Tandis que mes collègues pleurent hypocritement (il faut bien l’avouer) la mort de Steve Lee, laissez-moi vous dire la vérité (et tant pis si le Doc a pour credo : « Quoi ? La vérité ? Mais on s’en moque de la vérité ! » ; ceci étant la version tout-public). Voilà comment s’est déroulée cette découverte : Metalo s’est précipité du haut de la mezzanine, hurlant à qui veut l’entendre : « Steve Lee est mort ! Steve Lee de Gotthard est mort ! ». Spaceman s’est figé un moment puis a repris l’engloutissement de son sandwich, le Doc est resté le nez collé à son clavier puis Metalo est allé écrire son article.

Je vous avoue que des nouvelles comme celle-ci, c’est du pain béni pour nous. Avant la hyène et le vautour, le journaliste est le premier des charognards. Tant que le corps est encore chaud, avant que les premières mouches viennent pondre dans les chairs, les journalistes se battent déjà pour avoir le morceau de choix : le scoop ! Le pompon ! La piñata ! Le jackpot ! L’occasion d’être le premier à offrir au monde la triste nouvelle. Et par bonheur, dans le monde du metal, d’autres sont déjà sur la liste pour continuer à offrir du grain à moudre à notre moulin. Suivez-moi dans le supermarché des drames à venir, je vais vous montrer notre petite liste de commissions.

Première étape : rayon glam metal. Nous avons sur notre liste Bret Michaels (Poison). Nos confrères de Metal Sucks disaient il y a encore peu de temps à son sujet :« la nature le veut peut être mort, mais regardez bien – ce mec va tous nous survivre. Il pourrait y avoir une guerre nucléaire, et ce qui survivraient seraient les cafards et Bret Michaels. Ensuite il essaiera de baiser les cafards. » Néanmoins, malgré cette agaçante tendance à la survie, nous prenons quand même commande. On rappelle que la glamouze a subit en avril une hémorragie cérébrale qui avait déjà été précédée d’une appendicectomie compliquée par son diabète de type 1 et suivi de la découverte d’un trou dans le cœur. Il a même récemment rejoint l’association américaine de lutte contre le diabète (American Diabetes Association), faisant au passage un don de 300 000$ grâce à sa victoire au show TV « The Celebrity Apprentice » et en participant à des campagnes d’information. En tout cas, avec une aussi belle gueule, nous ne pouvons que lui préparer une déjà bien belle nécrologie.

Ensuite : rayon maquillage, Peter Criss, ex-batteur de Kiss dans les années 70. Après avoir vécu une vie de tête brûlée, il annonçait, il y a un an, qu’il était atteint d’un cancer du sein. Non, ne vous demandez pas si je blague : des hommes peuvent être atteints de cette forme de cancer. Mais il continue à se battre et il nous raconte comment se déroule son traitement dans une interview publiée hier sur le site backstageaxxess.com. Mais c’est bien un cancer qui a emporté Ronnie James Dio et Eric Carr (qui a succédé à Peter au sein de Kiss), nous savons donc que c’est un saloperie particulièrement efficace.

Un petit dernier pour la route ? Et en parlant de petit dernier : rayon alcool ! Ce n’est pas nouveau, et les musiciens de metal n’ont rien inventé : on déplore des morts dues à l’alcool dans la musique depuis plus longtemps que ce que la science de n’importe quel musicologue puisse enluminer. Et c’est dans le bon sludge qu’on trouve les pires alambics. Kirk Windstein (Crowbar) a entamé une cure de désintoxication pour ses graves problèmes de bouteille et il en est aujourd’hui à cinquante jours d’abstinence. Il aura bien sûr droit à des « bravo ! » dans ses réunions des Alcooliques Anonymes. Nous, nous le gardons sur la liste. En plus, un cadavre mariné dans l’alcool frelaté made in Louisiana, ce sera un mets de choix pour nous autres nécrophages.