Tête pensante d’Hypocrisy, fondateur de Pain, producteur de la moitié des groupes de death metal de Suède et d’ailleurs… D’une façon ou d’une autre, qui peut prétendre ne pas connaître Peter Tägtgren ?
À l’occasion de la sortie de You Only Live Twice, le nouvel album de Pain prévu le 3 juin prochain dont l’appellation rappelle un certain James Bond de 1967, le producteur-chanteur-multi-instrumentiste a fait le déplacement à Paris début mai pour s’entretenir en direct avec les médias metal de l’Hexagone. C’est avachi dans un canapé, la casquette vissée sur les yeux et avec une bonne gueule de bois par-dessus le marché que Peter a répondu à nos questions. Tim Burton, Hypocrisy, les Beatles, James Bond et Jack Sparrow, Monsieur Pain nous dit tout en allant, comme à son habitude, droit au but.
Radio Metal : Comment vas-tu ?
Peter Tägtgren (chant/guitare) : Bien. J’ai une petite gueule de bois. J’étais en Finlande, hier, pour rencontrer le management. J’ai peut-être pris un ou deux verres de trop !
J’allais te demander si tu étais au concert parisien de Children Of Bodom hier soir, mais apparemment…
Non. Si je n’avais pas été en Finlande, je serais resté ici, à l’hôtel. Comment était le concert ? C’était bien ?
C’était très bien.
C’est vrai ? C’était où ?
Au Bataclan. Sans doute la salle la plus étouffante de Paris !
Est-ce qu’il s’agit de la salle à côté du Zénith ?
Non, à côté du Zénith, c’est le Trabendo.
Qui peut accueillir environ 800 personnes, c’est ça ?
Oui, quelque chose comme ça. Tu as consacré la plus grande partie de l’année 2010 à Hypocrisy. Comment cela s’est-il passé ? Comment était la tournée en Amérique du Sud ?
Oh, c’était super. Nous avons eu beaucoup de succès : beaucoup de gens sont venus nous voir, c’était cool. C’était sympa de faire une pause et de s’éloigner un peu de Pain pour partir en tournée avec Hypo. À la maison, je passais mon temps à écrire pour l’album de Pain. C’est sympa de faire telle chose un jour, et telle autre le lendemain, histoire de garder l’esprit ouvert.
Vous deviez enregistrer un DVD en Bulgarie. Peux-tu nous en parler un peu ? Pourquoi Sofia ?
Parce que les gens là-bas sont dingues ! (rires) Je suis passé là-bas avec Pain et le public était vraiment, vraiment bon. Le management était avec moi, et ils m’ont dit : « Tu devrais faire un DVD avec Hypo. Vous n’avez pas de DVD live, seulement des enregistrements du Wacken, et ça date de 1997 ». J’ai dit qu’on pouvait le tenter. C’est comme ça que ça s’est fait.
En préparant cette interview, je suis tombée sur un flyer datant de l’époque Cynic Paradise sur le MySpace de Pain. Le flyer citait Pain comme étant un groupe « mené par le cerveau derrière Hypocrisy, Peter Tägtgren ». Après toutes ces années, est-il vraiment nécessaire de rappeler aux gens que tu es aussi le leader d’Hypocrisy ? Pain n’est-il pas connu pour lui-même ?
C’est dingue, hein ? Je pense que les types qui impriment ça sont en mode pilote automatique, ou un truc du genre. Pain a son existence propre, maintenant. Nous avons atteint le même statut qu’Hypocrisy. C’est difficile de voir qu’on évoque toujours l’autre groupe, ou cette histoire de « cerveau ». Quel est l’important ? C’est un groupe, c’est Pain ? C’est ça, le plus important.
Certains titres de You Only Live Twice comptent parmi les plus heavy et les plus hard du répertoire de Pain à ce jour. Je pense notamment à « Let Me Out » et à « Monster ». Pourquoi avoir pris cette direction ? Trouvais-tu Cynic Paradise un peu trop soft ?
Je ne sais pas… Quand j’écrivais cet album, je me disais seulement que je voulais vraiment faire un ou deux titres très rapides. Mais surtout, quand j’ai commencé à écrire, je ne me suis pas mis au clavier. J’ai commencé à écrire la musique de Pain à la guitare. J’imagine qu’à cause de ça, l’album est automatiquement devenu plus heavy. Avec la batterie de David et une vraie basse, tout est devenu plus organique. Je ne sais pas si c’est le sentiment qu’aura le public, mais moi, j’en suis très satisfait. Et c’est plutôt cool de choquer les gens. Quand la première chanson commence, on se dit : « Hein ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
Le nouveau single de Pain, « Dirty Woman », est disponible au téléchargement sur le site officiel. De plus en plus de groupes se mettent à faire la même chose, à savoir permettre aux fans de télécharger un ou deux titres du nouvel album gratuitement. Est-ce une façon de dire aux gens : « Voilà un petit cadeau ; maintenant, si vous voulez le reste de l’album, achetez-le, ne le téléchargez pas » ?
Non, je ne pense pas en ces termes. Je me dis seulement : « Sortons quelque chose pour faire la promo de ce qui va suivre ». Les gens peuvent télécharger le titre s’ils l’apprécient, et sinon, ça me va aussi. C’est pareil pour les vidéos. De mon point de vue, le but est de dire : « Voilà un peu de nouveauté, quelque chose de plus gros arrive très vite ».
Quand nous avons interviewé Devin Townsend il y a quelques semaines, il nous a dit que le téléchargement illégal ne le gênait pas du tout, si cela signifie que plus de gens pourront découvrir sa musique. Partages-tu cette opinion ?
Tout à fait. C’est la même chose pour moi. Internet est à la fois une bonne et une mauvaise chose. C’est une mauvaise chose parce que les maisons de disques ne font plus d’argent, et elles ne peuvent plus investir dans des groupes ou des trucs du genre. Ça, c’est le mauvais côté. Le bon côté, c’est que de plus en plus de gens découvrent de plus en plus de groupes. Tu peux découvrir ce qui deviendra peut-être ton groupe préféré simplement en cliquant et en explorant.
Et après ça, ces gens vont en concert…
Oui, exactement. Ils achètent des T-shirts, ou bien le reste du catalogue s’ils ont envie d’avoir les CD physiques. Certaines personnes se fichent des CD, mais d’autres non. Globalement, je crois que c’est positif.
« Dirty Woman » a été diffusé pour la première fois par une radio FM suédoise appelée Bandit Radio. Il serait impossible de rêver d’une chose pareille en France, où même les soi-disant « stations rock » ne diffusent des groupes plus brutaux que Led Zeppelin qu’une fois tous les 36 du mois. Toi qui as parcouru le monde, comment expliques-tu la différence entre des pays comme la Suède, la Finlande ou l’Allemagne, par exemple, qui sont très ouverts en ce qui concerne le metal, et la France, qui semble tout faire pour ne pas reconnaître l’existence de ce genre musical ?
Je pense que cette ouverture d’esprit ne se retrouve qu’en Scandinavie. La Finlande est un pays très ouvert. J’imagine que ça dépend de la façon dont le business fonctionne d’un pays à l’autre. Tout ça est contrôlé par les maisons de disques et leurs conneries, ainsi que par les radios. C’est triste, évidemment. Mais en France, Pain est un énorme groupe. Les fans sont extrêmement impliqués, et du coup, nous essayons de l’être aussi. Aucun autre pays ne fait ça pour nous. Nous avons un site Internet français, on ne voit ça ni en Finlande, ni en Suède, ni nulle part ailleurs. C’est très cool de voir que les fans français sont aussi dévoués. Finalement, on se fiche de ce que font les radios.
Le site officiel français de Pain a organisé un concours spécial ; les gagnants auront la chance de rencontrer le groupe en backstage lors de la tournée française, cet automne. Vous avez donc vraiment une relation spéciale avec les fans français et les responsables du site français ?
Oh oui, carrément. Ça n’arrête pas. Ils nous demandent souvent : « Est-ce qu’on peut organiser ceci ou cela ? Vous pourriez nous fournir ceci ou cela ? » On peut, il n’y a aucun problème. En France, peu de gens parlent anglais, alors avoir un site en français est une bonne chose. Et c’est bien que ce soit tenu par des fans. Ils peuvent prendre la direction qu’ils veulent, tout ça n’a rien à voir avec les maisons de disques. Ils sont libres de faire tous les concours qu’ils veulent et d’offrir des trucs.
La vidéo de « Dirty Woman » est pour ainsi dire un véritable cliché rock, avec les gros tatouages, les filles qui dansent et votre batteur, David, qui détruit son kit à l’arrière-plan avant d’y mettre le feu. Ce côté cliché était-il voulu ?
Ouais ! Soit on fait une vidéo très sérieuse, mais ça coûte la peau des fesses, parce qu’il faut faire ça bien, soit on fait une vidéo marrante. C’est une idée que j’ai eue en Amérique du Sud, quand j’étais à l’hôtel. J’ai appelé le management et je leur ai dit : « Est-ce que ce ne serait pas cool de faire une vidéo où on serait super sérieux et cool, tandis que David ferait ses propres trucs dans notre dos ? » Au début, il devait s’agir d’un plan séquence tout du long. Mais David a commencé ses trucs pyrotechniques, et tout est parti en vrille. On a alors pensé : « OK, il faut couper et placer quelque chose entre les plans. Oh, il nous faut des filles ! » Étant donné que la chanson s’appelle « Dirty Woman »… On connaissait un peu ces mannequins de nuit de suédoises, alors on les a contactées et elles en ont parlé à d’autres filles. Nous n’avions pas le droit d’assister au tournage, on n’a rien vu du tout – sauf le gars qui filmait, bien sûr. Le résultat était cool. C’est une vidéo pas chère, mais elle est marrante !
À la fin de la vidéo, un écran annonce : « À suivre ». Avez-vous déjà tourné un autre clip dans la même veine ? Si oui, quelle sera la chanson ?
Je ne peux pas t’en parler ! Je peux te dire que le titre sera « The Great Pretender », mais je ne peux pas te dire de quoi parlera la vidéo. Ce sera aussi un clip drôle, je pense. Ce n’est pas encore filmé, mais ça le sera bientôt. Fin mai, je dirais.
À propos de la pochette de You Only Live Twice, tu as déclaré : « Je voulais un côté ‘L’Étrange Noël de Monsieur Jack’ rencontre ‘Alice au Pays des Merveilles’. La pochette a un petit côté Tim Burton ». Pain n’est pas vraiment le genre de groupe que l’on penserait influencé par Tim Burton. Dirais-tu que cette influence s’étend à la musique, ou est-elle limitée à l’artwork ?
C’est limité à l’artwork. Et c’est une très bonne chose, parce qu’on va pouvoir faire de super décors de scène. C’est une idée que j’ai eue après avoir vu ‘Alice au Pays des Merveilles’. Tout est tellement fou et tordu, je voulais avoir la même chose sur la pochette.
En parlant d’influence, le titre de l’album et la chanson du même nom te sont-ils venus par hasard, ou es-tu un fan de James Bond ?!
Je suis fan de James Bond, mais le titre n’a rien à voir avec ça. Il y a six mois, notre management m’a dit : « Hey, si on appelait l’album comme ça ? » Je leur ai répondu : « Vous êtes cinglés ? » Ils trouvaient ça cool, mais pas moi ! Et puis j’ai commencé à y réfléchir, j’ai écrit les paroles de cette chanson, et j’ai pensé qu’il y avait plus dans ce titre qu’on ne le penserait au départ. Je me suis alors dit qu’on pouvait peut-être le garder. Mais ce n’est qu’un titre. Pour moi, les titres et les pochettes ne veulent pas dire grand-chose. Le principal, c’est la musique, c’est ça qui m’intéresse.
En décembre, vous avez lancé un appel aux fans sur votre forum officiel pour vous aider à décider quels titres jouer ou non lors de la tournée. Pourquoi avoir fait cela ? Avez-vous peur que le public se lasse d’entendre toujours « the same old songs » – et le jeu de mots est totalement voulu…
(rires) Non. L’idée, c’est que les gens paient pour nous voir en concert ; ils doivent pouvoir choisir ce qu’ils veulent entendre, et pas ce que nous pensons qu’ils veulent. C’est la raison pour laquelle on monte sur scène : on joue pour les gens. C’est bien d’avoir une bonne relation avec les gens qui paient 20 euros, ou quel que soit le prix d’un concert, et de leur jouer les chansons qu’ils veulent vraiment entendre.
Tu as fondé Hypocrisy parce que tu étais un grand fan de Deicide, entre autres raisons. Mais quand tu joues avec Pain, tu te retrouves parfois devant le public de Nighwish ! Est-ce que ça ne te rend pas un peu schizophrène ? Comment fais-tu pour gérer ça ?
Non. Après tout, ma mission est de conquérir le monde, un fan à la fois ! (rires) Nous ne pensions pas gagner de nouveaux fans en partant en tournée avec Nightwish. C’était très cool et très inattendu. Nous voulions tenter l’aventure, et je pense que ça a très bien marché. Surtout quand nous avons attaqué la deuxième tournée : on a commencé à voir des drapeaux et des bandanas dans la fosse qui disaient « Pain », et pas « Nightwish ». Et nous, on était là : « Hein ? Quoi ? » Il y avait même des T-shirts Pain au premier rang. Ça nous a beaucoup aidés, c’est sûr.
Et puis il y a eu le tournage de la vidéo de « Monkey Business » à Paris…
Oui, au Zénith. C’était dingue. Le site Internet français a demandé à tout le monde d’apporter des drapeaux, de faire ceci ou cela. Tout le monde était fou, et nous, on pensait : « Putain de merde ! » Évidemment, les 5 000 personnes qui étaient là chaque soir étaient venues pour Nightwish, mais on se disait : « Si on pouvait arriver à ça en tête d’affiche, ce serait énorme ! » C’était très sympa de voir tous ces gens faire de gros efforts pour apparaître sur la vidéo. Très cool.
Qu’en est-il de tes activités de producteur ? Ton implication chez Pain et Hypocrisy te laisse-t-elle le temps de te concentrer sur la production d’autres groupes ?
Non, pas vraiment. Les six prochains mois, je vais me consacrer à la promotion et à la tournée de Pain, et je produirai l’an prochain. L’été prochain, il y aura beaucoup de festival, et après je me remettrai à la production. J’ai beaucoup d’idées concernant les groupes que je voudrais produire. L’année prochaine sera surtout une année de production, je pense. J’écrirai aussi quelques nouvelles chansons, je me reposerai un peu, et nous jouerons quand nous en aurons la possibilité.
En 2002, l’album Nothing Remains The Same comportait une reprise de « Eleanor Rigby ». Les Beatles ont-ils influencé le petit Peter quand il rêvait de devenir une rock star ?
Oui. Mes parents écoutaient beaucoup les Beatles quand j’étais gosse. Cette chanson a toujours un côté mélancolique. J’en ai fait une version un peu plus joyeuse avec Pain. Je ne sais pas… Je me suis simplement dit : « OK, c’est une bonne chanson à reprendre à ma sauce, je vais en faire un truc très Pain-ien ».
Ma dernière question est un peu stupide. En 2003, le monde a découvert Johnny Depp dans le rôle du capitaine Jack Sparrow, et beaucoup de gens ont alors trouvé que la double barbiche était très sexy. Tu as le même look ; cela a-t-il permis d’augmenter ton sex-appeal ?
(rires) Je n’ai aucun sex-appeal ! Non, pas vraiment. Je sais que les gens disent souvent qu’on a le même look, mais… Ça ne me dérange pas, mais je ne me dis pas non plus : « Ooooh, cool ! » Je m’en fiche un peu.
Interview réalisée par Saff’ le 3 mai 2011
Site internet de PAIN : painworldwide.com
C’est vrai que Peter ressemble a Johnny Depp…
mais j’ai une grosse préférence pour Peter!! Il devrait sortir le prochain album de Pain en automne de l’année prochaine!! j’espère qu’il pensera a faire un date à Lyon, (remarque il en a déjà fait 2) Un en 2008 et un en 2011!! J’adore Pain et j’espère que pain fera encore plein d’album !!
MERCI RADIO METAL!!
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Tägtgren et J.Depp se ressemblent même sans la barbichette du moins ils ont un air de famille, à croire qu’ils sont frangins… Je crois savoir aussi que J.Depp est fan de rock’n’roll, il en joue et a fait partie d’un groupe de rock, fan d’Alice Cooper entre autres iggy pop etc… bref c’est pas un grand bourrin comme Tägtgren qui lui est dans le Metal dur mais ils ont tout deux le rock’n’roll dans le sang ;p et puisque ses films sont pour la plupart cultes, c’est surtout le personnage que j’admire, on voit qu’il est artiste dans l’âme, longue vie à J.Depp… mais pour en revenir à nos loups, j’ai bien aimé cette interview ça va peut-être me motiver à écouter ses musiques.
Ah au fait et un autre type metalleux du nom de Tommi Joutsen du groupe Amorphis a le même frangin ^^ en plus il aime aussi se faire pousser la barbichette… sérieux un jour faudrait aussi poser la question à Tomi s’il a pas un frangin du nom de J.Depp, la ressemblance est aussi frappante tous des BG ^^
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« OK, c’est une bonne chanson à reprendre à ma sauce, je vais en faire un truc très Pain-ien »
Attendez, ça me rappelle quelque chose…. Ha, oui !
« pénien adj. Qui appartient au pénis. »
Tout est sexe.
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Double barbiches ou pas, j’ai toujours trouvé que Peter Tagtgren ressemble à Johny Depp !
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Ce sont surtout certaines photos promo un peu trafiquées qui lui donne cette ressemblance. Car autrement, quand tu le vois en vrai, on ne peut pas dire qui fasse vraiment penser à Johny Depp. Regarde la dernière photo de l’interview par ex…