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Song For The Deaf   

Pourquoi les musiciens ne devraient pas faire de musique ?


Mon éminent collègue mangeur de Fluff, matière blanchâtre infâme et gerbative (le Fluff, pas mon collègue) dont seuls ces fous d’Américains ont le secret, a lancé le débat : pourquoi les musiciens ne devraient pas parler musique. Avide d’obtenir autant de succès, je me décide donc à aller dans un autre débat, à savoir pourquoi les musiciens ne devraient pas faire de musique. Je vous vois venir à mille lieues, vous sentez que je vais vous présenter une bouse auditive qui prouverait que certains musiciens feraient bien de ne pas se lancer dans la musique. Il y a un peu de ça mais, vous en conviendrez, ce serait un peu trop facile. Après tout, il suffit de se rapporter à certaines parties des playlists de l’émission High Hopes pour se convaincre qu’il y a des groupes à exterminer avant même une éventuelle montée en notoriété.

Pour trouver une magnifique illustration de cette question, il n’est pas besoin de remonter très loin en arrière. Ma petite personne n’a qu’à remonter pas plus loin qu’hier soir, soirée réservée à mes besoins boulimiques de découvertes musicales. Le choix s’était porté sur un nom pas si inconnu : Atrocity, le groupe ayant sorti un nouveau rejeton en septembre dernier. Le choix de ce groupe est plus que judicieux car il nous permet d’aborder plusieurs points de la question de départ.

Pour les moins au fait des choses, Atrocity est un groupe allemand très connu, notamment pour le fait que leur tête pensante, Alexander Krull, est le mari d’une charmante blondinette norvégienne répondant au doux nom de Liv Kristine. Et comme ce mec est quelqu’un de bien et de très dévoué envers son épouse, il lui a offert les services de son groupe lors de l’éviction de Liv Kristine de Theatre Of Tragedy. Et les membres d’Atrocity additionnés à la Norvégienne, cela n’a ni plus ni moins donné que Leaves’ Eyes. Voilà pour la base de la petite histoire et ce peu d’éléments sera amplement suffisant pour comprendre ce qui va suivre. L’introduction finie, place à l’analyse en deux actes.

Acte I : L’inégalité de la discographie :

Ha, cette fameuse inégalité… Chose tout à fait subjective en réalité, il suffit pour cela de voir l’immense division qui doit régner entre les fans d’Iron Maiden depuis la sortie de The Final Frontier, semblant avoir apporté bien plus de controverses que le reste de leurs récents opus. Le cas Atrocity connaît également un problème de la sorte. Certains iront dire que l’ensemble de leur carrière est de mauvaise facture, d’autres diront qu’ils auront produit d’excellents albums. Parmi ces derniers, on pourra citer l’opus Atlantis sorti en 2004, fulgurant mélange entre metal et indus tendance darkwave des années 80. Un album-concept sur le thème de l’Atlantide (vous êtes surpris, n’est-ce pas ?) parfaitement maîtrisé avec des atmosphères très en phase avec le thème central, pouvant aussi bien partir vers de l’épique grandiose que dans des ambiances énigmatiques ou encore des mélodies entêtantes. Une grande variété au sein de cette galette sublimée par des chœurs féminins (auxquels Liv Kristine a participé, ô grande surprise) et une production qui ne l’est pas moins. Un chef d’œuvre bien mésestimé au bout du compte.


A côté de ça, quelques années plus tard, on voit que Krull et sa bande ont voulu aller tellement loin dans leur délire « années 80 » qu’ils ont poussé le bouchon jusqu’à sortir deux galettes de reprises de cette période. Et pour tout vous dire, on n’a jamais vu les médias aussi d’accord entre eux, de même que le public : Werk 80 II, le second-né, est une véritable bouse sonore au même titre que le premier volume, même si celui-ci avait eu la décence de se montrer moins pire que son successeur. Voir des groupes comme Depeche Mode, Bronsky Beat, A-Ha ou encore Visage se faire caricaturer de la sorte avec un intérêt aussi pauvre (aucune réelle surprise, son assez moyen…), où était l’intérêt ?

L’intérêt était peut-être de jouer à repousser les limites des styles en termes de reprises mais au final on se retrouve surtout avec des prises de directions bien trop faciles. Pour les amateurs de ce genre d’exercice, restez plutôt de ce côté-là du Rhin et attaquez-vous au French Cancan de Carnival In Coal. Non, ce n’est même plus du second degré mais du cent millième degré que nous offre Atrocity. Au moins nous avaient-ils proposé un « Taste Of Sin » des plus kitsch dans l’album Gemini en 2000 mais cela faisait plus rire que cela offusquait réellement. Impossible de toute manière qu’ils aient pu réellement faire ce titre dans un sérieux inébranlable.


Acte II : Les changements de styles intempestifs :

Quoi de plus navrant pour un fan que de voir son groupe fétiche changer sa musique du tout au tout ? Le fan-club de Walls Of Jericho, par exemple, a bien dû jaser lorsqu’ils ont posé une oreille sur l’EP Redemption (2008). C’est vrai qu’avec la pop-folk aseptisée proposée dans ce mini-CD, nous sommes bien loin du metalcore technique agressif et bien sympatoche qu’ils avaient l’habitude de nous asséner. Et n’allons pas en rajouter une couche avec le cas Linkin Park dont on vous a déjà assez parlé dans ces colonnes. Non mais franchement, vous imaginez un Motörhead dévier vers le hardcore ou un Tom Araya se mettre à faire du rap sur les riffs tranchants de Kerry King ? Au moins pourra-t-on observer un bon pic dans la courbe du taux de mortalité… Ou alors voir Lemmy se prendre une balle dans le crâne comme un gentil petit gars plein de bonnes intentions a pu le faire avec Dimebag Darrell…

Bref, tout ça pour dire : imaginez ce que les fans de la première heure ont pu ressentir lorsqu’ils ont découvert la face gothique électro d’Atrocity en sachant qu’à l’origine, les Allemands faisaient… du death/grind ! Eh oui, Krull est un bien gentil farceur, il aime bien se mettre les gens à dos. Et comme il n’est pas du genre à pratiquer le comique de répétition, un peu plus d’une décennie plus tard, il nous offre un After The Storm bien loin de l’indus ou du metal extrême. Jetez une oreille sur la première chanson de l’album et vous aurez vite l’horreur de constater qu’on se retrouve dans un ethno-folk metal.


Que dire sur cette galette ? Une voix féminine parfaitement maîtrisée qui rappellerait beaucoup Lisa Gerrard de Dead Can Dance. Un véritable délice émotionnel que nous propose Yasmin Krull, la sœur du frontman d’Atrocity. Mais du côté metal, on n’y trouve plus grand chose en vérité. Sur le volet instrumental c’est très calme, planant, rappelant tantôt la musique traditionnelle orientale, tantôt la musique médiévale. Instruments acoustiques ou un peu plus folk comme la flûte sont au programme. Un véritable dépaysement au cœur d’une forêt enchanteresse située au milieu d’un désert du Moyen-Orient (c’est vrai qu’on en trouve beaucoup par là-bas).

Rajoutez à cela une production magnifique et riche en détails et vous avez un peu le topo de cette énorme faute de goût dans le parcours du groupe teuton. Un incident de parcours qui en fera râler plus d’un. Au moins, les détracteurs pourront toujours continuer à dire qu’il s’agit d’un groupe de seconde zone. Eh bien, figurez-vous que malgré tout ce que pourront dire les oreilles les plus fermées, cet album est une véritable petite perle dès lors qu’on omet les quelques défauts qui y figurent, à savoir un Alexander Krull pas toujours juste en voix claire et le fait que, dans les rares titres électriques y figurant, on peut clairement ressentir une belle tendance à plagier Eluveitie.

Tout cet étalage de science, tout un roman pour vous conseiller de vous pencher sur le groupe du mari de Liv Kristine et découvrir absolument ce After The Storm si le côté ambiant ou ethno ne vous rebute pas. Décidément que ne faut-il pas inventer comme billevesées pour attirer votre attention n’est-ce pas ? Il n’empêche, hier, Atrocity m’a surprise, encore une fois, et de bien belle manière grâce à leur nouvelle galette. Alors, autant vous le faire partager ?



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  • ça fait un moment que je l’ai cet album, et je n’ai toujours aps eu la curiosité de l’écouter. mais ton commentaire donne envie
    je suis aussi tout à fait d’accord sur Atlantis, c’est un très bon album
    en revanche, je suis toujours content quand je vois des groupes essayer de faire autre chose que ce qu’ils ont toujours fait, mais il faut que ce soit bien fait sinon… ils se font démolir!
    expérimenter d’accord, mais avec assurance!

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  • mmmh

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  • J’avais déjà entendus parler de ce groupe (c’était justement l’album Atlantis), mais je ne me doutais qu’ils avaient poussé le principe du groupe à concept très loin.

    Passer du Death/Grind à du Folk et en plus d’être un groupe à concept, rien que pour ça j’ai envie de découvrir un peu plus Atrocity.

    Sinon pour le clip \Taste of sin\ c’est surtout les costumes des musiciens qui sont assez ridicule.

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