Artistes : Danko Jones – The Young Guns
Lieu : Villeurbanne
Salle : Le Transbordeur – TransClub
Public : environ 350
Ah, Danko Jones et sa bouille de sale gosse… Il nous avait fait passer un sacré bon moment en avril 2009 ! Du hard irrésistible et des interventions au comique tout aussi irrésistible, voilà un type qui sait parfaitement comment recevoir ses invités. Sans compter que ses deux acolytes livrent sur un plateau d’argent une rythmique diablement entraînante.
La dernière fois Danko tournait pour promouvoir Never Too Loud, un album que le bassiste John Calabrese qualifiait de classic rock pour son aspect moins incisif et plus pop. Un album qui avait légèrement déçu les fans de hard burné comme le proposait jusqu’alors le trio. Un album qui, pourtant, montrait également un travail mélodique plus élaboré qu’habituellement, tout spécialement dans les lignes de chant. Danko avançait. Et Danko comptait bien réutiliser ce qu’il avait appris. Résultat : Below The Belt, un album qui voit les Canadiens reprendre les bijoux de famille en main, tout en appuyant sur la pédale d’accélérateur mais conservant le savoir faire mélodique acquis. Danko Jones a passé un cap et le résultat est une franche réussite.
Dans ces conditions, le concentré de bonheur que représente Below The Belt associé aux souvenirs encore forts du dernier concert promettaient une soirée mémorable au Transbordeur de Lyon en cette soirée d’Halloween.
Mais trêve de bla-bla : les lumières s’éteignent et le groupe d’ouverture est tout juste en train de fouler les planches…
The Young Guns débarquent sur scène les visages salement peinturlurés et vêtus de vêtements cradingues leur donnant une allure pouvant rappeler les Misfits. « Au cas où vous n’auriez pas compris, c’est Halloween ce soir, c’est pour cette raison que nous sommes ainsi accoutrés ! » affirme Gutav Wood, le chanteur du groupe anglais. Et il a raison de s’expliquer car la musique du groupe ne colle pas vraiment à leur look ce soir. Trop propre et manquant clairement de sueur pour justifier à elle seule des allures de zombies. En effet, The Young Guns évolue dans un hard moderne plutôt clinique, pop voire mielleux.

Lâchons les chiens tout de suite : appelons ceci de l’emo. Le fan de hard brut et incisif ne se sera pas vraiment senti à sa place et aura préféré rejoindre le paysage buco-alcoo-lique de l’espace fumeur adjacent au parking. Mais pour les autres, cet apéritif aura permis de patienter de manière pas forcément désagréable en attendant l’arrivée de Danko Jones. The Young Guns a pu en effet proposer deux ou trois petits tubes parmi d’autres titres plus quelconques et des mélodies ayant au moins eu le mérite de faire chanter, le temps d’un instant, les premiers rangs composés essentiellement – étant donné le registre des cris – de la gente féminine – à moins qu’il ne s’agissait d’une sortie de collégiens… Et puis mentionnons une motivation certaine de la part du frontman, même si l’aisance scénique du groupe reste à parfaire.

Les néons qui décorent le fond de scène s’illuminent. Cet artifice attire immédiatement l’œil mais il s’avèrera au final d’une utilité discutable. C’est parti, le show de Danko Jones démarre pied au plancher, sans introduction, avec un « I Think Bad Thoughts »… étrangement poussif ! Ce titre est pourtant l’un des tubes phares de Below The Belt, dernier opus des Canadiens. Un début de prestation en pétard mouillé sans doute à mettre sur le compte d’une piètre qualité sonore avec une guitare sous mixée et une basse en bouillie. Heureusement ceci s’améliorera au fur et à mesure que les titres s’enchaînent, même si le manque de mordant et d’incision se fera cruellement ressentir – alors que ce n’était pas le cas un an et demi plus tôt. Pourtant Danko était bien décidé à botter les fesses de l’assistance comme il l’avouera lui-même avant d’aborder les rappels : « Est-ce que vous êtes prêts à vous faire botter le cul ? Est-ce que vous être prêts à vous pencher en avant et montrer votre postérieur ? » et à Danko de mimer en se penchant en avant puis en donnant un coup de pied dans le vide.

Mais revenons en ce début de concert où le groupe enchaîne sans temps mort pas moins de six titres piochés un peu partout dans sa discographie, comme s’il voulait rapidement en finir. Peut-être que Danko a tout simplement adopté le fameux adage « moins de bla-bla plus de son » face à certains énergumènes qui voient un concert plus comme un jukebox de luxe qu’un échange entre un artiste et son public. Dommage car ses interventions, que dis-je, ses sketches improvisés, sont de véritables points forts et n’ont vraiment pas de mal à arracher des sourires à l’assistance. Ne boudons tout de même pas notre plaisir car le bagou légendaire de Danko n’a pas totalement déserté les sets du trio. C’est ainsi qu’après le premier enchaînement il commence à parler d’Halloween et à argumenter qu’avec eux c’est tous les jours la fête. C’est alors qu’un malheureux dans l’assistance lui demande de chanter : « Tu veux que je chante ? Mais bordel qu’est ce que tu crois que je viens de faire pendant vingt minutes ? J’ai chanté de toutes mes tripes ! »
Il est tout de même étonnant de constater à quel point Danko Jones a rétrogradé en popularité comparativement à un an et demi en arrière – en même temps les Backyard Babies étaient aussi de la partie pour motiver les foules. Le public parsemé et relativement amorphe – mis à part quelques groupuscules en transe ici et là – la taille de la scène et le son brouillon n’étaient pas vraiment là pour faire honneur au trio. Résultat : un plaisir légèrement gâché. Danko lui-même s’en indigne : « On dirait que le rock’n’roll n’est pas très populaire en France. Au Canada c’est pareil. Tout ce que les gens aiment c’est le « BOOM BOOM BOOM » (il imite un rythme techno). Vous savez ce qui me fait dire ça ? Le fait que nous ne jouons pas dans la grande salle ! (il montre alors les portes menant vers la grande salle du Transbordeur). Mais la prochaine fois nous reviendrons et nous ferons trois soirs de suite dans la petite salle ! Et nous jouerons pendant qu’un groupe de techno jouera dans la grande salle et nous tournerons les amplis vers eux ! Mais pour ça il va falloir que vous invitiez vos potes et que vous fassiez passer le mot ! »
Et il a raison le bougre. Comment se fait il qu’un rock’n’ roll aussi jouissif ne fasse pas plus d’adeptes ? Comment résister aux « Full Of Regrets », « Invisible », « First Date » ou « Code Of The Road » joués ce soir ? Le public français aura même eu le droit de se faire dédier un morceau, « Lovercall », car il est le seul à se montrer aussi enthousiaste lorsqu’il s’agit de parler de sexualité orale… (Je vous laisse seul découvrir les paroles plutôt explicites de ce titre). Bref, Danko a toujours le don de mettre le public dans sa poche.

Danko l’avais promis, le concert se termine en un bottage de fessier en règle. Mention spéciale pour le clin d’œil à leurs compatriotes de Rush, en terminant « Bring On The Moutain (Become The Mountain) » par le mythique riff d’intro de « YYZ ». Danko Jones s’est fendu d’une prestation agréable mais malgré tout en demi-teinte par rapport à ce dont le groupe est capable dans de meilleures conditions.
Setlist:
I Think Bad Thoughts
Active Volcanoes
Play The Blues
Forget My Name
Sticky Situation
Code Of The Road
First Date
Had Enough
Baby Hates Me
Full Of Regret
Sugar Chocolate
Sugar High
Invisible
Lovercall
Bring On The Moutain (Become The Mountain) + intro de YYZ de Rush
Rappels :
Rock Shit Hot
Dance
She’s Drugs
Samuel Sin