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Interview   

Powerwolf confesse ses péchés


Être premier des charts allemands, voilà le niveau de succès de Powerwolf aujourd’hui. Un groupe incontournable de la scène power metal actuelle, monté par les frères Greywolf, et cela fait quinze ans que le groupe sillonne les routes. Enchaînant les concerts sold-out et les scènes de festivals remplies par leur passage, le groupe ne s’arrête pas là.

Cette année ils sortent leur septième album : The Sacrament Of Sin. Un album complet et solide où le groupe prouve sa constance : des hymnes heavy metal, avec des refrains et des mélodies que l’on retient à coup sûr, le tout teinté d’emprunts aux codes religieux pour un rendu impressionnant à voir sur scène. Mais avec cet album, Powerwolf démontre également une capacité à se renouveler, en mettant un terme (provisoire) à sa collaboration avec le producteur Fredrik Nordström, au profit de Jens Bogren, et introduit quelques nouveaux éléments.

Alors quelques jours avant que le groupe ne joue sur la Mainstage du Download Festival de France, nous sommes allés nous entretenir avec le claviériste Falk Maria Schlegel ainsi qu’avec l’un des fondateurs et guitariste du groupe : Charles Greywolf. Tout cela afin d’en savoir plus sur ce nouvel album, les évolutions du groupe, les risques pris, et leur succès.

« The Sacrament Of Sin est notre septième album et je pense qu’après sept albums, on peut se permettre de réaliser une ballade sans avoir peur de quoi le groupe aura l’air. »

Après six album à travailler avec le producteur Fredrik Nordström, vous avez choisi cette fois de vous tourner vers Jens Bogren, qui avait masterisé votre album précédent. Qu’est-ce qui vous a motivé à stopper votre collaboration avec Fredrik et partir avec Jens ? Aviez-vous l’impression que votre collaboration avec Fredrik était arrivée à une conclusion sur Blessed & Possessed, que vous aviez besoin d’une nouvelle perspective ?

Charles Greywolf (guitare) : Je dirais plutôt que changer de producteur était une évolution naturelle, d’une certaine façon. Nous étions très contents de tout ce que Fredrik a fait, mais après six albums avec la même équipe et le même studio, nous avons senti qu’il était temps d’explorer de nouveaux territoires, car c’était simplement plus palpitant. Je veux dire, quand on a fait six albums avec quelqu’un, ça implique qu’au final on se connait si bien qu’il n’y a plus de surprise. C’était donc le moment d’essayer quelque chose de nouveau, ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillerons plus jamais avec Fredrik Nordström, car nous avons aimé ce qu’il a fait, donc on verra, mais là c’était le moment de passer à autre chose. Je veux dire que, The Sacrament Of Sin, selon moi, est l’album le plus ouvert d’esprit que nous ayons fait jusqu’à présent. Les chansons possèdent une belle variété. Par exemple, nous avons fait la première vraie ballade de notre carrière avec « Where The Wild Wolves Have Gone », et puis il y a aussi des chansons pas mal heavy comme « Nightside Of Siberia ». Donc le spectre des chansons s’est considérablement élargi par rapport à avant. C’est un album assez courageux mais sans abandonner notre marque de fabrique dans le son, car c’est très important pour moi de conserver la vision que nous avons de Powerworlf. Nous avons trouvé comment nous sonnons mais nous voulons simplement étendre nos horizons et travailler en équipe avec Jens Bogren était la collaboration parfaite pour ça. Il nous a soutenus et encouragés dans la création de nouveaux éléments. Sur The Sacrament Of Sin, nous avons bien davantage travaillé avec des orchestrations élaborées et des éléments comme de la cornemuse ou du théremine. En général, la composition des chansons est plus dynamique qu’elle ne l’était par le passé, et Jens était la bonne personne pour nous soutenir dans l’utilisation de ces nouveaux éléments et trouver comment les intégrer.

Justement, comment avez-vous abordé l’écriture de la ballade « Where The Wild Wolves Have Gone », qui, comme tu l’as dit, est une première pour vous ?

Ce genre de chose doit se faire tout seul, on ne peut pas le prévoir : « Oh je vais écrire une ballade. » Ce n’est qu’une question d’inspiration au bon moment. Personnellement, je suis un grand fan des ballades de metal classiques et j’ai toujours voulu en écrire une mais, par le passé, nous n’avons jamais eu… Tu sais, écrire une telle ballade nécessite les bonnes paroles, le bon titre et la bonne ligne mélodique. Avant, il n’était jamais arrivé que nous ayons tout ça. Et il me semble que « Where The Wild Wolves Have Gone » était une des premières chansons que nous avons écrites pour l’album, et c’était très excitant pour nous de composer une vraie ballade pour la première fois. Peut-être aussi qu’avant, nous ne nous le permettions pas, parce que nous avions l’impression que : « D’accord, on est un groupe de power metal et c’est trop ringard, peu importe » [petits rires]. The Sacrament Of Sin est notre septième album et je pense qu’après sept albums, on peut se permettre de réaliser une ballade sans avoir peur de ce quoi le groupe aura l’air, car même avec une chanson comme « Where The Wild Wolves Have Gone », The Sacrament Of Sin reste un album typique de Powerwolf, mais il y a des chansons qui sont atypiques et je pense que c’était le bon moment de faire ça.

Falk Maria Schlegel (claviers) : Nous pensions que nous ne ferions jamais ça, au début, n’est-ce pas ? Mais comme il l’a dit, nous sommes fans des ballades, et Attila est un grand, grand fan des ballades, donc le moment était venu d’en faire une. J’adore la chanson « Where The Wild Wolves Have Gone », elle est super.

L’album contient une chanson intitulée “Nighttime Rebel”. Qu’est-ce qu’être rebelle pour vous ? Vous sentez-vous rebelles ?

Charles : Personnellement, je ne me sens pas rebelle mais « Nighttime Rebel », c’est une référence à nos fans, car c’est une chose toute simple : un bon concert de heavy metal peut te faire passer un super moment pendant quelques heures et te permettre d’être simplement qui tu es. Dans la vie de tous les jours, si par exemple tu travailles dans un bureau ou autre, tu dois te conformer à ce que les gens attendent de toi, tu dois vivre en accord avec ce que tu es censé être. Et nous vivons toujours ça aux concerts de heavy metal : les gens relâchent leurs démons intérieurs et sont qui ils sont et s’amusent. C’est un peu ça que « Nighttime Rebel » exprime.

Falk : S’échapper du train-train quotidien, je dirais. Nous disons toujours que nous célébrons une messe metal, ce qui signifie aussi qu’on peut avoir ces deux heures de – je ne sais pas comment dire ça – bonne grosse fête ; ça aussi c’est être rebelle. Certes, ce n’est que deux heures mais au final, ça fait du bien, et c’est très important pour Powerwolf.

« La musique est la part la plus importante. Je dis toujours aux gens : sur un album, il n’y a pas de spectacle. Il y a de la musique. Si vous n’aimez pas la musique, vous n’irez probablement jamais voir le spectacle ! Mais en live, nous voulons offrir une expérience pour tous les sens ! »

Il y a aussi une chanson en Allemand, « Stossgebet », ce qui n’est pas quelque chose que vous faites très souvent. Qu’est-ce qui vous a fait penser qu’exceptionnellement cette chanson se devait d’être chantée en allemand plutôt qu’anglais ?

Charles : L’inspiration, tout simplement ! Je veux dire que le mot « stossgebet » est un mot très fort en allemand. Je ne pense pas qu’il existe une traduction littérale. Il s’agit d’une prière spontanée faite à un moment de grand besoin ; il y a quelque chose de terrible qui se passe et tu te dis « Seigneur ! »

Falk : « C’est maintenant que j’ai besoin de toi ! Pas demain ! » [Rires]

Charles : C’est un mort très fort mais il perdrait de sa force si j’essayais de le traduire en anglais, et alors on perdrait l’effet. Donc nous sommes assez ouverts d’esprit s’il faut utiliser une autre langue, quelle qu’elle soit du moment que nous la parlons.

Falk : Peut-être en français… (En français dans le texte, NDLR) [Rires]

Charles : Ouais, ce serait un autre exemple : notre français serait probablement bien trop pauvre pour écrire des paroles, mais si nous tombons sur une expression allemande, comme « stossgebet », et que nous trouvons que c’est un super mot pour le heavy metal, alors nous nous permettrons de laisser ça en allemand et d’utiliser le mot. L’esthétique de l’allemand est probablement très différente de celle de l’anglais, ainsi que celle du français. Cette langue a son propre caractère et parfois c’est intéressant de changer de langue pour obtenir un autre caractère.

Falk : Je suis bien curieux de voir comment ça sera quand nous jouerons la chanson en France, « Stossgebet ». En fait, toi tu le prononces plutôt bien !

Charles : Mais ça devrait être plutôt drôle, j’imagine, avec un public français.

Un groupe avec lequel on pourrait facilement faire un parallèle avec Powerwolf, c’est Sabaton : vous avez tous les deux un sens du spectacle et vous portez la tradition du power metal. Et c’est même encore plus évident sur une chanson comme « Incense & Iron » qui a un côté très Sabaton. Vous sentez-vous proche de ce groupe ?

Je crois que Sabaton et nous appartenons tous les deux à la même génération de power metal, et je pense que nos influences sont assez similaires [petits rires]. C’est donc pourquoi parfois il y a des similarités qui ressortent. C’est sans doute parce que nous écoutons les mêmes groupes ! « Incense & Iron », en gros, était inspiré par la chanson « Over The Hills And Far Away » de Gary Moore, et je peux imaginer que Sabaton aime aussi cette chanson, ou ce genre de heavy metal des années 80. Le truc, c’est que Sabaton et nous sommes inspirés par ce heavy metal des années 80 mais nous le transcrivons de manière plus, disons, puissante et agressive. Voilà donc peut-être la similarité. Et aussi, comme tu l’as dit, le sens du spectacle, nos deux groupes sont vraiment nés en tant que groupes de scène.

On retrouve dans l’album des chansons intitulées « Fire & Forgive » et « Incense & Iron », et depuis « Amen & Attack », on dirait que ce genre de titre est devenue une tradition : « Sacred & Wild », « Blessed & Possessed », « Christ & Combat »…

Les deux : [Rires]

Charles : Ah oui, nous adorons les allitérations ! Si c’est la question.

Falk : Tu les as tous mentionnés ! Dans un autre genre il y a aussi « Saturday Satan »…

Charles : Nous aimons ça, c’est tout ! [Rires] Il n’y a pas de concept là-derrière, genre « on doit faire ça », mais personnellement j’aime les titres de chanson accrocheurs et j’aime les titres qui attisent ma curiosité et me donne envie d’écouter la chanson. Si je lis les titres de chanson à l’arrière du disque et que ça dit juste « Brutal Devastation Of The Fourteenth Century »…

Falk : Il y a une chanson qui vient de passer à la radio, ici au Hard Rock Café : « Summer Sadness ». C’est un bon titre de chanson ça !

Charles : Pour moi, un titre de chanson doit être accrocheur. Peut-être que nous manquons de créativité et restons tout le temps coincés sur les allitérations. Je ne sais pas. Il n’y pas de plan là-derrière, ça se fait tout seul.

« Peu importe le péché que tu commets, si tu pries suffisamment, si ta foi est suffisamment forte, tout est pardonné ! C’est une étrange perception de comment vivre avec ses péchés. Ma définition du péché, personnellement, c’est celle de quelque chose avec lequel je ne pourrais pas vivre en accord. »

L’édition limitée de Blessed & Possessed contenait un CD bonus où vous repreniez des classiques du metal. Cette fois, c’est l’inverse : il s’agit d’un CD où d’autres artistes reprennent certains classiques de Powerwolf. Comment est-ce arrivé ?

C’était quelque chose qui s’est fait spontanément. C’était plus une idée qui nous est venue après plein de bières [petits rires]. Epica était avec nous durant la dernière tournée européenne, et pendant les balances d’un des concerts, ils ont joué « Sacred & Wild » pour s’amuser. En plaisantant nous avons dit que ce serait sympas t’entendre une version enregistrée de cette chanson. Plus tard dans la soirée, nous sommes posés dans le tour bus, nous avons bu quelques bières et nous rêvassions : « Hey, ce serait tellement dingue si on pouvait demander à d’autres groupes… » Nous avons donc proposé ça à Epica et nous l’avons également proposé à d’autres groupes avec qui nous avons tourné avant, comme Battle Beast, ou de bons amis comme Mille [Petrozza] de Kreator ou Eluveitie. Le lendemain matin, quand nous étions tous à nouveau sobres, nous disions : « Ouais… mais l’idée était cool ! Faisons-le et voyons ce qu’il advient ! » Nous ne croyions pas vraiment que ça marcherait mais nous voilà maintenant, ça s’est réalisé ! Nous avons un album avec des reprises de nos chansons. Le meilleur truc au sujet de l’album de reprises, selon moi, est que chaque groupe sonne comme eux-mêmes, ils n’ont pas joué Powerwolf en cherchant à imiter notre manière de sonner, ils se sont approprié les chansons. A chaque fois qu’on nous envoyait une chanson, c’était un peu Noël pour nous. C’était comme déballer un cadeau de Noël pour voir ce qu’il y avait dedans, c’était vraiment génial !

Falk : C’est comme une famille metal ! Chaque groupe a un certain lien avec Powerwolf. Ce côté famille est une bonne chose dans la scène. Nous sommes très contents du résultat. C’est un très bon bonus, c’est même plus que ça, je dirais, mais c’est un bonus à The Sacrament Of Sin et c’est super de l’avoir.

S’il y a une logique à avoir des groupes comme Battle Beat et Epica, d’autres groupes comme Heaven Shall Burn ou Kadavar son plus surprenants parce qu’ils sont radicalement différents de Powerwolf…

Oui, complètement différent !

Charles : Mais c’était le but ! Nous avons plus ou moins fait exprès de ne pas proposer ça à trop de groupes de power metal, car c’était super intéressant de voir ce que des groupes comme Heaven Shall Burn ou Eluveitie feraient avec nos chansons. Il était évident qu’ils joueraient les chansons dans un autre style et c’était super excitant. Je pense aussi pour les fans, ce sera très excitant d’écouter des versions des chansons si différentes des originales.

Falk : Je me souviens de Chrigel [Glanzmann] qui m’a écrit un email pour me demander au sujet des paroles s’il pouvait utiliser ses propres trucs, ses propres paroles en celte. Et j’ai dit : « Oui, tout ce que tu veux ! » Je sais qu’il est bon pour faire ce genre de choses.

Charles : Nous lui avons toujours dit « plus tu sonnes comme toi-même, mieux c’est. Appropries-toi la chanson et ne te soucies pas de l’originale. »

Il y a deux groupes ces dernières années qui ont eu rapidement du succès : Powerwolf et Ghost. Une chose que ces deux groupes ont en commun est un sens aigu de la théâtralité. Pensez-vous, étant donné le nombre de groupes et de tournées aujourd’hui, qu’offrir de la musique de qualité n’est pas suffisant, qu’il est plus que jamais nécessaire d’offrir plus que de la musique et un concert traditionnel ?

Clairement mais ce n’est pas nouveau ! L’un de mes premiers héros était Iron Maiden, et Iron Maiden a toujours eu un aspect visuel et divertissant très prononcé dans leurs concerts, ainsi que ces magnifiques pochettes d’album. Je dirais donc que quand j’étais jeune et que je me suis mis au heavy metal, en parlant d’Iron Maiden, c’était la musique qui me fascinait mais c’était aussi les illustrations, l’image, la scénographie, le jeu de scène de Bruce Dickinson… Tout ça c’était une expérience qui rendait le heavy metal vraiment unique pour moi, et c’est quelque chose que, je pense, nous avons-nous-même adopté. Bien sûr, en étant un groupe, la musique est la part la plus importante. Je dis toujours aux gens : sur un album, il n’y a pas de spectacle. Il y a de la musique. Si vous n’aimez pas la musique, vous n’irez probablement jamais voir le spectacle ! Mais en live, nous voulons offrir une expérience pour tous les sens !

Falk : Et divertir les gens.

Charles : Totalement ! Le rock, c’est du divertissement ! Bien sûr, on peut écrire des paroles sophistiquées, on peut faire plein de choses, mais au final, c’est du divertissement. En live, je suis content si je vois que les gens ont passé un très bon moment à tous les niveaux.

Une autre chose que vous partagez avec Ghost, mais aussi un groupe comme Batushka dans un style plus black metal, est l’utilisation des codes religieux. Il semblerait que les gens y soient très réceptifs. Qu’y a-t-il de si fascinant là-dedans selon vous ?

Au moins en parlant pour l’Allemagne, où nous avons été élevés, mais je pense qu’en France ce n’est pas si différent, plein de gens ont été élevés dans les traditions chrétiennes. On a donc vécu ça durant notre enfance. Je me souviens quand j’étais à l’église étant enfant, j’étais fasciné par la musique de l’orgue d’église et le chœur, mais j’étais aussi un petit peu, disons, irrité par tous les rituels. Le fait d’être un enfant et de voir un gars sur une croix, il y avait un peu une fascination morbide pour moi, et je pense que plein de gens partagent cette fascination morbide pour ce genre de traditions, disons-le ainsi. Ensuite, je ne parle pas de religion mais de spiritualité : je pense que chaque être humain se pose des questions sur des choses qui le dépassent, comme ce qu’il y a après la mort. Même le plus athée des athées se pose des questions à l’intérieur traitant de, je ne sais pas, appelons ça Dieu, appelons ça une force supérieure, appelons ça comme on veut. Il y a des liens à toutes ces choses, aussi ambigu cela puisse être, mais c’est pour ça que plein de gens peuvent s’y identifier. Au contraire, je peux te dire que, par exemple, les Japonais peuvent difficilement s’identifier à notre image parce qu’ils n’ont pas de tradition liée à ça. Nous avons beaucoup de clins d’œil à la religion dans notre musique, nos paroles, notre image auxquels ils ne peuvent pas s’identifier.

« Les meilleurs moments sont parfois de toutes petites choses. Si, par exemple, il y a un concert et je vois qu’un père a emmené son fils de dix ans, et que le fils est comme un dingue en voyant le spectacle, c’est quelque chose qui me restera très longtemps en tête, parce que c’est un vrai don quand on est musicien, on peut rendre les gens heureux. »

L’album se nommant The Sacrament Of Sin, quelle a été votre plus grand péché ?

Le titre fait référence au fait que, au moins dans la tradition catholique, l’homme est défini comme un pécheur. On est pécheur par défaut. On nait pécheur, c’est comme ça que l’être humain est décrit dans le modèle de la religion catholique. On ne peut échapper à nos péchés qu’en ayant une forte croyance et en confessant ces péchés. C’est une conception assez intéressante, je dirais. Je me souviens quand j’étais enfant, on m’avait amené à l’église et on m’a dit de confesser mes péchés. J’avais sept ans et je me demandais ce qu’on attendait de moi, qu’est-ce que je suis censé faire là ?

Falk : Tu vas aller au purgatoire !

Charles : Ouais ! C’était genre « tu dois confesser tes péché » et j’ai longuement réfléchi pour savoir quoi dire ! C’est assez marrant, d’une certaine façon. D’un autre côté, peu importe le péché que tu commets, si tu pries suffisamment, si ta foi est suffisamment forte, tout est pardonné ! C’est une étrange perception de comment vivre avec ses péchés. Ma définition du péché, personnellement, c’est celle de quelque chose avec lequel je ne pourrais pas vivre en accord. Tout ce concept est assez intéressant et c’était une bonne thématique pour une grande partie des paroles de l’album.

Quelles seraient les moments les plus déterminants dans la vie du groupe et que vous considéreriez comme des sacrements heavy metal ?

C’est assez dur à dire parce que nous avons eu de grandes réussites par le passé, comme avoir été numéro un dans les classements allemands et ce genre de choses, mais pour moi, ce n’est clairement pas ce que je considérerais comme les meilleurs moments. Personnellement, les meilleurs moments sont parfois de toutes petites choses. Si, par exemple, il y a un concert et je vois qu’un père a emmené son fils de dix ans, et que le fils est comme un dingue en voyant le spectacle, c’est quelque chose qui me restera très longtemps en tête, parce que c’est un vrai don quand on est musicien, on peut rendre les gens heureux, on peut donner aux gens…

Falk : On peut leur donner de la force !

Charles : On peut transférer de la force. Ce sont vraiment les moments qui me rendent fiers ou me motivent énormément. Ce sont ces moments plutôt que le fait de jouer dans le plus grand festival au monde.

Falk : J’ai reçu plein d’emails de gens, par exemple, et ils écrivaient : « Powerwolf, la musique et les concerts, me donne tellement de force durant ces temps difficiles. Vous m’avez aidé à en sortir ! » C’est genre : « Wow ! Qu’est-ce que j’ai fait avec ma musique ? Je leur ai donné la force d’avoir une vie meilleure ! » C’est un grand moment. J’en suis heureux, et fier, car j’aide des gens avec ma musique, c’est génial !

Êtes-vous parfois surpris par votre succès ?

Charles : Surpris, c’est peut-être un mot un peu fort, mais nous sommes super contents et reconnaissants. Nous ne sommes pas surpris parce que le succès n’est pas venu du jour au lendemain pour nous. Je veux dire que nous existons depuis treize ans maintenant…

Falk : Treize ? Pas Quinze ?

Charles : Disons que nous sommes vieux ! [Rires] Nous avons beaucoup tourné et avec chaque tournée, on voyait plus de gens venir. La majorité du succès n’est pas venue de promotions radio sophistiquées ou autre, c’est venu des tournées, du fait d’avoir convaincu les gens en étant sur scène ; c’est ça dont il s’agit avec le rock. Bien sûr, nous sommes super contents si nous revenons sur la tournée suivante et que la salle est plus grande.

En 2016, vous avez sorti The Metal Mass qui semblait marquer un jalon dans la carrière du groupe, et maintenant vous avez changé de producteur et introduit de nouveaux éléments, comme une ballade. Avez-vous l’impression d’ouvrir un nouveau chapitre avec The Sacrament Of Sin ?

Je ne sais pas si j’appellerais ça un nouveau chapitre, je dirais plutôt que nous poursuivons une aventure palpitante ! Bien sûr, si on sort un album live, c’est toujours un genre de best of, une fin de chapitre en quelque sorte. Mais d’un autre côté, je pense aussi aux prochaines tournées qui arrivent bientôt, où nous jouerons aussi les trucs que nous avons joué sur l’album live, donc ce n’est pas comme si nous refermions vraiment quelque chose. Je dirais que The Sacrament Of Sin est un nouveau chapitre mais en ayant les anciens chapitres toujours en tête, clairement.

Interview réalisée en face à face le 15 mai 2018 par Matthis Van Der Meulen.
Fiche de questions : Nicolas Gricourt & Matthis Van Der Meulen.
Transcription : Nathalie Holic.
Traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Powerwolf : www.powerwolf.net

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