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Interview   

Primal Fear : la fiabilité allemande


Un titre d’album tel que Metal Commando renvoie forcément à l’imaginaire militaire. Alors quand en plus c’est un groupe allemand qui l’adopte, le cliché de la discipline et de la rigueur nous vient immédiatement en tête. Mais Ralf Scheepers, chanteur et cofondateur de Primal Fear, préfère parler de fiabilité. La fiabilité de Primal Fear, c’est avant tout la garantie d’obtenir un album cent pour cent heavy metal, conforme à la tradition, avec tous les éléments qui ont fait la réputation du genre. Pas de surprise, pas de déception. Un savoir-faire désormais maîtrisé et ancré dans l’ADN des musiciens. Et quasiment quarante ans après ses débuts, trente après la sortie de Heading For Tomorrow, son premier album majeur avec Gamma Ray, Ralf Scheepers sait ce qu’il a à faire. Ce qui ne veut pas dire qu’il se donne moins pour autant.

C’est ce qu’il nous explique ci-après, nous présentant le nouvel album Metal Commando. Un album qui reflète exactement la conception du metal selon Primal Fear, qu’il soit rapide, groovy, mélodique, épique ou sensible. Toute la palette est là, avec son lot de métaphores dans les textes. L’occasion d’amener Ralf à dévoiler un peu de sa spiritualité mais aussi de sa rationalité, que ce soit lorsqu’il évoque son rendez-vous manqué avec Judas Priest ou la crise sanitaire actuelle.

« Quand je chante une chanson, je donne tout ce que j’ai. Je suis parfois près de m’évanouir [rires]. »

Radio Metal : Mat [Sinner ; basse, co-chant lead] a déclaré qu’avec ce nouvel album, Metal Commando, « chacun de [vous] a repoussé ses limites ». Comment cela s’est-il traduit dans votre façon d’aborder l’album et ce que vous y avez mis physiquement ?

Ralf Scheepers (chant) : Pour commencer, nous formons une super équipe et nous sommes capables d’écrire de bonnes chansons. C’est quelque chose dont nous sommes très heureux. Parfois, on ne sait plus trop si ça sonne bien, mais c’est pourtant le cas. Il arrive qu’on manque de perspective, qu’on perde le contrôle quand on entend la musique des semaines ou des mois avant qu’elle ne sorte. Mais au final, quand nous nous asseyons tous ensemble pour mixer, tout le monde est à nouveau très content. En termes de limites, quand je chante une chanson, je donne tout ce que j’ai. Je suis parfois près de m’évanouir [rires], parce que je hurle comme un taré et que ça s’entend vraiment. Mat a raison, je peux dire que j’ai repoussé mes limites sur certaines des chansons. Mais il m’arrive aussi d’essayer d’être aussi détendu que possible. Si tu écoutes un titre comme « Hear Me Calling », le fait que le chant soit très doux ne signifie pas que c’est facile à chanter. Ça nécessite une certaine approche pour délivrer toute la chaleur qu’il y a dans la voix. C’est une tentative de chant plus détendu, au lieu de me contenter de hurler tout le temps.

Ta façon de chanter est effectivement très intense, et tu as près de quarante ans de carrière derrière toi aujourd’hui, si on compte le temps passé avec Tyran’ Pace. Comment entretiens-tu cette intensité vocale après toutes ces années ?

Tout d’abord, j’ai de la chance : je suis né comme ça ! Ensuite, je m’entretiens. Je suis professeur de chant et je fais aussi les exercices que je donne à mes élèves ! [Rires] Je touche du bois pour que ça se maintienne ! C’est un muscle dans la gorge, il faut en prendre soin. Plus tu fumes – je suis non-fumeur, ce qui est parfait – et plus tu bois d’alcool – il m’arrive de boire de la bière ou du vin, mais rien de plus fort… J’ai la chance que ma voix fonctionne toujours et j’essaie de… [il se racle la gorge à plusieurs reprises] Pas comme ça ! Ce n’est pas sain, ce que je suis en train de faire ! J’essaie de faire les exercices et de maintenir ma voix humidifiée. C’est très compliqué en tournée, j’essaie de parler le moins possible quand nous sommes sur la route. C’est le plus important pour un chanteur.

T’arrive-t-il de t’inquiéter pour l’avenir en ce qui concerne ta voix ? En particulier quand tu vois la façon dont la voix de certains de tes collègues plus âgés a pu vieillir ?

S’inquiéter n’est pas la bonne approche. Au final, ça arrive et tu ne peux rien y changer. Il suffit de trouver des moyens de passer outre. Il est toujours possible de modifier les harmonies d’une chanson, ou de chanter une octave plus bas sur scène. Mais comme tu l’as dit, ça finit par arriver à tout le monde. C’est un muscle, il vieillit. Je ne suis pas si âgé que ça, mais tu vois ce que je veux dire ! En tant que chanteur, après quarante ans passés à hurler, ce n’est plus aussi facile qu’avant. Mais je m’échauffe, et quand je fais mes vocalises, je sens vraiment la différence et ce que ça apporte à ma voix. C’est une bonne chose. Je suis certain que ma voix durera encore de nombreuses années parce que je fais mes vocalises avec mes élèves, ce qui est très important.

La musique metal est souvent comparée à un sport en raison du challenge qu’elle impose au corps humain. Par nature, une équipe sportive cherche toujours à remporter de nouveaux défis et à battre de nouveaux records. Vous compareriez-vous à une équipe de sport ?

Oui, parfois. C’est souvent un peu comme une équipe de foot : il faut être une équipe, travailler ensemble, ne pas être égoïste. Les besoins et les quêtes individuels n’ont pas d’importance. Il faut parfois être une équipe et prendre des décisions d’équipe. Mais quand il s’agit d’écrire des chansons, ça n’a plus rien à voir avec du sport. Bien sûr, tout le monde y met beaucoup d’énergie, mais l’esprit d’équipe est vraiment la seule comparaison qu’on puisse faire avec le sport. La scène aussi, parfois ! [Rires] Quand tu cours et que tu sautes partout, c’est sportif !

À propos de cet album, Mat a également déclaré que « ce qui était heavy est encore plus heavy, ce qui était épique est encore plus épique, ce qui était rapide est encore plus rapide, et ce qui était sombre est encore plus sombre ». Dirais-tu que ce qui fait le charme du metal, c’est la capacité à être « over the top » et plus grand que nature, contrairement à la société moderne, qui nous impose souvent d’être discrets et modérés ? Est-ce un soulagement de pouvoir s’exprimer de cette façon ?

Parfois, oui, absolument. Ça aide beaucoup quand tu passes une mauvaise journée : tu vas en studio, tu chantes et tu hurles, et après, tu es de meilleure humeur ! [Rires] En ce qui concerne nos paroles, nous écrivons en nous basant sur nos expériences personnelles et en fonction de notre humeur du moment, qu’elle soit agressive ou sensible. Il nous arrive d’exprimer ça dans notre musique. C’est comme peindre un tableau. Comme tu l’as dit, ça peut être plus sombre ou plus clair, plus rapide, plus agressif ou plus groovy. Quand j’aborde une chanson et que j’écoute ce que les gars ont enregistré, avec la guitare, la batterie et la basse, quand j’essaie de trouver une mélodie, je m’efforce de saisir l’ambiance et l’énergie de la chanson et de trouver les paroles appropriées. Parfois, ça se passe bien et il ne reste qu’à enregistrer. Et parfois ça ne marche pas, et il n’y a plus qu’à recommencer [rires]. Je suis tout à fait d’accord avec ce qu’a dit Mat. Nous faisons ce que nous avons toujours fait, mais en « plus » : plus rapide, plus de mélodie, plus de sensibilité, plus de tout.

« Nous avons une ligne directrice rectiligne et fiable. Le public peut avoir confiance en notre musique et en ce que nous prévoyons de sortir. »

L’album se termine avec votre chanson la plus épique et la plus longue à ce jour, « Infinity ». Comment vous est venue cette chanson ?

C’est ce qui arrive quand Magnus [Karlsson ; guitare et claviers] et Mat travaillent ensemble. Ils sont très doués pour écrire ce genre de chose. Ils savent aussi très bien me présenter l’ambiance générale et l’énergie d’une chanson. Ils savent parfaitement comment je vais chanter. C’est ce que fait Mat quand il écrit des mélodies et des paroles : il sait très exactement ce que je peux faire sur la chanson. C’est comme ça que nous écrivons des chansons ensemble, même si nous sommes séparés : en pensant à ce que font les autres avec leur instrument. C’est ce que je voulais dire en parlant de travail d’équipe pour écrire une chanson : nous savons d’avance comment les autres membres vont réagir à la chanson et comment ils enregistreront la musique. Et c’est exactement ce qui s’est passé avec « Infinity ». Ce n’est pas un concours, nous ne nous forçons pas à faire trois ou quatre minutes plus long que ce que nous avons déjà fait. Ce n’est pas comme ça que nous abordons les choses. Ça se passe comme ça, tout simplement. Quand ça arrive, ça arrive, et cette fois, il s’est avéré que c’était un peu plus long !

« Infinity » fait pratiquement une incursion en territoire symphonique. Penses-tu que ce soit le résultat de l’expérience de Mat en tant que directeur musical de Rock Meets Classic ?

C’est possible, oui. Ça a peut-être un lien. Travailler avec un orchestre donne beaucoup de nouvelles perspectives et d’idées sur la façon de créer certaines atmosphères, c’est vrai.

Pour toi, quelle différence cela fait-il de chanter une chanson si longue ? Y a-t-il des différences par rapport à un titre plus traditionnel ?

C’est beaucoup mieux pour s’imprégner de l’atmosphère. Avant d’enregistrer le chant, j’écoute toute la chanson et je m’imprègne de l’ambiance. En tant que chanteur, c’est très important de comprendre l’atmosphère et de savoir ce que tu dois exprimer avec ta voix. C’est exactement ce qui s’est passé avec « Infinity ».

Cet album comporte des titres heavy, des titres speed, une ballade (« I Will Be Gone »), un titre épique (« Infinity »). Dirais-tu qu’il est la quintessence de ce que doit être un album de metal ?

Oui, tout simplement ! C’est une bonne chose, parce que ce sont exactement nos goûts en matière de musique. C’est tout à fait notre truc, la façon dont nous concevons le heavy metal. Je ne dirais pas que tout le monde dans le groupe, moi inclus, écoute du heavy vingt-quatre heures sur vingt-quatre ; ce n’est pas le cas. Mais c’est de là que nous venons, nous étions des fans à la grande époque du heavy. Nous avons ça dans le sang et nous savons exactement comment nous voulons sonner, comment aborder les chansons et comment être satisfaits du résultat final. Je trouve que l’album s’est bien arrangé. Après toutes ces années passées à expérimenter des trucs, voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas, nous avons assez d’expérience pour proposer un produit final de qualité pour toutes les chansons, qu’elles soient rapides, groovy, mélodiques, plus abrasives ou pleines de hurlements !

Lors de la sortie de « Along Came The Devil », Mat a déclaré qu’il s’agissait d’une « promesse aux fans du monde entier que le nouvel album de Primal Fear ne contient aucune expérimentation inutile ou surprise négative ». Penses-tu que les fans de Primal Fear ont une opinion très arrêtée de la façon dont le groupe doit ou non évoluer ?

Il y a peut-être quelques voix qui ne sont pas ravies par ce que nous avons pu tenter, et il y a toujours des gens qui râlent pour tout. Par le passé, quand nous ne changions pas du tout, ceux-là disaient : « Oh, c’est toujours pareil ! Ils ne tentent rien, c’est la même chose! » Et quand nous avons changé des choses, ce sont les mêmes qui ont dit : « C’est complètement différent, j’aurais préféré qu’ils restent fidèles à leur style ! » Il y a toujours quelqu’un… On ne peut pas plaire à tout le monde. Ce n’est pas notre façon de faire, et plaire à tout le monde n’est pas notre objectif, car c’est tout bonnement impossible. Mais il y a tellement de gens qui râlent sur tout ce que nous sortons… Certaines personnes ne sont jamais satisfaites. Mais c’est normal, c’est une question de goût. Chacun ses goûts, mais pourquoi ne pas montrer un peu de respect ? Pourquoi en parler en mal tout le temps ? Ce n’est pas juste. Au final, comme je le disais, c’est… [petits rires] Il arrive que nous voulions apporter un changement à notre musique. Cette déclaration avec « Along Came The Devil » était très importante pour dire aux fans et à ceux qui nous écoutent : « Hey, on est toujours là ! Ne nous oubliez pas ! Mais n’allez pas croire que tout l’album sera comme ce titre ! » Quand ils ont écouté la chanson, beaucoup de gens se sont dit : « Oh, j’espère que l’album sera différent… » Mais on ne peut pas juger tout un album en n’écoutant qu’une seule chanson. C’était une déclaration dans le bon sens, comme un direct dans l’estomac ! Nous sommes là, ne nous oubliez pas et attendez la suite le 24 juillet ! C’est notre déclaration, et ce sera la même chose pour les deux singles qui vont suivre.

« Metal Commando est une métaphore pour parler d’une équipe qui fait les choses avec le cœur. »

Comment faites-vous la différence entre « faire évoluer le son du groupe pour garder un peu de fraîcheur » et « faire des expérimentations inutiles » ? L’équation n’est-elle pas un peu compliquée à résoudre ?

Ce qu’il y a de bien, quand on fait ça, c’est qu’on a le temps. On ne sort pas la musique dès qu’elle est enregistrée. On l’écoute et on la réécoute – et parfois pas, car on sait qu’il s’agit d’une bonne chanson et on peut la sortir. Mais parfois, après avoir écouté une chanson en boucle, on se demande si ça vaut la peine de la sortir – et la réponse est oui ! Nous avons une jauge de qualité, et si le son est sur cette jauge, nous sommes contents et nous savons qu’un grand nombre de nos fans le sera aussi. C’est ce qui s’est passé ici.

Qu’est-ce qui constituerait une expérience inutile pour Primal Fear ?

Écrire une chanson pop ! [Rires]

L’album s’intitule Metal Commando, un titre hommage au groupe et à la musique metal. Comment le metal a-t-il façonné ta vie ?

Quand j’étais gamin, c’était tout pour moi. Quand je rentrais de l’école, je me préparais une pizza et j’écoutais Saxon, Iron Maiden et Judas Priest ! [Rires] C’est curieux, mais aujourd’hui, je ne fais ça que quand je conduis : je monte le son, je roule et je vis la musique. Ça me donne énormément d’énergie et je ne veux pas oublier ça. Voilà ce que me fait le heavy metal – et ça a toujours été le cas.

On dit souvent que le metal est plus qu’un style musical…

Je pense que quand on dit que c’est plus qu’un style de musique, on pense surtout à tout ce qu’il y a autour, toute la communauté, la façon dont on se rassemble en festival. C’est une grande famille. C’est génial. Je pense que c’est ça que les gens veulent dire en affirmant que c’est plus que de la musique : c’est un ressenti, une passion. C’est vrai. Mais c’est difficile d’expliquer un ressenti ou une passion. C’est là, c’est tout. C’est la même chose quand on est sur scène et qu’on ressent cette passion : c’est là. C’est difficile à expliquer. Il y a beaucoup d’adrénaline et d’énergie positive, et je pense que c’est ce que ressentent également les fans qui écoutent des groupes. Gamin, j’écoutais des groupes et j’étais fan, et c’est ce qui m’est arrivé. C’est exactement ce qu’on ressent sur scène. Je pense que c’est ce qu’on entend par « plus que de la musique ». C’est la vérité, tout simplement.

Penses-tu vraiment que le metal soit une grande famille ? On assiste souvent à des bisbilles entre groupes sur Internet, et il y a les fans qui tapent sur certains genres…

Il y a toujours des brebis galeuses dans une famille, non ? [Rires] C’est triste, mais c’est une société. Il y a des gens comme ça. Tout le monde a des opinions différentes et c’est normal. Mais je pense que, de façon générale, quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour cent sont des gens positifs qui ne se plaignent pas et sont contents de leur vie. Ceux-là peuvent dire que le metal est plus que de la musique, et c’est vrai. Je veux dire, franchement, si je n’aime pas un certain groupe, pourquoi est-ce que j’irai dire publiquement : « Blah, c’est de la merde, je déteste ! » ? Je peux avoir mon opinion, mais pourquoi aller la répandre et démolir ce groupe ? Si on me demande mon opinion, je la donne. Mais si je n’aime pas quelque chose, je ne vais pas ouvertement dire : « Je n’aime pas ci ou ça. » Si ça marche, ça a le droit de marcher. Il y a bien une raison au succès, non ? Si vous n’aimez pas, très bien, mais arrêtez de vous plaindre et ne démolissez pas les gens derrière la musique. Elle a le droit d’exister.

Comment es-tu venu au metal à la base ?

J’écoutais Sweet à l’époque. C’était un peu du rock metal, non ? La New Wave Of British Heavy Metal est arrivée au même moment – Saxon, Maiden et Judas Priest, comme je l’ai déjà dit. C’était au milieu des années 70 et ça a commencé à prendre ici aussi [en Allemagne] avec Scorpions et Accept. Je me souviens être allé tout seul au Monsters Of Rock. Ça m’a totalement avalé et c’est entré dans mes veines ! J’adorais le groove, les mélodies, l’agressivité, la façon dont les musiciens jouaient de la guitare et chantaient, la totale. Écouter une bonne chanson de metal était une sensation géniale pour moi.

Le mot « commando » fait référence à un groupe de soldats d’élite en mission. Primal Fear est-il en mission, selon toi ?

[Petits rires] Oui ! Il ne faut pas le prendre trop au sérieux, il n’y a pas de contexte social ou militaire là-dedans. Mais parfois, en musique, on cherche des métaphores. Quand on parle du diable, on ne fait pas référence au diable en personne, parce qu’il n’existe de toute façon pas, mais c’est une métaphore. Même chose pour « Metal Commando » : c’est une métaphore pour parler d’une équipe qui fait les choses avec le cœur. Ils sont tellement fidèles à leurs valeurs qu’ils partent en tournée à travers le monde et qu’ils en ont fait leur vie. C’est une déclaration : nous sommes l’équipe Metal Commando. C’est notre passion, notre ressenti et notre façon de vivre.

« Je ne suis pas très religieux, mais je crois qu’il y a quelque chose – même s’il s’agit simplement de l’univers, auquel on retourne après la mort. »

Il y a aussi une idée de précision et de discipline derrière le commando metal. Quel niveau de rigueur faut-il pour jouer du heavy metal, surtout dans un groupe comme Primal Fear ?

Pour nous, c’est facile, parce que c’est ce que nous avons toujours fait, et nous avons toujours su que c’était la chose à faire. Au final, nous n’avons pas à être si rigoureux que ça. C’est ce que nous faisons, tout simplement. Ce qu’il y a de bien, c’est que nous avons nos fans, qui aiment ce que nous faisons. Nous jouons par pure conviction.

Les journalistes utilisent souvent des métaphores militaires pour décrire la musique metal allemande, la culture allemande en général, voire les équipes de sport allemandes. Le titre Metal Commando, qui fait référence au surnom que vous a donné le public américain lors de votre première tournée aux États-Unis, en est la parfaite illustration. Comment perçois-tu cette image militariste associée à l’Allemagne et à la discipline allemande ?

Discipline, c’est sans doute le bon terme. Nous avons un passif assez négatif [d’un point de vue militaire], comme chacun sait, donc ça n’a rien à voir avec ça ! Nous essayons de faire preuve de positivité sur un sujet qui ne l’est pas toujours. Nous montrons les attributs positifs : la discipline, la franchise et la fiabilité. Pour nous, la fiabilité est le plus important. Nous voulons être fiables pour nos fans, proposer des choses que nous soutenons totalement et qu’ils aiment entendre venant de nous. Pour revenir à la question précédente, c’est pour ça qu’il y a autant de chansons sur un album : nous avons différents styles et grooves, différentes mélodies et atmosphères. C’est une combinaison d’éléments, et chacun peut choisir ce qu’il préfère. Mais au final, nous avons une ligne directrice rectiligne et fiable. Le public peut avoir confiance en notre musique et en ce que nous prévoyons de sortir. Le principal est que nous soyons satisfaits du résultat, et si c’est le cas, nous savons que vous le serez aussi. C’est à la fois un peu compliqué et très simple ! [Rires] Ce n’est pas difficile de comprendre ce que nous essayons de proposer.

Dirais-tu que les Allemands ont des critères plus élevés que le reste du monde en matière de précision et de discipline ?

Non. Je ne poserais pas ce genre d’étiquette sur toute une nation ! C’est une question individuelle. C’est lié à la façon dont tu as été éduqué, dont tes parents t’ont élevé, avec ou sans discipline. Plus tard, quand tu es un peu plus mûr, tu sais ce que tu veux dans ta vie. Si tu veux atteindre un objectif, il faut une forme de discipline. Ça n’a rien à voir avec une nation.

Le diable est une figure récurrente dans le metal, et Primal Fear fait souvent référence au diable, aux démons, à l’enfer ou au paradis. Cette fois, vous proposez une chanson intitulée « Along Came The Devil ». Tu as dit un peu plus tôt qu’elle ne parle pas du diable lui-même, qu’il s’agit d’une métaphore. Que représente le diable pour toi ?

Quelque chose de sombre et de mauvais, évidemment. Il n’y a pas que des bons moments dans la vie, il y en a aussi des mauvais et sombres. Comme je l’ai dit, le diable est une métaphore pour les mauvais jours. On ne dit pas que le diable se pointe en personne. Dans le contexte de mes paroles, c’est plutôt : « Aujourd’hui est un jour sans », mais ça ne sonne pas aussi bien, si ? [Petits rires] C’est quelque chose de négatif, pas le diable lui-même. Il m’arrive de regarder des films d’horreur de temps en temps, et on voit parfois le diable ou un démon apparaître. C’est de la fiction, comme on le sait tous ; c’est une image, un fantasme. Et c’est bien sûr l’ennemi de l’Eglise, ce genre de chose. Mais pour être honnête, je ne pense pas que l’enfer et le paradis existent vraiment. Peut-être que nous allons tous quelque part [après la mort], pourquoi pas vers une autre étoile, mais je ne sais pas si l’enfer et le paradis existent. Du coup, il n’y a pas de diable. Il y a quelque chose au-delà de nous, si on peut dire. Je ne suis pas très religieux, mais je crois qu’il y a quelque chose – même s’il s’agit simplement de l’univers, auquel on retourne après la mort. Mais au final, ça vient aussi de l’imagination, n’est-ce pas ? C’est très compliqué de saisir quelque chose et de le brandir devant soi quand toutes ces visions se mélangent. C’est la même chose avec le diable. Tu ne peux pas le saisir à la gorge et lui dire : « Écoute, fous-moi la paix ! » Tu dois te battre contre tes propres démons, contre tes pensées noires et tes mauvais moments. Si tu te bats comme un soldat pour toi-même, pour utiliser une autre métaphore militaire, ça passera et ça ira mieux. Si tu es fort, tu peux toujours te battre pour sortir de l’obscurité. C’était un peu long, comme explication, mais j’espère que tu comprends ce que je voulais dire.

Votre musique a un côté très libérateur, voire combatif. Penses-tu que le metal puisse réellement être un outil pour combattre le mal ?

Ça peut permettre de libérer son agressivité sans avoir à tabasser quelqu’un ! Pour certaines personnes, ça peut revenir à ouvrir une soupape. Comme quand je suis dans ma voiture et que j’écoute du heavy metal, sans pour autant conduire de façon agressive. J’agis normalement et j’évacue mon agressivité en secouant la tête. C’est quelque chose de positif qui est fait de façon non agressive. La musique peut évoquer tellement de sentiments. Quand tu es triste et que tu écoutes une ballade, soit tu finiras encore plus triste, soit ça t’aidera à sortir de cette phase. Tu ne peux jamais savoir.

« N’oubliez pas d’être un gamin de temps en temps ! C’est ce que je suis parfois. Faire des conneries fait aussi partie de la vie, au même titre qu’être concentré. »

Un autre titre s’intitule « Afterlife ». Tu as déjà plus ou moins abordé le sujet, mais quelle est ta vision de la vie après la mort ?

Comme je l’ai dit, je crois qu’il y a quelque chose. Peut-être qu’on tombe simplement dans un trou noir ! Mais je pense qu’on est toujours là, qu’une vie spirituelle continue d’exister, quelque part dans l’univers. Quand on parle du paradis, ça pourrait être un endroit très éloigné dans cet univers. Il y a peut-être bien un paradis ou quelque chose du genre. Mais peut-être que c’est un peu trop religieux ! [Rires]

À ce sujet, tu as beaucoup utilisé de références et de concepts religieux dans ta carrière. Quel est ton rapport à la religion et ton point de vue à ce sujet ?

Je respecte toutes les croyances. Je ne critiquerai pas quelqu’un qui croit en quelque Dieu que ce soit, parce que c’est bien de croire en quelque chose. Je suis sûr qu’il y a quelque chose, mais je ne dirais pas qu’il s’agit de Dieu, d’Allah, de Bouddha ou de quoi que ce soit. Au final, il n’y a que des cultures différentes. Je respecte tout. Si c’est bon pour les gens et si leur vie est plus belle parce qu’ils croient en quelque chose, c’est une bonne chose. Mais je ne crois pas vraiment en Dieu.

Avec Metal Commando, vous êtes de retour chez Nuclear Blast après plus de dix ans et six albums avec Frontiers Records. Que recherchiez-vous chez ce label en y revenant ? Quels aspects de Nuclear Blast vous ont manqué pendant vos années chez Frontiers Records ?

Quand nous sommes passés de Nuclear Blast à Frontiers la première fois… C’est simple : parfois, en affaires – qu’ont soit dans la musique, dans l’informatique ou dans n’importe quel autre secteur – on change d’équipe. Tu peux comparer ça au foot, par exemple : parfois, tu changes d’entraîneur, ou bien tout le management, ou bien juste quelques joueurs de l’équipe. C’est exactement ce qui s’est passé quand nous sommes partis chez Frontiers : nous n’étions plus satisfaits de ce que [Nuclear Blast] faisait pour nous – et vice-versa aujourd’hui ! Ce n’est pas vraiment que nous ne sommes pas satisfaits de ce que [Frontiers] a fait pour nous, mais parfois, de nouvelles têtes peuvent changer les choses pour le meilleur. C’est exactement le cas aujourd’hui, avec notre retour chez Nuclear Blast. Nous avons retrouvé Markus Wosgien et le boss, Markus Staiger. Nous sommes amis, désormais, parce que nous vivons ce style de vie metal avec notre famille metal. Voilà la manière dont nous les impliquons. Et puis ils ne sont pas très éloignés de nous ; vingt minutes en voiture, et on y est. L’équipe est redevenue super, et ils font du super boulot, comme on peut le voir avec tout le merch qu’ils ont sorti. Le marketing qu’ils font pour l’album est vraiment bien, on voit ça avec les vinyles, les digibox et tous ces coffrets différents qu’ils préparent pour les fans. C’est génial et on voit que les gens en veulent. Ils aiment faire du bon boulot pour nous et c’est génial.

Penses-tu qu’ils ont changé en dix ans ?

Tout le monde change avec les années. Tout le monde mûrit, même s’il s’agit des mêmes gens qui travaillent à nouveau pour nous. Ils ont appris. Ils ont plus d’expérience et ils peuvent faire les choses différemment et mieux qu’avant. C’est pareil pour moi en tant que personne et pour Primal Fear en tant que groupe. Nous apprenons tous et nous faisons les choses mieux qu’il y a dix ans. C’est une évolution naturelle.

Entre ce retour à votre label d’origine et un titre d’album qui fait référence à votre première tournée américaine, il semble y avoir une aura de nostalgie autour du disque. Dirais-tu qu’il s’agit d’un album nostalgique ?

Je ne pense pas. Nous avons l’expression « Metal Commando » depuis des années sur notre merch. Il y a cette expression allemande, « Metallkommando », mais ça n’est pas à prendre au sérieux. C’est juste une phrase, et nous pensions qu’elle était parfaitement adaptée, car nous sommes vraiment le commando metal, au fond ! Mais ça n’a rien à voir avec de la nostalgie. Il arrive que nous soyons nostalgiques. Je repense parfois au bon vieux temps, comme la première tournée japonaise de Gamma Ray, par exemple, ou les débuts de Primal Fear en studio. Ce sont des super expériences et je ne veux pas les oublier. Parfois on est nostalgique en repensant aux choses, mais pas tout le temps. Être nostalgique, c’est rendre hommage au temps que tu as passé avec d’autres gens ou d’autres groupes. Je considère qu’être reconnaissant, c’est être nostalgique.

« J’étais au plus bas quand j’ai été refusé [par Judas Priest], mais c’était malgré tout une opportunité unique. C’est ce que j’essaie de me dire à propos de tout dans la vie : quand tu es déprimé et que tout va mal, c’est l’occasion idéale pour commencer quelque chose de nouveau. »

Mat et toi avez fondé le groupe ensemble et vous ne l’avez jamais quitté. Penses-tu que le fait d’avoir construit la carrière du groupe et affronté tous les changements de line-up avec Mat a renforcé le lien artistique que tu as avec lui ?

Oui, exactement. Mais Mat et moi ne sommes pas les seuls à écrire la musique : Tom [Naumann, guitare], qui est de retour dans le groupe, est aussi un membre fondateur. En termes d’écriture, nous travaillons en équipe. Quand on parle de travail d’équipe derrière le groupe, y compris en ce qui concerne le côté business, il s’agit avant tout de faire front ensemble pour le bien du groupe. Chaque famille, chaque relation traverse des hauts et des bas. Si tu as envie de tout arrêter dès que les premiers problèmes apparaissent, tu n’es sans doute pas avec les bonnes personnes. Parfois, nous faisons ça pas seulement… [petits rires] Il faut que je fasse attention à ce que je dis. Il m’est arrivé de traverser des phases où je me suis dit : « Je ne vais pas bien, mais je sais que ça vaut la peine de m’accrocher. » Ça n’a rien à voir avec les gens, c’est une question de ressenti personnel et de direction en termes de business – et aussi un peu de direction personnelle, de temps en temps – mais on finit par résoudre le problème. Ce qu’il y a de bien, c’est que nous arrivons toujours à dépasser les problèmes et nous sommes encore plus proches à la mauvaise passe suivante. C’est comme ça que n’importe quelle relation saine fonctionne : on dépasse les problèmes ensemble et on se serre les coudes. Tu connais les points forts et les points faibles des uns et des autres, et tu les acceptes, parce que tu as tes propres points faibles et les autres les acceptent aussi. C’est comme ça que fonctionne la vie en général : si on s’apprécie davantage qu’on se déteste, on se serre les coudes ! Je n’ai pas envie de dire « détester », mais tu vois ce que je veux dire. Il faut que l’alchimie soit là. Primal Fear est trop précieux en tant que groupe ou organisation, quel que soit le mot que tu veux employer. Ça fait partie de ma vie et je ne veux pas l’abandonner. Tous les problèmes que nous avons traversés valaient la peine d’être surmontés. Le plus important est de rester soudés.

Il s’agit du premier album avec le nouveau batteur Michael Ehré, qui, curieusement, fait également partie de ton ancien groupe, Gamma Ray. Qu’a apporté Michael à Primal Fear ?

Le fait qu’il soit dans Gamma Ray est une pure coïncidence ! [Rires] Michael est tout simplement un formidable batteur et une personne géniale. Nous avons testé plusieurs batteurs en studio, mais lui nous a vraiment bluffés. Je ne dis pas que ce n’était pas le cas des autres gars, mais il apporte un ensemble de choses au groupe. C’est quelqu’un de très calme et de très positif. Il est très intelligent et c’est un incroyable batteur. Il correspond exactement à ce que nous cherchions.

Cette année marque le trentième anniversaire de la sortie du premier album de Gamma Ray, Heading For Tomorrow. C’était ton premier grand groupe et ton premier gros album. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque et de cet album ?

Oh, c’était beaucoup d’apprentissage ! Je me souviens que j’écrivais déjà des chansons avec Kai [Hansen] en 1987. Quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour cent des idées étaient de lui, mais j’apportais parfois mes paroles et mes mélodies. Mais c’était beaucoup d’apprentissage en termes d’enregistrement en studio et de patience ! [Rires] La patience est ce qu’il y a de plus important en musique ! C’est ce que j’ai appris à l’époque. L’album est très frais, très honnête. Je ne dis pas que le reste ne l’est pas, mais cet album sonne exactement comme il sonnait dans la salle de répétition ! On dirait qu’il a été enregistré avec tous les membres du groupe dans la même pièce, bien que ce ne soit pas le cas. J’aime la fraîcheur et l’esprit général de l’album. J’aime aussi sa diversité, avec des titres comme « Money » ou la longue chanson « Heading For Tomorrow ». 1990 était une année géniale : nous avons tourné en Europe et au Japon. C’est un sacré jalon dans ma carrière musicale. Déjà trente ans… Le temps passe tellement vite ! Mais c’est une bonne chose au final.

Comment comparerais-tu le Ralf qui a enregistré cet album et le Ralf à qui je m’adresse aujourd’hui ?

[Petits rires] Il a eu beaucoup d’expérience entre les deux. Comme je l’ai dit, on grandit grâce à ses expériences, ses erreurs et les choses qu’on a bien faites. Je suis plus mûr maintenant, mais je reste ce jeune gamin. N’oubliez pas d’être un gamin de temps en temps ! C’est ce que je suis parfois. Faire des conneries fait aussi partie de la vie, au même titre qu’être concentré.

« C’est à nous de jouer – pas aux politiciens ou aux chefs d’État. La responsabilité revient aux gens intelligents, qui pensent de façon logique. »

À peu près à l’époque où tu as quitté Gamma Ray, tu as postulé chez Judas Priest. Il semble que cela ait été une période charnière pour toi : tu venais de quitter un groupe, et par la suite, tu as fondé Primal Fear. J’imagine que tu as dû être déçu de ne pas être retenu par Judas Priest, mais comment cette expérience a-t-elle affecté ta carrière ?

Beaucoup de gens pensent que j’ai été invité [par Judas Priest], mais ce n’est pas le cas. J’étais sur la liste de présélection, mais je ne suis pas allé en Angleterre et je n’ai jamais répété avec eux. Je veux juste que les choses soient claires à ce sujet. Être sur la liste de présélection d’un groupe pareil était un honneur, bien sûr, et j’ai été déçu de ne pas être choisi. Mais quand je regarde ça avec le recul, c’était une bonne chose : comme tout le monde le sait, Rob est de retour et Primal Fear a vu le jour. Tim « Ripper » [Owens], le chanteur, a ses propres projets et ses propres groupes, donc toutes les personnes impliquées sont très heureuses ! Je n’étais pas vraiment impliqué parce que je n’ai jamais été invité, mais mon nom circulait. J’étais au plus bas quand j’ai été refusé, mais c’était malgré tout une opportunité unique. C’est ce que j’essaie de me dire à propos de tout dans la vie : quand tu es déprimé et que tout va mal, c’est l’occasion idéale pour commencer quelque chose de nouveau. Cette expérience en est le parfait exemple, parce que Primal Fear est arrivé. Je me suis retrouvé avec Tom et Mat, que je connaissais déjà depuis des années à travers le groupe Sinner, et qui me connaissaient parce que nous venons de la même ville. Nous savions ce que faisaient les uns et les autres, et ils m’ont invité en studio pour chanter dans les chœurs. Puis nous nous sommes posés et nous avons dit : « Allez, écrivons quelques chansons, juste pour le plaisir ! » Ce sont les premiers titres qui ont fini sur le premier album. C’était l’époque où les labels cherchaient encore des groupes, et au Japon, JVC, qui avait toujours voulu continuer à travailler avec moi, attendait que je sorte quelque chose. Ça a donc été très facile pour Primal Fear d’obtenir un contrat au Japon. Même en Europe, les maisons de disques nous couraient après, ça a été une vraie compétition pour nous avoir. Comme tu le vois, c’était une belle opportunité de commencer quelque chose de nouveau. Quand tu te casses la figure et que tu es au fond du trou, tu ne peux que remonter la pente, et c’est ce qui s’est passé !

Penses-tu que cela t’ait poussé à investir encore plus d’énergie dans la création de Primal Fear ? Cherchais-tu à faire tes preuves avec ce groupe ?

Peut-être, oui. Mais c’est toujours le cas quand tu fais de la musique. Tu cherches toujours à donner le meilleur de toi-même. Quand tu enregistres un album et que tu entends le résultat, tu te dis : « OK, je suis ravi parce que je peux montrer ce que je sais faire. » Mais c’était déjà le cas avant. Je n’ai jamais été le genre de type qui fait ça juste pour se faire mousser. Je suis le gars qui vit ce qu’il fait et qui est vraiment content de chanter sur un album. Ce n’est pas une question de : « Je veux montrer aux gens à quel point je suis un super chanteur ! » Ça ne dépend pas de moi, c’est aux fans de me juger et de décider s’ils m’apprécient ou pas. J’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même, et c’est au public de décider s’il aime ça ou non. Je ne suis pas le genre de personne à dire : « Hey, écoutez-moi, je suis le meilleur ! » Ça n’a jamais été le cas.

En 2011, tu as sorti ton premier album studio. Comptes-tu en faire un autre ?

Il ne faut jamais dire jamais ! Je n’en sais rien ! J’accumule pas mal de choses. Certaines chansons ne sont peut-être pas adaptées à un album de Primal Fear. Je n’en ai pas tant que ça, aujourd’hui, mais ça s’accumule quand même. Peut-être, qui sait ? Mais il y a aussi la question de savoir si une maison de disques serait intéressée. Il n’y a aucune discussion sérieuse pour le moment, parce que toute notre attention est sur Primal Fear. On verra ce qui se passe. Vu que tout est annulé cette année et que nous ne pouvons pas partir en tournée, nous pourrons envisager d’enregistrer quelque chose. On verra. Ne jamais dire jamais !

À propos, comment se passent les choses pour Primal Fear dans le contexte du coronavirus ?

Ce n’est pas facile, comme pour n’importe quel groupe. Comme tu le sais, les politiciens ont tout fermé, ce qui n’est pas si grave, parce que j’estime que la santé est la priorité. Tout le monde apprend de cette situation. Il est absolument évident que ni les politiciens ni les scientifiques ne pouvaient prendre la décision parfaite dès le début de la pandémie. Nous apprenons tous. Ce que je ne comprends pas, c’est que certaines personnes affirment que c’est une conspiration, ou que ça a été lancé exprès. Pour moi, c’est du n’importe quoi. Ça n’a pas été fait exprès ! Il faut juste faire attention à ce qu’on fait. Ç’aurait pu être encore pire, il y aurait pu y avoir encore plus de morts. Si on dit maintenant que ça a été moins grave que la grippe saisonnière [en Allemagne], c’est uniquement parce qu’on a fait preuve de prudence et qu’il y a eu un confinement. Pardon pour la digression ! Pour revenir à ta question, évidemment, ce n’est pas bon pour nous, car nous ne pouvons pas monter sur scène, mais nous comprenons totalement la situation et les actions qu’il y a eu derrière. Rassembler plein de monde au même endroit n’est pas bon pour la santé, en ce moment, mais je suis certain qu’on trouvera très vite un vaccin. Et même si les gens ne veulent pas de vaccin, il faut faire quelque chose pour retrouver notre liberté. C’est à nous de jouer – pas aux politiciens ou aux chefs d’État. La responsabilité revient aux gens intelligents, qui pensent de façon logique. C’est mon point de vue. Au final, je suis persuadé que les festivals et les concerts reprendront, mais il faut faire preuve de patience.

Cela a-t-il un impact sur la situation financière d’un groupe comme Primal Fear ?

Bien sûr. Mais nous sommes en bonne santé et en bonne compagnie, et nous nous en remettrons. Nous avons un soutien financier de la part de l’État, ce qui est génial. C’est une bonne chose. Et nous avons un bon album sur le point de sortir, parce que la musique n’est pas en quarantaine ! On peut toujours sortir de la musique. La scène est le plus important pour gagner sa vie en tant que musicien, mais si on ne peut pas jouer live, il faut trouver autre chose. C’est ce que nous faisons en ce moment : tous les membres du groupe font quelque chose à côté, comme enseigner ou enregistrer pour d’autres projets en studio. Nous sommes des battants et des gens positifs, nous allons survivre !

En tant qu’artistes, quel soutien recevez-vous de la part de l’État allemand ?

Ce n’est pas le fait d’être artiste, mais travailleur indépendant. Les politiciens ont compris qu’il était impossible pour les artistes de faire leur travail en ce moment, tout simplement parce que c’est interdit. Donc ils ont mis en place un fonds de soutien pour ces gens-là. On ne sait pas encore si on devra rembourser ou non, mais c’est une question pour plus tard. Ils nous ont aidés pendant un moment, mais ça ne durera pas éternellement. Ça a aidé pendant un mois, mais maintenant, nous devons à nouveau nous débrouiller par nous-mêmes.

Interview réalisée par téléphone le 3 juin 2020 par Nicolas Gricourt.
Fiche de questions : Philippe Sliwa & Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Tiphaine Lombardelli.
Photos : Heiko Roith (1, 4, 8), Heilemania (2, 6) & Nicolas Gricourt (3, 7).

Site officiel de Primal Fear : www.primalfear.de

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