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Interview   

Papa Roach a les crocs


Papa Roach en a marre ! Marre de céder au diktat du single, marre de tomber dans une forme de facilité. Avec Crooked Teeth, le combo californien a décidé de se remettre en question et d’essayer de retrouver cette fougue, voire une forme d’audace, qu’ils avaient pu avoir à leurs débuts. D’ailleurs, est-ce un hasard, à moins que ce soit un signe du destin, si cette année coïncide avec les vingt ans du tout premier album de la bande, le méconnu Old Friends From Young Years ? Toujours est-il que pour leur donner un coup de fouet, Papa Roach s’est adjoint les services de deux jeunes pousses inconnues de la production, Nicholas « RAS » Furlong et Colin Brittain, deux fans qui plus est de la période Infest (2000).

Nous nous sommes rencardés avec Tobin Esperance, le bassiste et compositeur principal du groupe, pour nous parler de ce nouvel élan qu’a trouvé le groupe avec ce neuvième album au fin fond d’un ghetto d’Hollywood – élan qu’ils ne lâcheront pas de sitôt puisqu’ils sont déjà à l’oeuvre pour le successeur -, n’hésitant pas à faire quelques aveux sous forme d’auto-critique.

« Une bonne part de la musique est vraiment en train de devenir usée. Honnêtement, c’est prévisible, c’est ennuyeux et nous ne voulions plus faire partie de ça. Même nous sommes un peu tombés dans la facilité avec notre propre musique. […] Donc nous avons eu l’impression que c’était notre devoir de faire un album comme celui-ci. »

Radio Metal : Les producteurs Nicholas « RAS » Furlong et Colin Brittain vous ont inspirés à revisiter certains des traits qu’ils aimaient dans le groupe à l’époque de l’album Infest, comme le chant rappé. Comment vous ont-ils convaincu d’aller dans cette direction ?

Tobin Esperance (basse) : C’est vraiment facile pour nous parce que c’est simplement qui nous sommes ! Lorsque nous le faisons, j’ai l’impression que nous le faisons à notre façon et nous le faisons bien. J’adore lorsque Jacoby [Shaddix] rappe, j’adore la façon dont il raconte une histoire, dans ses paroles, avec ses rimes, et puis il arrive au refrain et il chante, et il y a tous ces styles, tous ces… Nous avons toujours été une sorte de melting-pot d’inspirations provenant de divers styles de musque, sans règle ou limite quant à comment nous faisons de la musique. C’est simplement comme ça que nous aimons faire les choses. Je pense que tout le monde sait ça à notre sujet, même en remontant aux débuts avec « Last Resort ».

C’est la première fois que vous travaillez avec eux ; ils sont peu connus et n’ont même jamais travaillé sur un album complet avant celui-ci. Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler avec eux à l’origine ?

Nous nous sommes rencontré par le biais d’un ami commun et nous avons dit que nous devrions un jour nous réunir dans une pièce, être créatifs et faire de la musique. Nous l’avons fait, nous avons écrit une chanson ensemble qui s’appelle « My Medication », qui est sur le nouvel album, et ce jour-là, nous réfléchissions, nous disant que nous avions une vraie alchimie ensemble. Et puis aussi, nous nous sommes éclatés ! Nous étions là : « Mec, c’était génial ! Pourquoi ne pas le faire encore douze fois et appeler ça un album ? » [Petits rires] C’était donc notre plan et nous l’avons suivi ! Même si d’autres gens pensaient que ce n’était pas une bonne idée, nous en étions à ce stade de notre carrière où c’est : « On va croire en nous-même, donc on doit reprendre des initiatives et le pouvoir pour mener à bien notre vision. » Et ceci est le genre d’album que nous voulions faire et ils étaient sur la même longueur d’onde par rapport à ça. Donc c’était super !

Penses-tu que, dernièrement, les choses étaient devenues un peu trop confortables et prévisibles pour Papa Roach ? Penses-tu que vous étiez tombés dans un genre de routine ?

Absolument, mec ! Je pense que l’autre truc pour nous, c’était : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour déconner avec la tête des gens bien comme il faut ? » Car une bonne part de la musique est vraiment en train de devenir usée. Honnêtement, c’est prévisible, c’est ennuyeux et nous ne voulions plus faire partie de ça. Même nous sommes un peu tombés dans la facilité avec notre propre musique. Par rapport à certains albums, nous étions là : « Mon gars, il faut qu’on se laisse aller, qu’on soit qui on est, qu’on élève le processus et qu’on apprenne davantage à utiliser des nouveaux sons, ne pas avoir peur de faire différents styles et aller à fond avec ça. » Donc nous avons eu l’impression que c’était notre devoir de faire un album comme celui-ci. Et nos fans ont appris que ceci est le groupe que nous sommes. Nous n’avons pas peur de vraiment prendre le parti de la diversité, et les gens vont soit adorer, soit détester, et ça ne nous pose pas de problème.

Est-ce que vous regrettez ces albums où vous avez un peu trop joué la sécurité ?

Non, je ne peux rien regretter de ce que j’ai fait dans le passé, parce qu’à l’époque… Tu sais, je lâche prise. Je n’essaie pas de… Je regarde ça avec du recul et je me dis : « Oh, c’est cool… » Je ne le referais pas mais c’est comme c’est. Rien qu’avoir l’occasion de continuer, avoir la longévité qui nous permet de continuer à faire des albums et sortir de l’art… Nous sommes capables de faire beaucoup de choses. Nous avons la volonté et la passion de continuer et pousser les choses. Donc ceci est vraiment ce que nous allons continuer de faire jusqu’à ce que nous nous arrêtions [petits rires].

Jerry Horton a dit que vous n’avez pas abordé « cet album avec l’intention d’écrire des singles radio. » Est-ce que ça signifie que vous vous êtes souvent focalisés sur le fait de produire des hits et singles radio auparavant ?

Je pense que parfois tu subis beaucoup de pression pour être à la hauteur de certaines attentes, où il faut avoir des chansons qui passent à la radio et qui doivent suivre un certain format, et elles doivent rentrer dans un certain genre ou moule, et nous en avions simplement marre de ça ! Nous n’étions pas complètement, à cent pour cent, authentiques par rapport à ce que nous voulions faire parce que nous pensions « jouons la sécurité. » Et à chaque fois que nous avons fait ça, j’ai l’impression que c’est là que nous avons fait de la musique ennuyeuse, et il était temps de secouer ça, rafraîchir, inspirer les gens et instaurer un nouveau standard. Je pense que c’est ce que nous avons fait avec cet album ! Et je pense qu’en retour, en n’en ayant rien à foutre de ce que quiconque pense à propos de ce que nous faisions, les gens s’en sont rendu compte, ils le voient et ils le ressentent, et ça leur parle. Et c’est ce que nous voulions, nous voulions que notre musique parle, qu’elle se connecte, et je crois que les gens le ressentent. Car, jusqu’ici, les retours sont supers sur cet album !

Pour autant, Crooked Teeth contient pas mal de refrains bien accrocheurs et radiophoniques. Est-ce que ça vient naturellement ? Etait-ce important de conserver ce trait fédérateur dans votre musique ?

Oh ouais, nous adorons le côté narratif, nous adorons les refrains, accroches et mélodies mémorables, le côté hymne de la musique. Ça correspond à qui nous sommes. Nous adorons la juxtaposition lorsque nous écrivons une musique pop insouciante avec des paroles vraiment sombres, ou lorsque nous avons une musique vraiment sombre mais en chantant une chanson d’amour par-dessus. Ce n’est qu’une autre voie créative pour nous, afin de nous amuser et faire de la musique ; il n’y a pas de règle. Le fait que les gens soient… Par exemple, notre single qui tourne en ce moment, il s’est hissé à la première place ici aux States, dans la catégorie des singles de rock. Ça ne fait que démontrer qu’il n’est pas nécessaire de trop se forcer, si tu vois ce que je veux dire [petits rires]. Il faut simplement être soi-même et raconter une histoire, y livrer une part de vérité, et je pense que les gens adhéreront.

« Au fond, je pense que nous sommes le même groupe qu’à nos débuts. Nous avons toujours cette même énergie et cette même attitude que nous avions lorsque nous étions des gosses punk, jouant sur scène face à cinq-cent personnes. »

Comment parvenez-vous à combiner les éléments expérimentaux de chansons comme “None Of The Above” ou “Born For Greatness” avec votre savoir-faire en matière de chansons directes et accrocheuses ? N’est-ce pas un équilibre difficile à trouver ?

Je pense que nous parvenons bien à jauger dans la façon dont nous aimons écrire des chansons. La chose principale pour nous est d’avoir de la diversité et un côté aventureux dans l’album, dans son ensemble. Il se trouve juste que les gens semblent avoir… En fait, nombre de chansons figurent parmi les préférées des gens [petits rires] et c’est cool, car je ne choisis pas les singles, je ne décide pas ce qui est accrocheur ou une chanson cool, nous nous contentons de nous amuser avec et ensuite, d’autres gens déterminent plus ou moins ce qu’ils aiment et ce qui devient populaire. Donc nous nous focalisons sur la conception de bonnes chansons [petits rires] et le reste dépend de tous les gens extérieurs au groupe.

Sur F.E.A.R., vous aviez deux invités, et là vous avez Machine Gun Kelly et Skylar Grey qui apparaissent sur Crooked Teeth. On dirait que vous avez été pas mal attiré par les collaborations dernièrement…

Ouais, nous ne le faisions pas avant mais maintenant, c’est juste que c’est amusant, mec ! Car nous nous faisons pleins d’amis en évoluant dans cette communauté de musique et d’art. C’est rafraichissant pour nous maintenant et c’est amusant d’aider à combler le fossé entre différents artistes, différents styles, et les inclure. C’est quelque chose de rafraichissant pour nous. Et nous ne nous forçons pas trop pour que ça arrive. Si ça arrive naturellement, alors nous faisons avec. C’est comme ça que ça s’est passé pour MGK et pour Skylar Grey. C’est super, mec ! Ça apporte un tout autre feeling à l’album et les gens accrochent.

Vous avez travaillé dans un studio qui s’appelle The Steakhouse, et d’après Jacoby, « c’est en plein dans une zone qui file le cafard. Il y a des hélicoptères de ghetto qui survolent durant la nuit, la police se lance dans des poursuites dans le voisinage, les flingues pétaradent. » Est-ce que ce contexte a impacté l’atmosphère dans le studio et, au final, la musique ?

Ouais, le studio où nous avons enregistré est dans une petite partie un peu sinistre d’Hollywood. Il n’y a rien de luxueux là-bas. Là où nous étions, il y a ce genre d’atmosphère de vallée ghetto et nous en avons tiré beaucoup d’inspiration. Dès que tu mets un artiste dans un environnement qui est un peu différent de ce dont il a l’habitude, tu ouvres tes yeux et tu vois le désespoir. Tu vois la réalité, et nous aimons être en phase avec ça. Ca explique en partie pourquoi nous avons appelé l’album Crooked Teeth : putain, personne n’est parfait, tout n’est pas rose. Tout le monde a des cicatrices et des dents de traviole (traduction de « crooked teeth », NDT), tout le monde a des cadavres dans le placard, tout le monde a des problèmes, et tu sais quoi ? Tu n’es pas tout seul. Donc ne sois pas trop dur avec toi-même [petits rires].

Est-ce que ça vous avait manqué ce genre d’atmosphère plus sale et dangereuse ? Est-ce que tu penses que dernièrement vous avez travaillé dans des environnements trop proprets ?

Il est clair que nous préférons ça. Nous allons revenir au même endroit où nous avons fait ce dernier album et bientôt commencer à enregistrer de la musique à nouveau. Mais à la fois, nous voulons aussi voyager. En fait, nous avons eu quelques idées pour ce que nous allons faire : nous allons voyager à travers le monde et peut-être finir certaines chansons pour un autre album et le faire dans différents pays, différentes villes, différents environnements. Car nous devons toujours trouver de l’inspiration dans quelque chose de nouveau. Ça fait longtemps que nous faisons ça et il faut que les idées continuent d’affluer !

Cet album n’est même pas encore sorti que vous avez déjà commencé à travailler sur le successeur de Crooked Teeth. Comment se fait-il que vous soyez retournés si vite en studio pour déjà créer de la musique ?

Honnêtement, nous avons en ce moment une alchimie créative qui est très forte. On ne peut pas le nier lorsque ça nous frappe, il faut en tirer profit. Nous nous sentons revigorés. Donc nous voulons continuer à faire de la musique tant que nous sommes inspirés et que nous nous amusons.

Les gens voient généralement Infest comme votre premier album, pourtant vous aviez un album avant ça, qui s’appelle Old Friends From Young Years, et cette année marque les vingt ans de cet album. Comment voyez-vous cet album aujourd’hui et comment votre mentalité a-t-elle changé depuis ?

[Petits rires] Il est clair qu’il a un côté très « jeune groupe qui découvre comment jouer de la musique et écrire des chansons. » Et je trouve ça cool ! Nous étions super jeunes, nous étions des gamins adolescents qui expérimentaient, et je me sens toujours ainsi, à faire des albums jusqu’à présent. C’est juste que la musique est devenue bien meilleure [petits rires]. Mais au fond, je pense que nous sommes le même groupe qu’à nos débuts. Nous avons toujours cette même énergie et cette même attitude que nous avions lorsque nous étions des gosses punk, jouant sur scène face à cinq-cent personnes. C’est juste que maintenant, nous le faisons devant cinq-mille personnes ou cinquante-mille personnes, peu importe. Et au fil des années, nous avons un peu gagné en maturité [petits rires], et nous allons continuer simplement à raconter notre histoire. En dehors de ça, rien n’a vraiment changé !

Interview réalisée par téléphone le 17 mai 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Papa Roach : www.paparoach.com.

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  • Oh, ils en ont marre, les pauvres chéris ??? Ben alors, qu’ils splittent et qu’on n’en parlent plus. Ça fait 18 ans qu’ils nous cassent les couilles avec leur Metal pour adolescents attardés. Alors, franchement, le jour où ils splitteront, ça ne chagrinera personne.

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