Beau dimanche 1er novembre. Le soleil présent incite plus à la vie qu’à la visite respectueuse de nos défunts. Et cela tombe plutôt bien car le Cabaret Sauvage, salle chapiteau située sur le site de La Villette, offre une belle raison de sortir de chez soi sans passer par la case cimetière : Popa Chubby ! Le monstre sacré du blues fête ses 25 ans de carrière et la sortie de son album live Big, Bad and Beautiful.
Dans son attaché-case rempli de blues, il emmène deux frères, les Balkun Brothers, ses protégés dont il a produit le premier album. Le duo américain n’œuvre évidemment pas dans la pop acidulée mais dans un blues solide qui ne demande qu’à exploser en concert. Alors n’hésitez plus une seule seconde et accueillez à bras ouverts le blues du dimanche soir.
Artistes : Popa Chubby – The Balkun Brothers
Date : 1er novembre 2015
Salle : Cabaret Sauvage
Ville : Paris [75]
Il est 17h00 quand les Balkun Brothers démarrent leur prestation. Visuellement, Steve le guitariste est très marqué année soixante-dix tandis que le batteur Nick est plus excentrique et coloré. Musicalement, leur blues est gras, rapeux, crasseux juste comme il faut et fait preuve d’un indéniable pouvoir d’attraction live. La guitare slide est reine de la soirée, mise en valeur par un excellent son. Vocalement, Steve a une voix rauque franchement intéressante. Le guitariste virevoltant n’oublie pas d’échanger avec le public. A la batterie, son frère participera aussi à l’animation de la soirée, haranguant les spectateurs. Le groupe n’oubliera pas de rendre hommage à ses aînés avec une reprise de Johnny Winter.
Le public est conquis à juste titre par trois quarts d’heure d’un concert de qualité. Et pour prouver son attachement à ses filleuls, Popa Chubby les rejoindra sur scène pour le salut final. Belle preuve d’adoubement.
A 18h00, Popa Chubby et son groupe investissent la scène. Très vite, dès « Hey Joe » ou « I’ve Been Loving You Too Long » d’Otis Redding, titres joués en début de concert, le bluesman new-yorkais nous rappelle qu’il porte un héritage et qu’il en est fier. Nous le verrons aussi à la fin du concert qui se terminera avec le « Purple Haze » de Jimi Hendrix. Le T-shirt Misfits que Popa porte ce soir montre que son intérêt musical est vaste et le majeur tendu cousu sur sa sangle de guitare atteste son côté rock’n‘roll. Tout comme les cornes du diable qu’il forme avec ses doigts montre son côté metal. Car Popa est tout à la fois, blues, rock’n’roll et même un peu metal. Un monstre musical dans la plus belle acceptation du terme.
Mais tout ne se résume pas à ces références. Nous n’assistons heureusement pas à une prestation d’un groupe de reprise et Popa possède dans son répertoire quelques pépites qui raviront deux heures durant le public qui s’est déplacé modestement. La salle est en effet remplie aux deux-tiers. Pour apprécier une musique de toute beauté pleine d’envolées de piano magnifiques et de guitares assassines !
Le groupe nous fait passer du blues bien gras au boogie énervé. C’est un réel plaisir. Que dire de le joute entre batteurs quand Popa s’installe sur un petit kit et s‘amuse avec son batteur. Ou encore de cette joute entre la voix du pianiste Daves Keyes – qui chante certains titres – et la guitare de Popa !
Sur scène, le bluesman est la plupart du temps assis sur un tabouret. N’en concluez pas que la prestation était statique ! Popa dégage un truc magnétique et est bavard et chambreur. Il haranguera en effet très rapidement le public, indiquant qu’il aime Paris. Et voyant la réaction timide des fans en début de concert, il s’interrogera, moqueur : « Are we in Paris ? It’s more like New Jersey ! ». Il racontera par ailleurs que « Rock On Blues Man » parle de la vie sur la route, rappellera son attachement à la capitale qu’il qualifiera de seconde maison.
En introduction de « 69 dollars », il expliquera aimer être sous ce chapiteau en ce dimanche après-midi, précisant que c’est parce que les artistes sont des gens différents, comme des vampires dormant le jour et restant debout la nuit qui, lorsqu’ils se lèvent en début d’après-midi, demandent de l’argent à leur chérie pour se rendre au « liquor store » et qu’elle leur donne 69 $ !
Côté public, les réactions sont claires : on aime ! Comme le prouvent les fans qui chantent sur « Blues Bearing Down » ou encore saluent les joutes entre musiciens.
Deux heures de concert, c’est très généreux. Une durée qui colle parfaitement à l’artiste qui nous aura offert un très beau dimanche ouvrant de bien belle manière un mois de novembre riche en concerts. Alors, n’hésitez plus un seul instant, courez dans les salles faire le plein d’émotions fortes qu’elles soient blues, metal ou autre. Soutenez vos artistes et faites vivre la musique ! Car toute la musique que vous aimez, elle vient de là, de ce blues que Popa nous aura servi avec toute sa bonhomie et son talent !