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Chronique Focus   

Pestilence – Exitivm


Difficile de suivre le parcours de Pestilence. Le groupe de death progressif néerlandais emmené par Patrick Mameli officie depuis plus de trente ans et s’évertue à ne jamais répéter exactement la même formule. Au terme d’une tournée qui a célébré les trente ans de l’album culte Consuming Impulse (1989), le groupe devait embrayer sur une nouvelle réalisation pour l’année 2020. Pandémie oblige, Pestilence a dû réviser ses plans. Pire encore, tout le line-up d’Hadeon (2018) a été renouvelé : après les départs du bassiste Tilen Hudrap et du guitariste Calin Paraschiv ces dernières années, c’était au tour du batteur Septimiu Hărşan de jeter l’éponge, ne pouvant plus assumer le statut de musicien dans ce contexte. Patrick Mameli a donc tout reconstruit pour engendrer Exitivm en s’appuyant sur un nouveau label – Agonia Records – et un line-up remodelé. Pestilence accueille désormais dans ses rangs le bassiste Joost van der Graaf, Rutger van Noordenburg à la guitare et Michiel van der Plicht derrière les fûts. Exitivm a pour dessein de mettre en avant la permanence de Pestilence malgré les conditions délétères pour l’exercice de la musique. Il se veut une « amélioration » de la musique précédente, qui était revenue aux fondamentaux de Pestilence sur Hadeon en abandonnant les guitares huit cordes, plutôt qu’un remaniement total. Même Pestilence peut faire acte de prudence.

L’album a été enregistré en deux mois l’été dernier aux studios Pitchnote Productions. Pestilence a réussi à respecter sa longévité en forgeant un son de guitare qui évoque le death des années 90 sans le formol. Tous les spectres sont respectés, avec un choix volontaire de placer les arrangements en arrière-plan, presque écrasés par les guitares et la voix. L’introduction « In Omnibus » donne des airs de production hollywoodienne à l’album avec ces nappes de clavier d’outre-tombe, ces arrangements de cuivres et cordes et ces percussions qui évoquent une production sci-fi de série B. Tous ces artifices s’effacent devant le riffing acéré et épuré de « Morbvs Propagationem » qui présente un Pestilence dans sa forme traditionnelle : une technicité certaine (Patrick a toujours cet affect pour le jazz-fusion et le riffing alambiqué), une violence ininterrompue et le growl appuyé de Patrick Mameli. Pestilence dissémine à nouveau quelques arrangements orchestraux synthétiques pour conférer de la densité au titre. « Morbvs Propagationem » annonce ainsi les ambitions d’Exitivm : un death à prouesses dans les règles de l’art à la recherche de l’épique. « Deificvs » profite à nouveau d’une légère introduction atmosphérique qui renforce ses contours horrifiques. Pestilence condense son propos. Malgré l’extrême technique déployée sur certains passages, il ne se perd pas dans des diatribes qui amoindriraient son efficacité.

Exitivm n’a pas été conçu pour surprendre ni pour éviter la redite. En réalité, Patrick Mameli a modernisé ses structures et accentué les ambiances sci-fi via les synthés, sans se détacher du travail réalisé sur Hadeon. Le riffing dissonant de « Sempiternvs » forme la colonne vertébrale du titre et ne souffre d’aucun agencement farfelu. Parfois, Pestilence élève les curseurs sur le plan technique, à l’instar des soli effrénés et déconstruits de « Pericvlvm Externvm » qui rappellent tout le potentiel instrumental du groupe. À l’inverse, Pestilence sait donner dans le riff gras et crasseux à l’image d’« Inficiat » et ses relents de Pantera. Toutefois, impossible d’appréhender Exitivm sans reconnaître que Pestilence a respecté une recette similaire sur ses dix mouvements (si l’on exclut l’intro et l’outro) : agression structurée souvent fulgurante et soli qui remplissent le rôle de l’avatar technique. La réussite vient de cette faculté à conjuguer ces arrangements discrets, la brutalité et la démonstration. Le morceau « Exitivm » en devient le porte-étendard en alternant riffs syncopés, phrasés tortueux, très légères ponctuations de synthé et harmonies malaisantes devenues au fil du temps presque synonymes de ce que représentent le death progressif et Pestilence en particulier.

Exitivm est une prise de position forte de la part de Pestilence : le groupe a accusé le coup et tient toujours sur ses deux jambes grâce à la détermination de Patrick Mameli. Ce dernier a conscience qu’il doit désormais se reposer sur trente années d’existence et sur ce qui a fidélisé son audience : un death violent, athlétique et dissonant aux ponctuations épiques. Exitivm est avant tout un rappel : celle de la forme olympique de ce Pestilence rénové, sûr de son vocabulaire et qui place ses fondamentaux sur un piédestal. Exitivm le clame haut et fort : la puissance vient de la concision et de structures extrêmement cadrées.

Clip vidéo de la chanson « Morbvs Propagationem » :

Album Exitivm, sortie le 25 juin 2021 via Agonia Records. Disponible à l’achat ici



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