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Chronique Focus   

Possessed – Revelations Of Oblivion


Possessed revient de très, très loin. Pour les générations qui n’ont pas ou peu entendu parler de cette formation légendaire, Possessed est tout simplement le groupe qui a inventé le death metal, dont le terme provient d’une chanson, « Death Metal », écrite en 1984 par le groupe. Chuck Shuldiner de Death avait lui-même reconnu avoir été influencé par l’œuvre de Possessed. Le groupe originaire de San Francisco s’était séparé en 1987, puis son fondateur, le chanteur Jeff Becerra, s’est fait tirer dessus et est devenu paraplégique. Il a fallu attendre 2007 avant de revoir Possessed fouler à nouveau les planches, avant que Jeff ne décide de trouver le line-up parfait pour revenir en studio. Revelations Of Oblivion est le troisième opus de la formation, trente-trois ans après Beyond The Gates (1986). Le moins que l’on puisse dire, c’est que Possessed reprend exactement là où il nous avait laissés.

En réalité, c’est presque comme si ces années n’avaient pas existé et interrompu Possessed dans son travail. Possessed a conservé une identité sonore atypique, un son old-school des groupes de l’époque. Jeff Becerra a constitué le line-up qu’il juge être l’un des plus performants pour Possessed à ce jour, à savoir le coauteur et guitariste Daniel Gonzalez accompagné de Claudeous Creamer, de Robert Cardenas à la basse et Emilio Marquez à la batterie, déjà présent en 2007. L’album est autoproduit et mixé par Peter Tägtgren (Bloodbath, Pain, Hypocrisy). L’enregistrement s’est fait à quatre-vingt-dix pour cent en analogique, ce qui confère à Revelations Of Oblivion ce grain qui rendra nostalgiques les aficionados de musique extrême de longue date. Sur ce plan, impossible de ne pas reconnaître l’authenticité de Possessed. Riffing acéré, soli à l’ancienne, basse agressive et claquante, batterie aux cymbales perçantes… Sans tomber dans l’écueil de la production volontairement rabaissée pour correspondre à une image, Possessed parvient à insuffler le cachet « autoradio » de la fin des années 80.

« Chant Of Oblivion », introduction lugubre, presque cinématographique, fondée sur la trame de « Fallen Angel » de l’album Seven Churches de 1985 a le mérite de plonger directement l’auditeur dans l’univers occulte du groupe : il est question de démons, de l’Antéchrist et d’Apocalypse. Possessed déplore la confusion qui peut régner aujourd’hui sur le mal profond lié au diable, figure si banalisée qu’elle n’inspire plus la crainte. « No More Room In Hell » ouvre les débats sur les chapeaux de roue : le titre relate une humanité dépourvue d’au-delà, laissée à elle-même et incapable de différencier le bien du mal. Jeff Becerra a conservé ce timbre – un proto-growl mais à l’articulation discernable –, avec toute l’incarnation qu’on lui connaît (surtout lorsqu’il se met à vociférer et à littéralement proférer des râles, donnant souvent la sensation de vomir ses paroles). « Dominion » ne lève pas davantage le pied, quitte à emprunter au thrash.

Possessed prend aux tripes lorsqu’il entreprend des compositions plus grandiloquentes. Si la formule « riffing chirurgical / refrain scandé & enchaînement de soli » est exactement ce qu’on connaît (et attend) de la part de Possessed, Revelations Of Oblivion comprend quelques moments épiques : les changements rythmiques de « Demon » en font un redoutable hit death metal, en particulier le pont appelé à faire un malheur en live (« Burn, burn ; burn the fucking world ! »), mais aussi l’intensité maléfique de « Ritual » qui ne laisse aucun répit ou les plages mélodiques de « The Word ». Il y a suffisamment de passages marquants pour venir nuancer la monotonie d’une formule efficace mais inévitablement redondante.

Au vu de l’histoire de Possessed et de son frontman paraplégique, Revelations Of Oblivion est presque un miracle, fait cocasse lorsqu’on connaît le goût pour les choses religieuses de Possessed. Revelations est un album de death metal d’un classicisme authentique, toujours pertinent. Jeff Becerra a morflé, mais pas suffisamment pour perdre une ferveur qui s’apparente à une foi indéfectible en son groupe, encore aujourd’hui.

Clip vidéo de la chanson « Shadowcult » :

Chanson « No More Room In Hell » :

Album Revelations Of Oblivion, sortie le 10 mai 2019 via Nuclear Blast Records. Disponible à l’achat ici



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