pour vous les situer sur l’échiquier musical, imaginez des Dropkick Murphys qui auraient gardé l’héritage Pogues. Globalement, même sous la pluie, la fête est belle comme le prouvent les Panicfesteux et les Panicfesteuses qui s’adonnent à leur activité favorite : le pogo. The Mahones délivre sa prestation dans des lumières très tamisées, les musiciens étant souvent des ombres chinoises. Dites, organisateurs chéris, l’année prochaine, on peut avoir un peu de façade ?
Façades qui de toute façon auraient été coupées pour le groupe suivant, fer de lance du metal extême français, effectuant son dernier round avant la sortie de piste définitive, The Arrs, adepte de l’éclairage élaboré tout en demi-teinte et ombres chinoises. Ce soir ne fera pas exception. Ce qui reste constant aussi avec The Arrs est leur puissance de feu en concert, leur efficacité. Cette énergie qui se dégage est soutenue par des lumières stroboscopiques, portée par Nicolas, toujours aux avant-postes, imposant son physique en vraie bête de scène. Le groupe parcourt l’ensemble de sa carrière hormis Heros – Assassins qui ne fera pas partie de la fête ce soir. Le public est pris, enchaînant avec conviction braveheart et circle pit malgré la pluie qui revient.
La soirée n’est pas encore tout à fait finie mais le champ de bataille est quelque peu déserté. StillCounting, groupe de reprises de Volbeat clôt cette troisième édition. Fumigène et jets de flamme, les allemands sont ceux qui ont le plus d’effets scéniques. Toutefois, on est en droit de questionner l’intérêt de l’exercice. Les « tribute » sont à la mode, on a le droit d’aimer ou pas. Quant à faire un tribute de Volbeat… Ceci dit, même si vous avez le droit de préférer les originaux, les allemands proposent une vraie prestation et sont sur scène avec conviction. A chacun de trouver son compte.
Cette troisième édition prend fin. L’orage aura effectivement compliqué un peu la donne, surtout pour Lost Society. Mais pour le reste, la bonne humeur était là, la qualité et la variété des groupes aussi. Chaque formation avait sa patte, qu’elle joue du punk, du punk celtique, du stoner ou du metalcore. La qualité était là côté public aussi. Punks et metalleux se sont mélangés avec force de pogos et dans une ambiance bon enfant. Les familles sont venues aussi permettant de dire que le public allait de 7 ans à peut-être pas 77 ans mais jeunes et plus anciens étaient présents. Donc bravo à toutes et à tous, merci à l’organisation et rendez-vous en 2018 pour une quatrième édition. Eh, vous déconnez pas ? Vous nous organisez bien une quatrième édition ?
Juste histoire de me faire détester : les mots genre « Marseillais » ou « Lyonnais », ça prend une majuscule quand c’n’est pas utilisé comme un adjectif (genre « combo lyonnais » mais « corrosifs Lyonnais »). Bizarrement, la règle a été respectée pour « Panicfesteux » xD
(L’article est cool, sinon, hein !)
[Reply]
@Alice…effectivement, je te déteste ah ah ah !!!! Comme je suis prés de Paris, les habitants des autres villes sans importance, je les mets en petit ah ah ah