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Interview   

Pestilence : Partick Mameli sans compromis


Dire que Patrick Mameli, leader, guitariste et chanteur de Pestilence, sait ce qu’il veut pour Pestilence est un euphémisme. Il veut le meilleur pour ce groupe qui est son bébé depuis plus de vingt-cinq ans et il veut aussi, et surtout, qu’il reflète de la manière la plus pure sa propre vision, au point de refuser d’écouter toute autre musique pour éviter toute influence extérieure. Il y a d’ailleurs quelque chose d’égocentrique, voire d’égoïste, dans la manière avec laquelle Mameli mène son groupe, tel qu’il nous en parle dans l’interview qui suit. Ce qui l’amène même à quelques contradictions, en particulier lorsqu’il dit vouloir s’entourer d’un line-up de « stars » mais en même temps avoue mal vivre le fait qu’ils puissent remettre en question sa musique.

Obsideo est le nom du nouvel album de Pestilence, centré sur le voyage de l’âme humaine après la mort. Un voyage mis en musique par des chansons brutales, lourdes et techniques. Car, même si Mameli ne veut pas être de ces groupes n’évoluant qu’en allant vers plus de brutalité, et si la musique de Pestilence semble partir dans ce sens, cela n’a lieu qu’avec plus de technicité, avec de meilleurs musiciens, et lui-même au meilleur niveau auquel il puisse se situer à un instant T de sa progression et de celle de son groupe. Car, comme dans son choix de se mettre à la guitare huit cordes, son ambition est avant tout de « faire un peu plus, mieux et différent ».

« Je devais débattre sur ma musique avec tous ces gars et c’est quelque chose de difficile pour moi, car j’ai toujours eu une vision sur la manière dont Pestilence devait sonner. »

Radio Metal : Il y a eu pas mal de mouvement ces derniers temps dans le groupe à la position du bassiste et du batteur. C’est devenu un peu difficile à suivre…

Patrick Mameli (guitare, chant) : Es-tu vraiment sérieux là-dessus ? Parce que je pensais que la page Facebook officielle ou ma propre page Facebook ont été plutôt explicites au sujet du line-up qui a enregistré le nouvel album de Pestilence. Ça n’a rien à voir avec la première idée qui était d’avoir un line-up avec Stephan Fimmers ou Tim Yeung. Très vite après ça, j’ai fait une déclaration très officielle pour dire que ce serait Georg Maier à la basse et Dave Haley à la batterie. Donc, je ne comprends pas la confusion autour de tout ça. S’il te plaît, dis-moi quel est le souci avec toutes les informations que vous tous, les gars, avez reçu ?

Eh bien, si tu vas voir le site officiel de Pestilence, ce n’est pas très clair. Georg Maier et Dave Haley sont tous les deux, effectivement, mentionnés en tant que bassiste et batteur sur l’album dans la dernière news au sujet de la signature du groupe sur Candlelight Records, mais sans annonce préalable spécifique, dans la mesure où la news précédente date de 2012 et concernait spécifiquement l’intégration de Stephan Fimmers et Tim Yeung, respectivement aux postes de bassiste et de batteur, avec même une déclaration de Fimmers. Et puis, il n’y a pas non plus beaucoup d’informations sur le line-up actuel sur Blabbermouth ou d’autres sites de news internationaux…

Je sais, Nicolas, qu’il y a eu pas mal de confusion sur internet à ce sujet et, de toute évidence, Internet ce n’est pas du temps réel, car tu peux poster quelque chose dans le passé et ce sera lu par des gens aujourd’hui. Donc, tu as raison. A l’origine, je voulais vraiment avoir Stephan Fimmers, car je voulais avoir une sorte de line-up avec uniquement des stars. J’ai besoin de gens qui sont capables de comprendre ma musique et qui savent comment utiliser leur instrument, et Stephan Fimmers de Necrophagist, bien sûr, est un incroyable bassiste et je voulais avoir un très bon batteur qui était capable de relever le défi. J’ai pensé à plusieurs batteurs et Tim Yeung était de ceux-là. J’ai aussi pensé à Derek Roddy, par exemple, et quelques autres gars. En fait, quelqu’un sur internet a mentionné le type de Psycroptic, c’est pourquoi je lui ai envoyé un e-mail pour lui demander s’il voulait faire l’album. Et il voulait le faire et c’était juste génial. Georg Maier a joué dans un groupe dénommé Dehydrated, je crois (rires), c’est quelque chose qui m’a vraiment plu et il adore Pestilence. C’est ainsi que le line-up a été complété.

Stephan Fimmers, lorsqu’il a été annoncé à l’époque comme étant le nouveau bassiste, semblait très heureux de ça et a déclaré la chose suivante : « J’ai hâte de faire partie d’un super nouvel album de Pestilence – Obsideo – je suis certain que l’album qui se prépare sera énorme ! C’est génial de rejoindre le groupe et jouer avec ces extraordinaires musiciens. » N’avait-il pas prévu qu’il ne serait pas en mesure de continuer avec le groupe ?

Ouais, je comprends cette question et je vais te dire ce qui s’est passé. Stephan Fimmers n’est pas qu’un bassiste, je crois qu’il est marié ou a une petite amie, et il a son propre studio, il enregistre lui-même des groupes. A l’origine, il pensait avoir le temps d’enregistrer et jouer avec nous en concert. Et tout d’un coup il s’est retrouvé avec énormément de demandes pour faire de la production. Beaucoup de gens ont voulu aller dans son studio. Voilà ce qui s’est passé, donc il n’avait plus le temps de continuer, d’enregistrer avec nous et faire quelques concerts, car son studio commençait vraiment à avoir la cote.

« J’ai peur d’être influencé. […] Ma musique doit être pure, il faut que ce soit Pestilence. »

Es-tu en quelque sorte frustré de l’instabilité du line-up du groupe ? Tu avais l’air très heureux avec le line-up de Doctrine…

Eh bien, laisse-moi te dire, c’est simplement une question de logistique. Si tu as un line-up complètement hollandais, tout le monde parle hollandais, tu n’as pas de problèmes de compréhension lorsque tu dis quelque chose. Et comme je l’ai dit, d’un point de vue logistique, c’est plus facile pour faire des répétitions. J’étais très heureux de ce line-up mais le mauvais côté c’était que ces mecs étaient tous des stars, ils sont tous incroyables. Je veux dire, Jeroen (Paul Thesseling) est incroyable, Yuma (Van Eekelen), derrière son jeune âge, est incroyable aussi. Je devais donc débattre sur ma musique avec tous ces gars et c’est quelque chose de difficile pour moi, car j’ai toujours eu une vision sur la manière dont Pestilence devait sonner. Et le fait de travailler avec ces génies… Ils ont leur propre idée de ce qu’ils pensent de ma musique. C’était donc difficile de faire en sorte que tout le monde fasse ce que je veux, vraiment. Avec ce nouveau line-up, ces mecs ne remettent pas en cause ma musique, elle est telle qu’elle est, ils la comprennent et essaient de l’amener à un haut niveau.

Mais ne penses-tu pas qu’il soit enrichissant de discuter de ta musique avec d’autres musiciens, pour voir s’ils ont de meilleures idées que toi ?

Si quelqu’un a une vision différente de ma musique, alors il doit me prouver que j’ai tort. Ce que nous avons fait avec Obsideo, c’est que j’ai envoyé des fichiers à Dave par internet, seulement un brouillon de guitares et des pistes de clicks, ou peu importe, et il jouait par-dessus ça et m’envoyait quatre ou cinq suggestions sur la manière dont mes rythmes pouvaient être. C’est quelque chose qui m’aide vraiment, au lieu d’essayer de débattre pour savoir si les riffs sont bons ou autre. Ces mecs que j’ai dans mon line-up aujourd’hui comprennent vraiment comment la musique fonctionne et me facilite vraiment la tâche pour que je puisse m’adapter à eux. Il est simplement question de s’envoyer des fichiers, les fichiers reviennent, tout le monde se met d’accord et c’est de l’histoire ancienne.

En fait, comment comparerais-tu Obsideo par rapport à Doctrine?

Wow, cet album est l’opposé total de Doctrine, vraiment. Comme je l’ai dit, il fallait que je débatte avec deux génies et ils avaient leurs propres idées au sujet de ma musique, il fallait donc que nous fassions des compromis et c’est ainsi que Doctrine est né. Je veux dire, je trouve toujours que cet album a des chansons qui sont des classiques et qu’il contient des gens extrêmement talentueux. C’est un classique. Dans vingt ans, je serais mort, et les gens reconnaîtront cet album. C’est ainsi que ça se passera. Je crois qu’avec Obsideo, ce que j’ai fait, c’est revenir aux racines de ma propre musique et de ce que j’aime, qui est ce type de trucs heavy totalement brutaux. Je n’ai jamais eu de line-up avec lequel je pouvais accomplir ceci, ce souhait que j’avais, d’essayer de faire la musique la plus brutale possible. Maintenant, avec Dave Haley, c’est différent, ce mec est un des trois meilleurs batteurs de death metal de tous les temps. Il est donc capable d’atteindre ces vitesses que je voulais vraiment et en sortir aussi un groove. Pour Doctrine, c’était plus « essayons de faire quelque chose, et n’essayons pas d’aller trop loin. » Et avec Obsideo, aujourd’hui, c’était plus du genre : « faisons-le ! » Je veux dire qu’Obsideo est le plus brutal des albums de Pestilence, n’est-ce pas ?

« La musique que j’entends provient de la radio. […] C’est plus du type techno ou de la dance et j’écoute cette merde toute la journée, et je me rends effectivement compte qu’il y a des côtés positifs dans n’importe quel type de musique, car tout est valable. »

Tout à fait. Je t’ai lu dire que Pestilence évoluait constamment et à quel point les fans adoraient le groupe pour sa progression. Comment, donc, qualifierais-tu la progression réalisée avec Obsideo ?

Écoute, c’est toujours très difficile d’essayer d’évoluer, car si tu essaies d’évoluer vers autre chose… Tu sais, la scène metal – tout particulièrement la scène death metal – est très vieille école. Donc, à chaque fois que j’essaie de faire autre chose, c’est un gros risque pour moi. Mais je le fais parce que j’aime la musique et je veux à chaque fois donner aux gens une vue différente sur Pestilence. Tu sais, la plupart des groupes là dehors essaieront de faire le même album mais simplement plus brutal. C’est donc plus de la même chose. Ce que j’essaie toujours de faire c’est d’évoluer et faire quelque chose d’autre par rapport à l’album précédent. Personne ne peut dire « cet album sonne comme Doctrine » ou « cet album sonne comme Testimony Of The Ancients ». Non, car ce n’est pas du tout le cas. Avec Obsideo, j’ai combiné tous ces albums, avec de meilleurs musiciens. J’ai eu plus de possibilités pour créer la musique la plus brutale mais avec énormément de technique.

Les trois albums que Pestilence a produit depuis sa reformation sont bien plus brutaux que ce que vous aviez fait avec Testimony Of The Ancients et Spheres, qui sont des albums de référence dans le genre death metal technique et progressif. Comme tu l’as dit, Obsideo est l’album de Pestilence le plus brutal que tu aies fait. Es-tu désormais plus intéressé par la brutalité que le fait de développer l’aspect progressif de ta musique comme tu l’avais fait avec Spheres ?

Je ne sais pas. Je veux dire, chaque fois il est question d’évoluer et de progresser. Je ne considère donc pas Obsideo comme étant différent de Spheres, vraiment, car avec Obsideo il est question de trouver différentes manières de montrer ma musique. La seule chose qui a foiré avec Spheres c’était la production. Si la production avait été bien plus brutale, il ne se serait pas autant détaché qu’il le fait aujourd’hui pour ses influences issues de la fusion. Chaque fois, j’essaie de faire mieux que ce que j’ai fait avant. C’est ce que je fais. J’essaie simplement d’être un meilleur musicien, un meilleur guitariste ; j’essaie simplement d’être meilleur globalement. Avec Obsideo, je n’y ai jamais réfléchi en me disant qu’il devait être un album exceptionnel. C’est juste la meilleure chose que je peux faire à ce stade. Si je deviens un meilleur musicien, alors je peux essayer de faire un peu mieux que ça. Disons que j’essaie juste de me prouver à moi-même où j’en suis dans ma vie musicale.

Tu joues désormais sur une guitare à huit cordes. Comment en es-tu arrivé à utiliser un tel instrument ? As-tu d’une certaine façon été influencé par un groupe comme Meshuggah ou le mouvement djent qui a démocratisé l’utilisation des guitares huit cordes ?

Eh bien, tu sais, honnêtement, on m’a beaucoup posé cette question, avec des gens qui demandaient : “Es-tu en train d’essayer d’être Meshuggah ? Est-ce que vous vous êtes mis à la guitare huit cordes à cause de Meshuggah ? » et ce genre de trucs. Écoute : nous n’écoutons pas de musique. Je n’écoute pas de metal, je n’écoute pas de pop, je n’écoute rien. Je n’ai donc pas la moindre idée de ce qui se passe dans le monde. Lorsque, en quelque sorte, j’en ai eu marre des six cordes, parce que j’ai appris et je sais comment en jouer, j’ai voulu essayer de faire un peu plus, mieux et différent. J’ai appris qu’il y avait des guitares sept cordes et ensuite je me suis dit qu’il devait y avoir des guitares huit cordes également. Lorsque j’ai commencé à lire sur internet, j’ai lu à propos de ce groupe nommé Meshuggah qui utilisait des guitares huit cordes, et je ne me disais pas : « Oh, ces types utilisent des huit cordes, il faut qu’on me laisse en utiliser aussi ! » Non, j’avais mes propres idées sur cet instrument et je réfléchissais en termes de gammes, sur la manière de descendre en gamme et comment ça fonctionnait si tu as différents intervalles grâce aux cordes de Si et Fa dièse. Je réfléchissais simplement à ces choses par moi-même et nous avons commencé à utiliser ça pour Doctrine. C’était un tel soulagement pour moi de jouer cette guitare. Imagine toi en train de conduire la voiture que tu as depuis vingt putain d’années, tu connais tout de cette voiture, n’est-ce pas ? Donc, maintenant j’ai échangé ma six cordes pour une huit cordes : maintenant je conduis une voiture différente, la sensation est différente. Il faut simplement que tu essaies de ressentir ce qui se passe. Nous avons donc essayé ça pour Doctrine et j’ai trouvé que ça fonctionnait pour nous. Peut-être que la production n’était pas la meilleure, ou peut-être que les gens n’ont pas aimé le chant ou je ne sais quoi, car Pestilence a toujours été pareil. J’ai toujours usé de la même formule toute ma vie, donc je ne comprends pas ce qu’ils n’aiment pas dans Doctrine. Mais pour Obsideo, les chansons ont été spécialement écrites pour une huit cordes, pas sur une six cordes puis transposées, et c’est ce qui les rendent si puissantes.

« Il n’y a pas beaucoup de choses que j’apprécie vraiment écouter, à l’exception des fois où je regarde ces chaînes de comédies à la télé parce qu’ils ne font que rire en permanence. »

Depuis quelques années le metal repousse les limites des extrêmes, par exemple avec des accordages de plus en plus bas comme ce que tu fais en utilisant une guitare huit cordes. Penses-tu que ce soit une vocation pour le metal, de repousser les limites et de devenir de plus en plus extrême ?

Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée comment ceci fonctionne. Je ne sais pas ce qui définit un style. Je pense que tout possède la marque de son époque, donc tu auras différents mouvements musicaux qui apparaîtront. Un mouvement perdurera pendant deux ans, un autre pendant quatre ou cinq ans. Je ne sais pas si la huit cordes pourra tant marquer la musique des années 2000 ou 2010. Ce que je sais c’est que les gens veulent toujours plus et être plus fou, il faut que ce soit rapide, il faut que ce soit plus brutal, il faut que ce soit rentre-dedans, jusqu’à que ça ralentisse et ensuite d’autres mouvements apparaîtront. Tout est une question de groove ou quelque chose comme ça, tu sais.

Tu as dit un peu plus tôt que tu n’écoutais aucune musique. Comment est-il possible de faire de la musique sans jamais écouter de musique ?

Eh bien, c’est ce qui maintient les choses fraîches pour moi. La musique que j’entends en effet provient de la radio lorsque je suis à mon boulot régulier. Je dois l’écouter parce que ça passe à la radio et tout le monde veut l’écouter. C’est plus du type techno ou de la dance et j’écoute cette merde toute la journée, et je me rends effectivement compte qu’il y a des côtés positifs dans n’importe quel type de musique, car tout est valable, tu sais ? Je veux dire, si c’est naze, c’est naze mais si c’est de la bonne musique, n’importe quel genre est bon. De mon côté, j’ai peur d’être influencé. Je veux dire que tout le monde est influencé par les médias ou la radio ou quoi que ce soit, et ça m’influence aussi. Donc si je suis quelqu’un qui essaie de produire de la musique et que j’écoute une autre musique, et que ma musique est compromise à cause de ça, alors ce n’est plus ma musique. J’essaie vraiment de me tenir à l’écart de ce genre de sources de manière à ce qu’il n’y ait aucune influence provenant de l’extérieure qui puisse changer ma musique. Ma musique doit être pure, il faut que ce soit Pestilence, tu vois ? C’est comme ça que je procède. J’essaie d’être original. Je sais en écoutant mes vieilles démos et cassettes que j’ai été influencé par Slayer, par Death et d’autres groupes. Tu peux l’entendre dans ma musique et je ne veux pas faire ça. Je veux être Pestilence.

Mais penses-tu que l’on puisse faire de la musique sans strictement aucune influence. Car, si ce n’est de la musique, tu es certainement influencé par d’autres choses qui surviennent dans la vie…

Je n’aime pas regarder les infos à la télévision parce que tout est putain de négatif et ça craint. Je n’aime pas écouter la radio. Il n’y a pas beaucoup de choses que j’apprécie vraiment écouter, à l’exception des fois où je regarde ces chaînes de comédies à la télé parce qu’ils ne font que rire en permanence. La vie te fait vraiment déprimer à un moment donné. Je peux me sentir concerné par la mort. Lorsque quelqu’un meurt, je peux m’identifier à ce qui arrive à l’âme de cette personne – va-t-elle au paradis, va-t-elle en enfer ? J’ai donc mes propres idées en ce qui concerne ce qui arrive à l’âme humaine lorsque quelqu’un meurt. J’ai donc pensé que peut-être ça fonctionnerait d’un point de vue musical, et c’est ainsi qu’Obsideo est né.

« Je suis comme un dieu de la guitare aussi, donc… »

C’est un thème commun à travers l’album, « le voyage de l’âme humaine ». Peux-tu nous en dire plus ?

Il y a des gens qui sont athées et qui croient qu’il n’y a rien après la mort, que lorsque tu meurs, tu es fini. J’essaie toujours d’avoir une idée positive, en me disant que peut-être il y a un sens à la vie, que lorsque tu meurs, tu n’es pas juste mort mais que tu vas dans un autre endroit. Et j’ai commencé à lire des livres à propos d’ésotérisme et des différentes couches de la réalité, etc. J’en suis venu à penser que peut-être ça pourrait se marier avec ma musique. C’est très brutal. L’intro, lorsque le type meure, te donne tout de suite une idée du cadre de l’album : il explique ce qui pourrait se passer après la mort. La plupart des musiques que l’on entend à la radio parlent d’amour ou peu importe, mais ça, c’est quelque chose qui t’emporte dans un voyage. Chaque chanson t’amène plus loin dans l’âme de la personne qui est en train de mourir.

Tu as produit l’album toi-même…

Depuis que j’ai mon groupe Pestilence, j’ai toujours produit mes propres albums, à commencer par Malleus. J’ai toujours fait la production de tous mes albums. Pour Obsideo, c’était pareil. Je suis le type qui sait tout de ma musique et je peux donner à l’ingénieur qui fait les enregistrements toutes les idées que j’ai dans ma tête pour faire en sorte que ça fonctionne. Je suis là 24 heures par jour et 7 jours par semaine lorsqu’ils enregistrent et mixent. Je suis toujours là. Il faut que ce soit ainsi. Je ne veux pas être un de ces types qui donnent la balle et voit ce qui se passe ensuite. J’essaie toujours de garder le contrôle sur mes produits jusqu’à qu’ils sortent et ensuite ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent avec.

Pourtant dans les crédits de Testimony Scott Burns est spécifié comme producteur, sur Doctrine, Victor Bullock est mentionné à la production avec toi…

Ces mecs, on appelle ça des ingénieurs. Ils orchestrent les choses, moi je produis. Je suis celui qui leur dit quoi faire, car je suis celui qui connaît ma musique. Penses-tu qu’ils écoutent toutes nos démos avant que nous arrivions en studio et disent que cette partie n’est pas bonne ou ci ou ça ? Non, bien sûr que non. Nous venons dans le studio et ces mecs enregistrent nos chansons, et je leur donne ma vision sur la manière dont ça doit sonner ou comment cela doit être. C’est ainsi que ça fonctionne. Ça devrait être marqué « produit par Patrick Mameli », car je produis tous les putains d’albums. J’ai fait Resurrection, j’ai fait Doctrine, j’ai fait Testimony, j’ai fait toute cette merde, j’ai toujours été là. Parfois les gens au sein des maisons de disques veulent dire que c’est produit et orchestré par le même gars, parce que c’est lui qui a effectivement fait l’enregistrement, mais ça ne veut pas dire qu’il connaît la musique, n’est-ce pas ?

Et penses-tu que ce soit une mauvaise chose pour un groupe de faire appel à un producteur ? Car c’est ce que font la plupart des groupes, ils ne produisent par leurs albums eux-mêmes…

Ouais, je suppose. Je ne sais pas. C’est juste fou.

Pestilence a tout juste signé avec Candlelight Records. Penses-tu que ce soit un label plus approprié pour Pestilence que Mascot Records ?

Eh bien, tu sais ce que c’est ? OK, j’ai fait l’album Resurrection Macabre avec Mascot records mais après avoir fait Doctrine, j’ai vu sur ma page Facebook beaucoup de gens qui n’arrivaient pas à avoir l’album parce qu’il n’était pas en magasin. Alors j’ai commencé à me dire que peut-être Mascot, globalement, n’est pas si gros. J’ai donc arrêté avec eux. On m’a donné l’opportunité de parler avec les mecs de Candlelight. Dans la mesure où je n’étais plus sous contrat, j’avais le choix entre différents labels. Je voulais un label qui n’était pas trop gros mais qui avait une couverture globale, au lieu de n’avoir qu’un très gros bureau comme Nuclear Blast et n’être qu’un groupe parmi d’autres. Je ne veux pas ça. Je sais comment fonctionne l’industrie de la musique et je sais que j’ai de bonnes idées pour cette musique et je veux la maintenir en vie aussi longtemps que je vis. J’ai donc essayé d’avoir une maison de disques qui me soutient et ils sont simplement ce qu’il y a de mieux pour nous à ce stade.

Peut-être que le problème avec Mascot Records était aussi que ce n’est pas vraiment un label pour le death metal. Ils n’ont pas beaucoup de groupes de death metal ; ils sont plus portés sur les guitaristes, le classic rock et des trucs de ce genre, non ?

Ouais, ça pourrait être vrai aussi. D’un autre côté, je suis comme un dieu de la guitare aussi, donc… Je pourrais jouer ce genre de trucs. Des dieux de la guitare reconnaissent que je suis un bon guitariste aussi. J’entends ça tout le temps. Ça ne veut pas dire que nous n’avons pas eu une bonne couverture parce qu’ils ont des guitar-heros et des trucs plus bluesy. Ce n’est qu’une histoire d’argent. Si tu es une grosse boîte, tu peux vraiment pousser tes groupes. Et si tu n’as pas tant d’argent, tu ne peux pas, tu vois.

Interview réalisée le 15 octobre 2013 par Spaceman.
Retranscription et traduction : Spaceman.
Introduction : Spacemanimal.

Site internet officiel de Pestilence : www.pestilence.nl

Album Obsideo, sortie le 12 novembre 2013 chez Candlelight Records.



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