« Bonjour à tous, Je vous rappelle la venue de Gérald De Palmas lundi 13 octobre matin à Lyon […] Merci de me dire si vous souhaitez une interview avec l’artiste. »
Lorsque l’on a reçu ce mail qui intervient dans le cadre de l’actuelle tournée française de Gérald De Palmas, on a pensé à vous et on s’est dit qu’interroger l’artiste sur le metal pouvait s’avérer intéressant. Qu’il connaisse ou pas ce style musical n’était d’ailleurs pas le plus important puisque le principe de la rubrique « Ce Qu’Ils En Pensent » est justement d’avoir un regard extérieur sur le style, une opinion personnelle.
Alors même si Gérald De Palmas n’est pas spécialiste de metal, au cours de cet entretien l’auteur/compositeur de « Sur La Route » (également interprète de « J’en Rêve Encore » et de pléthores d’autres tubes pop/rock) a gentiment accepté de jouer le jeu et d’évoquer son amour pour les Black Crowes ou son respect pour AC/DC. Vous noterez aussi que durant cette conversation spontanée d’une petite dizaine de minutes Gérald De Palmas évoque de lui-même le Hellfest, ce qui tend à prouver que le festival de l’enfer est aujourd’hui une marque qui a largement dépassé la sphère du metal en termes de rayonnement.
« Pour moi AC/DC sont des rois du groove autant que du rock et du blues. »
Radio Metal : Ton dernier album, intitulé De Palmas, a été enregistré avec un groupe alors que tu avais réalisé le précédent en solo. As-tu eu des groupes de références qui t’auraient particulièrement marqué que cela soit dans le rock ou dans le metal ?
Gérald De Palmas : Quand j’ai commencé à écouter de la musique à 13 ans j’étais très sensible aux groupes. C’est à cet âge là que je me suis dit que je voulais faire ce métier. Certains groupes me passionnaient comme The Specials ou encore The Beat, ce sont deux groupes de ska. Les deux premiers albums de The Police m’ont aussi beaucoup marqué. Sur la pochette de leur troisième disque (ndlr : Zenyatta Mondatta sorti en 1980), il y avait au dos des photos du studio et des types en train d’enregistrer, cela a été un vrai déclic. Je voyais les instruments, le studio et la basse, j’en étais fou ! C’est ce par quoi j’ai commencé.
Dans une de tes interviews tu parlais aussi du groupe The Black Crowes…
C’est venu beaucoup plus tard, dans les années 1992/1993. Depuis j’ai acheté tous leurs albums, je suis allé les voir plusieurs fois en concert. C’est un ami qui me les avait fait découvrir sur album. Ce qui est hallucinant chez ce groupe est la manière qu’a le chanteur (Chris Robinson) de placer ses mélodies. Il a une voix très particulière proche de celle de Rod Stewart jeune mais aussi très haut perchée. Harmoniquement c’est super bizarre. Les gens pensent que c’est un groupe de rock un peu lourdaud mais en réalité si tu écoutes vraiment les mélodies et la façon dont elles sont placées et les structures harmoniques des morceaux, c’est super chiadé. J’ai toujours été impressionné par ça.
Tu dis que certaines personnes peuvent considérer ce genre de groupes comme « lourdaud ». Est ce que tu penses que ce sont des clichés propres au monde du rock et du hard rock ? Et pour toi ils viennent d’où ?
Non les clichés sont partout. Tu peux avoir ces clichés par rapport au groupe de rock mais tu peux avoir la même chose vis à vis de la pop. Cela va dans les deux sens. Les mecs qui vont faire du rock et qui vont en voir un autre faire de la pop vont dire que c’est de la merde sans jamais véritablement écouter ce qu’il fait. Il en est de même pour la techno et la musique électronique. Je sais pas si t’as déjà écouté un mec comme Amon Tobin mais putain ça peut être considéré comme un gars qui met des samples bout à bout mais quand tu commences vraiment à écouter tu prends conscience de tout le travail qu’il y a derrière et de la finesse de ce que c’est. C’est pareil pour les Black Crowes, si tu rentres dedans tu réalises que c’est hyper fin, les arrangements sont particulièrement chiadés, sur un album comme Amorica (1994) il n’y a pas que des guitares mais plein d’instruments différents. C’est toujours pareil, il faut faire très attention aux clichés.
Beaucoup de personnes pensent que les musiciens de hard rock ou de metal sont de mauvais musiciens…
En tout cas dans les musiciens c’est plutôt le contraire. Parmi les musiciens on sait que techniquement ces gars-là sont forts. La double pédale et tout le bazar (sourires)… non non il faut pouvoir maîtriser ce genre de choses.
Tu n’as jamais écouté des groupes comme AC/DC ou Metallica ?
Pour toi c’est du metal ça ?
Oui pour moi c’en est car metal est le terme générique qui englobe tout.
D’accord ! Donc oui AC/DC j’en ai bouffé dans tous les sens mais pour moi ce n’est pas un groupe de metal dans le sens où je l’entends aujourd’hui. Pour moi AC/DC sont des rois du groove autant que du rock et du blues. Ils sont intelligents parce qu’ils savent qu’il suffit que la batterie ait ce style groovy et que la basse suive pour que cela porte le riff monstrueux de guitare qui est derrière.
Un groupe comme AC/DC passe très peu à la radio française…
Alors qu’aux Etats-Unis c’est monstrueux par contre…
D’ailleurs en France le style hard, metal n’est pas exposé…
Je crois qu’en France le rock a pris un sacré coup dans la gueule ! C’est très ringard de faire du rock en France… Enfin le rock comme on l’entend… Tu vois un mec comme Jack White (White Stripes) qui fait des trucs assez violents parfois, qui peut être très cru dans sa façon de jouer, en France, tu ne l’entendras pas à la radio. Il a monté un groupe il n’y a pas très longtemps, The Raconteurs, le projet est vraiment sympa. Cela marche un peu aux États-Unis mais ici on est passé complètement à côté. Cela fonctionne par vague donc ça va revenir mais pour l’instant je ne crois pas que les mecs vendent beaucoup de Gibson et d’amplis… Ce n’est pas dans l’air du temps et c’est dommage.
« Je crois qu’en France le rock a pris un sacré coup dans la gueule ! C’est très ringard de faire du rock en France… »
Est-ce que tu penses que le metal et le hard sont des styles de mode ? Le hard est tout de même là depuis les années 1960 /70 avec Led Zeppelin, Black Sabbath…
Je ne dis pas que ça c’est un phénomène de mode. Je dis que les modes changent et passent d’un style à l’autre, tu vois. En France ça change en fonction des lassitudes et cette lassitude s’applique à tout le monde, à tous les styles.
D’une certaine manière tu as été toi-même victime de cette lassitude. Ton premier album La Dernière Année (1994) a rencontré beaucoup de succès alors que le deuxième a été moins bien accueilli.
Je ne pense pas que c’était de la lassitude. C’est surtout moi qui aie voulu partir dans un virage trop rapide quoi…
Oui mais n’y a-t-il pas eu avant tout une lassitude des médias car ce deuxième album ne correspondait pas à ce que eux voulaient ?
Oui oui c’est-à-dire que moi je suis arrivé avec « Sur La Route » dans une période où il y avait justement ce côté un peu folk et bluesy avec une façon de chanter un peu différente, du moins rythmiquement parlant. C’était dans l’air du temps, c’était ce que les gens avaient envie d’entendre. J’ai eu de la chance. Sur le deuxième album j’avais envie de passer à autre chose, j’ai utilisé des samples, etc. mais en 1995/96 c’était un peu tôt. J’ai perdu des gens très rapidement.
Tu as su les récupérer par la suite avec des titres comme « J’en Rêve Encore »…
Ce qui est horrible quand tu fais de la musique comme ça c’est que les gens ou les médias – cela reste assez nébuleux pour savoir d’où cela vient véritablement – veulent plus ou moins toujours entendre la même chose. J’avais l’impression qu’il aurait fallu que je fasse tout le temps « Sur La Route ». Cela m’avait fait marré à l’époque mais après j’ai eu envie de faire harmoniquement quelque chose d’un peu plus sombre. Si tu écoutes le riff de « J’en Rêve Encore » il est beaucoup plus sombre que « Sur La Route ». Il faut essayer de ne pas toujours faire la même chanson. Si tu veux vivre de ce métier ce n’est pas facile longtemps, le slalom n’est pas évident.
Tu disais également dans une interview que le talent d’être ou non reconnu est dû à un certain nombre de choses comme la persévérance. Quelle est la chose principale qui t’a fait tenir dans les moments peut-être un peu difficile de ta carrière ?
C’est un mélange de plusieurs choses, ce n’est pas un truc. Quand tu as des enfants par exemple, tu sais que tu dois te bouger le cul et amener à manger parce que tu es responsable. De plus, Je ne sais pas faire autre chose. Quand je regarde en arrière je me dis que je ne sais pas trop mal faire des chansons. C’est déjà une grosse motivation de se dire « je ne sais pas faire autre chose et il faut que je nourrisse mes enfants ». Dans les moments où ça allait bien j’ai essayé de me diversifier pour voir quel plaisir je pouvais y prendre. Je me suis très rapidement rendu compte qu’il y avait peu de choses qui m’amenaient le frisson de la composition et de jouer sur scène. Je n’ai rien trouvé qui s’approchait de cette sensation là. Même si parfois pour tout un tas de raisons je me dis que je n’ai plus envie de faire ce métier, je finis toujours par y revenir car ailleurs je ne ressens pas ça.
Aujourd’hui, il est difficile de se lancer dans ce métier et de réussir à vivre de sa passion. Quel conseil pourrais-tu donner aux jeunes artistes et plus particulièrement pour ceux qui font du metal et qui n’ont pas d’exposition médiatique ?
Je connais assez mal malheureusement le circuit des concerts du metal par exemple. Je sais que le festival, le Hellfest, ça marche du feu de Dieu. Mon producteur de concerts, Arnaud Faz, est fou de ça d’ailleurs, il joue de la batterie et souvent il me parle du Hellfest. Je sais qu’il y a quand même un circuit. Sans y réfléchir plus longuement je crois que c’est le seul moyen en France pour pouvoir vivre de ce genre de musique. Tout ce qui est radio et médias de manière générale me semble cramé. Il reste peut être Internet mais qui gagne de l’argent sur Internet ? Peu de monde.
Interview réalisée en face à face réalisée le 13 octobre 2014 par Amaury Blanc.
Retranscription : Isa.
Fiche de questions et introduction : Amaury Blanc.
Site internet officiel de Gérald De Palmas : www.depalmas.net.
AC/DC est peut-être pas metal, mais For Those about to rock, c’est du plomb.
[Reply]
Le mec cite quand même Amon Tobin aussi…belle référence !
[Reply]
Intéressant.
Ce serait drôle que vous interviewiez Jenifer. Comme ça, les gens s’apercevront à quel point cette nana est d’une stupidité affligeante.
[Reply]
monstrueux
groove rock blues
on dirait le sketch des inconnus ce mec la connait que dalle
[Reply]
Ouais enfin AC/DC fait du hard rock, jusqu’à preuve du contraire. Et le hard appartient à la grande famille du rock. AC/DC a des influences blues. Et on peut pas enlever à AC/DC le fait qu’ils ont un groove bien à eux (merci Phil Rudd).
Donc ce qu’il dit m’a l’air tout à fait approprié.
Et au bout d’un moment, il faut remettre les choses dans leur contexte, c’est l’interview d’un artiste qui fait de la chanson française. C’est normal aussi que vu qu’il n’est pas dans la scène metal, qu’il emploie des termes plus généralistes pour en parler.
Effectivement les Black Crowes purée c’est du très lourd!!
[Reply]
bien que fan de metal depuis un quart de siècle, je ne suis pas sectaire et ce mec DE PALMAS est vraiment un artiste que j’apprécie !! trés bonne initiative que ce genre d’interview !!! bravo continuez (mais pas avec NABILA hein ?? surtout pas)….
[Reply]
Ouais, pareil.
Je doute que celle-ci accepte les demandes d’interview en ce moment…
Il a exactement la même vision de ses chansons que moi quand je les écoute… Ce mec est un artiste rare qu’il faut respecter, de plus, il n’a pas prit la grosse tête…
[Reply]
Très bonne interview, agréable à lire !
merci à RM 😉
[Reply]
Interview intéressante sur un bonhomme qui mérite d’être écouté. Tant musicalement que pour ce qu’il dit. J’espère que le principe du metal vu de l’extérieur va continuer sur sa lancé, j’aime assez le concept 😀
[Reply]
Hé bien oui , belle ouverture d’esprit en effet ! sa fait plaisir a lire ! Malgré le fait que j’aime pas trop la pop ; j’ai quand meme chanté sur ses chansons quand j’étais petit et je respecte son taf.
[Reply]
jack white peut faire des trucs assez violents….lol où ça? chez sa mémé?
[Reply]
Compare pas Jack White à Cannibal Corpse bordel, j’ai déjà vu des solos de Jack White plus torturés que beaucoup de morceaux de Metal Extrême garçon ^^
Et puis merde quoi Jack White est un putain de génie.
Jack White ?! Un putain de génie ?!!! Hendrix, Gilmour, Clapton, Slash, Berry… Les voilà les vrais putains de génies, ne confonds pas tout s’te plait
Un journaliste ‘spécialisé metal’ qui se fait reprendre et qui insiste… fantastique. Mention à la tentative de sauvetage ‘bah oui metal c’est le terme qui englobe tout’, c’est tellement…français comme conception du metal. J’ai bien ri.
[Reply]
Pourquoi, c’est pas le cas ?
Pour toi ACDC c’est du metal ?
ACDC ça se discute mais metallica faut pas déconner 🙂
Non AC/DC n’a jamais été du métal. Je pense que c’est la quintessence du rock mélangé au blues avec un son à fond! Rien de métal pour moi 🙁
Par contre Metallica c’est vraiment du gros metal, thrash 🙂
La grande famille c’est le Hard Rock —> heavy Metal —-> metal.
Qui mieux que AC/DC peut incarner le concept de Hard Rock …
En prime fils du métal des années 80 lol, je peux témoigner que c’est AC/DC qui a été le symbole fédérateur final si je puis dire et notamment avec l’album Highway to hell d’un mouvement musical que l’on nommait alors Hard Rock.
Donc on peut jouer sur les mots, au sens purement musical AC/DC n’est peut être pas du metal, mais au sens « communautaire » et esprit si je puis dire, le groupe en est bien l’un des piliers fondamental.
Gerald De Palmas est l’un des rarissimes artistes pop-rock que je respecte. Quand tu écoutes ces chansons dans la radio, tu sens que c’est travaillé et recherché, que ça a été fait par passion. Pas comme les autres bouses à la con de la radio.
Et aussi bravo pour son ouverture d’esprit.
[Reply]
il a quand meme eu pendant longtemps un guitariste de metal dans ses rangs …. il est orck est sympatoch’ le gerald et ce qu’il fait c’etait plutot bien arrangé … esperons le revoir plus « mediatiquement » il le merite
[Reply]
sympa le gérald!!!!!
sa musique n’est pas dégueu en plus 😉
[Reply]
Gérald est un vrai musicien et un guitariste hors pair, contrairement à d’autres chanteurs / musiciens français nettement plus médiatisés (non pas de nom !). Lorsqu’il joue on entends immédiatement dès les premières notes que les arrangements sont précis et les accords parfaitement exécuté. J’apprécie beaucoup ce qu’il fait sans être un fan pourtant. Je le verrai bien faire un jour un album instrumental de pur blues, Gérald si tu m’écoutes !