Se prendre une année rien que pour travailler sur un album est un sacré luxe. Presque inimaginable même, à une époque où le disque n’a plus la valorisation qu’il avait il y a quelques décennies et où tourner est devenu le moyen numéro un de subsistance pour les artistes. Sauf que certains parviennent tout de même à contourner la règle, grâce à leur capacité d’adaptation au monde nouveau, et à s’offrir ce luxe. Periphery, avec son nouvel opus IV: Hail Stan, est un des rares exemples.
En décidant de libérer son agenda pendant une année et de travailler sur son album « jusqu’à ce qu’il soit fini », Periphery démontre qu’il est encore possible de mettre la création au tout premier plan. Periphery délivre l’album qu’il voulait, audacieux, hétéroclite et sans compromis. Progressif, rentre-dedans, mélodique, brutal, électrique et électronique, IV: Hail Stan est tout à la fois. Il incarne le caractère touche-à-tout d’un groupe qui à partir d’une plaisanterie en vient à créer son propre label ou d’un coup de tête lance son propre camp estival. Nous en parlons avec le guitariste Jake Bowen.
« Nous cherchons à nous impressionner nous-mêmes avant tout, et nous nous poussons mutuellement, constamment, peut-être même sans le vouloir, à écrire des choses que nous n’avons encore jamais faites avec le groupe. »
Radio Metal : L’an dernier, vous avez annoncé la création de votre propre label, 3DOT Recordings. À ce sujet, Misha [Mansoor, guitare] a déclaré que, « la vision que [vous partagez] tous étant très forte, il était logique de l’étendre à un label, de façon à avoir un débouché parfaitement adapté à [vos] sorties ». Peux-tu développer ce qu’il voulait dire par là ?
Jake Bowen (guitare) : Nous avons toujours plaisanté avec cette idée, du genre : « Pourquoi on ne monterait pas notre propre label ? On peut y arriver, ça ne peut pas être si compliqué ! » Finalement, c’en est arrivé à un point où la plaisanterie s’est transformée en idée sérieuse. Ces dernières années, nous avons changé de manager, et quand nous lui avons fait part de notre idée, il a répondu : « Ça peut totalement se faire. » Comme l’a dit Misha, nous sommes sur la même longueur d’onde sur un bon nombre de choses. Je me considère très chanceux de faire partie d’un groupe où nous avons tendance à être d’accord plutôt qu’à se battre. C’est plus facile de prendre de grandes décisions, comme lancer un label ou trouver un nouveau manager pour représenter le groupe. Sans notre manager actuel, le label n’aurait pas pu voir le jour. C’est partiellement notre vision, mais c’est aussi la sienne, car il nous a donné la confiance nécessaire pour nous lancer dans le projet. Maintenant, nous sommes complètement indépendants, et nous avons une plateforme pour Periphery, pour nos projets parallèles, et pour d’autres groupes qui voudraient signer chez nous. C’est vraiment cool d’avoir ce genre de contrôle et de pouvoir soutenir la musique qui nous plaît.
Periphery IV: Hail Stan n’est pas seulement le premier album de Periphery à sortir chez 3DOT Recordings ; il marque également un changement dans votre approche de l’écriture et de l’enregistrement. Vous avez déclaré que vous aviez « enfin passé un an sur un album », ce que vous n’aviez encore jamais pu faire. De nos jours, prendre une année sabbatique pour faire un album semble complètement fou. Il est couramment admis que les disques ne se vendent plus et que les groupes doivent beaucoup tourner pour gagner leur vie. N’était-ce pas un peu suicidaire, ou en tout cas extrêmement risqué, d’opter pour cette solution ?
Un peu, oui. Heureusement, nous avons suffisamment le sens des affaires pour avoir d’autres formes de revenus qui nous aident à soutenir Periphery et nous permettent de prendre une année sabbatique. Personnellement, je ne trouve pas ça idéal, parce que j’adore tourner. Même si je déteste être loin de mon chien, j’aime vraiment cet aspect du boulot. Tout le monde est un peu dans la même situation. Dans le groupe, il y a des producteurs, des gens qui ont une entreprise de logiciels, Mark et moi donnons des cliniques sur la guitare partout dans le monde, ce genre de choses. Nous avons d’autres moyens de gagner de l’argent qui nous donnent la possibilité de travailler sur un album pendant un an. Évidemment, c’est une grande chance que la plupart des groupes n’ont pas.
Mark [Holcomb, guitare] a déclaré que vous étiez « en quête de liberté ». Dirais-tu que c’est le plus difficile à obtenir, surtout pour un groupe bien établi sur lequel les fans et l’industrie placent des attentes ?
Oui. Nous pensons forcément à ces attentes de façon inconsciente, mais quand nous écrivons, ce n’est pas vraiment un problème. Nous cherchons à nous impressionner nous-mêmes avant tout, et nous nous poussons mutuellement, constamment, peut-être même sans le vouloir, à écrire des choses que nous n’avons encore jamais faites avec le groupe. Si Mark ou Misha joue quelque chose qui attire mon attention, je vais lui dire : « Je veux faire ça ! Apprends-moi ! » Je vais apprendre cette nouveauté, puis je vais apprendre un nouveau type de phrasé qui me plaît, et je vais ensuite le réinterpréter pour quelque chose d’autre. Cet effet boule de neige entraîne une ambiance créative que nous utilisons pour toujours pousser le groupe vers l’avant.
Vous avez affirmé que vous aviez « vraiment pu faire tout ce que [vous vouliez] dans le laps de temps que [vous aviez] pour le faire ». Cela signifie-t-il que vous aviez une idée précise dès le départ de ce que devait être cet album, et le temps et les moyens de vous y consacrer ?
Nous ne nous sommes pas vraiment lancés en nous disant que l’album serait plus sombre et plus intense. Quand nous nous disons que nous allons travailler sur un album, nous commençons avec une idée, un riff ou un motif que quelqu’un propose. Puis nous étayons cette chanson, et quand elle est terminée, nous nous disons : « OK, quelle direction veut-on prendre à présent ? Maintenant qu’on a fait ça, est-ce qu’on va vers quelque chose de heavy et moche, ou bien on prend une direction plus apaisante et douce ? Qu’est-ce qu’on fait ? » Nous essayons de penser en ces termes. De cette façon, nous ne nous répétons pas tout au long de l’album avec une série de chansons heavy. Nous nous préoccupons vraiment de la diversité ; je pense que c’est ce que nous recherchons. Mais c’est intéressant, car même si l’album est assez diversifié au niveau instrumental, il reste très sombre. Beaucoup de chansons sont en mineur. Ça s’est juste passé comme ça, ce n’était pas intentionnel. Mais je suis très fier du résultat et j’espère que cela plaira aux fans.
« Parfois, des titres très longs naissent simplement de l’excitation qu’on ressent en approchant la guitare différemment. »
Dirais-tu que certains de vos albums précédents ont souffert d’un manque de temps ? Avez-vous dû faire des compromis par le passé ? Y a-t-il eu des moments où vous n’avez pas pu créer exactement l’album que vous souhaitiez ?
Oui. Je dirais que Periphery I, Periphery II et Juggernaut ne sont pas exactement tels que nous les aurions souhaités, mais nous avons fait au mieux à l’époque. Je suis fier de chacun de ces albums – ridiculement fier, même. Mais nous recevons toujours des propositions de tournée, les gens doivent prendre du temps pour être avec leur famille, et la vraie vie finit toujours par interférer avec l’enregistrement. Au final, nous nous disons : « Il faut avoir fini pour telle date, sinon cette opportunité va nous passer sous le nez. » Pour Periphery IV – et Periphery III, dans une certaine mesure ; je dirais que ces deux albums ont été créés avec le même état d’esprit et dans le même temps –, nous avons dit à Wayne, notre manager : « L’agenda doit être vierge, ne planifie rien, on travaille sur cet album jusqu’à ce qu’il soit fini. » Et il nous a dit : « OK, allez faire votre truc ! » C’est comme ça que nous avons abordé le processus.
Peux-tu nous en dire plus sur le processus d’écriture et d’enregistrement de l’album ? Comment s’est passée cette année de travail pour vous ?
Elle a été divisée en plusieurs étapes. La première, c’était l’étape de pré-production, qui a consisté à définir le planning et à déterminer dans les grandes lignes quand nous allions nous voir. Ça consistait aussi à partager les démos sur lesquelles nous avions travaillé chacun de notre côté, ou celles sur lesquelles nous avions travaillé ensemble par le passé, ou faire remonter de vieilles idées qui n’avaient pas trouvé leur place sur les albums précédents pour voir si nous pouvions en faire quelque chose. Ça, c’était la phase de pré-production. La deuxième phase était la véritable phase d’écriture. Nous en avons fait deux ; lors de la première, nous avons travaillé sur cinq ou six idées, puis, lors de la seconde, nous avons fini les autres et commencé à bidouiller celles sur lesquelles nous avions travaillé avant. L’étape suivante concernait surtout Spencer [Sotelo] pour le chant et Matt [Halpern] pour la batterie. Après qu’ils ont apporté leurs contributions, la dernière phase a consisté à enregistrer le tout.
Je n’ai aucune idée de la façon dont se passe l’écriture d’un album, mais à t’entendre, c’était vraiment un luxe.
Oui, parce qu’il n’y a pas à aller au bureau et parce que… Tu sais, aucun d’entre nous n’a encore d’enfant, donc nous avons tout le temps du monde pour faire ce genre de chose. Nous en profitons tant que nous le pouvons.
L’album commence par un titre de seize minutes, « Reptile », qui est le principal symbole de la liberté que vous vous êtes autorisée avec ce disque. Les groupes font rarement ce choix et casent généralement la chanson la plus longue et la plus épique à la fin – comme vous l’avez fait avec « Racecar » sur votre premier album. Y a-t-il une déclaration d’intention derrière ce choix ou cela faisait-il partie intégrante de votre vision pour l’album ?
Je pense que c’était plus une question de : « On n’a encore jamais fait ça, donc pourquoi pas ? » Nous n’y avons pas vraiment réfléchi. Nous nous sommes juste dit que nous allions en faire la première chanson et voir ce qui allait se passer. Je ne pense pas que nous ayons voulu affirmer quoi que ce soit, c’est juste la façon dont les choses se sont passées.
C’est la troisième fois que Periphery propose un titre aussi long et labyrinthique. « Reptile » devient même votre chanson la plus longue à ce jour. La première date d’il y a neuf ans ; comment avez-vous approché l’expérience cette fois-ci ?
C’était très similaire. Misha et moi avons écrit « Racecar » en 2007 ou 2008 en quelque chose comme deux jours, et il s’est passé la même chose avec « Reptile ». Cette fois, Mark faisait partie du processus. C’est d’ailleurs lui qui a eu l’idée des premiers riffs de la chanson, dans cet accordage très bizarre que nous n’avions jamais utilisé avant. Ça nous a inspirés, Misha et moi, à travailler avec Mark sur ces idées. Nous n’avons cessé de sortir des idées avec cet accordage, ce qui est exactement la façon dont « Racecar » s’est construite, parce que ce titre utilise lui aussi un accordage bizarre. C’est Tosin [Abasi] d’Animal As Leaders qui me l’avait montré. J’y suis devenu complètement accro et j’ai commencé à écrire des riffs dans cet accordage, puis Misha a pris la suite. Parfois, des titres très longs naissent simplement de l’excitation qu’on ressent en approchant la guitare différemment.
« Le djent étant beaucoup mieux établi aujourd’hui, je pense que nous préférons l’envisager comme un élément de Periphery plutôt que d’affirmer que Periphery est un groupe de djent. […] Je préfère le terme “metal progressif”, car il me fait penser à des groupes qui ont tendance à expérimenter. C’est ce que je préfère dans Periphery : expérimenter et écrire des trucs un peu dingues. »
En fait, la plupart des chansons ne respectent aucune règle traditionnelle. Je ne sais pas jusqu’à quel point tu peux parler pour lui, mais n’était-ce pas un peu difficile pour Spencer de s’y retrouver vocalement, surtout dans les seize minutes de « Reptile » ? Ou voyait-il ça comme un terrain de jeu pour explorer son chant ? Parce qu’il repousse vraiment les limites sur cet album.
Je pense que, par le passé, nous avons vraiment pris en compte le chant et la façon dont il pouvait s’intégrer dans les arrangements. Spencer participe toujours au processus d’écriture, et cette fois-ci, il nous a suggéré pas mal de choses d’un point de vue mélodique. Avant, il nous demandait souvent d’écrire de façon plus concise ou d’arranger les chansons de façon à ce qu’il puisse chanter confortablement par-dessus. Mais c’est intéressant, car pour ce disque, il nous a dit : « Lâchez-vous, les gars, écrivez des trucs de dingue ». Quand il n’y a plus de contrainte, ça libère vraiment le guitariste. Quand nous lui envoyions des arrangements ou des démos des chansons, il venait et suggérait ses propres idées. Même s’il était ouvert à des arrangements moins traditionnels, il nous a aidés à faire en sorte que les chansons soient aussi fluides que possible.
Anecdote intéressante à propos de cet album : « Sentient Glow » n’est pas uniquement une réécriture d’un titre de Haunted Shores (le projet studio de Misha et Mark), c’était aussi le titre d’audition de Spencer. Peux-tu nous parler un peu de cette idée initiale et du moment où Spencer l’a chantée, et nous raconter comment cette chanson a fini par se retrouver sur cet album des années plus tard ?
C’est effectivement la chanson qui a permis à Spencer d’avoir le job dans Periphery. Il nous avait envoyé des auditions bien avant ça, et nous entendions bien qu’il avait du potentiel, mais à l’époque, ce n’était pas exactement ce que nous recherchions. Nous avions fini par nous tourner vers quelqu’un d’autre, mais ça n’a pas marché. Le gars ne faisait pas l’affaire. Nous cherchions donc un nouveau chanteur, et Spencer était en train d’enregistrer des démos vocales pour « Sentient Glow », de Haunted Shores. C’était avant même que Mark ne fasse partie du groupe. Il nous a envoyé la chanson, Matt me l’a transmise, et je me suis dit : « Pourquoi on ne partirait pas sur ce gars ? C’est génial, c’est exactement ce qu’il nous faut ! » Matt et Misha étaient d’accord ; nous avions le sentiment qu’il était temps que Spencer rejoigne le groupe. Nous avons pensé mettre « Sentient Glow » sur tous les albums depuis Periphery II, mais pour une raison ou une autre, ça ne s’est jamais fait. Quand nous avons commencé à réfléchir aux démos sur lesquelles nous voulions travailler cette fois-ci, c’était l’une des premières à intégrer la liste. Tout le monde était très motivé : enfin, le moment était venu d’utiliser cette idée. Structurellement, peu de choses ont changé. La grosse différence, c’est l’évolution par rapport à la première version de Spencer, que nous n’avons jamais sortie. J’ai réécouté la vieille version récemment, et je me suis dit qu’il avait vraiment parcouru un bon bout de chemin. Pour l’anecdote, « The Price Is Wrong », sur Periphery III, était la chanson d’audition de Mark pour Periphery. Ça remonte à 2011, et cinq ans plus tard, le titre est sorti sur Periphery III. Le public finira par entendre tout ce que nous avons fait avant, mais ça nous prend parfois un peu de temps pour développer les démos ou leur trouver une place dans l’album sur lequel nous travaillons.
La boucle est bouclée !
Oui, c’est cool quand il y a une histoire derrière les chansons.
Pour le dernier titre de l’album, “Satellites”, vous avez réutilisé une technique à laquelle vous aviez déjà fait appel pour « Lune », sur l’album précédent : vous vous êtes installés dans une pièce avec de petits amplis au milieu et avez joué en face à face. Quel impact ce genre de configuration et ces interactions visuelles ont-ils sur la façon dont une chanson se développe ?
Ce que j’ai remarqué avec « Satellites », c’est qu’il s’agit d’une longue progression vers un final assez épique. Jammer dans ce genre de configuration se prête vraiment à ce style de chanson. « Lune », le dernier titre de Periphery III, a effectivement été conçu de la même façon. Je dirais même que c’était encore plus flagrant : nous avons jammé une grande partie de la chanson en face à face, tandis que pour « Satelittes », Mark et moi avons jammé ensemble pendant un moment, puis nous avons estimé que nous avions un cadre suffisant pour une démo – ou en tout cas, une idée qui nous inspirait suffisamment pour l’étoffer un peu et en faire une vraie chanson.
« Le camp est un environnement très intéressant. Nous préparons toujours un planning et une liste de choses que nous voulons faire, mais le plus intéressant, c’est quand les choses s’adaptent en fonction des participants. Ce sont eux qui influent sur le déroulement du camp. Au final, c’est un peu la famille Periphery élargie. »
Misha et toi avez créé un projet baptisé Four Seconds Ago et sorti un album, The Vacancy, l’an dernier. L’électronique a toujours fait partie intégrante de Periphery, mais vous avez véritablement exploré cet aspect avec Four Seconds Ago, et cet élément semble encore plus présent sur Periphery IV que sur les albums précédents, en particulier sur un titre comme « Crush ». Dirais-tu que Four Seconds Ago vous a encouragés à développer et à mieux intégrer les éléments électroniques dans la musique de Periphery ?
Je ne sais pas trop. C’est quelque chose qui nous a toujours intéressés et que nous avons toujours fait. Personnellement, j’ai même pris un peu de recul de ce côté-là, car sur les deux premiers albums, j’étais le seul à contribuer à l’aspect électronique. Juggernaut a changé la donne. J’ai fini par me dire : « Tout le monde devrait être impliqué là-dedans, je ne veux pas faire ça tout seul. Tout le monde a quelque chose à dire, on devrait tous travailler ensemble sur cet aspect. » C’est comme ça que nous en sommes arrivés là. J’ai sorti un album solo et, comme tu l’as dit, j’ai fait l’album avec Misha. Si vous voulez entendre exclusivement ce genre de chose, c’est disponible. Tout l’aspect électronique sur les albums les plus récents est beaucoup plus collaboratif.
Comment ton amour pour la musique électronique se mêle-t-il à la guitare ? Cela influe-t-il sur ton jeu d’une quelconque façon ?
Je ne crois pas. Je n’y pense pas en ces termes. Pour moi, ce sont des choses bien distinctes. Je suis dans un état d’esprit très différent quand je travaille sur de la musique électronique par rapport à de la musique adaptée à Periphery. Je suis sûr que l’un doit influencer l’autre, peut-être inconsciemment, mais ça n’en est pas au point où je le remarque.
Periphery est profondément associé au djent depuis les débuts du groupe, et est même considéré comme une référence en la matière. Dirais-tu toutefois que cet album prouve que cette idée est fausse et que Periphery est un groupe inclassable ? Ou le djent a-t-il toujours un sens pour vous et votre musique ?
Je pense qu’on retrouve des éléments de ce style dans notre musique. Mais le djent étant beaucoup mieux établi aujourd’hui, je pense que nous préférons l’envisager comme un élément de Periphery plutôt que d’affirmer que Periphery est un groupe de djent. Mais si c’est comme ça que les gens veulent nous décrire, ça nous va ! Ça ne nous dérange pas. Je préfère le terme « metal progressif », car il me fait penser à des groupes qui ont tendance à expérimenter. C’est ce que je préfère dans Periphery : expérimenter et écrire des trucs un peu dingues. Sur Periphery IV, chaque chanson est très différente de toutes les autres. C’est cet élément qui me plaît.
Vous avez lancé votre propre camp estival, le Periphery Summer Jam. Comment vous est venue l’idée de monter un camp d’été autour du groupe et quel est votre objectif ? Considérez-vous ça comme une université Periphery ou plus comme une thérapie pour musiciens, à la façon d’une thalasso ?
[Rires] Les deux et plus encore ! Le camp est un environnement très intéressant. Nous préparons toujours un planning et une liste de choses que nous voulons faire, mais le plus intéressant, c’est quand les choses s’adaptent en fonction des participants. Ce sont eux qui influent sur le déroulement du camp. Au final, c’est un peu la famille Periphery élargie. Nous faisons tous les trucs académiques de base, comme des séances de questions/réponses, un atelier musique électronique avec Misha et moi, un atelier batterie avec Matt, un atelier vocal avec Spencer, des jams acoustiques avec Mark… Mais le plus marrant, ça reste l’inattendu. L’an dernier, il a plu la moitié du temps, et nous ne pouvions pas sortir, alors nous avons mis en place des télés pour jouer à des jeux vidéo avec les participants. J’ai même organisé un tournoi de Mario Kart ! Il y a cette part d’inattendu que j’apprécie vraiment. Quant à savoir comment l’idée nous est venue, les camps musicaux existent depuis longtemps. J’ai entendu parler de camps de batterie, d’ateliers d’écriture, ce genre de choses. Matt a participé à un de ces ateliers batterie au Full Moon Resort, qui n’est pas très loin de chez moi, dans l’État de New York. Il leur a suggéré d’organiser un camp Periphery avec le reste du groupe – ou ce sont peut-être eux qui ont soulevé l’idée. Nous avons trouvé que c’était une super idée et nous avons monté ça. Nous adorons travailler avec cet hôtel, ce sont des gens très bien.
Interview réalisée en face à face le 21 février 2019 par Tiphaine Lombardelli.
Fiche de questions : Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Tiphaine Lombardelli.
Site officiel de Periphery : www.periphery.net
Acheter l’album IV: Hail Stan.