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Interview   

Peter Tägtgren renoue avec l’essence d’Hypocrisy


Peter Tägtgren est un incontournable de la scène metal. D’une part pour son travail au sein d’Hypocrisy, un groupe de death mélodique influent, d’autre part pour le succès de son projet électro-industriel Pain, mais aussi et surtout pour son omniprésence ! Peter Tägtgren a toujours, à tout moment, une actualité, qu’elle soit liée à une sortie de disque ou une tournée avec un des deux groupes précités ou via son activité de producteur. Rien que cette année, il sort un album avec Hypocrisy, prévoit de se mettre sur le prochain album de Pain, aura son nom associé au nouvel album d’Amorphis qu’il a produit et celui de Children Of Bodom pour lequel il a fait la production vocale, etc.

Après tout, c’est peut-être ça la clef du succès : faire en sorte d’être toujours là, quelque part, dans l’actualité des fans de metal. Sans doute n’est-ce pas là son but premier mais juste une conséquence de son hyperactivité. Lui-même reconnait que, même en vacances, il ne peut s’empêcher de penser à son business, car « l’industrie ne prend pas de vacances. » Pour réussir, il faut savoir éviter de prendre un train de retard.

Mais dans la suractivité, il est aussi facile de perdre l’essentiel de vue. Or, aujourd’hui, avec End Of Disclosure, c’est justement l’essence d’Hypocrisy que Peter Tägtgren a voulu retrouver, cette formule qui le caractérisait dans les années 90 et lui a permis de s’inscrire durablement dans le paysage du metal international.

On en parle juste après.

Radio Metal : La dernière fois que nous avons parlé, tu m’as dit que les tournées étaient le seul moment où tu pouvais te reposer parce que, quand tu es chez toi, tu travailles. On a vraiment l’impression que tu ne peux pas te poser un instant, est-ce que c’est le cas ?

Tägtgren (chant, guitare) : Oui. En tournée, tu te détends, ensuite tu montes sur scène, puis tu te reposes à nouveau, tu fais quelques interviews, et s’il te reste du temps, tu vas faire un tour en ville, tu te promènes, etc. Par contre, la plupart du temps, quand tu es chez toi, tu dois travailler sur quelque chose parce que, dans mon cas, je planifie mon emploi du temps d’une manière qui fait que je suis toujours overbooké. Donc, c’est cool d’être en tournée, c’est un peu mes vacances.

Est-ce qu’il t’arrive de prendre de véritables vacances ?

Oui, ça m’arrive, pas très souvent mais de temps en temps.

Est-ce que tu fais partie de ces musiciens qui ne peuvent pas vraiment prendre de vacances parce qu’ils ne tiennent pas en place et doivent toujours être en train de faire quelque chose, d’écrire quelque chose ou de travailler d’une manière ou d’une autre ?

Oui, donc j’essaie de m’organiser. L’été dernier, par exemple, je suis parti à New York avec ma femme et chaque matin je consacrais une demi-heure à répondre à mes e-mails, puis une autre heure le soir. Comme ça, ça fonctionne pas mal, parce que l’industrie ne prend pas de vacances, elle, donc il faut rester dans le coup.

« Pour cet album, j’ai donc essayé de revenir à ce qu’on faisait dans les années 90 : des structures de chanson simples, des mélodies très accrocheuses et des riffs heavy. »

Cet été, vous allez partir en tournée aux États-Unis avec Krisiun, Aborted et Arsis. Apparemment, tu as eu des problèmes de visa la dernière fois que vous deviez y aller… Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ?

C’est le coup classique du malentendu : il m’a simplement fallu trop longtemps pour avoir mon visa. Au moment où je l’ai enfin obtenu, la tournée en était déjà à sa moitié, donc ça ne valait plus vraiment le coup, surtout que, normalement, il faut y être quelques semaines en avance, toujours pour des histoires de papiers. Il faut aller à l’ambassade pour qu’ils te donnent le feu vert et que quelques jours plus tard tu aies ton passeport. Pour le mien, ça a pris une éternité. Je me disais : « Mais merde, notre avion va bientôt partir, qu’est-ce qui se passe ? » et ils me répondaient : « Il nous faut d’autres informations, etc, etc. » Ce qui a fait que ça a pris un temps fou. Mais quelques mois plus tard, on a organisé une nouvelle tournée et, cette fois, on l’a faite. Donc, maintenant, tout va bien, il n’y a plus de problème, c’était juste un vieux truc qui traînait.

Ce n’est pas possible de faire une procédure d’urgence pour avoir un visa dans des situations comme ça, quand on est musicien et qu’on doit partir en tournée ?

Non, ils s’en fichent. Tout le monde à la même enseigne.

À propos du nouvel album, tu as déclaré : « Cette fois, je voulais retourner aux sources. J’avais l’impression qu’on s’en était éloigné sur ces derniers albums… » Est-ce que tu n’aimes plus ces deux albums ?

Si, je les aime vraiment, mais ce n’est pas tout à fait à ça que le style d’Hypocrisy devait ressembler à la base. Du premier album à Into The Abyss, pour chaque disque, on a développé un son caractéristique d’Hypocrisy. Après ça, on a un peu changé, et c’est de ça que je voulais parler. À partir du moment où Horgh a rejoint le groupe, j’ai eu plus d’influences black metal, avec une plus forte tendance à écrire des riffs complexes, ce genre de chose. Pour cet album, j’ai donc essayé de revenir à ce qu’on faisait dans les années 90 : des structures de chanson simples, des mélodies très accrocheuses et des riffs heavy. On est simplement revenus à ce vers quoi on tendait à la fin des années 90.

Comment t’y es-tu pris ? As-tu réécouté vos premiers albums, les groupes qui t’inspiraient à l’époque ou des groupes qui font ce que vous aimeriez faire sur cet album pour te donner de l’inspiration ?

Non, pas vraiment. J’ai juste essayé de penser à Hypocrisy parce que sur les derniers albums, comme je le disais, j’avais vraiment essayé de nous pousser à faire de la musique un peu plus extrême et complexe. Pour cet album, je voulais retourner à quelque chose de plus heavy et de plus accrocheur.

« Quand on voit tous les progrès qu’on a faits en si peu de temps en termes de technologie, s’il y a une civilisation qui est en avance sur nous de mille ou même de ne serait-ce que cent ans, je suis à peu près sûr qu’ils ont compris beaucoup plus de choses que nous. »

Sur la pochette de l’album, on peut voir une sorte de diable qui tient la Terre dans sa main gauche. Qu’est-ce que ça signifie ? Est-ce que tu penses qu’on est condamné ?

Oh, mais on est condamné depuis qu’on est apparu sur cette terre… [rires] L’album dans son ensemble est en quelque sorte un concept-album. Je ne sais pas trop comment l’expliquer mais chaque chanson a sa propre histoire de dissimulations, de sombres desseins ou traite de ce qu’il se passe dans le monde.

La plupart des paroles d’Hypocrisy parlent de science-fiction. Est-ce que c’est toujours le cas sur cet album ?

Comme je le disais, l’album parle de la fin de la transparence [« End Of Disclosure » en anglais, qui est le titre de l’album, NdT] et de la vérité. Ce sont mes histoires, ma philosophie sur différents sujets. « 44 Double Zero » parle d’enlèvements, mais pas nécessairement d’enlèvements par des extra-terrestres, plutôt par le gouvernement ou des services secrets, ces personnes qui enlèvent des gens pour faire les mêmes expériences qu’on faisait sur les gens dans les années 30 ou 40, comme les Nazis sur les Juifs, par exemple. Ça continue de nos jours et, bien entendu, il veulent mettre ça sur le dos de supposés aliens, comme s’il y avait des personnes qui venaient d’autres planètes pour faire ça et qu’on ne pouvait rien y faire. C’est quelque chose qui peut avoir une double signification.

Donc tu penses que la menace ne vient pas d’en dehors de la Terre, des aliens, mais plutôt de l’humanité elle-même ?

Oui, complètement.

D’où vient ta passion pour la science-fiction et les histoires d’aliens ?

C’est quelque chose de fascinant. C’est bien évidemment pour faire des recherches etc., parce qu’en fait, c’est toujours la même chose : on ne sait jamais si c’est la vérité ou des conneries. Il y a tellement de gens qui voient tellement de choses, mais il faut toujours y regarder de deux manières différentes. Comme je l’ai dit à propos de la chanson « 44 Double Zero », ça pourrait aussi bien être des projets secrets de l’armée… Il y a tellement d’argent qui part dans ses projets. Ça pourrait être tout et n’importe quoi, à vrai dire.

Est-ce que tu crois vraiment aux extra-terrestres ?

Bien sûr ! Si tu regardes bien l’univers dans son ensemble, ne serait-ce que dans notre galaxie, ils disent qu’il y a je ne sais pas combien de systèmes solaires qui fonctionnent comme le nôtre, avec de gros soleils, des planètes, des lunes et ce genre de choses sur lesquelles il peut tout à fait y avoir de l’eau et de l’air ; or, s’il y a de l’eau, il est fort possible qu’il y ait de la vie… Et puis les histoires de voyages dans le temps… Quand on voit tous les progrès qu’on a faits en si peu de temps en termes de technologie, s’il y a une civilisation qui est en avance sur nous de mille ou même de ne serait-ce que cent ans, je suis à peu près sûr qu’ils ont compris beaucoup plus de choses que nous, si tu vois ce que je veux dire.

« Le jour où je trouverai que je fais de la très bonne musique, je n’aurai plus le feu sacré. »

Où en sont tes activités de producteur ? Sur quoi vas-tu travailler prochainement ?

Cette année, je vais passer la plupart de mon temps en tournée, à jouer. On va commencer une tournée européenne prochainement, ensuite on retourne chez nous pour une semaine et on part aux États-Unis. Ensuite on fera des festivals cet été, puis on ira en Amérique du Sud, puis sans doute aux États-Unis à nouveau et peut-être qu’on finira par une autre tournée européenne plus courte pour aller dans les endroits où on n’aura pas pu aller lors de la première. Je n’ai pas vraiment de temps à consacrer à la production. Cette année, je suis à fond sur Hypocrisy. Mais j’ai fait de chouette trucs comme le nouvel album de Sabaton, l’album d’Amorphis… J’ai aidé pour le nouveau Children Of Bodom qui sortira en mai. Cette année, ce sera seulement du live, de l’écriture avec Pain et des tournées avec Hypocrisy.

OK, et puisque tu l’as produit, qu’est-ce que tu peux nous dire du nouvel album de Children Of Bodom ?

J’ai seulement produit la voix comme je l’avais déjà fait sur l’album Blooddrunk. J’ai été vraiment soufflé, leur son est vraiment plus adulte et plus énervé, je trouve. Je pense que ça peut être un très bon album.

Comme tu le disais, tu vas écrire de nouveaux titres pour Pain. Est-ce que tu as déjà commencé ?

Non, pas encore. D’abord, il me faut toujours un moment pour réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire, dans quelle direction je voudrais que l’album aille, si je veux qu’il sonne plutôt indus ou plutôt heavy… Quand tu commences par réfléchir à tout ça, il peut te falloir un moment pour te mettre dans le bain, mais ensuite c’est beaucoup plus facile d’écrire l’album puisque tu sais ce que tu veux faire. En ce moment, j’en suis toujours au DVD qu’on a sorti l’année dernière et on vient de finir notre dernier concert au Royaume-Uni avec Pain. Donc, pour le moment, j’essaie de profiter de ce qu’on a fait sur le dernier album et des tournées qui ont suivi. Quand tu te remets à avoir des papillons dans le ventre, c’est que c’est le moment de se mettre à travailler sur le prochain album.

La dernière fois que nous avons discuté, tu nous as dit que si tu voulais que Pain ait beaucoup de succès, il allait falloir que tu te mettes à écrire de bonnes chansons, et que du coup ça te faisait du souci puisque tu ne savais écrire que des chansons médiocres [rires]. Est-ce que tu penses toujours la même chose ?

Je ne sais pas. J’essaie toujours de me forcer à me dépasser. Le jour où je trouverai que je fais de la très bonne musique, je n’aurai plus le feu sacré. Je dois toujours me forcer à écrire de meilleures chansons. C’est la même chose pour Hypocrisy : si tu passes ton temps à te répéter, ça n’en vaut pas la peine. Le point positif, c’est que je trouve qu’à chaque nouvel album, j’écris des chansons qui sont légèrement meilleures. Mais ce n’est jamais suffisant.

Est-ce que tu as une dernière chose à ajouter ?

Oui ! Maintenant j’espère vous voir tous en France sur cette tournée et on espère que tout le monde va aimer notre nouvel album qui sortira le 22 mars.

Interview réalisée par téléphone le 1er mars 2013
Introduction : Spaceman
Retranscription et traduction : Chloé

Site internet officiel d’Hypocrisy : www.hypocrisy.cc

Album End Of Disclosure, sorti le 22 mars 2013 chez Nuclear Blast



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