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Interview   

Sur la planète Blaze Bayley


C’était une ambitieuse entreprise que s’est imposé Blaze Bayley avec la trilogie de science-fiction Inifinite Entanglement, se fixant comme objectif de sortir un nouveau chapitre par an. L’histoire arrivant à son terme avec The Redemption Of William Black, c’était le moment non seulement de parler de cet ultime chapitre mais aussi de faire le bilan de l’aventure. Enfin, Blaze Bayley n’en a pas tout a fait fini, puis qu’il lui reste désormais d’achever le roman, point de départ de cette idée de trilogie musicale, et qui devrait développer de nouveaux détails dans l’histoire de William Black. Une histoire riche en thématiques, offrant de nombreux points d’accroches sur lesquels questionner le chanteur, entre rapport à la technologie et introspection.

« Suis-humain ? » se demande William Black ; Blaze Bayley, lui, par son discours et son attitude, ne laisse que peu de place au doute quant à la réponse. Il démontre plus que jamais à quel point il est vrai et proche de son public, satisfait de sa place, à tourner dans de petites salles (alors qu’il a connu les stades avec Iron Maiden), ce qui lui permet d’aller à la rencontre des fans pour échanger avec eux, une des rares conditions sur lesquelles il se refuse de transiger.

« Il y a certaines choses que j’ai personnellement vécues et auxquelles j’ai survécu, certaines situations dans lesquelles je me suis retrouvé, certaines grandes questions que je me suis posé, des choses que William Black vit aussi. »

Radio Metal : Comment vont les choses de ton côté ?

Blaze Bayley (chant) : C’est un peu dingue ! La météo était vraiment mauvaise. Le début de la tournée a été mouvementée parce que nous avons dû décaler certains concerts mais, heureusement, nous n’avons annulé aucun concert à part un, et c’était parce que la salle dans laquelle il devait avoir lieu a fermé. Pour les autres concerts qui ont été affectés par le mauvais temps, nous avons réussi à les reprogrammer et à faire en sorte que les gens puissent toujours utiliser leur billet pour le concert qui a été annulé ; nous avons parlé avec les programmateurs locaux et les fans ont pu utiliser leur ticket pour assister à un autre concert de la tournée britannique. Donc ce début de tournée était un peu fou, et très difficile, mais d’un coté je trouve ça encourageant parce que parfois lorsque c’est compliqué au début ça veut dire que les choses se passeront bien par la suite. Si c’est trop facile au début, si tu n’as aucun problème, c’est peut-être que l’univers est en train de te jouer un tour et que ça se passera beaucoup moins bien à la fin. Donc je préfère que les problèmes se passent au début et finir sur une bonne note plutôt que l’inverse.

Est-ce que tu es toujours aussi positif et plein d’espoir ?

Non, mais ma philosophie est d’avoir peu d’attentes – je crois que cette philosophie vient d’un philosophe français mais je ne me rappelle plus de son nom. C’est-à-dire que je ne m’attends pas à ce que les choses se passent bien, mais je ne m’attends pas non plus à ce qu’elles se passent mal. Je ne me dis jamais « oh, ça pourrait ne pas fonctionner » ; simplement « ça marchera ou ça ne marchera pas, en tout cas nous serons là et nous le ferons de toute façon. » Ça fait quelques années que j’ai adopté cette philosophie et ça m’aide vraiment à avancer. Je ne présume pas que de mauvaises choses arriveront mais je ne présume pas non plus que de bonnes choses arriveront. Je ne vis pas dans un rêve éveillé fait de « tout ira pour le mieux ! » Je vis dans un monde dans lequel si on travaille dur, et on continue à avancer, si on reste concentré sur notre destination, alors on l’atteindra surement. Mais rien n’est garanti. C’est la façon dont je vois les choses.

The Redemption Of William Black est le chapitre final de la trilogie Infinite Entanglement. Maintenant que nous avons l’ensemble de l’œuvre, qu’est-ce que tu as voulu transmettre avec cette histoire ?

Ça commence avec quelqu’un qui ne sait pas s’il est humain ; je voulais vraiment que cet élément soit au cœur de l’histoire. Même si c’est une grande histoire qui parle du fait de trouver un nouveau monde dans un nouveau système solaire qui gravite autour d’une étoile lointaine, elle reste essentiellement une histoire à propos de l’humain. C’est un homme qui est à la recherche de son identité et qui, après avoir surmonté d’importantes difficultés dans sa vie, découvre qu’il a une nouvelle opportunité de faire quelque chose de bien, de faire partie de cette mission pour découvrir un nouveau monde. Je voulais qu’il soit au centre de l’histoire, lui et la façon dont ça l’affecte et la façon dont il interprète les différents changements et défis auxquels il est confronté. Au début, il sait qu’il s’engage dans une mission à sens unique qui durera mille ans et il pense qu’il dispose d’une combinaison spatiale très spéciale attachée de façon chirurgicale qui lui permet de survivre pendant toute la durée de la mission. Mais ensuite il apprend qu’il n’y a pas de combinaison spatiale : sa conscience a été transférée dans un corps mécanique. Qu’est-ce qui te rend humain ? Est-ce qu’il faut forcément avoir un corps fait de chair et de sang ? Ou alors est-ce que le fait de se sentir humain et de penser que l’on est humain suffit à faire de nous un être humain ? C’est à lui de décider. Voilà l’essence de Infinite Entanglement part I.

Dans la deuxième partie, il doit endurer la mission pendant mille ans et survivre aux tentatives d’assassinats. Ils essayent de se débarrasser de lui parce qu’on apprend que William Black, le personnage principal, a un passé très sombre. Et ce passé est la raison pour laquelle il a été choisi pour la mission. Pas parce qu’il est un héro mais parce qu’il est capable de tuer. Il a tué et commis des atrocités par le passé, voilà pourquoi il a été sélectionné pour la mission, et on apprend ça dans la deuxième partie, Endure And Survive. Il doit endurer cette mission de mille ans et survivre aux tentatives de se débarrasser de lui, de le jeter dans l’espace, et une fois qu’il a tué toute l’équipe et qu’il s’en est débarrassé, on découvre que seul un être humain génétiquement parfait peut poser les pieds sur le nouveau monde, et ce n’est ni William Black, ni l’équipe.

Dans la troisième partie, on apprend que la mission a été organisée par quelqu’un qui voulait se créer comme un dieu, comme le nouveau messie, et désormais William Black est sur ce monde. Cela fait écho à la période coloniale et aux conquistadores. Les conquistadores et les colonialistes ont voyagé jusque des terres éloignées et les ont revendiquées : « C’est notre terre désormais, nous revendiquons cette terre au nom de notre reine et de notre roi, vous êtes désormais nos sujets même si vous vivez ici librement et que vous pensez que c’est chez vous. Vous vivez désormais sur notre terre, à notre discrétion, parce que nous vous le permettons. » Voilà la troisième partie de l’histoire. William Black est sur cette planète ; qu’est-ce qu’il fait ? Est-ce qu’il choisit d’aider la population indigène à résister contre les conquistadores qui sont arrivés dans un vaisseau spatial ou est-ce qu’il oublie ce qu’il se passe et choisi de suivre son propre chemin en ignorant la situation ? Voilà ce qui se passe dans la troisième partie, The Redemption Of William Black.

Il s’agit clairement d’une œuvre de science-fiction, mais quelle est la part autobiographique de cette histoire ? Quelle quantité de toi-même as-tu mis dans William Black ?

D’après ce que je lis sur la façon dont beaucoup d’auteurs travaillent, et ça s’applique certainement à l’écriture de mes chansons – souvent, dans mes chansons et dans mes paroles, je me suis en quelque sorte placé un pas derrière le personnage de la chanson à propos duquel j’écris. J’ai utilisé mes propres émotions et expériences et je les ai mises dans la bouche d’un autre personnage. Et je pense que c’est vrai dans ce livre : il y a certaines choses que j’ai personnellement vécues et auxquelles j’ai survécu, certaines situations dans lesquelles je me suis retrouvé, certaines grandes questions que je me suis posé, des choses que William Black vit aussi. Mais il doit affronter des choses insupportables pour survivre pendant mille ans – l’équivalent de dix vies – de solitude et de misère. Pour survivre à ça et la manière dont ça t’affecte de l’autre côté… Je peux lui faire faire des choses assez cruelles parce que c’est un personnage de fiction, et je peux lui faire faire des choses auxquelles j’ai peut-être seulement pensé. Mais il y a une connexion émotionnelle entre ce personnage, William Black, et moi, Blaze Bailey, la personne, le chanteur. La plupart du chant ou des paroles naissent d’un point de vue à la première ou troisième personne. Certaines paroles sont celles d’autres personnages, mais la plupart reflète sa réaction et comment il se sent. Est-il humain ? « Est-ce que je suis humain ? » ; c’est la question que William Back se pose. Nous avons aussi une chanson appelée « Together We Can Move The Sun », qui parle du souvenir du grand amour de sa vie et la perte qu’il doit affronter. Dans la troisième partie, il y a une chanson appelée « Life Goes On » ; le message de cette chanson c’est que même si tu veux que le monde s’arrête de tourner quand tu es en deuil, rien ne s’arrête. C’est une vérité horrible, moche et cruelle. Mais c’est la vérité et rien ne la changera.

« J’ai été en quête de mon identité et de réponses toute ma vie. »

Est-ce que tu considères qu’il y a une analogie entre ce voyage de mille ans, ce qu’il vit, etc. et ta carrière ?

C’est une très bonne question. Maintenant que tu le dis, je pense que c’est peut-être le cas ; créer Wolfsbane, rejoindre un groupe alors que j’étais très jeune, à peine vingt ans, et je rêvais d’être chanteur et je ne savais pas où la vie allait m’emmener, je voulais simplement être un chanteur de heavy metal, partir en tournée… Partir de ce rêve, plus de trente ans auparavant, et arriver à cet endroit, en ayant fait partie de cet énorme et merveilleux monstre qu’est Iron Maiden, d’avoir vécu cette expérience incroyable, et ensuite d’être redescendu sur terre et tout recommencer presque depuis la case départ, ça a été un voyage incroyable, et jamais tu ne viendrais à penser… Si tout était planifié, si on te disait : « voilà toutes les choses que tu devras faire si tu suis ce chemin, et voilà la souffrance, la douleur que tu devras subir parce que tu veux que ce rêve se réalise », je pense que tu ne suivrais pas ce chemin si tu savais tout ce qui t’y attend, ce que tu aurais à faire pour survivre. Je ne pense pas que tu le ferais. Et je pense que ça s’applique à beaucoup de gens. Le proverbe « attention à ce que vous souhaitez » est vrai. Parce que quand tu obtiens ce que tu veux, ce ne sera pas comme tu l’avais imaginé. Je pense que c’est vrai pour beaucoup de gens au cours de leur vie.

Je suis extrêmement chanceux. J’adore chanter, et j’aime vraiment écrire des chansons, et avoir la possibilité de prendre mes propres compositions et idées et de les jouer devant des gens en recevant le soutien incroyable que je reçois de la part de tant de fans, en particulier ici en France où je suis si bien reçu, les fans écoutent réellement mes paroles et essayent vraiment de comprendre le message que je transmets. Je suis tellement chanceux d’avoir tout ça. Je n’aurais jamais pu créer ces trois albums si j’avais été chez une grosse maison de disque ou n’importe quelle maison de disque. Mais puisque je suis indépendant et j’établis moi-même les deadlines, j’ai pu dire : « C’est une trilogie. Chaque album sortira aux alentours du 1er mars, la tournée se fera en Europe à partir du 1er mars. » Nous avons pu le faire, grâce aux fans qui ont précommandé l’album, qui ont cru en moi alors qu’ils ne savaient pas si l’album allait être nul ou pas. Ils avaient confiance en moi et m’ont cru et c’est pourquoi ça a été possible de faire l’album, puis le second et maintenant le troisième, tout ça grâce à la confiance et au soutien de ces gens incroyables.

A chaque concert de Blaze Bayley, il y a des meet and greet gratuits pour que je puisse rencontrer mes fans et parfois parler avec eux à propos de l’album. Tout le monde peut avoir un autographe ou des photos. Ça fait partie de l’expérience quand tu vas voir Blaze Bayley en concert. Pour moi, le fait d’avoir pu faire la trilogie et de pouvoir partir en tournée quand je le veux est une expérience incroyable. Je me sens très, très chanceux et le plus important dans tout ça c’est que j’ai reçu ce soutien incroyable de la part des fans dans le monde entier et des fans en France. C’est pourquoi, quand nous avons parlé d’enregistrer un nouveau DVD et un nouvel album live, et que nous nous sommes demandé où nous allions le faire, la réponse était simple : il fallait que ce soit en France ! Donc les 25 et 26 mai, nous serons en concert à Nancy Chez Paulette, et nous allons enregistrer le nouveau DVD et album live avec les fans français.

Tu as mentionné le fait que le personnage est à la recherche de son identité, il se demande s’il est humain ou non. Est-ce que ça s’applique aussi à toi ?

Je pense que le fait de définir qui tu es, la quête de l’identité, est quelque chose que j’ai découvert dans ma vie à la fin des années 80, début des années 90, quand les magazines étaient notre seule source d’informations. Mon visage était sur toutes les couvertures des magazines rock au Royaume-Uni, et le rock/metal était très populaire et je ne pouvais littéralement aller nulle part sans être reconnu. S’il y avait un fan de metal à tel endroit, tout le monde me connaissait. Donc ce n’était pas une période facile pour moi parce que je me disais : « Est-ce que je suis seulement Blaze Bayley, le chanteur de Wolfsbane, le chanteur d’un groupe, ou est-ce que j’ai aussi de la valeur en tant que personne, en dehors du groupe ? » C’était une période compliquée, et je crois que j’ai été en quête de mon identité et de réponses toute ma vie. Tu changes, tu deviens adolescent, tu vas à l’école et puis tu travailles, tu vas au boulot. Tes parents décèdent et puis bon, tu deviens parent. Je pense que, au cours de notre vie, toutes ces choses sont les défis que nous rencontrons et qui nous définissent, et c’est le cœur de qui nous sommes.

On reconnait des thèmes abordés dans cet album qui étaient déjà présents dans des albums précédents, et le personnage est relié au héro dans Tenth Dimension. Est-ce que tu considères cette trilogie comme un lien entre tous tes autres albums ?

L’album est absolument lié à Tenth Dimension puisque le personnage central de l’album-concept Tenth Dimension est William Black. C’est l’arrière-grand-père du William Black du nouvel album. Le William Black de Tenth Dimension a trouvé et a réussi à scientifiquement quantifier l’âme humaine et il a découvert un moyen de voyager dans le temps. Mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’il travaillait pour une agence gouvernementale, il a détruit toutes ses recherches. C’est l’histoire que raconte Tenth Dimension. Le William Black de cette trilogie a rejeté le passé et sa famille, tout ce qui l’y liait. Il est sur la nouvelle planète et il ne se rend pas compte qu’il y a un lien avec son arrière-grand-père qui a envoyé un message au nouveau monde à travers le temps pour le prévenir de ce qu’il va se passer.

Bien que cette histoire soit de la science-fiction, je sais que tu t’intéresses à la science. A quel point est-ce que l’histoire est basée sur la science, je pense par exemple à la télépathie ?

Je crois que la télépathie existe. Tout comme les micro-ondes ont été théorisées et prédites, et, ensuite, découvertes, au fur et à mesure que les choses se passent au CERN, et que de nouvelles particules sont découvertes, la télépathie sera quantifiée et on découvrira qu’il y a une formule et des particules qui sont responsables de la télépathie. Parce que s’il existe des neutrinos qui n’ont pas de masse mais qui nous traversent, s’ils vont de moi à toi, pourquoi est-ce qu’ils ne seraient pas capables de porter une information ou un message ? Le Boson de Higgs a été découvert – il est d’ailleurs mentionné dans les paroles de la troisième partie de la trilogie ; quelles autres découvertes seront faites au CERN ? Je crois que la télépathie sera quantifiée et deviendra un domaine légitime pour les recherches scientifiques. J’ai essayé de réfléchir sur la télépathie et d’autres recherches scientifiques, j’ai regardé ce qui est en train de se passer avec différentes choses et j’ai essayé d’inclure cela dans l’arrière-plan de l’histoire.

« Je crois que la télépathie existe. […] S’il existe des neutrinos qui n’ont pas de masse mais qui nous traversent, s’ils vont de moi à toi, pourquoi est-ce qu’ils ne seraient pas capables de porter une information ou un message ? »

Tu sembles être bien renseigné en ce qui concerne la science. Quelle a été ta relation avec elle ?

J’ai toujours été intéressé par la façon dont les choses fonctionnent. Quand j’étais enfant, je démontais mes jouets, ceux qui étaient motorisés, et j’essayais de comprendre comment ils fonctionnaient. Je pense que tout repose sur la physique quantique. Donc si ça t’intéresse de savoir comment les choses fonctionnent, tu vas forcément t’intéresser à la physique et la physique quantique parce que ça décrit comment les choses fonctionnent. Tout a une raison d’être, et la physique quantique parait tellement irrationnelle pour l’instant, comme le fait que deux électrons puissent être liés l’un à l’autre et reconnaitre et réagir à leur électron partenaire instantanément. C’est un autre élément qui me fait penser : « Si je suis fait d’électrons, et que la femme que j’aime, ou ma partenaire, ou des membres de ma famille proches sont faits d’électrons, alors pourquoi est-ce qu’ils ne seraient pas reliés, et pourquoi est-ce qu’ils ne seraient pas capables de ressentir ce que cette personne ressent lorsqu’elle vit un traumatisme ? » Je pense que c’est la raison pour laquelle je m’intéresse autant à la science et à la cosmologie. Quand j’étais enfant, ma mère aimait la science-fiction et nous en regardions tous les deux, et maintenant je vis dans un monde dans lequel des choses qui me paraissaient impossibles quand j’étais enfant se produisent réellement. Quand je regardais Star Trek, ça paraissait totalement impossible qu’une porte s’ouvre toute seule. C’était impossible ! Aujourd’hui, si tu vas dans un centre commercial, ça te choque si la porte ne s’ouvre pas automatiquement ! C’est un monde différent. Un moyen de voir quelqu’un sur un écran vidéo depuis un endroit éloigné au lieu de téléphoner, ça semblait impossible. Alors qu’aujourd’hui ça nous énerverait si on ne pouvait pas appeler sur Skype et voir l’autre personne si on le veut.

J’ai récemment parlé avec Rafael Bittencourt du groupe Angra, et il pense que nous sommes sur le point de changer de paradigme, que dans à peine trente ans, nous verrons la réalité d’une façon bien plus flexible. Est-ce que tu es d’accord avec ça ?

C’est tout à fait possible. J’ai l’impression de vivre la révolution de l’information ; il y a eu une révolution industrielle et désormais je vis dans la révolution de l’information. C’est très différent et cette différence est la même que celle entre le Moyen Age et les premiers hommes et les tribus primitives. J’ai l’impression de vivre dans le futur et c’est incroyable toutes les choses que la technologie permet de faire et à quel point s’est devenu une partie de nous. Mais peu importe quelle technologie nous avons à notre disposition, nous aurons toujours envie de nous parler, de se retrouver dans une salle et regarder un groupe jouer. Ça n’a pas changé en trente ans. Je pense que ce serait très compliqué… Peut-être que nous n’aurons plus cette sensation dans trente ans, mais pour l’instant, je pense que la technologie nous aide d’une certaine manière : elle nous permet de trouver les groupes qu’on veut voir en concert, on peut découvrir très facilement de la musique qu’on ne connaissait pas. On peut aller à des concerts dont on n’aurait pas été au courant sans la technologie, on peut aller voir des artistes qui ne seraient peut-être même pas des professionnels ou dans la capacité de se produire si ce n’était pour la technologie dont nous disposons.

Est-ce que tu te sers de la technologie dans la musique ? Je veux dire, est-ce que tu es plutôt adepte de la vieille école analogie ou… ?

Non, pas du tout, c’est ridicule. D’après moi, tout ça faisait partie du système d’esclavage. L’ancien système analogique, c’était quand tu devais utiliser des gros équipements dans des studios qui coutent chers pour obtenir un son aussi bon que les autres. Donc nous étions tous des esclaves au service de la maison de disque. Ils nous appelaient des artistes mais ils nous traitaient pire que les robots qui construisent des voitures. Aujourd’hui je suis sorti de ce système d’esclavage, je suis libre, et je produis, je fais mes propres albums. Je n’ai pas besoin d’aller dans un gros studio si je n’en ai pas envie. Personne n’est obligé de le faire. Désormais, si tu as un peu d’argent, tu peux te créer ton propre petit studio, avec un ordinateur qui ne prend pas beaucoup de place chez toi et tu peux utiliser des logiciels pour enregistrer des trucs. L’accent est mis sur l’écriture des chansons et le voyage de la chanson, et non pas où nous allons enregistrer la musique et comment nous allons le faire. Plus de personnes ont plus d’opportunités de voir leur travail évoluer vers de plus hauts standards.

Personnellement, je m’en fiche si je ne vois plus jamais de bande audio. En tant que chanteur, c’est un vrai cauchemar d’enregistrer sur bande. Si tu veux obtenir une inflexion bien particulière avec ta voix et maintenir ta respiration parce que tu veux inclure un effet dans les paroles pour que la personne qui écoute la musique ressente une certaine émotion en l’entendant, maintenir ta voix de cette façon est déjà bien assez dur en soi. Quand on faisait ça à l’ancienne, il fallait attendre d’entendre la cassette se rembobiner [imite le son d’une cassette] et ensuite recommencer. Tu n’as plus besoin de faire ça maintenant. « On va passer ça en boucle, et enregistrer cette partie plusieurs fois très rapidement et je maintiendrai ma voix à tel endroit » ; ensuite, tu choisis quelle partie a l’inflexion qui colle le mieux pour ces paroles en particulier et c’est cet enregistrement qu’on utilisera. C’est comme ça que ça marche. Tu peux donc créer en utilisant la technologie pour t’aider, comme un peintre choisirait un pinceau différent ou un mélange de différentes couleurs ; c’est super si tu utilises la technologie de cette façon. Mais si tu dis que tu ne peux utiliser qu’un pinceau en particulier qui coute un million de livres, alors ça ne va pas. L’analogique et compagnie, ça ne fait pas partie de mon monde. Mon monde gravite autour de la musique, et la chanson, l’émotion, la passion que je veux faire ressentir à celui qui écoute ma musique.

« Tout ce débat à propos de ‘analogique vs digital’ n’a pas de sens pour moi […]. Si la chanson n’a pas de cœur, s’il n’y a pas de passion, alors peu importe la façon dont tu l’as enregistrée. Tu peux l’enregistrer sur le matériel le plus cher du monde, ce sera toujours une chanson merdique ! »

J’ai récemment parlé avec Blackie Lawless du groupe W.A.S.P. et il m’a dit qu’il avait appris quelque chose il y a longtemps : « si tu veux obtenir des albums qui sonnent onéreux, il n’y a qu’une seule façon de faire, il faut le faire avec le bon matériel pour bandes, il faut y passer du temps et il faut dépenser de l’argent. » Je suppose que tu n’es pas d’accord avec ce point de vue…

Non. Pour être honnête, je pense que c’est des conneries. Je pense vraiment que c’est des conneries. Il y a une différence entre un vinyle et un CD, mais c’est parce qu’ils se sont joués de nous. Je n’aurais jamais voulu de CDs et c’était limité par la technologie de l’époque. Tu ne peux pas mettre autant d’information sur un CD que sur un vinyle. Quand ma musique est masterisée, nous avons deux versions : une pour le CD et une pour le vinyle parce qu’un vinyle contient plus d’information, la résolution est meilleure quand on masterise pour une version vinyle. On s’est fait avoir avec les CDs, c’est pour ça qu’ils ont ensuite sorti les super CDs audio et tout le reste. C’est un format pratique, tu peux jouer un album du début à la fin en une seule fois. C’est bien ! Mais en ce qui concerne la qualité de la musique, ils nous ont bien eus. Tout ce débat à propos de « analogique vs digital » n’a pas de sens pour moi ; si la chanson est bonne et que tu l’as enregistrée correctement, les gens auront envie de l’écouter et l’apprécieront. Mais si la chanson n’a pas de cœur, s’il n’y a pas de passion, alors peu importe la façon dont tu l’as enregistrée. Tu peux l’enregistrer sur le matériel le plus cher du monde, ce sera toujours une chanson merdique !

Les deux premiers albums de la trilogie ont reçu un bon accueil ; étant donné que ce nouvel album est le chapitre final, les fans s’attendent à un grand final. Est-ce que cette pression, si pression il y avait, t’a motivé ?

Oh, c’était horrible ! Le stress… Le problème c’était que vu que les fans ont dit que le deuxième album était meilleur que le premier, ça a entrainé l’idée que le troisième serait encore meilleur que le second. C’était déjà compliqué parce que je pensais que le premier était très bon et je ne voyais pas comment je pouvais faire mieux. Heureusement, le troisième album est différent parce qu’il ferme beaucoup de cercles, il apporte des réponses aux questions que l’histoire soulève, et de nombreux fans ont dit avoir beaucoup apprécié le troisième album. Certains fans de longue date ont dit que pour eux, le nouvel album est aussi bon que l’album Silicon Messiah, qui est très aimé de beaucoup de mes fans de longue date. C’était une libération et un soulagement de sortir l’album et ensuite d’avoir des avis de fans disant : « C’est un bon album, je l’aime bien, ça a vraiment du sens et c’est une bonne conclusion pour l’histoire ».

En plus de cela, il y avait la pression que tu t’imposais toi-même en décidant de sortir un album, un nouveau chapitre, tous les ans en mars, tout en continuant de tourner. Le rythme a dû être assez intense ! N’es-tu pas épuisé ?

A la fin, oui nous étions épuisés. Quand nous faisions les derniers ajustements en novembre, nous nous sentions vraiment fatigués. Nous avons dû utiliser tout ce qu’il nous restait pour continuer, et notre inspiration nous venait de l’attente des fans.

Dans les années 70, des groupes comme Kiss sortaient un album par an et même parfois deux albums par an. Est-ce que tu penses que les groupes de rock et de metal sont devenus un peu fainéants de nos jours ?

Non, je pense que ça fait partie du système d’esclavage des maisons de disque. Tu sais, à l’époque des Guns N’Roses, on a commencé à avoir quelques albums qui duraient plus d’un an, et grâce à un album, les Guns N’Roses sont devenus presque aussi populaires que les Rolling Stones, qui eux existaient depuis de nombreuses années. Donc je pense que ça a commencé à changer, dans les maisons de disque de l’époque, les gros labels, la notion de ce que tu pouvais faire avec un album si tu avais le bon album et la bonne promo. AC/DC a sorti quatre albums avant de se faire connaitre, mais personne n’a pensé à les lâcher, ils ont dit « tout le monde va finir par les aimer », or je ne crois pas que ça se soit produit après les Guns N’Roses et Nirvana. Après ça, le monde était très différent. Les Beatles pouvaient sortir un album tous les six mois et, comme tu l’as dit, AC/DC et Iron Maiden essayaient de sortir un album tous les ans, mais on a plus ou moins perdu de vue ce qui était possible, et tout le monde s’est retrouvé pris dans cette mentalité, cette grosse machine, on a tous été entrainés dedans.

Désormais, je ne fais plus partie de ce système, je suis libre et indépendant. Je suis un homme de la classe ouvrière qui vient d’une famille de classe ouvrière, donc il y a de l’inspiration et de la créativité dans ce que je fais, mais c’est en grande partie du travail pour réussir à donner forme à une idée, à la polir et produire l’album, savoir ce que tu peux faire. Je pense réellement que si tu as une idée et quelque chose à propos de laquelle tu veux vraiment écrire, alors c’est possible de faire un album tous les ans. Tu ne devrais pas faire un album si tu n’as pas d’idées fortes à propos desquelles écrire. C’est tout ce que je dirai là-dessus. Je crois que Joe Bonamassa sort un album tous les six mois ou quelque chose comme ça, avec différents invités dessus. Si tu penses que tu as des idées, quelque chose qui mérite d’être écouté, quelque chose que tu veux vraiment capturer en studio, dans ce cas je pense que tu peux le faire.

Et puis il y a le fait que les tournées durent bien plus longtemps maintenant qu’à l’époque. Avant, les groupes faisaient une tournée, la finissaient et retournaient en studio. Maintenant, les groupes continuent de tourner. Les tournées étaient très différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. C’était très rare que beaucoup de groupes jouent dans des stades : la plupart des groupes de rock et metal jouaient dans des petites et moyennes salles et parfois des zéniths. Ça a changé, les groupes jouent dans des stades maintenant. Je suis personnellement très heureux là où je suis, dans des petites salles : je rencontre mes fans, je fais des meet and greet qui sont totalement gratuits avant ou après chaque concert. De cette façon j’ai la possibilité de remercier les gens qui me soutiennent. C’est très important pour moi ; ça ne l’est peut-être pas pour d’autres artistes, mais mes fans me soutiennent de façon directe quand ils achètent mes albums sur mon site internet, quand ils achètent des billets pour mes concerts, quand ils achètent mes tee-shirts, ils me soutiennent et ils sont la raison pour laquelle il m’est possible de faire mon prochain album ou mon prochain projet. Donc je suis extrêmement chanceux et ça compte pour moi de pouvoir remercier les gens à la fin du concert.

« Je suis souvent torturé par mes regrets, des choses que j’ai faites. […] Tu prends une décision, à ce moment-là tu ne sais pas que c’est une décision très importante qui va avoir un effet sur ta vie pendant plusieurs années. Personne ne nous fait signe pour nous prévenir. »

L’album a été co-écrit et co-produit avec ton guitariste Chris Appleton. On dirait que tu as trouvé un bon partenaire créatif en Chris. Comment est-ce que tu décrirais votre dynamique créative ?

Je pense que nous sommes en phase maintenant. Il connait mieux les choses que je veux et je connais mieux ses capacités. C’est le genre de situation dans laquelle tu peux dire ce que tu veux et l’autre personne devra faire avec. Je mets Chris au défi pour beaucoup de choses et il me met également au défi. Parfois, il va dire : « Ça ne fonctionnera jamais. » Et moi je lui réponds : « Je vais te montrer que ça va marcher. » D’autres fois, je vais demander : « Est-ce que c’est possible de faire ça ? » Et Chris répond : « Rien n’est impossible. » [Petit rires] Donc nous avons une bonne dynamique. A chaque fois, quand nous commençons à travailler sur un album, nous avons tendance à avoir la même conversation : le plus important, c’est la chanson. Peu importe où la chanson veut aller et a besoin d’aller pour trouver son identité et exprimer au mieux son idée et la passion que contiennent les paroles, c’est dans cette direction que nous devons aller, qu’on le veuille ou non. Si nous devons laisser de coté un super riff que nous adorons parce qu’il n’est pas en harmonie avec ce voyage, alors c’est ce que nous devons faire, parce que la chanson et l’idée sont le plus important. « De quoi est-ce qu’on parle ? Est-ce que je suis humain ? Ou qu’est-ce que je regrette, qu’est-ce que j’attends de l’avenir, est-ce que je peux réellement changer, est-ce que le passé est mon futur, est-ce que je suis coincé dans une boucle ou est-ce que je peux m’en libérer ? » Et pour exprimer ces idées, nous nous regardons et nous nous stimulons. Parfois, nous réagissons tous les deux de la même manière : « Je n’aurais pas suggéré ça mais en fait ça fonctionne ! » Ça n’a pas vraiment d’importance pour nous de savoir qui a eu l’idée tant que c’est une idée brillante.

On retrouve de nombreux invités et collaborateurs sur cet album. Est-ce que collaborer avec d’autres artistes est quelque chose que tu as cherché à faire dernièrement ?

C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. C’est agréable de travailler avec des personnes différentes, j’ai d’ailleurs travaillé avec différents partenaires pour l’écriture de la trilogie. La plupart du travail pour les parties II et III a été réalisé avec Chris, mais ce n’était pas autant le cas en ce qui concerne la partie I. C’est agréable de travailler avec des personnes différentes, c’est créatif, tu te retrouves avec différentes idées et les gens choisissent naturellement différents accords et différentes mesures. C’est sympa, j’aime bien travailler avec d’autres personnes. C’est agréable de savoir que s’il y a une personne dont j’apprécie le style personnel, je peux écrire une chanson avec elle et ça n’a pas d’importance, personne ne peut me dire de ne pas le faire parce que le plus important c’est les chansons.

La chanson « Life Goes On » a un côté qui fait très Iron Maiden. Est-ce que cette période de ta vie est toujours une part de toi ?

Oui. Steve Harris a été un très bon mentor pour moi, c’est une personne incroyable et généreuse. Il m’a tant appris à propos de l’écriture et à propos de ma propre voix, de ma présence sur scène, comment emmener une chanson que tu as en tête en salle de répétition puis sur CD tout en conservant l’idée que tu avais au départ. Ça a eu une grande influence sur mon travail, et j’ai conservé et appliqué à mon travail beaucoup des valeurs que Steve Harris avait concernant l’écriture de ses chansons. Mon travail sera toujours influencé par Steve Harris et Iron Maiden parce que c’était, musicalement, quelque chose que j’ai vraiment, vraiment apprécié.

L’album s’appelle The Redemption Of William Black ; si tu devais obtenir la rédemption, ce serait pour quoi ?

Oh, j’ai tellement de regrets, je vis avec. Tu essayes de ne pas avoir de regrets et tu te dis : « Peut-être que ça devait se passer comme ça… » Ou : « Toutes ces choses stupides se sont produites mais au moins je suis dans une bonne situation maintenant. » Je suis souvent torturé par mes regrets, des choses que j’ai faites. Je ne suis pas sûr de croire au multivers même si beaucoup de gens pensent que cela existe, mais parfois, ça m’émerveille vraiment, quand tu atteins ces choses et que tu prends une décision, à ce moment-là tu ne sais pas que c’est une décision très importante qui va avoir un effet sur ta vie pendant plusieurs années. Personne ne nous fait signe pour nous prévenir que c’est une décision de ce genre parce que tu pourrais être n’importe où, au restaurant, en train de parler avec ta petite amie, et tu prends cette terrible ou géniale décision… Donc, si je recherche la rédemption, c’est pour de nombreuses erreurs que j’ai commises par le passé. A certains moments de ma vie je buvais beaucoup et je n’étais pas une bonne personne. Je ne suis pas le même homme que celui que j’étais avant. Ce serait bien s’il existait un multivers, ou une machine à voyager dans le temps, pour aller dans le passé et voir ce qu’il se serait passé si tu avais pris une autre voie. Cependant, tu ne peux pas y vivre. Il faut vivre le moment présent, et on ne peut qu’aller de l’avant. Nous ne pourrons jamais retourner en arrière. Nous devons vivre avec cette frustration.

Je sais que tu n’en as pas tout à fait fini avec cette trilogie puisque tu prévois de sortir un livre racontant l’histoire. Est-ce qu’il y a certains détails de l’histoire que tu n’as pas pu développer dans l’album ?

Oui. Tu es limité dans ce que tu peux dire dans une chanson. Quand nous avons commencé, nous avons discuté : « Si tu ne connais pas l’histoire, si tu ne connais pas le concept, si l’anglais n’est pas ta langue maternelle, il faut quand même que l’album soit agréable à écouter. Par la suite, si l’album te plait, tu auras envie d’en apprendre plus à propos de l’histoire. » Et ça vaut pour la partie I, II et III. Nous avons commencé avec ça. Chris Appleton a choisi l’ordre des chansons, c’est l’ordre le plus intéressant pour un album de musique. A chaque fois que j’ai essayé de choisir l’ordre des chansons, je suivais toujours l’histoire et nous nous retrouvions avec trois ou quatre chansons douces d’affilées et ce n’était pas intéressant. Donc dès le départ, nous avons dit que la décision finale en ce qui concerne la tracklist reviendrait à Chris, même si je ne l’aime pas, mais je suggérais un ordre et c’est lui qui choisissait pour tout le monde. Ça a marché, les fans ont eu une bonne réaction et ont donné des avis positifs. Je pense que ça a été !

« A chaque concert, il faut qu’il y ait un créneau pour un meet and greet, pour que je signe des autographes pour les fans. S’il n’y en a pas, je ne fais pas le concert. »

Au fait, comment est-ce que l’idée de faire une trilogie t’est venue, à l’origine ? Est-ce que tu as d’abord eu l’idée du livre ou l’inverse ?

Oui, ça a commencé avec le livre. J’étais au Texas, en train d’écrire une chanson avec mon ami Rick Plester qui faisait partie d’un groupe appelé World War III. J’ai eu cette idée : le soleil qui se transforme en une géante rouge et qui consume toutes les planètes de notre système solaire. Ensuite, après avoir écrit la chanson, je me suis mis à écrire et ça s’est transformé en livre. J’avais déjà une partie de l’histoire quand il a été temps de penser au prochain album studio, alors j’ai dit : « Je crois que ce sera un album-concept. » J’ai commencé de là. J’avais toutes ces idées et des passages d’un livre, des mots et des phrases intéressants, des éléments de science que j’ai collecté pendant les quelques dernières années. C’est ce qui est sorti quand j’ai commencé à écrire, donc je me suis dit que c’était le moment de faire un album-concept et j’ai conservé cette idée et le résultat est la trilogie. Désormais, la trilogie a dépassé le livre, dans le sens où l’histoire du livre n’est pas finie d’être écrite. Il y a les histoires des sept saints qui ont été assassinés. Pourquoi sont-ils là et pourquoi ont-ils été choisis pour la mission ? Tous ces morceaux de l’histoire et d’autres informations sur William Black, qui il est, son passé, ces éléments ne pouvaient pas être racontés dans le format chanson. Donc, si tout va bien, en 2020, le livre sera publié et ce sera génial. J’ai espoir que les gens seront capables de l’apprécier en tant que livre, en tant qu’histoire de science-fiction sans rien savoir à propos de Blaze Bayley, ou ma musique ou mon chant. Ils pourront lire ce livre comme une bonne histoire de science-fiction. C’est ce que j’espère, et c’est ce pour quoi je vais travailler.

Est-ce que tu sais déjà ce que sera la prochaine étape maintenant que cette trilogie musicale est terminée ?

Oui, j’essaye toujours de planifier à l’avance, j’aime avoir quelque chose d’inscrit sur mon planning, avoir quelque chose à faire. La prochaine chose sera un album live/DVD que nous allons enregistrer en France, à Nancy chez Paulette, le 26 mai il me semble ; nous sommes très excités à cette idée. J’aurais aussi un peu de temps après ça pour écrire mon prochain album acoustique avec Thomas Zwijsen et Anne Bakker. Thomas Zwisjen, qui a sorti l’album Nylon Maiden, sera à la guitare classique et Anne Bakker au violon, elle va aussi réarranger certaines de mes chansons et nous allons aussi écrire de la nouvelle musique pour cet album. Avec un peu de chance, l’album sortira et nous ferons une tournée acoustique en novembre si tout se passe bien. Et je vais beaucoup travailler sur mon livre. La trilogie comporte beaucoup de chansons et nous n’avons pas eu l’opportunité de toutes les jouer pendant la tournée, donc je pense que nous aimerions continuer et jouer des chansons de la trilogie que nous n’avons jamais interprétées en live. Pour le prochain concert, nous allons jouer « Dawn Of The Dead Son » que nous n’avons encore jamais faite, ainsi que « Independence » qui ne faisait pas non plus partie de la setlist ; nous prenons beaucoup de plaisir à faire ça. Nous aimerions avoir jouées toutes les chansons de la trilogie avant de dire : « C’en est fini de la tournée pour la trilogie. »

Tout à l’heure, tu as parlé de ta proximité avec les fans et du fait que c’était important pour toi de signer des autographes, etc. Mais j’ai aussi entendu dire de la part d’organisateurs de concert qu’il est très facile de travailler avec toi, que tu es facile à vivre, que tu as des exigences très modestes…

C’est faux, je ne suis pas facile à vivre. J’ai moins de demandes mais ces demandes sont très strictes et je les exige. A chaque concert, il faut qu’il y ait un créneau pour un meet and greet, pour que je signe des autographes pour les fans. S’il n’y en a pas, je ne fais pas le concert. C’est strict, je ne crois pas que ça pourrait l’être plus. Si je n’aime pas la salle, s’ils n’en ont rien à faire de la qualité du son, s’ils ne respectent pas les fans, je ne retourne jamais dans cette salle. C’est une règle très stricte. Ce sont des choses sur lesquelles je ne peux pas faire de compromis. On peut imaginer que certains jeunes groupes diraient : « Bon, on ne peut pas signer des autographes pour les fans mais on va quand même jouer le concert, c’est pas grave. » Mais je ne suis pas comme ça. Si je ne peux pas signer d’autographes, si ça ne fait pas partie du deal, je dis au promoteur que je ne jouerai pas le concert si je n’ai pas de temps pour un meet and greet, et c’est inclus dans le contrat.

A part cela, nous avons le matériel dont nous avons besoin pour le concert. Pour nous, tout est question de performance et de musique. Nous ne partons pas en tournée pour faire une grosse fête et se taper des tas de filles. Nous partons en tournée pour jouer la musique que nous avons créée et que nous aimons, en donnant le meilleur de nous-mêmes pour les fans qui nous soutiennent et nous permettent d’avoir cette vie incroyable. C’est une façon différente de voir les choses. Nous ne sommes pas un groupe de rock and roll, mais de heavy metal. Nous sommes une machine, et nous continuons à faire avancer cette machine. C’est une pièce de précision, comme une voiture de course de formule un. Tu ne vas pas mettre n’importe quelle vieillerie dessus. Nous buvons peu, nous ne prenons pas de drogue ; ce qui est important c’est la performance et la musique. Peut-être que d’autres groupes n’ont pas cette attitude, et peut-être que d’autres groupes ne respectent pas autant leurs fans que nous.

Interview réalisée par téléphone le 11 mars 2018 par Nicolas Gricourt.
Transcription : Julien Morel.
Traduction : Lison Carlier.

Site officiel de Blaze Bayley : www.blazebayley.net.

Acheter l’album The Redemption of William Black – Infinite Entanglement Part III.



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  • Merci pour l’interview.Les fans fançais ne sont pas inactifs et soutiennent Blaze depuis 4 ans sur cette page: /www.facebook.com/groups/Blaze.Bayley.Fans.France/

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