Une tournée de Rammstein est toujours un événement qui ramène des spectateurs venus de tous les horizons. Et pour marquer encore plus le coup, cette année trois concerts du groupe allemand sont programmés aux Arènes de Nîmes ! Un lieu cher au cœur du groupe et de ses fans car on se souvient notamment de leur célèbre show donné dans ce cadre pour la tournée du Völkerball. Peu étonnant alors qu’en moins d’une minute les 45 000 places que représentent ces trois concerts se soient écoulées. Rammstein est devenu très actif ces derniers temps avec la sortie de son live au Madison Square Garden et celui de Bercy. Alors entre un concert de Julien Doré et Scorpions, le Festival de Nîmes accueille cette fois le célèbre groupe de metal industriel. Welcome back Rammstein! Amenez le feu, on fera le reste.
Pour ouvrir le concert, c’est une idée pour le moins originale qu’a eu le manager de Rammstein : à savoir faire jouer deux pianistes françaises, le Duo Jatekok. Ce qui aura au moins comme mérite de surprendre le public. À deux devant leurs instruments, les deux pianistes vont reprendre devant plus de 15 000 personnes des titres des Allemands. Une manière de démarrer cette belle soirée en douceur et qui avait sur le principe toutes les chances de plaire au public.
Artiste : Rammstein – Duo Jatekok
Date : 11 juillet 2017
Salle : Arènes
Ville : Nîmes
Malheureusement, nombreux sont ceux ne jouant pas le jeu dans la foule en parlant fort durant les morceaux, ne désirant voir que Rammstein. Pour les autres plus silencieux, ils pourront profiter de titres comme « Ohne Dich », « Sonne » ou encore « Frühling In Paris » avec une des pianistes s’amusant à pincer les cordes de piano avec des pinces à linge pour remplacer la guitare acoustique. Tout cela donne un vent frais à la musique de Rammstein. Et malgré un certain vide causé par le seul piano présent dans la musique, les deux jeunes femmes font de leur mieux pour redoubler d’inventivité afin d’exploiter au mieux l’instrument.
Si elles n’ont pas l’habitude de jouer devant tant de monde, et surtout devant le public de Rammstein, elles seront sûrement contentes de voir que les fans chanteront en cœur les différents morceaux. Et on ne leur en voudra pas trop d’abuser du signe des cornes lorsqu’elles salueront le public, ni qu’elles se trompent sur le nom d’un album de Rammstein lorsqu’elles le nommeront Klavier (qui est seulement un titre des Allemands). Il est suffisamment honorable et original de la part de l’équipe de Rammstein de nous proposer autre chose que du metal comme ouverture et qui puisse tout de même plaire aux fans. En espérant peut-être voir un album de reprises sortir de Duo Jatekok, inspiré par cette expérience.
Le soleil est déjà bien bas, l’obscurité gagne les arènes ; la température est parfaite et les olas se déclenchent dans ce magnifique cadre. Les fans scandent le nom de Rammstein et, sur les coup de 22H, les lumières s’éteignent et la foule se lève pour accueillir le groupe en cette première date de la trilogie nîmoise. Comme lors de leur tournée de 2016, un grand drapeau noir fait le décompte jusqu’au tomber de rideau qui dévoile l’installation industrielle du groupe. Ce dernier démarre par le nouveau titre « Ramm 4″ qui consiste à chanter à la suite des titres de Rammstein, et sur le refrain, la foule crie « JA ! NEIN ! RAMMSTEIN ». Un riff bien entraînant qui fait sauter encore et encore un public survolté. Mais on se rend vite compte que l’on va devoir assister à la même prestation qu’au Download parisien de l’année dernière. Même setlist, même mise en scène : sauf qu’on est dans de bien meilleures conditions.
On a autour de nous des places assises où tout le monde peut voir comme il faut la performance et une fosse dans une zone bien aérée. Ce qui change drastiquement de leur dernier concert parisien où personne ne pouvait bouger tellement il y avait de monde, cherchant désespérément de l’air pour respirer. Et ceux situés loin de la scène devaient se contenter d’un écran en noir et blanc, de faible qualité. Alors pour profiter dans de bien meilleures conditions du concert, les Arènes de Nîmes semblent être le lieu parfait. Et le grand plus du concert est la participation de nombreux feux d’artifices afin de rajouter encore plus de grandeur et renforcer l’aspect visuel qui fait tout l’intérêt de Rammstein en concert, en plus de leur musique. La même setlist sera donc proposée qui comporte les classiques « Keine Lust », « Links 2-3-4 », « Seeman »… Un concert d’1H30 est loin d’être suffisant pour brasser tout ce que l’on aimerait entendre. Et si la mise en scène reste la même, elle n’en demeure pas moins impressionnante.
Entre Till arrivant en faisant des claquettes, explosant son chapeau, s’envolant dans les airs au son de « Engel » avec ses ailes de fer ; ou alors son arc explosif et son fusil déclenchant les nombreux feux d’artifices ; les guitares lance-flammes de Richard et Paul durant « Stripped » ; leur reprise de Depeche Mode ; les nombreuses flammes durant « Sonne » balayant toute la scène et les derrières des arènes ; sur la fin de « Feuer frei! » Flake, notre claviériste favori, subira évidemment la loi de Till qui le traînera avec une laisse dans une baignoire pour déverser sur lui, durant le morceau « Ich Tu Dir Weh » (traduisez, je te fais mal), un sceau d’explosif provoquant l’explosion en étincelles de la baignoire dont ressortira Flake, vêtu d’un brillant costume à paillettes.
On en a plein les yeux avec Rammstein, et malgré avoir joué presque vingt titres, on trouve le temps court. Il nous en faudrait encore plus, mais on n’ose imaginer la force physique que leur performance demande. Alors après l’adieu sur « Engel », et s’être mis à genou, les Allemands quittent la scène non sans faire crier de toute ses forces le public. Alors dans l’ombre, quelques minutes après, on entend la voix caverneuse nous demandant « vous en voulez encore ? » Muni de sa guitare acoustique, le bassiste entamera le morceau exclusif à nos dates françaises : « Frühling In Paris » – tandis qu’au Resurrection Fest, pour la première fois en Espagne, le groupe a interprété « Te Quiero Puta ». Chacun sa culture ! Alors les mots de Piaf retentissent dans les arènes, non « nous ne regrettons rien » et nous partons de ce lieu unique après le morceau sur des mélodies de piano.
Rammstein est visuellement l’un des groupes les plus intéressant : ici réside l’une des raisons de leur fort succès. Entre les flammes, la grandiloquence de cette nuée de confettis bleu blanc rouge sur « Amerika », ou même la provocation que l’on peut voir lorsque Till se met en scène explosant avec une ceinture d’explosif sur lui pour « Zestören » : le public en a pour son argent. Et même si on aurait aimé pour 2017 un show différent, on pourrait profiter d’une telle performance continuellement sans s’en lasser. Ainsi l’audience guettera avec impatience les prochaines tournées du groupe, ainsi que ce nouvel album dont on ne connait encore pas grand-chose.
En attendant, on repart de Nîmes avec des souvenirs pleins les yeux et on profitera encore des récents live ressortis, ainsi que de leur célèbre Völkerball qui a déjà douze ans…
Setlist :
Ramm 4
Reise, Reise
Hallelujah
Zestören
Keine Lust
Feuer Frei!
Seeman
Ich Tu Dir Weh
Du Riechst So Gut
Mein Herz Brennt
Links 2-3-4
Ich Will
Du Hast
Stripped (reprise de Depeche Mode)
Sonne
Amerika
Engel
Frühling In Paris
Report : Matthis Van der meulen
Photos : Loic « Lost » Stephan (Download Festival France 2016)
Les pianistes ne se sont pas du tout trompées en parlant de « klavier » il s’agit bien du livre de partition pour piano de quelques titres de rammstein réarrangés, vendu accompagné d’un cd.