
Artistes : Dream Theater – Opeth – Bigelf – Unexpect
Ville : Paris
Lieu : Le Zénith
Date : 04/10/2009
Au Progressive Nation, En fait on a des conversations tout aussi stériles…mais avec des mots qui ont un peu de gueule. Genre les trucs qu’on trouve dans des bouquins, tu vois…
Blague à part, une expérience comme le Progressive Nation, festival itinérant de musique progressive organisé par Mike Portnoy, est dépaysante par rapport aux festivals traditionnels de metal. On y découvre une approche totalement différente de l’appréciation de la musique. C’est une évidence, nous n’avons pas affaire à un public expansif. La plupart des spectateurs resteront donc immobiles. Cela dit, avec un minimum d’observation, on se rend bien compte qu’intérieurement, ça carbure, ça bouillonne, ça jouit. Quand notre gros blond dégouline de la sueur des pogos, le passionné d’Opeth transpire la concentration. Un amour de la musique tout aussi puissant.
On en a croisé, du monde, ce dimanche 4 octobre ! Entre toute la clique de Your Majesty (fan club officiel de Dream Theater) avec l’incroyable Franz, dont la collection de produits dérivés sur Dream Theater n’a d’égale que la haine que Doc’ voue à Spaceman. Entre les musiciens de Conscience qui sortaient d’une fatigante séance d’enregistrement de leur nouvel album. Entre Patrick Rondat, un des meilleurs guitaristes français à l’heure actuelle. Entre Ayin Aleph, au look si particulier, dont la présence est surprenante quand on sait qu’elle n’est pas la plus fervente fan de Mike Portnoy. Entre Elo (Ex-Pipo et Elo, Ex-Bobby Watson) et Pipo (Ex-Pipo et Elo, Rosa Luxemburg) qui, finalement, ne ressemble pas tant que ça à John Petrucci. Oui : nous ne savions plus où donner de la tête !
Jordan Rudess nous expliquait quelques heures plus tôt en interview que l’objectif du Progressive Nation était d’utiliser la notoriété de Dream Theater pour donner à de jeunes groupes un public conséquent. Au programme de ce Progressive Nation Européen : Dream Theater et Opeth, accompagnés des coups de c?ur de Portnoy : Bigelf (que Mike viendra accompagner le temps d’un morceau) et Unexpect.

Unexpect
Nous nous en excusons, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir d’article sur ces deux groupes. En voici l’explication : en effet, votre serviteur n’arrivant qu’à partir de 20h au Zénith, c’est notre reporter photographe Olivier qui s’est vu confier la tâche de couvrir les prestations de Bigelf et Unexpect. Or, il a été purement et simplement privé de concert. En effet, l’originale directive de la soirée consistait à faire sortir les photographes de la salle une fois leur travail terminé. En gros, cinq minutes de shoot photo suivies d’une heure d’attente à l’extérieur du Zénith avant le groupe suivant. Du jamais vu.

Bigelf
Votre serviteur rentre donc au Zénith aux alentours de 20h pour le show d’Opeth. L’arrivée sur scène des suédois est à l’image de la démarche de sincérité et de sobriété du groupe : simple, sans fioritures ni une quelconque mise en scène. Après, un « Windowpane » bien trop long et peu judicieux pour démarrer le concert, Opeth démarre réellement le show avec l’excellent « The Lotus Eater », tiré de Watershed. Premier constat, le son est excellent. Ce sera également le cas pour Dream Theater, néanmoins les personnes des premiers rangs, aux oreilles martyrisées par la grosse caisse et qui auront frôlé l’infarctus à cause de la basse vrombissante, nous contrediront probablement.

Opeth

La setlist s’avérera quelque peu décevante, car manquant cruellement de variété. Elle ne fera que renforcer ce constat qui hérissera sûrement les cheveux des fans qui nous lisent : Opeth, c’est quand même toujours la même chose ! Certes, si l’on se penche chronologiquement sur leur carrière, l’évolution est indéniable. Les suédois ont commencé par le death metal, puis ont progressivement inclus des éléments du rock progressif et des touches acoustiques, en allant même jusqu’à sortir un album entièrement dépourvu de guitares électriques. Aujourd’hui, le style d’Opeth est scellé et propose un mélange de ces divers éléments. En live, le fait d’avoir affaire à des morceaux provenant des différentes époques de la formation, ne fait qu’accentuer l’impression de redondance des mélodies. La forme a évolué, le fond, pas tant que ça. Quelques bonnes surprises néanmoins : Akerfeldt annonce que le groupe approche des 25 ans d’existence et ressort quelques compos de la première heure du placard.

Un show pénétrant
Opeth est un groupe agréable à voir sur scène de par son extrême sobriété, une originalité qui en fait un groupe unique sur une scène metal qui joue beaucoup sur la théâtralisation et l’exagération. Le flegme très anglais de Michael Akerfeldt lui donne une classe et un charme incomparable. Il fera preuve d’autodérision et ne tentera pas de voler la vedette à Dream Theater. En bon frontman d’une première partie dévouée à la tête d’affiche, Akerfeldt chauffera régulièrement le public en annonçant l’imminence du concert des américains. Globalement, le show s’avérera fédérateur. La musique d’Opeth est indéniablement prenante, l’auditeur aura tendance à se renfermer sur lui-même afin de se concentrer et de se laisser pénétrer pleinement par l’atmosphère créée par les suédois. Opeth, c’est à apprécier avec égoïsme, dans son coin, les yeux fermés.

Opeth, un peu de sobriété dans ce monde d’exagération
Setlist Opeth :
Windowpane
The Lotus Eater
Reverie / Harlequin Forest
April Athereal
Deliverance
Hex Omega
Durant l’entracte, on écoutera avec plaisir des morceaux de Pipo et Elo; “As I Am” sera notamment repris en coeur par la foule.

Dream Theater : Jordan Rudess

C’est la mode des rideaux. Après In Flames et Slayer, c’est au tour de Dream Theater de s’y coller. Après l’habituel thème de Psychose en guise d’introduction, l’ombre de John Petrucci apparaît derrière le rideau tandis que l’orage gronde et que le piano menaçant de « A Nightmare To Remember » se fait entendre. Rien à dire, ça fait son effet. Premier titre du nouvel album Black Clouds & Silver Linings, « A Nightmare To Remember » est un « putain » de morceau d’ouverture. Il est aussi un moment ludique pour les fans qui, à chaque interprétation de ce titre, attendent de voir comment Mike Portnoy va gérer son blast (le premier de sa carrière !) ainsi que sa partie chantée. Si cette partie a été vivement critiquée, elle n’en reste pas moins efficace en live et nombreux sont ceux qui se défouleront à gueuler « DAY AFTER DAY !!! » avec Mike. Frustré de n’avoir pas pu inclure du growl sur la version studio de cette partie, il profite de cette tournée pour se lâcher et nous sortir un chant death quelque peu dégueulasse, peu maîtrisé, mais franchement efficace. Quand à ces fameuses six mesures de blast qui ont été à l’origine de douzaines de pages sur les forums, c’est encore loin d’être parfait…

Le blast, c’est pas encore ça, Mike !
Le show démarrera avec un enchaînement on ne peut plus metal “A Nightmare To Remember”, “The Mirror / Lie” dont les riffs et la puissance n’ont rien à envier à Metallica ! Ceux qui doutaient de la pertinence de Dream Theater sur des titres agressifs n’ont désormais plus de raisons de le faire. James Labrie a d’ailleurs progressé dans ce registre et gagné en charisme. A noter qu’avant son growl, Portnoy prendra le micro afin de chauffer le public. Excellente initiative, car on ne doute pas des qualités de showman du célèbre batteur. Il serait intéressant, à l’avenir, d’établir un binôme de frontmen du type bad guy (Portnoy) / good guy (Labrie). Globalement, Dream Theater a progressé en tant que groupe de scène. On sent que le groupe a travaillé son show.

James Labrie, un frontman en grand progrès
Sur le plan vocal, James Labrie signera une performance époustouflante, sans fausses notes, y compris sur un « The Mirror » pas franchement évident ! Il a décidément totalement récupéré de son accident aux cordes vocales de 1993 ! Petrucci, mis à part quelques couacs difficiles à masquer sur le passage atmosphérique de « The Count Of Tuscany », est irréprochable. Rudess, quant à lui, nous gratifie de quelques solos pour une fois assez digestes. Enfin bon, parler de la qualité d’interprétation et de jeu de Dream Theater, ce n’est même pas enfoncer une porte ouverte, c’est carrément y aller au bélier !

Même John Myung a bougé de son mètre carré !
« A Rite Of Passage » (décidément, quel refrain !) et « Wither », en bon singles, passeront bien le cap de la scène. Le concert est sans surprises pour qui suit l’évolution de la tournée. Cet état de fait est compensé par une interprétation excellente. A noter qu’apparemment, le groupe profite de la tournée française pour filmer le public durant « Wither » pour la prochaine sortie du clip. Le bémol de la soirée restera la durée du concert ou du moins l’agencement de la setlist. Sur le papier, 1H30 de show, « c’est pas mal » me direz-vous. Seulement, le temps passe d’autant plus vite que les morceaux sont longs. De ce fait, un « In The Name Of God », excellent titre au demeurant, est de trop. Un epic est une chanson en plusieurs parties, d’une durée importante et qui a pour objectif de faire s’évader l’auditeur par un véritable voyage musical. Or, cet aspect est complètement désamorcé par cette setlist bien difficile à digérer, car contenant bien trop de morceaux longs: A Nightmare To Remember, In The Name of God, The Count Of Tuscany + le binôme The Mirror/Lie, ce qui représente déjà 1h de show pour… 4 chansons ! Forcément, on ne voit pas le temps passer ! Ces deux mastodontes, pour être mieux mis en valeur, auraient gagné à être plus espacés entre eux. « The Count Of Tuscany » conclura le set tout en ambiance avec un très beau jeu de lumières qui nous change des vidéos de type animation de Windows Media Player. Le pont atmosphérique Pink Floydien suivi du passage à la guitare acoustique, qui semblait diviser les fans sur CD, les rassemble ce soir là.

John Petrucci, tout en ambiance sur « The Count Of Tuscany »
Sur une vidéo amateur tournée par Rudess en backstage ce soir là, Portnoy déclare : « il y a deux ans, on a surpris tout le monde en jouant Images And Words en entier. Cette année, on va surprendre tout le monde en ne jouant pas Awake ! ».
Dommage ! Mais on ne perd pas espoir !
Setlist Dream Theater :
A Nightmare To Remember
The Mirror
Lie
A Rite Of Passage
Jordan Rudess Solo
Wither
The Dance Of Eternity
In The Name Of God
Rappel :
The Count Of Tuscany
