
Lieu : Elysée Montmartre
Public : 800 à 1000 personnes
« C’est pour nous, tous les styles sont les bienvenus » comme le clame le dos du tee-shirt du festival. Ce qui est vrai avec trois jours, trente groupes, trois scènes, une punk, une hardcore et une metal. C’est beaucoup. Trop ? Il est vrai que les premiers groupes ont joué devant plus de photographes que de public et que Arch Enemy a assuré sa prestation devant une salle qui s’était déjà vidée. Ils ont quand même commencé leur prestation dimanche soir à 23h45 !
Dernier point avant de renter dans le vif des prestations de chaque groupe, remarquons en toute objectivité que le public a été très calme le premier jour à part pour les têtes d’affiche, très violent sur la journée hardcore mais sans réelle émulsion globale et qu’il a fallu attendre la journée metal pour voir un public réveillé, réceptif et qui bougeait !
Soziedad Alkoholica
Les cinq membres de Soziedad Alkoholica ont la lourde tâche d’ouvrir le festival. Ils attaquent sans tambours ni trompettes devant une salle vide. Même le merchandising n’est pas installé ! Leur chant en espagnol – le groupe est espagnol – apportera la touche ensoleillée de ces trois jours, en tant que seul représentant de l’Europe du Sud. Les gars ne sont pas nés de la dernière pluie et existent depuis le début des années 1990 et étaient à l’affiche du Sonisphere de Barcelone avec Metallica en 2009. Côté actualité, leur dernier album, session #2, sorti en 2009 est en fait le réenregistrement de leur premier album sorti en 1995. Côté prestation, le son est brouillon, ce qui est dommage car ce qui est à entendre sur leur Myspace n’est pas inintéressant et finalement leur musique live ne rend pas grand-chose ce soir. Le chanteur s’emploie à saluer les quelques spectateurs en français et en vingt minutes, après six titres principalement issus de #session 2, l’affaire est pliée pour une prestation qui ne devrait malheureusement pas rester dans les annales du festival.
Black Bomb A
Pendant le set des espagnols, Djag et Poun s’échauffent en coulisses et l’on peut voir Snake et Hervé traîner dans la salle. Il est 17h20 quand les Yvelinois de Black Bomb A montent sur scène. Il n’y pas franchement plus de monde et c’est vraiment dommage. Une question d’horaire qui fait que les Parisiens sont encore dans leurs bureaux ou coincés dans les embouteillages ? En tous les cas, les BBA ne sont pas là pour faire de la figuration. Nouvelle prestation explosive qui nous permet de voir le premier slammer du festival. Et pourtant, il est affiché sur tous les murs de l’Elysée « No Stage Diving » ! N’est-ce pas honteux un tel comportement ? BBA réussit à rallier à sa cause le peu de spectateurs présents ! Bel exploit. Même Snake, plutôt le plus réservé des cinq habituellement, donne de sa personne. Les lights sont aussi plus riches, le groupe utilise les stroboscopes. « Born to Die », « Emergency », « Sweet Mary », « You Can’t Save Me », les titres s’enchaînent car comme le fait remarquer Djag, il n’y a pas de temps pour les palabres ce soir. La prestation se termine par le très enlevé « Tales From The Old School » après seulement vingt-cinq minutes de folie. Un vrai regret qu’un groupe qui offre une prestation aussi originale, aussi musclée soit programmé si tôt dans la journée. Il avait largement sa place avant Discharge.
Burning Heads
Changement dans l’enchaînement des groupes puisque ce sont les Orléanais de Burning Heads qui montent sur scène à 18h05. A noter que l’Elysée commence à se remplir. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, celui-ci existe depuis 1991, date de la sortie de leur premier EP Black & Noir et leur dernier opus, Spread The Fire, est sorti en Janvier 2010. Ici, on entre dans l’esprit punk, politisé avec quelques piques sur Nicolas Sarkozy, engagé contre le nucléaire, provocateur quand Pierre, le chanteur, annonce crânement « j’aime pas les Parisiens ». Torse nu et tatoué, il est soutenu par Thomas à la batterie pour lancer toutes ces piques et introduire les morceaux. Le bassiste déploie une vraie énergie, le groupe envoie sa sauce avec les titres du dernier album particulièrement speed. C’est en place et même s’il ne révolutionne pas le genre, le groupe imprime sa patte à cette musique. A ce sujet, énorme regret : le groupe a composé plein de morceaux avec une patte reggae ou dub. Vraiment dommage qu’ils n’aient pas montré ce visage ce soir car punk, ska, dub et reggae font bon ménage. Vu le temps imparti, sûrement ont-ils privilégié un set énergique qui dépote. Un dernier mot, ne leur parlez pas foot. A priori, les propos du chanteur là-dessus sont clairs : « Fuck le football, la compétition on la fait contre nous-mêmes ! ».
Uncommonmenfrommars
18h55, les Uncommonmenfrommars arrivent sur la planète Elysée. Les « Unco » remercient les Burning Heads d’avoir accepté de les dépanner en prenant leur place car ils étaient à la bourre. C’est sûr, Mars, ce n’est pas la porte à côté. Ceci dit, les deux groupes se connaissent, ont fait un split album et plein de concerts ensemble, donc entre potes, ils s’aident. Cela rejoint la phrase sur la compétition de Pierre des Burning Heads : ici pas de compétition. Pour en revenir aux UMFM, ils existent depuis la fin des années 90, ont sorti en octobre dernier Functionnal Dysfonctionnality et sont en tournée depuis début mars. Musicalement, on pense à tous ces groupes « punks » américains comme Green Day. Sur scène le groupe se défonce mais sans se démarquer et surtout sans susciter de grandes réactions de la part du public qui reste assez calme à quelques fans près qui pogotent. Même si la musique de ce groupe offre une touche différente par rapport aux combos précédents, celle-ci reste trop marquée par ses influences US pour susciter un réel intérêt. Là aussi, la prestation sera courte avec une set list qui équilibre titres du dernier album et anciens morceaux. Les Uncommonmenfrommars menés par leur chanteur aux deux couleurs de cheveux seront quand même applaudis par le public à la fin de la prestation.

Tagada Jones
Tagada Jones arrive et clôturera la parenthèse française de cette journée ouverte par les Black Bomb A. Leur dernier et sixième album « Les compteurs à zéro » en poche depuis septembre 2008, Niko et ses acolytes tentent de remuer ce public qui reste d’un calme désespérant. Ceci dit, il faut bien reconnaître que les Tagada Jones, même s’ils balancent la sauce, n’ont pas une musique des plus originale ni une prestation explosive. Niko communique avec les fans rappelant que « backstage, ils ont plein de copains », dédicacent une chanson à tous les groupes de la soirée mais il manque indéniablement quelque chose pour que le tout décolle. Plus de public ? Plus de temps aux groupes pour ne pas être contraint de balancer le plus de morceaux possibles dans le temps imparti ? Il y a de cela mais d’autres groupes ont montré et montreront durant des trois jours qu’il y a quand même de la place pour emballer les choses. Il faudra attendre l’introduction du dernier morceau pour sentir que quelque chose aurait pu se passer. Tant pis. Il est 20h10 et les bretons aux textes engagés laissent la place aux poids lourds de cette soirée.
Discharge
Il est 20h30 quand Discharge investit la scène. Discharge… Groupe culte et influent auquel même Metallica se réfère. Groupe qui a produit le meilleur, dont le flirt avec le métal a été décrié et qui a sorti en 2008, Disensitise, une nouvelle production à trouver sur le Net. Marquant le début des années 80 de son empreinte et créateur du son D-Beat en référence à ce rythme de batterie spécifique, la question est : que sont-ils en 2010 ? Et bien, soyez rassurés, Rat, Rainy, Bones et Dave se portent à merveille et nous l’ont prouvé ce soir. Peut-être que les die-hard, fans de l’âge d’or des Anglais, trouveront des choses à redire et qu’ils auront raison mais il n’en reste pas moins que les Anglais ont proposé la deuxième prestation marquante de la soirée obtenant d’ailleurs le deuxième slammer de ce vendredi. Pas d’ambiguïtés possibles, c’est la classe au-dessus, c’est bien de punk dont il s’agit. Du sale et qui tâche. C’est speed , sans fioritures et apprécié du public qui se montre plus actif. Rat, au chant, éructe ses textes et mine de rien, tient bien la scène. Côté guitares, Bones, bonnet sur la tête ne bouge pas trop et Dave à la batterie assure donc ce fameux rythme qui a tant marqué. Mais le plus impressionnant reste Rainy avec sa basse à la découpe originale, son allure de hippie qui aurait été croisé avec un grunge. Introverti, planant, sûrement ailleurs que sur scène, sa posture quasi zen contraste avec la furie sonore que balance le groupe. Mais les meilleures choses ont une fin et à 20h55, bye, bye. Un peu court tout de même.
The Exploited
Les crânes iroquois, de profil, reprenant la pochette de Fuck The System apparaissent sur le drap qui habille le fond de la scène. Les lumières s’éteignent et les gars de The Exploited prennent la scène d’assaut. Ce terme n’est pas juste une expression pour faire bien dans ce compte-rendu. C’est vraiment le cas. Les morceaux claquent, les musiciens sont au taquet. Wattie arbore une superbe iroquoise rouge et ne reste pas en place deux secondes. Irish Bob, jeune bassiste à dreadlocks, assure bien le contact avec le public. Et la banane aux lèvres fait vraiment plaisir à voir. Gav, brun tout de noir vêtu a une certaine classe et balance sa tête de droite à gauche en vrai metalleux. Willie, le frère de Wattie, maltraite ses fûts.
Côté public, il y a du beau monde. Le chanteur de Discharge est dans les stands de merchandising et les gars de Black Bomb A comme ceux de Tagada Jones assistent à la prestation des Anglais qui explosent d’énergie et tètent de la Corona. Le public répond enfin présent, scande des « hey, hey » sur un survitaminé « Troops Of Tomorrow » qui sera suivi dans un enchaînement d’enfer par « Fuck The System ». Pas trop le temps de souffler ici !
Au niveau setlist, les albums Fuck The System et Punk’s not Dead sont mis en avant, complétés par quelques titres de « Beat The Bastard », « The Massacre » ou « Troops of Tomorrow » dont le titre «Fuckin USA», qui remporte un franc succès. Et puis, il y «Sex & Violence» qui voit Snake et Poun des BBA monter sur scène. La classe, non ?
Il est 22h00 quand cette première journée s’achève sans rappels mais avec une superbe prestation des Exploited dont la formation éclectique mélangeant crête punk, dreadlock ou look plus métal est du meilleur effet.
En conclusion de cette journée, trois groupes se sont démarqué : Black BombA, Discharge et The Exploited.
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