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Interview   

Purson : deuxième acte


Purson 2016Pourquoi sommes nous à ce point attachés à ce fameux « esprit des seventies », alors que nombre d’entre nous n’étions pas nés ou trop jeunes durant les années 70 ?

Pour Rosalie Cunningham, dont le projet de rock progressif/psychédélique Purson incarne indéniablement cette époque, la décennie des seventies représente plus qu’une esthétique artistique. Si l’on y revient aujourd’hui, c’est pour retrouver une manière de penser l’art, de le célébrer avec sincérité et ouverture. Pas étonnant donc que la musique de Purson soit aussi diversifiée et possède une atmosphère aussi théâtrale. Pas étonnant non plus qu’en tant qu’influence majeure, Rosalie cite les Beatles, dont on connaît les hymnes et les expérimentations, mais aussi David Bowie, dont c’est la carrière voire la vie-même qui sont un projet artistique.

A l’occasion de la sortie du deuxième album, intitulé Desire’s Magic Theatre, Rosalie nous a donc parlé de ce qu’elle exprime avec Purson, mais aussi avec sa manière de s’habiller et de ces artistes qui lui ont inspiré cet état d’esprit.

Purson - Desire’s Magic Theatre

« Il n’y a pas grand-chose au-delà du milieu des années soixante-dix qui m’inspire musicalement. Autrement, je dirais les expériences personnelles avec des drogues psychédéliques [petits rires] ont été d’une grande inspiration. »

Radio Metal : J’ai lu qu’au départ, pour le nom du groupe vous recherchiez le nom d’un Dieu mais que vous n’en avez pas trouvé qui vous convenait. Du coup, comment en êtes-vous arrivés à opter pour le nom d’un démon ?

Rosalie Cunningham (chant & guitare) : C’était principalement inspiré par le groupe de krautrock Amon Düül. Nous voulions un nom de ce genre, un peu mystérieux, et nous avons découverts qu’Amon Düül était un Dieu égyptien et nous nous sommes dit que nous devrions trouver quelque chose de similaire, mais rien n’est ressorti ayant un quelconque sens et exprimant quelque chose que nous voulions exprimer. Et nous sommes tombés sur ce gars Purson, dans la démonologie, qui est l’un des Rois des Enfers. Son allure était assez intéressante en plus, le fait qu’il était dépeint en chevauchant un ours, avec une tête de lion, en train de porter un serpent et jouant de la trompette et toutes ces choses, et nous trouvions ça assez amusant ! Aussi, c’est un bon présage, il est supposé apporter de bonnes choses, donc ce n’est pas vraiment un mauvais démon.

Votre premier album The Circle And The Blue Door est sorti en 2013 et a été très bien reçu par la critique et le public. As-tu ressenti une quelconque pression en écrivant la musique de ce deuxième album, Desire’s Magic Theatre, à cause de ça ?

Pas du tout. Au contraire, j’ai ressenti bien plus de pression avec le premier album. En général, je ne ressens jamais de pression lorsque j’écris. C’est tout le reste dans l’industrie de la musique qui me met une pression. Avec cet album, j’écrivais pour moi-même sans personne d’autre en tête et ce que je faisais était quelque chose d’assez solitaire. Je n’ai joué ces chansons à personne lorsque j’ai commencé. En fait, même arrivé au moment où j’avais fini l’album, personne n’avais encore entendu la moindre chanson, ni le management, ni le groupe, ni qui que ce soit. C’était quelque chose de très intime avec moi-même, donc je n’étais pas vraiment inquiète de ce que les gens pensaient. Cet album, c’est totalement un projet solo. J’ai collaboré avec quelques autres membres du groupe pour certains trucs par le passé mais pas cette fois.

Tu as déclaré que « cet album est devenu tout ce que [tu as] imaginé et plus encore. » Quelles étaient tes attentes avant d’écrire cet album et qu’est-ce qui a fait qu’il a dépassé tes attentes ?

Je ne savais pas ce que j’attendais. J’étais dans une meilleure situation personnelle parce que le premier album était un moment difficile pour moi. J’étais vraiment déprimée à l’époque. J’étais en train de me séparer de mon ancien petit ami qui était dans le groupe. Nous nous sommes séparés à mi-chemin des enregistrements et j’ai dû le finir par moi-même après la séparation. Le fait d’écouter cet album fait remonter quelques mauvais souvenirs de cette époque mais… Je veux dire que cette époque paraît lointaine désormais [petits rires], on dirait une autre vie. Là, j’avais l’assurance et les moyens de… Je vivais seule, enfin heureuse avec moi-même, en étant célibataire, et j’ai laissé les chansons se faire toutes seules. Je ne pensais pas vraiment à constituer un album tel qu’il est finalement devenu, donc je suppose que c’est pour ça que j’étais surprise. Il a dépassé mes attentes parce que je ne le pensais pas comme une œuvre, je me contentais de vivre et d’écrire et c’est devenu ce truc [petits rires].

L’album propose une très grande variété d’atmosphères et donne un sentiment très théâtral. Vois-tu cet album comme une sorte de pièce de théâtre ?

Avec celui-ci, j’aime effectivement l’idée que ce soit un spectacle de variétés. C’était un peu le concept derrière : tu viens, tu t’assois et tu regardes toutes ces choses différentes qui se déroulent, et avec un peu de chance, tu resteras jusqu’à la fin, avant de t’en aller. Je ne voulais pas que ce soit simplement une collection de chansons indépendantes ou quoi. Je voulais que ce soit cette expérience variée qui t’emmène dans pleins d’endroits différents ou, je suppose, comme des actes d’une pièce de théâtre ou quelque chose dans le genre. Ça pourrait presque être des groupes différents. C’est un peu ce que Paul McCartney voulait faire avec Sgt. Pepper, et ça c’était une influence pour moi. Et c’est pourquoi Desire’s Magic Theatre est un bon titre pour l’album, car il va avec ce concept, mais c’est aussi une référence au Théâtre Magique dans le livre Le Loup Des Steppes.

Comment parviens-tu à équilibrer toutes ces saveurs dans ta musique ?

Je n’y pense absolument pas. En fait, une bonne part de ces décisions que je prends… C’est juste comme ça que ça sort. Je ne suis pas tellement consciente de … Je ne me force pas, si tu vois ce que je veux dire. Ca sort simplement comme ça sort.

Tu as déclaré que cet album est un opéra rock dédié à tes bons amis Sarge Pepper et Zig Stardust. Du coup, qu’est-ce que les Beatles et David Bowie représentent pour toi ?

Plein de choses. Les Beatles sont ma source principale d’inspiration. Ils sont la raison pour laquelle [ce type de musique] m’obsède et c’est ce qui m’a appris tout ce que je sais à propos de la composition, de la musique et tout. Ce sont les numéros un et à partir de là, je me suis mis au psychédélique, au progressif, au glam et au folk. David Bowie, en gros, symbolise l’étendue que peut prendre une carrière artistique. Il représente grosso-modo la carrière parfaite, compte tenu de ce qu’il a fait avec son art et à quel point il l’a mené loin. Je veux dire que je n’ai même pas souvenir d’un autre artiste ayant été aussi systématiquement talentueux. C’est un homme tellement réfléchi, tellement porté sur les concepts. Tout ce qu’il fait est de l’art et ceci est bien plus important que d’être un simple musicien. Et j’ai toujours été attirée par le genre de choses qu’ils ont fait avec ces albums. En fait, c’est un truc très anglais de raconter des histoires. Je trouve que Genesis l’ont aussi très bien fait.

Purson 2016

« Les choses, de nos jours, la musique, la mode, internet, etc. tout semble vide de sens parfois. »

Et quelles sont tes autres influences ?

Tout vient d’une période spécifique, je dirais. Il n’y a pas grand-chose au-delà du milieu des années soixante-dix qui m’inspire musicalement. Autrement, je dirais les expériences personnelles avec des drogues psychédéliques [petits rires] ont été d’une grande inspiration.

Pour ce qui est du rock progressif, les médias populaires ne parlent que de Pink Floyd ou Genesis, alors qu’il y a plein de génies méconnus dans le genre. Y en a-t-il que tu aimerais que des gens découvrent ?

Il y en a tant ! Il y a un tel trésor de groupes qui sont justes incroyables. Pour ne nommer que quelques-uns de mes idoles qui ne sont pas connus, il y avait un groupe qui s’appelait May Blitz qui a sorti deux albums – nombre de ces groupes n’ont sorti qu’un ou deux albums avant de disparaître ou de former d’autres groupes. Mais ouais, ils sont fantastiques. Je crois que le premier album était sorti en 1970. Ils sont un peu bluesy, je suppose, mais très prog, très intéressants et avec un son incroyable aussi. Je me souviens aussi écouter un album qui s’appelle Hot City de Gene Page. Ça sonnait comme les BO de séries policières des années 70, avec des cordes disco [rires].

La musique des années 70 est assez populaire aujourd’hui. Pas seulement la musique mais aussi les techniques d’enregistrement, l’état d’esprit, la façon de s’habiller. Comment l’expliques-tu ?

Je pense que c’est parce que c’était tellement plus riche. Tout était plus riche dans la signification des choses et dans l’émotion. Les choses, de nos jours, la musique, la mode, internet, etc. tout semble vide de sens parfois. Et c’était une époque où il y avait énormément de créativité qui était complètement fraîche, complètement neuve. C’était une époque vraiment excitante et qui, je crois, le sera toujours. Je pense que ça ne disparaîtra jamais.

Habituellement, les gens opposent les années 70 aux années 80. Donc que penses-tu des années 80 ?

[Rires] Je ne suis pas fan des années 80 ! A mon avis, c’est un peu là où tout a commencé à se dégrader et je pense que la cause vient pour beaucoup de la technologie. Car plus les gens avaient les moyens d’en faire, plus de gens faisaient des choses et la soif d’art s’est perdue, je pense, avec la technologie. Voilà pourquoi je ne suis pas fan des années 80. Evidemment, il y a des musiques que j’aime dans les années 80 mais bonne part est gâchée par la production, ce qui est vraiment dommage parce qu’il y a des chansons que ne peux même jamais écouter parce qu’elles sonnent trop années 80 [rires].

Est-ce que tu penses que les limitations sont bonnes pour l’art en général ?

C’est bien parce que tu peux te concentrer sur la vraie substance, c’est-à-dire la matière, les chansons et les arrangements, plutôt que de te reposer sur du bidouillage, ce qui est très facile aujourd’hui.

Apparemment, tu as une passion pour les vêtements vintage. Est-ce que tu dirais que ton style vestimentaire est une autre manière d’exprimer ta créativité ?

Ouais, clairement. C’est une extension de la prestation. C’est une extension de qui je veux être, qui je me sens être, et qui nous sommes tous également ; nous nous encourageons les uns les autres avec nos façons de nous habiller parce que nous apprécions tous ça. C’est simplement amusant de porter des vêtements différents ! En fait, je créé des vêtements, je me fais mes propres trucs. Parfois à partir de rien mais la plupart du temps, je customise des choses que je trouve pas cher. Je viens juste de démarrer une collaboration avec une compagnie qui s’appelle Mr. Fish qui vient d’être relancée. C’était des designers vers la fin des années 60 et au début des années 70 qui travaillaient pour des gens comme Mick Jagger et David Bowie, en leur confectionnant des costumes de scène et des trucs extravagants. Donc ça tombe bien qu’ils se soient relancé et nous aient choisis pour représenter la marque. Nous sommes, en gros, en train de concevoir nos costumes de scène et ils les fabriquent pour nous, et nous allons fait des shootings photos pour eux. Et je suppose que nous travaillerons ensemble à l’avenir.

Il y a des gens qui estiment que les vêtements, c’est quelque chose de superficiel et de creux. Que leur répondrais-tu ?

C’est comme ils veulent. Tout dépend ce qu’ils ressentent par rapport à ça. Moi, je trouve ça très amusant. Ce n’est pas une question d’être superficiel. J’apprécie beaucoup m’habiller. J’aime comment ça me fait me sentir. J’aime ce que ça procure aux autres. Donc, pour moi, ce n’est pas une expérience superficielle, au contraire, c’est une expérience plutôt riche. Mais je suis certaine que ça dépend de qui on est. Je suis certaine que plein de gens ne le voient pas comme ça.

Vous allez jouer avec Kiss au Download cette année. Vous aviez déjà joué en ouverture de Kiss sur la Kiss Cruise l’année dernière. Quelle relation entretiens-tu avec ce groupe ? Est-il une influence en termes de concerts théâtraux ?

Je ne dirais pas qu’ils sont une influence. Je n’étais pas une fan avant que nous nous retrouvions sur cette croisière et que je les voient en concert. Je me suis alors rendue compte d’où venait tout ce tapage à leur sujet parce que leur show était très divertissant. Mais non, ce groupe ne m’a pas influencé personnellement.

Interview réalisée par téléphone le 4 avril 2016 par Philippe Sliwa.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Purson : www.purson.co.uk



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