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Chronique Focus   

Pop Evil – Skeletons


« Tailler dans le gras ». C’est un peu ce qui résume la démarche des Américains de Pop Evil concernant leur dernière réalisation et septième album studio intitulé Skeletons. Ce dernier succède à Versatile (2021), un véritable exercice d’application des rudiments du rock et un hommage à un genre sans cesse évoqué comme déclinant. Selon le frontman Leigh Kakaty, Skeletons n’entend pas répondre à la même approche exhaustive de ce qui fascine dans le genre. Le groupe veut aller à l’essentiel et retranscrire l’énergie du live (à quelques effets électro en postproduction près, garants du cachet moderne de Pop Evil), fidèle poncif pour les formations qui font leur réputation sur scène. Skeletons n’a donc pas peur de son aspect téléphoné : il l’embrasse pleinement.

Exit les collaborations multiples en termes de production. La charge revient presque intégralement à Drew Fulk, connu pour avoir œuvré avec Papa Roach et déjà impliqué sur Versatile. Le dessein est simple : le riffing doit être direct et les accroches explicites. L’introduction ambiante « Arrival » fait office de montée sur le ring avant l’irruption des premiers accords massifs de « Paranoid (Crash & Brun) ». Pop Evil joue très vite les gros bras en se reposant sur une batterie surproduite et mate à souhait. Leigh Kakaty délivre ses élancées vocales et les inspirations à la Papa Roach sont aussi subtiles qu’un wagon en pleine figure. « Paranoid (Crash & Burn) » délivre tout le récital type de Skeletons en à peine quatre minutes : riff-refrain-break-riff et refrain en redoublant d’intensité. La formule classique, éculée, qui, quoi qu’on en dise, fait toujours ses preuves. « Circles » obéit exactement aux mêmes règles, en se payant le luxe d’arriver encore plus rapidement sur le refrain. L’occasion de constater que derrière l’imagerie « macabre » de Skeletons, la formation cherche à entretenir une forme d’« optimisme ». En d’autres termes, jouer sur le fameux clair-obscur au sein des compositions. Les refrains exaltants, souvent teintés de mélancolie, se chargent d’apporter la lumière pendant que les guitaristes gonflent les biceps et froncent les sourcils le reste du temps. « Eye Of The Storm » est l’archétype de ce procédé et réussit la prouesse de dégager davantage cette inspiration heavy-FM au milieu de titres taillés à cet effet. Pop Evil vise le hit à chaque instant.

L’écueil aurait été de proposer une succession de titres parfaitement identiques. « Sound Of Glory » reprend le vocabulaire établi il y a longtemps par un Fall Out Boy, adepte de rythmiques facétieuses et sautillantes, proches du party-anthem. « Skeletons » a des abords moins frontaux et Leigh Kakaty présente sa facette la plus sentimentale. Le titre éponyme a des allures de power-ballade dans la plus pure tradition du genre, jusque dans les arrangements de chant en arrière-plan tirés tout droit du vocabulaire de la pop contemporaine. Pour être franc, passé la première moitié de l’opus, Pop Evil accentue les touches mélodiques. « Who Will We Become » s’introduit justement par la mélodie de guitare presque lancinante avant de lâcher les chevaux et d’en revenir au déroulement présenté. Le groupe accueille tout de même quelques collaborateurs tels que le chanteur Blake Allison de Devour The Day sur « Wrong Direction ». Ce dernier apporte son timbre aigu sur le refrain d’un titre qui profite de ses arrangements électroniques. Indéniablement l’un des refrains les plus marquants de l’œuvre, qui tranche légèrement avec la dynamique habituellement développée. « Dead Reckoning » accueille Fit For A King et repose lui aussi sur des samples électroniques héritées des nineties, ainsi qu’un riffing bas du front pour un rendu hurlé quasi deathcore qui accentue les contrastes. Lorsque Pop Evil se laisse aller à des excès de violence, ces derniers deviennent presque caricaturaux, comme si c’était le prix à payer pour faire ressortir les refrains. Skeletons tranche – sûrement malgré lui – entre ce qui est agréable et ce qui est mémorable. L’entrain de « Raging Bull » en featuring avec Zillion peine à convaincre et les passages rap n’ont pas tout à fait la fougue du récent Papa Roach. Une sorte d’effet baggy usé en 2023.

Les onze titres de Skeletons se parcourent une première fois sans déplaisir, obéissant au cahier des charges du groupe de rock à succès, déterminé à cumuler les hits et à ne pas se perdre dans les fioritures. Reste qu’il ne se parcourt pas forcément davantage, ou alors en piochant dedans de temps en temps, en intégrant nos morceaux favoris à une playlist, par exemple. Pop Evil réussit parfaitement son exercice de dépouillement et Leigh Kakaty est tout à fait capable de convaincre les auditeurs. Il y a cependant cet arrière-goût de générique et de convenu qui subsiste et Skeletons ne propose pas véritablement de composition qui se hisse au-dessus de la simple application de ses codes. Du sucre rapide en somme.

Chanson « Dead Reckoning » :

Clip vidéo de la chanson « Paranoid (Crash & Burn) » :

Clip vidéo de la chanson « Eye Of The Storm » réalisé par Sam Shapiro :

Album Skeletons, sortie le 17 mars 2023 via MNRK Music Group. Disponible à l’achat ici



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