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Live Report   

Popa Chubby soigne ton blues


L’histoire du blues est jonchée de personnages atypiques et, assurément, Popa Chubby en fait aujourd’hui partie. Fort d’une discographie impressionnante, le guitariste a pourtant mis du temps à vraiment s’imposer. En tout cas la France a été l’un des premiers pays européens à lui avoir ouvert les bras. Pas étonnant donc qu’il saisisse les chances de venir exécuter quelques dates dans notre beau pays dès que l’occasion se présente. Son public y est d’ailleurs à chaque fois plus nombreux, preuve que Popa Chubby lui en donne pour son argent.

Le rendez-vous était donc pris ce mardi 20 mars, dans la grande salle du Transbordeur. Aucune première partie programmée. Le début des hostilités était donc annoncé pour 20h30. L’ouverture des portes étant à 19h, cela laissait le temps de se mettre en condition au bar. Dans la salle, une petite table de merchandising avait été installée. Et, ô surprise, qui trouvions-nous derrière celle-ci ? Popa Chubby lui-même qui n’hésite pas à discuter avec les fans – tout du moins ceux qui n’étaient pas intimidés par son imposante silhouette.

Artiste : Popa Chubby
Date : 20 mars 2012
Lieu : Villeurbanne
Salle : Transbordeur

20h30 arrive, pourtant notre bluesman se fait attendre sur scène. Il faudra encore patienter une vingtaine de minutes pour voir Popa Chubby fouler enfin les planches. Tout sourire, il enfourche sa Fender usée par les années de sueur et lâche ses premières notes. L’ambiance est intime avec des lumières feutrées. D’ailleurs, il n’y a aucune barrière pour séparer l’artiste du public. Popa Chubby est un musicien qui a dû écumer d’innombrables clubs dans sa carrière et il y a fort à parier qu’il s’agisse du contexte dans lequel il est le plus à l’aise. Rien d’étonnant donc de le voir essayer de retrouver cette proximité en tournée, même dans une salle de la capacité du Transbordeur.

Popa Chubby et ses contorsions faciales.

Popa Chubby exécute son premier titre debout mais dès le second il va s’installer sur son siège, encerclé par des retours, où il retrouve son micro. Le New-yorkais aura en effet passé la majeure partie de sa performance assis. Ce n’est pourtant pas ce qui l’aura empêché de réaliser un concert exemplaire.

Venu pour une leçon de feeling, le public aura été servi. A cet égard, il est bluffant de voir ses doigts boudinés faire preuve d’une telle précision et d’une telle finesse dans l’interprétation. Mais ce qui caractérise Popa Chubby, c’est aussi son blues personnel. Un blues « crunchy » et énergique qui côtoie de près le répertoire rock des années 70. Ce n’est pas un hasard si le maestro s’amuse à disperser quelques clins d’œil à des pointures telles que Deep Purple, Led Zeppelin ou, bien entendu, Jimi Hendrix. Bien entendu car Popa Chubby n’a jamais caché son admiration pour cette légende de la six-cordes. Preuve en est son triple album hommage Electric Chubbyland, sorti en 2006, dans lequel Popa Chubby reprend les standards de l’Afro-américain. Quel plaisir donc de se délecter d’un « Hey Joe » ou un « Red House » à la sauce Popa Chubby. D’autant plus qu’il a sans conteste hérité de l’expressivité guitaristique pour laquelle son mentor était réputé, y compris sur son répertoire personnel.

L’imposant maestro.

Et justement, en parlant d’expressivité, aux premiers abords la performance présente peu de mouvement sur scène mais c’est que le show est avant tout sur les visages. Celui de Popa Chubby se contorsionne dans un véritable festival de grimaces. Idem pour le jeune batteur Chris Reddan qui semble prendre un grand plaisir à poser la fondation rythmique avec son collègue bassiste A.J. Pappas, certes plus discret mais faisant preuve d’un joli groove.

Une expressivité également dans les prises de paroles de l’imposant guitariste. Entre la fierté qu’il a de montrer le drapeau tibétain « béni par le dalai lama » qui orne la scène sur la gauche et ses petites histoires cocasses sur les relations hommes-femmes, il n’aura pas manqué de faire sourire l’audience. Il aura même démontré qu’il ne manque pas de caractère avec une tirade sur la liberté, une liberté que l’on doit avant tout s’octroyer à soi-même, la trouver au fond de soi, selon lui. Le voilà donc à pester contre la tendance que les gens peuvent avoir à projeter les problèmes sur les autres alors qu’ils ont eux-mêmes les moyens d’agir, traitant de manière sainement provocante tout ce beau monde de « motherfuckers ». Eh oui ! Popa Chubby est une forte tête et c’est tant mieux car il en faut aussi des personnages comme lui qui secouent leur public.

Chris Reddan n’hésite pas à adapter son jeu en fonction des humeurs du guitariste.

D’ailleurs, vous l’aurez compris, Popa Chubby n’aime pas les carcans. Il en va de même pour sa musique qu’il ne joue jamais deux fois de la même manière. La spontanéité et l’improvisation sont au cœur de sa philosophie musicale. Naturellement, les titres évoluent selon l’humeur du maître. En bon leader, il se retourne régulièrement pour faire des signes à ses collègues pour leur ordonner de calmer le jeu, l’intensifier, ralentir, accélérer ou carrément stopper. La musique devient alors comme un être vivant qui respire et évolue devant un public décidément émerveillé par la créature.

Un public particulièrement réceptif. D’autant plus lorsque le guitariste prend la peine de se lever et s’exécuter avec les premiers rangs à ses pieds – attention aux postillons car le bougre est un vrai lama – « Sortez les parapluies ! » a-t-on d’ailleurs entendu dans la fosse. Assurément, l’accueil réservé par les Lyonnais a été des plus chaleureux. Popa Chubby n’a pas manqué d’exprimer son émotion face à ceux-ci. Conséquence de cette relation artiste / public : la dernière demi-heure de show n’en a été que plus intense.

A.J. Pappas pose le groove.

Il faut dire que Popa Chubby a gratifié son public de quelques belles surprises. Tout d’abord l‘invitation d’un ami bluesman pour un duo haut en couleurs. Popa Chubby a pris un tel plaisir dans l’échange que lorsque que son partenaire, saluant l’audience, s’éclipse une fois son temps de participation prévu écoulé, il est aussitôt rattrapé : « Attends ! Reste ici ! Fais avec nous le prochain titre ! » Amusant également lorsqu’il présente ce membre du staff qui, tout du long du concert, a tenu une caméra numérique sur les côtés de la scène. Il explique que le jeune homme est bassiste et lui propose de venir tenir la basse le temps d’un morceau. Bien lui en a pris car le garçon assure comme un chef et martyrise ses cordes pour un résultat funky des plus jouissifs.

Le show se termine sur un sommet d’émotions : le « Hallelujah » de Leonard Cohen que tout le monde, bien entendu, connaît et chante en cœur. Grand moment lorsque Popa Chubby abandonne son micro et vient au bord de la scène. Il incite le public à se taire et ne plus faire de bruit et se met à chanter quasi a capella, seulement soutenu par quelques notes discrètes à la guitare. Ainsi, les yeux dans les yeux avec ses fidèles, sa voix perçue en direct, l’intimité est à son comble.

Popa Chubby a vu un ange.

Après deux heures trente de show, le trio quitte les planches sans oublier de remercier une audience aux anges. Pas de coupure pour des rappels, ç’aurait été bien inutile de s’encombrer de ce rituel artificiel. Surtout dans un concert faisant la part belle à la spontanéité et la sincérité.

Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt

Galerie Photos du concert : lien.



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