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Interview   

Pänzer : la machine à remonter le tank


Schmier, frontman du célèbre groupe de thrash allemand Destruction, est clairement un vieux briscard dans le metal aujourd’hui. Il en a connu tous les âges, toutes les déclinaisons et évolutions. Seulement, il ne se reconnaît plus dans une bonne partie du heavy metal actuel qui, pour lui, est en train de perdre ses racines. « Ça me fait chier ! Ça me gonfle que plein de gens n’en ont pas conscience, » s’emporte-t-il en parlant des groupes qui, même parmi ses amis, s’égarent dans le factice.

Voilà pourquoi son autre groupe, Pänzer, revêt une importance toute particulière à ses yeux : loin de chercher la nouveauté, au contraire il assume sa nostalgie et veut nous rappeler au bon souvenir du vieux heavy des années 80, sous forme d’un hommage. Et ce n’est pas sa séparation avec son partenaire originel, l’ex-Accept Herman Frank, qui l’en aura découragé. C’est même une ouverture qu’il a trouvé grâce à ses nouveaux compères sur ce second album, Fatal Command. Ça c’est pour la partie musicale. Car au niveau thématique, s’il se permet d’aborder aussi des sujets plus personnels, on retrouve le Schmier sarcastique, en particulier envers certains dirigeants, ridiculisés sur la pochette de l’opus. On discute de tout ceci avec lui.

« Pänzer défend la foi du heavy metal. Nous essayons de le garder pur. »

Radio Metal : Comment vas-tu ?

Schmier : Ça va… J’ai eu un petit accident dernièrement, donc j’étais à l’hôpital ce weekend, j’ai subi une opération, mais avec un peu de chance, tout est maintenant rentré dans l’ordre et je pourrais bientôt à nouveau jouer. C’était une opération de l’épaule ; je me suis déboîté l’épaule, donc ce n’était pas très joli.

Oui, j’ai entendu ça. Que s’est-il passé exactement ?

C’était un accident. J’étais à un festival, et ces grandes tentes ont des câbles qui ressortent, et certains dans la zone VIP étaient noirs, et il faisait sombre dehors, et en gros, je ne les ai pas vus. Je marchais de travers lorsque ça s’est passé très rapidement, donc je suis un peu tombé de côté sur les câbles, je n’ai pas vraiment pu réagir. Je me suis réceptionné sur mon épaule à pleine puissance, avec tout le poids de mon corps et ça m’a immédiatement déboîté le bras. Du coup, le bras était complètement bousillé et j’ai dû me rendre à l’hôpital, pour qu’on me mette sous anesthésiant et qu’on me remette le bras dans l’articulation de l’épaule. Mais quelque chose a cassé aussi, de toute évidence, donc j’avais rapidement besoin d’une opération. J’ai eu de la chance de trouver un spécialiste dans le coin qui m’a tout de suite pris en charge. Car si tu ne fais pas quelque chose tout de suite, ça peut entraîner des complications. Donc je suis content d’avoir immédiatement fait l’opération, et tout va bien jusqu’à présent. Je suis optimiste sur le fait que je pourrais me remettre en selle très bientôt. Mais ce genre de conneries, ça arrive ! Je n’ai jamais eu ce genre de gros problème avant. Ça montre à quel point on est limité lorsque quelque chose comme ça arrive, on est mal foutu ! Je ne pouvais strictement rien faire pendant un moment. Lorsque ton bras gauche ne fonctionne plus, la moitié de ton corps est hors d’usage.

J’espère que tu pourras bientôt rejouer…

Ouais, nous avons un concert le neuf du mois, en gros, dans dix jours, nous avons un concert en Hollande. Je suis sûr que je pourrais le faire. Il va me falloir un plâtre spécial pour que j’évite de trop bouger avec mon bras gauche. Mais pour le jeu de basse, je n’ai besoin que de ma main, en gros, je n’ai pas besoin de tout mon bras. Donc je pense que c’est possible. Enfin, je vais essayer de faire le concert. Si je ne peux pas, alors nous trouverons un bassiste de session.

L’année dernière a été marquée par le départ du compositeur et membre fondateur de Pänzer Herman Frank. Comment c’est arrivé ? Etait-ce vraiment seulement parce qu’il voulait se concentrer sur sa carrière solo ?

Ouais, pour comprendre pourquoi ça s’est produit, il faut voir qu’Herman, pendant de nombreuses années avec Accept, n’a pas pu tellement contribuer à la composition. Il a joué dans le groupe pendant très longtemps mais Wolf Hoffmann écrivait toutes les chansons. Je suppose donc qu’il avait ce besoin intérieur d’écrire ses propres chansons. Avec Pänzer, nous sommes une équipe et on aurait dit qu’il voulait en faire son propre groupe, or ça ne fonctionne pas comme ça. Nous sommes tous des musiciens présents dans la scène depuis de nombreuses années, et nous avons fait le groupe pour travailler ensemble. Il avait donc des opinions divergentes sur l’avenir de Pänzer et comment le groupe devait fonctionner. Pour lui, la meilleure idée était vraiment de composer son propre projet. Herman Frank Band est ce qu’il a fait, il pouvait écrire toutes les chansons tout seul et j’espère qu’il est content comme ça, car c’est un super compositeur et un guitariste fantastique. Il avait peut-être besoin de ça pour recouvrer sa liberté personnelle. En tant que musicien, c’est très frustrant lorsque tu ne peux pas composer de chansons. Enfin, il écrivait des chansons mais elles ne sortaient jamais. Il devait avoir énormément de chansons dans les poches qui n’ont jamais pu sortir et c’est très insatisfaisant. Je connais ce sentiment. Lorsque j’écris des chansons, je veux qu’elles sortent, je veux que les gens les entendent, c’est très palpitant, c’est comme un nouveau bébé, donc tu veux le montrer au monde. Et j’imagine que c’était un peu le problème derrière tout ça. Et nous ne voulions pas rentrer dans de grand conflits, donc nous avons dit : « Tu pars de ton côté, nous on part de notre côté, tout le monde est content. »

Pourquoi dis-tu que tu connais ce sentiment ?

Parce que parfois, lorsque tu écris des trucs, jusqu’au moment où ça sort, il peut se passer un an, un an et demi ou deux ans parce que l’album est retardé, il n’est pas fini, la maison de disques veut le sortir plus tard que ce à quoi tu t’attends, donc certaines chansons que j’écris, lorsque l’album sort enfin, ont déjà environ deux ans. Et alors je suis très curieux, genre « bon sang, qu’est-ce que les gens vont penser des chansons ?! », tu veux entendre des avis, tu veux voir quelles sont les réactions, si les gens aiment ou pas. Donc c’est aussi un moment très excitant. Donc je suis sûr que lorsque tu as des chansons que tu ne sors jamais, même si tu les as en démo, et que tu les as enregistrées, ça doit être très frustrant. Je n’ai jamais été dans une position où un grand nombre de mes chansons n’ont pas pu sortir mais je sais que pour Herman, c’était clairement le cas.

Comme Herman et toi étiez tous les deux les compositeurs dans le groupe, étais-tu inquiet pour l’avenir du groupe, en perdant ton partenaire ?

Evidemment, tu es un peu inquiet de perdre le style que tu voulais obtenir avec le groupe. Car avec Pänzer, pour le premier album, nous essayions de mélanger le heavy metal avec mes racines et jouer ça à la vieille école, et l’influence de la guitare d’Herman, bien sûr, était très forte sur le premier album. Et bien sûr, il y a aussi le fait qu’il était le seul guitariste. Mais j’étais impliqué dans tout le processus de composition de l’album, donc je savais que nous pouvions sans hésitation écrire un second album de Pänzer. Mais il est clair que j’avais besoin des bonnes personnes pour que ce nouveau plan fonctionne et j’ai un peu eu du mal au début. Comment continuer ? Et est-ce que ça marchera vraiment ? Mais mon partenaire de composition pour ce second album, V.O. Pulver, était également impliqué dans le premier album de Pänzer, il l’a produit, et il était également impliqué dans tous les concerts de Pänzer en tant que second guitariste, et c’est l’un de mes meilleurs amis, et il a produit et coproduit bon nombre d’albums de Destruction. Nous avons donc, en gros, les mêmes racines. Je n’étais pas inquiet, ça allait fonctionner, mais d’un autre côté, nous n’avions jamais écrit de musique ensemble. Nous avons souvent travaillé ensemble mais jamais pour écrire des chansons, donc nous avons fait un test, et la première chanson qui en est ressorti était « Satan’s Hollow », c’était d’emblée une chanson fantastique. Donc j’étais tout de suite confiant, le travail d’équipe allait très bien se passer. Parce que parfois, vous pouvez être les meilleurs amis du monde et le travail en collaboration ne marche pas, mais dans ce cas, c’était très coopératif.

« Tous les groupes symphoniques, ils ont des robes parfaites et des cheveux parfaits, ils ont plein de claviers, plein de mélodies pop… C’est vraiment très loin du heavy metal que je connais. C’est pour ça que je qualifie ça de metal pour maternelle parce qu’on y trouve des petites mélodies comme celles qu’on entend à la maternelle, comme des chansons pour enfant. »

Vous avez aussi recruté un second guitariste, Pontus Norgren, pour qu’il se focalise sur les solos. Penses-tu que ce soit un élément qui manquait dans la précédente incarnation du groupe ? Avez-vous ressenti un besoin de développer cet aspect dans le groupe ?

Non mais lorsque nous avons écrit le premier album, Herman était le seul guitariste, donc nous étions un peu limités à certains égards. Herman ne voulait pas faire trop de leads doublés, de travail harmonique à deux guitares, etc. Et lorsque est arrivée la situation live, et lorsque V.O. Pulver a rejoint le groupe pour les concerts, tout d’un coup, les chansons sonnaient super en live grâce aux deux guitares. Donc, à partir de là, j’étais convaincu que Pänzer avait besoin d’un second guitariste. Du coup, lorsque nous avons continué avec le groupe, et que nous avons confirmé V.O. comme notre nouveau guitariste en remplacement d’Herman, nous savions que nous devions trouver un autre gars qui serait aussi un super guitariste lead, parce qu’Herman était un très bon guitariste lead et nous savions qu’avec deux guitares, ça ouvre aussi plein de portes au niveau composition. Donc lorsque nous avons écrit les chansons pour le second album, je poussais vraiment les deux guitaristes dans leurs retranchements, j’étais très exigeant, je voulais avoir plus d’harmonies, plus de leads doubles, plus de solos… J’étais peut-être un peu pénible pour les guitaristes mais, au final, ça valait le coup. Au niveau guitare, dans l’album, il y a plein de choses qui se passent et ça rend aussi l’album un peu plus mélodique et accrocheur.

A propos d’Herman, tu as déclaré qu’il « avait un style de composition très spécifique auquel il s’accrochait ardemment. » Dirais-tu que le processus était désormais plus ouvert, qu’il y avait moins de restriction ?

Oui. Il y avait assurément moins de restriction parce qu’il y avait certaines choses que nous ne pouvions pas faire avec Herman, car il était très strict par rapport à ce qu’il voulait. Il a ouvert son esprit parce que je viens d’un autre background, mais tu pouvais voir qu’il y avait des limites. Maintenant, avec V.O. Pulver en tant que principal partenaire de composition, nous avons tous les deux cette éducation heavy metal des années 80, mais nous avons aussi tous les deux une éducation thrash, donc nous sommes souvent d’accord, et nous avons repoussé un peu les limites. Le nouvel album possède bien plus de trucs venant ne serait-ce que du heavy metal classique. Nous ne cherchions pas à ce que ça sonne juste très Allemand. En gros, ça sonne très années 80 en général. Ceci n’aurait peut-être pas été possible de la même façon avec Herman parce qu’il a ce style vraiment unique et le fait de repousser les limites avec lui aurait été un peu plus difficile. Avec une nouvelle équipe désormais, tout le monde était très ouvert et s’accordait pour dire que nous pouvions aller aussi loin et rendre hommage à tous nos groupes favoris.

Comment le fait d’être désormais un quatuor, au lieu d’un trio, a affecté la dynamique, d’un point de vu créatif, musicalement mais aussi en termes de relations au sein du groupe ?

Pour moi, le plus grand défi est qu’en gros, je joue avec deux guitaristes sur scène, ce dont je n’ai pas l’habitude. Avec Destruction, nous avons été un trio pendant de nombreuses années, nous avons une compréhension aveugle sur scène, moi et Mike [Sifringer], nous bougeons dans toutes les directions. Désormais, j’ai deux guitaristes et je chante au centre, je n’ai qu’une petite marge de manœuvre, je peux bouger vers la gauche, vers la droite, vers les guitaristes, mais je ne peux plus bouger librement. Je l’ai vraiment découvert lors du premier concert de Pänzer lorsque l’album est sorti. C’est ça le nouveau défi pour moi. Pour ce qui est des relations au sein du groupe, en fait c’est super parce que nous sommes de vieux bons amis et nous voulions tous que ce soit un travail d’équipe. Il n’y a pas de problème d’égo. Nous adorons jouer ensemble et nous nous faisons plaisir. Donc tout est super !

Tu as déclaré que « la seule raison d’être de ce groupe est de faire l’éloge de [tes] racines. » Penses-tu qu’il soit important en tant qu’artiste de se souvenir de ses racines et les célébrer ?

Je pense que c’est très important parce que, d’une certaine façon, les humains commencent à oublier d’où ils viennent. Lorsque tout va trop bien, parfois on oublie d’où on vient. Aussi, si je regarde la scène metal actuelle et que je vois le genre de groupes de heavy metal qui ont du succès aujourd’hui, c’est une toute autre génération de musique, c’est une toute autre approche dans la composition, et c’est un tout autre style de heavy metal. Pour moi, les racines c’est ce qui importe le plus. Sans ces racines venant du metal des années 80, je ne serais pas là, je n’aurais pas monté Destruction. Maintenant que je suis un peu plus vieux et mature, c’est le bon moment de refaire ça. Nous ne voulons pas réinventer la roue avec Pänzer, nous voulons juste rendre hommage. C’est marrant que parfois les gens ne comprennent pas que nous ne voulions pas créer un nouveau style de heavy metal, nous ne voulons pas créer de cyber heavy metal ou je ne sais quoi. Nous voulons tout simplement rendre hommage, de façon à ce que lorsque les gens écoutent l’album, avec un peu de chance, ils se replongent dans les années 80, des souvenirs leurs reviennent et ils se disent : « Hey, wow, ça c’est le style originel et il ne faudrait pas qu’on l’oublie. » Car j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les gens commencent à oublier leurs racines, le heavy metal se dilue. Les costumes, le style, trop de claviers, trop de mélodies pop, même dans les genres extrêmes il y a trop de mélodies pop maintenant dans le metal. Ce n’est pas mon metal. Mon metal doit être heavy mais mélodique, et c’est tout ce que nous essayons de faire avec Pänzer.

Et c’est pour ça que tu as déclaré que « le heavy metal contemporain sonne comme à la maternelle… »

Ouais ! Tu sais, tous les groupes symphoniques, ils ont des robes parfaites et des cheveux parfaits, ils ont plein de claviers, plein de mélodies pop… C’est vraiment très loin du heavy metal que je connais. C’est pour ça que je qualifie ça de metal pour maternelle parce qu’on y trouve des petites mélodies comme celles qu’on entend à la maternelle, comme des chansons pour enfant. Tu entends les mélodies pour la première fois et tu peux tout de suite les chanter tellement elles sont faciles. Les chansons d’Iron Maiden ou de Judas Priest avaient toujours des mélodies très accrocheuses mais ça ne sonnait pas comme à la maternelle ! C’était toujours des mélodies rock bien cool. Je pense que le rock ne devrait jamais être de la pop. Et maintenant, il y a une telle fusion que ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Voilà pourquoi Pänzer, pour moi, est un grand accomplissement, car je peux replonger dans les années 80, je peux me remémorer la vieille époque, je peux jouer de la musique vraiment amusante et qui n’a pas forcément besoin d’être recrée ou de réflexion, on se contente de la faire. Ça vient du cœur. Parfois, les musiciens pensent comme des mathématiciens, il faut mettre ça ici et là, il faut créer quelque chose de nouveau… Pour nous, Pänzer, ce n’est pas comme ça, c’est juste une question de s’éclater et rendre hommage à nos racines. Je suis sûr que nous tomberons sur des gens qui nous apprécierons et je suis sûr que nous tomberons toujours sur des gens qui diront « quel intérêt ? » Mais l’intérêt, pour moi, c’est de se souvenir des racines.

« J’ai l’impression qu’aujourd’hui, les gens commencent à oublier leurs racines, le heavy metal se dilue. Les costumes, le style, trop de claviers, trop de mélodies pop, même dans les genres extrêmes il y a trop de mélodies pop maintenant dans le metal. Ce n’est pas mon metal. »

En fait, sur le dernier album de Destruction, vous aviez une chanson qui s’intitulait « Elegant Pigs » qui était une critique envers les groupes d’aujourd’hui qui font usage de samples, de pistes préenregistrées et ce genre de choses. Penses-tu que les groupes de metal sont en train de se perdre dans des artifices superflus aujourd’hui ?

Ouais, en fait, tout est dilué. Comme je l’ai dit avant, les costumes sont dilués, la musique est diluée avec tous ces claviers, les mélodies sont diluées dans de la pop, et maintenant tout le monde utilise également ces pistes préenregistrées. Ça a commencé avec juste les chœurs, puis avec quelques parties orchestrales et de clavier, mais désormais, lorsque je me rends à des festivals et que je regarde derrière le rideau, je suis derrière la scène, je suis sur scène, je peux voir ce qu’ils font, et plein de groupes utilisent douze à seize canaux de playback complet avec leur musique ! Rien que pour sonner énorme en live, pour recréer le son du studio en live. Lorsque tu as un orchestre digital derrière toi et deux canaux de guitare séparés et des harmonies vocales, évidemment que ça sonne énorme ! Mais ce n’est pas réel, c’est faux ! C’est ça le truc. Personnellement, je préfère voir un trio, un bassiste, un guitariste et un batteur, qui joue du vrai rock n’ roll, bien crunchy et peut-être pas parfait, il n’est pas nécessaire que ce soit parfait, c’est live ! Fut un temps où les groupes improvisaient encore. Il y avait une différence entre le live, le fait de créer de la musique live, et créer en studio. Ceci a toujours été la différence entre la pop et le rock n’ roll. Le rock n’ roll est authentique, il est joué par des gens qui ont des putain de couilles ! Mais maintenant, on s’éloigne de plus en plus de ça. Maintenant, les groupes pensent que ce qu’ils ont en studio, ça doit être exactement pareil en live. Mais non ! C’est une mauvaise façon de penser, tout du moins selon moi.

Est-ce important pour toi de parler franchement contre ces pratiques ? Je veux dire, te sens-tu investi d’une mission de rétablir le vrai sens et la vraie identité du heavy metal ?

Non, c’est juste que ça me fait chier ! Ça me gonfle que plein de gens n’en ont pas conscience et je dois en parler parce que ça bout en moi. Et bien sûr, je suis dans cette situation tendue parce que nombre de mes amis dans d’autres groupes font ça. Donc je vais les voir et je leur dit : « Hey, pourquoi fais-tu ça ? » Et ils sont là : « Oh, tu sais, ça sonne mieux en live, bla bla… » Et je dis : « Ouais mais c’est de la triche ! » On a des divergences d’opinions et bien sûr, aussi, lorsque je dis ça, j’énerve d’autres groupes et j’énerve leurs fans. Mais je m’en fiche parce qu’au final, c’est mon avis. C’est ça qui est génial dans le fait d’être dans un groupe de rock n’ roll : je peux dire ce que je pense et tu n’es pas obligé d’aimer ! Mais je vais tomber sur des gens qui m’écouteront et comprendront le problème, et peut-être aussi y réfléchiront. Tant que les gens ne sont pas au courant du problème, ça ne changera jamais. Mais plus de gens sont au courant et parlent du problème, plus de chance il y a que ça change, qu’on repense les choses, et qu’on revienne aux racines, et qu’on laisse le heavy metal être ce qu’il est. Il faut que ce soit pur et il n’est pas nécessaire que ce soit parfait, et il n’est pas nécessaire que ce soit comme de la pop.

Penses-tu que le heavy metal peut évoluer malgré tout ou penses-tu qu’il faut qu’il reste fidèle à la tradition des années 80 ?

Les traditions doivent être là parce que ce sont les racines. Mais bien sûr que le heavy metal peut évoluer et le heavy metal a évolué vers plein de styles différents. Avec mon groupe principal, Destruction, nous jouons du thrash, ce qui n’était pas la première version du heavy metal. C’était une évolution et une progression du heavy metal pur qui est arrivée plus tard. Donc j’adore le fait que le heavy metal ait évolué et créé plein de styles différents. Mais les racines doivent toujours être là et elles ne devraient pas être oubliées. Si on perd les racines, on perd la scène, et pour moi, c’est une vraie inquiétude parce que, comme avec tout dans la vie, la base est toujours très importante. Il faut avoir de solides fondations et savoir d’où on vient, autrement on ne peut pas faire les choses bien.

Tu as dit que lorsque les gens écoutent cet album, tu voudrais qu’ils replongent dans les années 80 et que ça leur fasse remonter des souvenirs. Dirais-tu que Pänzer est un projet purement nostalgique ?

[Rires] Pour ce qui est de la musique, il est clair que Pänzer défend la foi du heavy metal. Nous essayons de le garder pur. Je ne vois pas Pänzer dans le futur intégrer des éléments modernes ou jouer du metal gothique ou autre chose. Je pense que Pänzer devra toujours rendre hommage aux racines. C’est comme ça que je veux continuer à l’avenir. Pour nous, c’est important aujourd’hui d’installer notre style, que lorsqu’on écoute Pänzer, on dise : « Hey, ce sont les mecs de Pänzer ! » C’est quelque chose que je suis parvenu à faire avec Destruction et c’est une excellente chose en tant que groupe. Avec un peu de chance, grâce à ce second album, nous avons réussi à établir notre propre son et espérons que ça facilitera la composition du troisième album. Pas que cet album était difficile à composer mais, évidemment, il faut avoir le soutien de la maison de disque et des fans derrière toi pour faire un autre album, et j’espère que les fans l’aimeront.

Est-ce que la conception de cet album, en soi, t’as fait remonter des souvenirs ?

Oui, bien sûr, il y a certains riffs et passages, lorsque tu es en train de chanter en studio, tu as des flashbacks. Tu chantes une mélodie et tout d’un coup, tu te sens comme la première fois où tu as entendu « Bark At The Moon », et tu te remémore ce moment lorsque tu t’es posé sur ton lit avec ton ex-petite amie, et tu avais cet album d’Ozzy entre les mains, et tu l’as joué, il y avait ce nouveau guitariste Jake E. Lee… Tous ces souvenirs reviennent en une milliseconde et ton cerveau est bourré d’endorphines parce que ça te rend heureux ! Je pense que rien en ce monde peut te faire remonter autant de souvenirs que la musique, et c’est un bel exploit !

« J’adore le fait que le heavy metal ait évolué et créé plein de styles différents. Mais les racines doivent toujours être là et elles ne devraient pas être oubliées. Si on perd les racines, on perd la scène. »

Et de façon plus générale, quels sont tes plus grands souvenirs avec le heavy metal ?

Oh mon Dieu ! Toute ma jeunesse est pleine de souvenirs liés au heavy metal ! En gros, ça a constitué toute ma jeunesse, et sans le heavy metal, je ne serais pas la même personne. Ça m’a montré beaucoup de choses à propos de la vraie identité des gens parce que lorsque je suis devenu un metalleux, j’étais très seul au début car on n’était pas nombreux. J’ai compris que les gens ne recherchaient que les trucs à la mode, à suivre la tendance, et pour moi, le heavy metal était totalement contre tout ça. Cette façon de penser a vraiment forgé ma personnalité. J’ai découvert que je n’avais pas besoin de tout ça, je n’ai pas besoin de la mode, je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent, je ne veux pas suivre les tendances. Bien sûr, j’aime des trucs que tout le monde aime, j’ai mes passe-temps, j’aime le football et tout, mais j’ai découvert que j’étais un gars différent. Et sans le heavy metal, je n’aurais jamais accompli autant de choses, je n’aurais jamais vu autant de pays. Le heavy metal était mon sauveur. Il a formé ma personnalité, en gros.

Quelle est l’essence du metal pour toi ?

L’essence du heavy metal pour moi était toujours de se détacher de la société commune, de se détacher de la populace. Nous ne voulions pas juste suivre les tendances. Ce qui est vraiment dingue avec le heavy metal aujourd’hui, c’est que les fans de heavy metal suivent les tendances du heavy metal, ce qui est totalement curieux pour moi parce que le heavy metal ne devrait pas être une tendance, comme je l’ai dit, le heavy metal a toujours été contre les tendances. J’ai formé mon premier groupe de heavy metal parce que je détestais la pop qu’il y avait lorsque j’avais quinze ans. Il y avait Boy George, Wham! et tous ces groupes, putain, je détestais ça ! Donc j’ai créé mon premier groupe de metal. Pour moi, le heavy metal a toujours été une question de révolution. Plein de gens aujourd’hui disent que le heavy metal n’est pas censé être politique mais pour moi, le heavy metal a toujours été une opposition aussi, c’était être différent de ce que peut-être le gouvernement pense. Nous ne voulions pas obéir à ces règles. Voilà pourquoi on a laissé pousser nos cheveux, parce qu’on ne voulait pas ressembler aux autres. Evidemment, si le heavy metal perd ce sens de la révolution, ce serait vraiment triste.

En parlant de politique, l’artwork de cet album est à la fois provocant et très parlant. Penses-tu que tous ces chefs d’état sont hors de contrôle ?

J’ai l’impression que ce sont des petits enfants. Dernièrement, lorsque Trump et Kim Jong-Un se battaient au sujet des missiles nucléaires, on aurait dit qu’un petit enfant était assis et jouait avec un jouet et que l’autre enfant lui a pris son jouet. La façon dont Trump parlait publiquement était ridicule. On sait tous que Kim Jong-Un n’est pas capable de faire de la vraie politique parce que c’est un dictateur mais de la part d’un dirigeant mondial occidental comme Trump, j’attends plus que ce discours de maternelle. C’est très puéril et ces gars sont des dirigeants du monde moderne, et ils devraient avoir conscience de leur responsabilité. Nous avons choisi cette pochette parce que c’est le miroir de la société d’aujourd’hui. Nous voulions une pochette dans un style BD humoristique parce que l’ironie est la meilleure chose qu’on puisse avoir dans une situation aussi critique aujourd’hui.

Penses-tu que des dirigeants tels que Donald Trump, Vladimir Poutine, Kim Jong-Un, Bashar El Assad, mais aussi des dictateurs passés comme Hitler et Staline dont les têtes sont également présentes dans l’artwork, sont tous à mettre dans le même panier ?

Je pense que tous ces gens présents sur l’illustration sont très dangereux en ce moment. Nous avons également inclus les gens dangereux du passé pour faire le lien avec ceux d’aujourd’hui. Plein de personnes me demandent pourquoi il manque des gens sur la pochette : « Où est Angela Merkel ? Où est Viktor Orbán ?” Nous avons juste choisi les gens les plus efficaces et les plus dangereux actuellement. Voilà pourquoi ces personnes sont sur la pochette et c’était également important pour moi de provoquer avec cette illustration. Nous nous attendions aux réactions. C’était très intéressant de voir que tout un tas d’Américains metalleux sont offensés et défendent Trump, ce qui est un peu étrange parce que c’est de l’ironie, c’est comme du sarcasme, et n’avez-vous pas conscience que votre président créé un paquet de problèmes en ce moment ? Je trouve que c’est être vraiment aveugles et comme des moutons de soutenir ce que votre président dit même si c’est de la merde ! De toute évidence, Trump mène le pays dans une drôle de direction aujourd’hui. Il ment constamment, il tweete des trucs bizarres le soir quand il est bourré. Ce n’est pas ce que j’attends d’un dirigeant politique et c’est pourquoi Trump, pour moi, est très dangereux, et c’est pourquoi il est sur la pochette. C’est plutôt triste de voir que les Américains sont si facilement offensés parce que je vois aussi l’Amérique, d’un côté, comme une terre de divertissement qui devrait comprendre que les choses provocantes comme celle-là fait partie de l’industrie musicale et du divertissement. Mais de toute évidence, plein de metalleux américains sont des électeurs conservateurs de Trump et, en fait, je ne sais pas pourquoi, c’est un peu flippant.

Dirais-tu que ça fait partie du heavy metal, le fait de secouer et provoquer l’opinion publique, et pas juste parler de dragons et d‘histoires fantastiques ?

La musique unit le monde, selon moi. Lorsque je voyage avec Destruction, où que j’aille, je vois que ça n’a aucune importance d’où je viens et où je suis, la musique nous rassemble. C’est comme ça aussi que je vois le heavy metal : une culture, une musique qui unit le monde. Lorsque j’atteins les fans avec le contenu de mes paroles ou avec une pochette, je peux atteindre différentes nations et peut-être que je peux pousser certaines personnes à repenser leur opinion, car leur opinion est forgée par les infos à la télé et leurs livres d’histoires, mais le vrai monde a une toute autre allure, ça va au-delà de ça. Car chaque pays ne fait qu’apprendre son histoire et c’est quelque chose que j’ai apprise : regarder sous la surface. Je suis Allemand mais je ne me sens pas que Allemand, car je me sens bienvenu et chez moi dans plein d’autres pays du monde. Je pense que le problème avec le monde d’aujourd’hui est qu’on croit qu’on est les meilleurs, et on est le seul bon pays dans le monde, même s’il y a toute cette population partout dans le monde. On a cette merveilleuse et belle planète et on devrait travailler ensemble. Mais il y a un autre gros mot aujourd’hui qui est « libéralisme ». Et « socialisme » est aussi un gros mot aujourd’hui. Lorsque tu regardes l’Amérique, ils se moquent de l’Europe maintenant parce qu’on essaie d’aider les gens. Bien sûr, l’Europe ne peut pas aider le monde entier, car ça causera des problèmes. Mais qu’est-ce qui arrive au monde ? Pourquoi les gens sont-ils seulement si extrêmement soucieux de leur propre petite vie ? Pourquoi ne pourrait-on pas lutter ensemble ? C’est vraiment un gros problème dans le monde. Dans mon petit monde heavy metal, je suis vraiment content de pouvoir apporter différentes cultures, rien que de petites opinions, de petits messages. Bien sûr, tout le monde n’aimera pas mais c’est l’un des trucs géniaux avec le rock n’ roll en général : tu peux faire tout ce qui te chante !

« On sait tous que Kim Jong-Un n’est pas capable de faire de la vraie politique parce que c’est un dictateur mais de la part d’un dirigeant mondial occidental comme Trump, j’attends plus que ce discours de maternelle. »

Thématiquement, cet album semble, d’une certaine façon, faire écho au dernier album de Destruction, Under Attack. Vois-tu cet album comme une extension des thèmes et des messages que tu as véhiculé dans Under Attack ?

Pour le côté musical, j’essaie complètement de faire quelque chose de différent avec Pänzer. Pour ce qui est des paroles, je suis obligé d’écrire à propos de choses qui se passent, qui me tape sur les nerfs, qui m’affectent dans ma vie de tous les jours. Donc, avec Pänzer, je ne peux pas me contenter d’écrire des paroles qui parlent de licornes, d’arc-en-ciel et de contes de fée, ça ne marche pas. Mais tout n’est pas aussi politique qu’il n’y paraît sur l’album de Pänzer. Il y a plein d’histoires bien plus personnelles aussi sur l’album. Seulement quelques chansons sortent du lot, et qui sont évidemment mon point de vue personnel sur les choses et c’est ainsi que Schmier écrit des paroles. Je ne peux pas écrire autre chose, je ne peux pas écrire à propos de trucs dont je me fiche. Pour moi, la musique a toujours été une expression de mon esprit et de la situation dans laquelle je suis sur le moment, et ce sera toujours ainsi. Je pense que les paroles de Destruction sont plus offensives, plus brutales, plus politiques que dans Pänzer mais, bien sûr, avec Pänzer j’aborde aussi des sujets qui m’affectent moi et le monde.

Peux-tu justement nous parler des sujets plus personnels que tu as abordé dans cet album ?

Certaines chansons parlent de crises personnelles. Par exemple, une chanson – il s’agit de « Scorn And Hate », la numéro cinq sur l’album – parle d’un ami à moi qui est devenu schizophrène. C’est un ami très proche avec qui j’ai vécu pendant un moment. Il a eu une dépression schizophrène et tout d’un coup, il n’était plus le même mec. Je peux aller le voir maintenant et dire « hey, qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu n’es plus le même mec ! » et il me regardera genre « qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’est-ce que tu veux ? » Il ne comprend pas qu’il est schizophrène. C’est une chanson très mélodique, d’une certaine façon, mais les mélodies sont très sombres et tristes. Je voulais créer une atmosphère qui colle au désastre personnel de mon ami, à ce fatal… Comment on dit quand quelqu’un devient fou ? Je ne sais pas si tu as déjà vécu une telle situation mais pour moi, c’était assez choquant. Je devais donc m’exprimer sur le sujet, c’était un grand soulagement pour moi parce que, d’une certaine façon, je me dis que peut-être un jour il se réveillera et comprendra, et alors il pourra lire ces paroles et dire : « Hey, mais bordel, qu’est-ce qui s’est passé ? » J’espère toujours qu’un jour il recevra un traitement et qu’il recouvrira ses esprits, et qu’en lisant la chanson il comprendra que j’étais inquiet pour lui parce qu’aujourd’hui, je ne peux pas l’atteindre… Pour moi, c’était quelque chose de très privé d’écrire à ce sujet parce qu’en gros, tu exposes un ami. Mais c’était ma seule façon de gérer cette situation vraiment bizarre. Mais il y a d’autres chansons qui parlent de trucs personnels, comme « I’ll Bring You The Night ». C’est une chanson qui parle de quand tu es dans un mauvais jour, genre lorsque tu sors de chez toi et tout te tape sur ton putain de système, chaque personne que tu croises te gonfle, chaque chose que tu fais, tu la fais de travers…

Etant donné l’essence de Pänzer, qui est peut-être un peu plus ouverte et moins extrême que Destruction, est-ce que ça te permet, ou même te pousse, à aussi ouvrir ta prestation vocale ? Je pense à une chanson comme « Skullbreaker » où tu sembles jouer un peu plus avec ton interprétation et ta voix…

Pänzer, pour moi, était une belle opportunité de faire autre chose. Je me pose toujours des questions lorsque d’autres musiciens font des projets, ils jouent du death metal et leur projet c’est aussi du death metal… Pour moi, lorsque je fais autre chose que Destruction, ça a toujours été important que ça ne sonne pas comme Destruction. Voilà pourquoi j’essaie aussi de faire sonner mon chant un peu différemment. Bien sûr avec le heavy metal classique, il faut que ce soit plus mélodique. J’essaie aussi toujours de ne pas vendre mon âme. Il faut que ça sonne comme Schmier, autrement ça n’a aucun sens. Donc j’essaie de trouver un juste milieu : comment puis-je chanter tout en restant Schmier et quelle crédibilité je conserve lorsque je change complètement mon style ? Le fait de pouvoir faire Pänzer, ça ouvre la tessiture de ma voix et ça me donne de nouvelles choses à essayer. C’est un joli défi et je l’apprécie beaucoup. Evidemment, il y avait certains passages sur l’album où je me disais : « Ok, est-ce que ce n’est pas peut-être trop ? Est-ce que c’est trop mélodique ? Est-ce que c’est trop ringard ? Est-ce que je peux vraiment faire ça en tant que Schmier de Destruction ? » Mais lorsque nous aimions l’idée, lorsque nous aimions ce que nous entendions pendant l’enregistrement en studio, dans le feu de l’action, nous prenions les décisions avec nos tripes et la plupart du temps il n’était pas question de ne pas l’utiliser. Parce que c’est en toi, donc lorsque ça sort, c’est la chose la plus naturelle à faire.

As-tu découvert de nouveaux aspects de ta voix ?

Ouais. Ceci est sans doute le chant le plus mélodique que j’ai jamais fait. C’est plus mélodique que le premier album, c’est plus mélodique que les albums de Headhunter que j’ai fait. Donc c’est assurément un nouveau défi et ça ne va certainement pas empiéter sur Destruction parce que je vois Destruction comme étant quelque chose de totalement différent. Ça pourrait même rendre le prochain album de Destruction plus agressif [rires].

Tu as déclaré qu’il n’y a « aucune ballade ! Mais en tant que chanteur, [tu] voulais épargner l’humanité. » Penses-tu que ce soit en dehors de tes capacités ou bien est-ce juste que tu n’aimes pas les ballades ?

En fait, je suis un grand fan des ballades de metal ! Je trouve que les groupes de heavy metal ont écrit les meilleures ballades des années 80 ! J’avais des cassettes remplies de ballades de metal lorsque j’étais jeune et j’étais très fier de ces ballades parce qu’elles étaient kitsch mais de très belle manière. Je ne suis pas encore prêt pour écrire une ballade. Il me faudrait peut-être encore un album de Pänzer et avoir davantage confiance parce que si j’écris une ballade, il faut qu’elle soit bonne. Il faut qu’elle paraisse naturelle, il faut que j’aie le sentiment de pouvoir faire ça bien. Pour le moment, pour le second album de Pänzer, nous voulions continuer sur un album très puissant. Je pense qu’une ballade n’aurait pas été à sa place, mais il ne faut jamais dire jamais ! Qui sait ? Peut-être qu’un jour nous ferons une ballade sur un album de Pänzer. Mais pour le moment, je préfère rester sur un terrain conquis avec du heavy metal qui va droit au but, et une ballade n’est pas à ma portée. Mais, encore une fois, ne jamais dire jamais ! Je suis quelqu’un d’ouvert d’esprit et peut-être qu’un jour je ressentirais le besoin d’écrire quelque chose comme ça.

Même Lemmy a fait des ballades !

Ouais, même Lemmy a fait des ballades ! Et il a été beaucoup critiqué pour ça, mais en fait, il a écrit quelques ballades géniales. Avec un peu de chance, peut-être qu’un jour ce sera pareil pour moi. Si j’en ressens vraiment le besoin et que j’ai un bon sujet pour, j’écrirais une ballade avec mes tripes, alors ce sera bien.

« De toute évidence, plein de metalleux américains sont des électeurs conservateurs de Trump et je ne sais pas pourquoi, c’est un peu flippant. »

Le prochain album de Destruction sera Thrash Anthems II. Vous avez d’ailleurs lancé une campagne de financement participatif pour le faire sans label. Pourquoi ?

Parce que cette compilation/best of de réenregistrements de classiques est un peu un truc controversé. Personne n’aime ça. Lorsque nous en avons parlé à Nuclear Blast, ils n’étaient pas intéressés par le projet. Mais pour nous en tant que groupe, c’était une tâche importante. Pour que les choses soient claires : certains de ces albums ne sonnent pas comme ils devraient sonner et certaines de ces chansons n’ont pas été enregistrées comme elles auraient dû. Donc c’était un petit défi pour nous de les refaire, de rafraîchir notre mémoire sur les vieilles chansons. Le label n’était pas intéressé, donc nous avons dit : « Faisons-le avec les fans, » ce que nous avons fait. Et ce qui s’est passé, c’est que l’album a été enregistré et nous l’avons montré à Nuclear Blast qui était là : « Wow, ça sonne super, on le veut aussi ! » Donc maintenant Nuclear Blast va sortir l’album à la fin de l’année, c’est prévu pour novembre pour l’instant, j’attends une confirmation pour ça mais… Donc ouais, l’album va aussi sortir sur Nuclear Blast, mais sans la campagne de financement, sans les fans qui nous ont soutenus, l’album n’aurait jamais été enregistré. J’apprécie beaucoup le lien avec les fans et que nous ayons eu la chance de faire ça et foncer tête baissée en disant : « On veut cet album, on va le faire quand même. Si aucun label ne le veut, on s’en fiche. On va le faire avec les fans. » Heureusement l’album s’est avéré super et tous ces fans qui ont participé à la campagne de financement sont les initiateurs de cet album. Thrash Anthems II restera un album spécial pour nous parce que, tout d’abord, c’est une première édition strictement limitée, quelques centaines de personnes l’aurons, et c’est un album qui s’est fait sans label, avec les fans, ce qui lui donne son caractère particulier.

Avez-vous peut-être déjà commencé à composer pour un futur album de Destruction ?

Nous n’y pensons pas encore. Je crois que nous commencerons l’année prochaine, calmement, à écrire de nouvelles chansons. Peut-être que j’aurais mes moments éclairants avant ça mais pour l’instant, je ne pense pas à écrire pour Destruction. Je suis très content que l’album de Pänzer soit fait, je me suis vraiment amusé à recréer ces anciennes chansons et je ne suis pas trop dans l’état d’esprit pour écrire pour Destruction tout de suite. Mais ça arrivera, il y aura un nouvel album de Destruction, peut-être en 2019, je suppose, si possible. Nous ne voulons pas nous mettre trop la pression pour ça. Je sais par expérience maintenant que la meilleure musique sort quand on prend son temps, quand on ne se force pas. Mais il y aura un nouvel album de Destruction à un moment donné, mais pour 2018, je ne crois pas.

Vous voulez prendre votre temps même si ça doit prendre quatre ans comme pour Under Attack…

Pour Under Attack, il faut savoir que nous avons commencé à composer l’album et ensuite il était terminé mais Nuclear Blast a repoussé la sortie. Donc l’album était enregistré environ six mois avant que Nuclear Blast ne le sorte. Pour nous, ça ne semblait pas faire quatre ans. Ca paraissait peut-être deux ans parce que quand nous avons commencé à enregistrer, nous l’avons fait sur plusieurs mois, bout par bout. Pour nous, c’était une pause de deux ans mais pour les fans, c’était presque une pause de quatre ans, tu as raison. Mais parfois les pauses sont nécessaires et pour Under Attack, c’était une bonne décision de prendre notre temps. Tu sais, nous n’avons plus à prouver quoi que ce soit. Ca fait des années que nous faisons ça, nous sortons des albums tous les ans depuis longtemps et maintenant que nous sommes un peu plus vieux, ça fait du bien de prendre une année ici et là pour ensuite composer à nouveau un album vraiment solide.

Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !

C’était mon plaisir ! Merci pour l’interview vraiment cool. J’espère que Pänzer aura l’occasion de jouer en France un jour. L’album sort en octobre, donc nous avons hâte de jouer dans des festivals l’année prochaine et, avec un peu chance, également tourner. Nous sommes en discussion avec plusieurs personnes en ce moment, donc peut-être que nous aurons l’occasion d’ouvrir pour un autre groupe et faire toute une tournée européenne au début de l’année prochaine, ce serait super !

Interview réalisée par téléphone le 29 août 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Nathalie Holic.
Traduction : Nicolas Gricourt.

Page Facebook officielle de Pänzer : www.facebook.com/TheGermanPanzer.

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