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Interview   

Primordial : la conscience de notre mortalité comme moteur de réussite


L’histoire de Primoridal, c’est l’histoire d’un vrai succès artistique, atteignant le stade où les fans sauront qu’ils ne seront pas déçus par un nouvel album, avec juste ce qu’il faut de fraîcheur mais aussi, et surtout, en conservant bien chaudement les caractéristiques et atouts qui font la force de la musique du combo irlandais. Et ce succès c’est aussi, et même beaucoup, celui du leader Alan Averill alias Nemtheanga qui a développé au fil des années une impressionnante force de conviction et d’interprétation vocale.

A l’occasion de la sortie du nouvel album de Primordial, Where Greater Men Have Fallen, nous nous sommes entretenus avec Averill pour un petit tour d’horizon de sa propre personne. C’est ainsi qu’on en apprend un peu plus sur le personnage, son approche de son chant et comment il l’entretient, mais aussi sûr ses autres activités, car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Averill sait mettre son temps à profit.

« J’ai une forte conscience de notre mortalité et de la rapidité à laquelle la vie passe. Donc je suis concentré et motivé par l’idée de faire plein de choses. »

Radio Metal : Apparemment pour le titre du nouvel album vous avez gardé le titre provisoire Where Greater Men Have Fallen. En général un titre provisoire apparait de manière plutôt spontanée pendant le processus de composition. Peux-tu nous en dire davantage sur la manière dont vous avez trouvé ce titre ?

Alan Averill « Nemtheanga » (chant) : Lorsque nous nous sommes assis pour discuter de ça, les gars m’ont dit : « Peux-tu essayer de trouver quelque chose de plus direct, plus simple ? Dans un anglais moins compliqué ? » Ce qui signifie que Redemption At The Puritan’s Hand était un titre un peu trop compliqué pour certains. C’est ce que j’ai fait et j’ai juste pensé que c’était un titre qui avait du punch et qui était simple. Nous avons fini par le garder, il n’y a pas de grand mystère derrière tout ça.

L’album précédent avait un thème global très clair : la mort. Y a-t-il un thème dans cet album également ?

Pas exactement. Il y a un petit thème qui revient dans quelques chansons. Mais si nous devions réunir ça sous un thème général, ça serait peut-être le concept d’espoirs anéantis, d’idéalisme brisé ou quelque chose du genre. L’idée que, peut-être, la guerre est perdue et qu’il ne reste plus qu’une seule bataille à remporter. Quelque chose du genre. C’est une manière plutôt sombre de voir les choses mais c’est l’esprit de l’album, plutôt sombre et lugubre. C’est la logique de l’album.

Comment conçois-tu un album tel que celui-ci ?

Je compose simplement quand je dois le faire, lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire, lorsque nous ne sommes pas en répétition ou autre. Mais je n’y réfléchis pas tant que ça. L’année dernière nous avons commencé à nous concentrer sur de nouvelles idées, nous avons réfléchi et testé de nouveaux angles d’approche, de nouvelles sources d’inspiration, de nouveaux points de départ. Mais lorsque tu as déjà composé dix ou onze ou douze albums, c’est difficile de faire du neuf. J’ai utilisé différents points de départ. Généralement je compose seul et lorsque nous sommes en répétition je les écoute et j’essaie de définir l’atmosphère de la chanson et de lui donner une structure qui lui donne un plus et a du sens. Ce sont des compétences que tu apprends au fil des années.

Tu as une manière de chanter et d’hurler très intense. Depuis le temps, ta voix ne semble pas avoir perdu de sa puissance. Comment fais-tu pour maintenir ta voix au même niveau, as-tu une routine particulière pour t’entraîner ?

J’avais dix-sept ou dix-huit ans lorsque j’ai fait mon premier album et désormais j’en ai presque quarante. Il faut apprendre. Si tu n’apprends pas ou n’évolues pas en tant que musicien, c’est qu’il y a un problème. Il est donc évident qu’aujourd’hui je suis un meilleur chanteur qu’il y a dix ou quinze ans. La première chose c’est d’avoir confiance en toi lorsque tu fais les premiers pas pour passer du statut d’amateur à celui de musicien et que tu te dis : « Ok, maintenant je suis vraiment chanteur, je ne suis plus un mec qui chante juste parce qu’il n’était pas assez bon à la guitare. » Tu dois prendre cette décision toi-même. Et une fois que tu as pris cette décision, tu dois être à la hauteur. Personnellement je pense que l’ennemi d’une voix c’est le stress et les moments où tu te fais du souci. Si tu as peur de perdre ta voix, tu la perdras probablement. L’idée est d’être capable de savoir où en est son propre corps. Si tu vas passer toute la nuit debout à prendre de la drogue, à boire et à chanter du AC/DC, en trois jours ta voix aura disparu. Il faut que tu saches quand arrêter de faire la fête. Tu ne peux pas retirer le côté « rock’n’roll » du rock’n’roll, mais tu dois savoir quand quitter la soirée, quand tu dois te taire. Personnellement j’ai toujours fait du sport et ce genre de chose, ça aide. Quand tu restes en forme, tu aides ta voix car c’est aussi une partie de ton corps. Mais c’est surtout une question de stress, d’inquiétude et de confiance.

Penses-tu que les fans de rock et de metal ainsi que les jeunes musiciens pensent, à tort, que le rock’n’roll est une sorte de mode de vie et que tu peux hurler pendant dix ans sans t’inquiéter pour ta voix tout en te ruinant complètement la santé ?

Ça dépend des personnes. Parfois tu peux avoir de la chance et hurler pendant des années, ça ne changera rien, et parfois tu perdras ta voix. Ce que je veux dire c’est que, le metal, c’est un jeu de jeunes. Quand tu approches un âge mûr tu dois faire attention, tu dois choisir tes batailles avec précaution, choisir quelles qualités mettre en avant. Je ne me mets plus au milieu de la foule pour crier quelque chose à quelqu’un pendant que le groupe de première partie joue, et je ne reste plus debout toute la nuit trois soirs d’affilés pour faire toutes ces choses un peu folles que j’avais l’habitude de faire. Mais il y a encore un peu de folie, ne t’inquiète pas. Il faut apprendre quelques trucs, c’est tout.

Tu n’as pas eu de problèmes avec ta voix durant ta carrière ?

Pas vraiment. Quelques temps avant l’enregistrement [du dernier album] j’ai été très malade mais ça n’avait rien à voir avec ma voix et ça ne l’a pas affectée. C’est à cause du fait de vivre dans une ferme sans chauffage par -50°. C’est comme ça que je suis tombé malade, mais on est tous malades de temps en temps, il faut juste être un peu intelligent.

Primordial a participé à la réalisation d’un album de reprises de chansons traditionnelles folk. Peux-tu nous en dire davantage sur la manière dont vous avez choisi les chansons et pourquoi vous les avez choisies ?

Roman, du groupe Drudkh, nous a demandé d’y participer donc j’ai pris ça au sérieux et je me suis dit : « Ok, ça pourrait être un bon tremplin pour que tout le monde soit dans un état d’esprit qui nous permettra de composer un nouvel album, donc autant le faire sérieusement. » Je pense que l’intérêt de cette compilation c’était de revivre l’histoire, de prendre un certain angle historique et d’essayer de l’utiliser à des fins positives, sans permettre à d’autre de le détourner à des fins politiques pour un bord ou l’autre. Il s’agissait surtout de redonner vie à de très vieilles chansons que les gens devraient pouvoir écouter. C’est tout.

C’était important pour vous de revenir à vos racines folk ?

Oui et non, je ne m’en occupe pas trop, ce n’est pas vraiment mon truc. Pas que je m’en fous, comme je le disais il s’agissait surtout de revivre l’histoire. La chanson « Dark Horse In The Wind », la plupart des gens ne le savent pas mais c’est une vieille chanson irlandaise très obscure. Ça n’est pas une chanson traditionnelle, elle a été écrite dans les années 1970. C’était important de le faire, de permettre à une nouvelle génération d’écouter cette chanson. C’est puissant. Et c’était aussi important de montrer un autre aspect du groupe et de prendre ce concept au sérieux.

« Bien souvent les jeunes préfèrent rester dans leurs chambres regarder un groupe sur YouTube plutôt que de sortir le voir en concert. Les choses changent… Principalement pour le pire, je trouve. »

J’ai lu qu’au début, tes premières icônes musicales étaient UFO, AC/DC et Iron Maiden. Et par la suite, en grandissant, quelques groupes ont changé ton point de vue, des groupes tels que Bathory, Celtic Frost etc. La question c’est : est-ce que les groupes de hard rock et metal old school comme AC/DC ou Iron Maiden te passionnent encore ? Ou est-ce que ce genre de musique ne t’intéresse plus du tout ?

Non, non. Je porte un T-Shirt UFO en ce moment ! [Rires] J’adore ces groupes, ce sont mes années, les années 70 et 80. Tu sais, je suis aussi fan des trucs des années 90 mais lorsque j’écoute tous ces vieux groupes de hard rock, comme UFO, AC/DC et tout, j’écoute aussi leurs méthodes d’enregistrement, les petits subtilités, les compétences nécessaires pour composer ces chansons et l’énergie dégagée par ces groupes. Parce qu’ils jouaient vraiment, ils ne faisaient pas des copier/coller avec Pro Tools. UFO est le premier groupe que j’ai adoré et c’est encore un de mes groupes préférés. Le rock’n’roll c’est juste un transfert d’énergie, la libération d’une certaine énergie. Tu peux toujours garder une place pour ça dans ton cœur. Je suis encore aujourd’hui fidèle à cette attitude.

Peux-tu me dire où en sont tes deux autres projets, Dread Sovereign et Twilight Of The Gods ? Que doit-on attendre dans les prochaines années ?

Je ne sais pas vraiment. Je veux dire, Dread Sovereign commence une tournée de deux semaines demain. Dead Sovereign, c’est un peu mon groupe bébé. C’est bourré de riffs que j’ai composé avec les années. C’est une discipline différente de jouer de la basse en chantant. J’aime beaucoup. Ca n’est pas Primordial, ça n’est pas le travail de toute une vie, ça n’est pas aussi sérieux, même si c’est quand même plutôt sérieux. C’est simplement le genre de chose que tu fais en tant que musicien : tu te lances des défis.

Tout au long de ta carrière tu as fait beaucoup de projets secondaires et tu as fait quelques apparitions sur les albums d’autres artistes. Penses-tu que ces projets peuvent avoir un impact sur Primordial, sur le plan musical ?

Oui et non. J’ai parfois pu apprendre des choses importantes sur ma voix. J’ai acquis de nouvelles compétences de chanter pour Twilight Of The Gods. C’était souvent : « On va regarder cette harmonie et voir où ma tessiture est plus forte » et ce genre de chose. Tu dois apprendre des choses quand tu évolues en tant que musicien. Avec Dread Sovereign j’ai appris quelques petits trucs sur les tonalités, l’enregistrement – au moins en studio. Des choses que je considérais pour Primordial. Par exemple, pour Primordial nous avons utilisé la même basse que celle utilisée sur Dread Sovereign et ce genre de chose. Tu dois continuer à apprendre.

Pour toi c’est important d’avoir ces projets en parallèles, pour t’inciter à te surpasser comme tu l’as dit et pour tester de nouveaux genres ? C’est important pour toi, en tant que musicien ?

Ouais, tu dois aller de l’avant, tu dois te surpasser. C’est peut-être parce que, contrairement aux autres, je n’ai pas les mêmes obligations niveau travail/famille/emprunt immobilier, j’ai le temps de faire un peu plus de musique. Mais je suis aussi très motivé et j’ai une forte conscience de notre mortalité et de la rapidité à laquelle la vie passe. Donc je suis concentré et motivé par l’idée de faire plein de choses, et en plus j’ai l’énergie pour faire tout ça.

Dans une interview tu as dit que « les réseaux sociaux ont changé notre manière d’absorber l’information. Ça a aussi contribué à détruire des éléments d’interaction humaine » ou certaines parties de ces éléments, tels que les concerts live par exemple, « les concerts qui devraient être l’interaction ultime entre les fans et les groupes sont rapidement devenus quelque chose que les jeunes générations délaissent ». Penses-tu que ce phénomène est valable pour les fans de Primordial ? Ou penses-tu que, en quelque sorte, les fans de Primordial sont un peu plus « traditionnels » et dévoués ?

Je pense effectivement qu’ils le sont. Je pense que la différence c’est que nous bénéficions d’une certaine nostalgie, nous avons une certaines histoire et nous avons créé quelque chose autour de ce groupe que les gens chérissent et qui leur tient à cœur. Et c’est très important pour eux. Ça nous a pris vingt et quelques années pour créer ça et nos fans prennent ce temps très au sérieux, et c’est génial ! Nous ne sommes pas un groupe à la mode, à cet égard. Je pense que c’est quelque chose de très difficile à faire pour les jeunes groupes, de créer ce lien entre les personnes qui consomment leur musique et eux. C’est une question compliquée tu sais, les choses ont changé… Je pense que nous avons beaucoup de chance parce que les gens sont passionnés et vraiment dévoués à ce groupe. Ça n’est pas un groupe qui a souvent eu des fans du genre qui suivent des modes, ils nous comprennent. Quand je suis sur scène et que je regarde la foule, c’est très rare de voir des gens filmer et envoyer des sms avec leur téléphone. On dirait simplement que nous ne sommes pas ce genre de groupe, heureusement. Mais oui, c’est vrai, bien souvent les jeunes préfèrent rester dans leurs chambres regarder un groupe sur YouTube plutôt que de sortir le voir en concert. Les choses changent… Principalement pour le pire, je trouve.

Apparemment tu travailles aussi pour le magazine Zero Tolerance en tant que rédacteur ainsi qu’en tant qu’A&R pour Metal Blade Records. Est-ce que c’est important pour toi de connaitre toutes les facettes de l’industrie musicale et de ne pas garder uniquement le point de vue d’un musicien ?

Ca n’est pas important à proprement parler, c’est simplement la manière dont les choses ont évolué. C’est important d’essayer de comprendre certains problèmes juridiques et contractuels. Je suis un mec fait pour être dans un groupe et je le serai toujours avant tout, et à côté j’essaie d’expliquer à des personnes sur le point de signer un contrat : « C’est ça l’édition. C’est ça la différence ? Si tu choisis ça, tu devras payer ça en retour » et ce genre de trucs. Tu sais, j’ai même un peu étudié la musique. Je ne dis pas que c’est essentiel mais l’industrie musicale change tellement vite que ça peut vraiment être un avantage de connaitre ce genre de choses.

Interview réalisée par téléphone le 30 octobre 2014 par Metal’O Phil.
Retranscription et traduction : Mariane Monin.
Introduction : Spaceman.

Site internet officiel de Primordial : www.primordialweb.com.



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