En annonçant l’enregistrement de End Of Disclosure fin 2011, le douzième album d’Hypocrisy, Mikael Hedlund ne faisait déjà pas de mystère : « Il est trop tôt pour dire comment cet album va sonner, mais ce que je peux dire, c’est qu’il n’y aura pas de changement de style. Ce sera du Hypocrisy classique, sans compromis. »
Hypocrisy cultive sans complexité surfaite un son bien reconnaissable au fil des années. Et c’est à nouveau le cas sur ce douzième album. Le corps de la musique du groupe suédois est un death métal puissant et direct qui laisse bonne place aux mélodies. Au chant, Peter Tägtgren varie les plaisirs entre des growls profonds typiquement death et des hurlements black plus secs et radicaux.
Hypocrisy atteint ses 23 ans d’existence autour du noyau dur formé par Tägtgren (guitare, voix, synthés) et Hedlund (basse), rejoints depuis 2004 par Horgh (Immortal) à la batterie. Lorsqu’en 2011, à l’occasion du DVD live Hell Over Sofia, Metal Shock Finland demande au groupe de définir ce qu’est l’essence et le but d’Hypocrisy, les musiciens répondent que c’est de « s’amuser », d’enregistrer un nouvel album et de partir en tournée. Pas d’ambition démesurée donc, si ce n’est que Peter Tägtgren, dans un entretien à paraître bientôt dans nos colonnes, oppose ce nouvel album à ses prédécesseurs immédiats qu’il juge plus « complexes » et « extrêmes » et expose sa volonté de « penser Hypocrisy à nouveau » et « revenir à ce qu’on faisait dans les années 90 : des structures de chanson simples, des mélodies très accrocheuses et des riffs heavy. »
L’essentiel sur End Of Disclosure, c’est une bonne dose de chant saturé, de blasts et, en particulier sur cet album, de riffs mélodiques. A commencer par le morceau-titre : un mid-tempo qui pose des riffs clairs sur un blast qui ne prend pas trop de place, pour un son lourd mais pas démesurément saturé. La place de la mélodie est centrale sur des morceaux comme « 44 Double Zero » ou « Hell Is Where I Stay ». Et souvent Hypocrisy choisit de couper son agressivité en intercalant aux deux-tiers d’un morceau plus énervé un pont mélodique ou un solo de guitare expansif : c’est presque un schéma récurrent sur « The Eye », « United We Fall » ou encore « Tales Of My Spineless », l’un des morceaux les plus radicaux de l’album qui profite de plusieurs mesures finales de shred.
End Of Disclosure conclut donc fidèlement avec un « The Return » qui boucle l’album en partageant avec le premier titre une atmosphère mélodique mid-tempo. Pourtant il n’y a pas lieu de s’inquiéter sur l’intégrité agressive d’Hypocrisy : « When Death Calls » et « Tales Of My Spineless » sont là pour le rappeler. Le tempo est rapide, le format court et direct. Peter Tägtgren est même descendu d’un ton dans les graves lorsqu’il growle. Pas question non plus, semble-t-il, de céder aux appels d’une ligne de chant clair : c’est à peine si quelques mots sont prononcés au lieu d’être hurlés d’une voix caverneuse sur « Tales Of Thy Spineless ». Et Tägtgren s’obstine à jeter ses cris saturés sur les plages quasi-atmosphériques de « The Return ».
Hypocrisy aime jouer avec ce qu’il maîtrise, ce qui a fait sa popularité parmi les amateurs de death mélodique dans les années 90 et ce qui continue très manifestement de l’inspirer. Les aliens par exemple, comme l’artwork se plaît à l’illustrer. Dans End Of Disclosure chaque chanson raconte une histoire, révèle des conspirations, des affaires étouffées et explore des thématiques chères à Hypocrisy. Écouter End Of Disclosure, c’est finalement rentrer rapidement sur un terrain connu et bien entretenu : un album dans la pure tradition d’Hypocrisy avec un extra mélodique.
Album End Of Disclosure, sortie le 22 mars 2013 via Nuclear Blast.