Dave Wyndorf, le leader de Monster Magnet, a donné une interview à Brendan Crabb du magazine Loud. Nous avons sélectionné et traduit deux passages plein de bon sens pour vous parce que Dave est quelqu’un de très fin. Nous espérons que ces extraits vous donneront envie de lire cet entretien dans son intégralité. Dave revient sur sa vision des chroniques musicales mais également sur la vie des artistes d’aujourd’hui. Il évoque aussi le rapport des artistes à la gratuité avec le téléchargement illégal dans le viseur, mais pas seulement.

Ces extraits peuvent être pris comme un manifeste qui aurait pu s’intituler « Pour que les artistes vivent ». Nous vous en parlons en ce vendredi 3 décembre dans les colonnes de Radio Metal parce que nous partageons totalement les propos de Dave Wyndorf. Et nous espérons que c’est votre cas également.

« Les chroniques veulent toujours dire quelque chose pour moi si c’est écrit d’une manière intelligente. Espérons que les chroniques soient écrites par des gens qui connaissent la musique et qui aiment la musique. Donc quand elles sont bonnes et qu’elles viennent de gens élégants, je les aime. Même quand elles sont mauvaises et qu’elles viennent de gens élégants, je ne m’en fous pas non plus. Le seul moment où je m’en fous est quand elles sont mauvaises et effectuées par des gens stupides (rires). Il y a beaucoup de stupides chroniques sur Internet… La manière de rédiger est en péril maintenant. […] Internet donne la possibilité à chacun d’exprimer son opinion. Le revers de la médaille de ça, c’est qu’il n’y a pas assez d’éducation derrière certains de ces chroniqueurs. Tu vois ce que je veux dire. Ce sont manifestement des gens bêtes qui s’expriment. Donc basiquement, ils aiment prétendre qu’ils savent, alors qu’ils sont objectivement mal renseignés sur beaucoup de choses. […] Par le passé, vous aviez beaucoup de chroniqueurs assez bons avec de belles plumes […] Ce qui n’arrive plus et maintenant le public s’adresse au public. Il y a un certain manque de finesse dans beaucoup des chroniques qui sont publiées. Mais c’est très démocratique maintenant et je ne sais pas si j’apprécie les écrits démocratiques (rires) ! J’aime les écrits snobs (rires) »

« C’est déprimant quand l’art ne paye pas, tu vois ce que je veux dire ? Je sais que ça peut paraître contradictoire, mais c’est difficile à l’âge moderne d’éduquer les jeunes gens sur le fait que la musique ne vient pas de nulle part. La musique vient des gens, les gens font de la musique et ils essayent d’en faire vraiment, vraiment durement. Ce n’est pas une honte qu’Internet existe et ce n’est pas honteux que les gens partagent et ce n’est pas la honte que les gens volent même. C’est juste la manière dont ça tourne. La honte dans tout ça c’est qu’il y a beaucoup de gens qui ne savent vraiment pas ce qu’écrire une chanson signifie. Ils ne le savent pas et ils s’en foutent. Ils pensent que la musique est comme un robinet, tu n’as qu’à tourner le robinet et la musique arrive gratuitement. […] Les gens vraiment sérieux, qui sont sérieux vis-à-vis de leur musique ont peur, très peur, de faire leur vie dans la musique maintenant parce que tu ne peux pas être payé. Je pourrais prédire qu’il y aura moins de bonne musique au cours de ces dix prochaines années et qu’elle sera encore moins bonne d’ici 20 ans. Je pense vraiment que ça ne sera pas mieux avant longtemps. Les gens argumenteront, ils diront « Non, non, non un artiste continuera toujours à faire ce qu’il fait ». Ce sont des conneries – je connais les artistes. Les artistes ne sont pas dans ce jeu juste pour être sacrifiés comme des putains d’agneaux. Ils veulent de l’argent – ils veulent vivre […] Je pense que (cette situation) a des conséquences sur la musique présente dans les bacs et que ça a des conséquences au-delà des charts… »