A l’occasion de la sortie en janvier prochain du prochain opus de Lamb Of God, nous nous sommes entretenus avec le frontman du groupe Randy Blythe. Une interview qui met en valeur un personnage on ne peut plus simple, spontané et dans le présent. Le message de ces disques est clair et un album n’est que la photographie de l’instant musical présent. Il est donc trop tôt, d’après lui, pour dire si les timides évolutions que présente le très efficace Resolution, introduit par un titre sludge et clôturé par un morceau avec orchestre (expérience sur laquelle nous nous sommes arrêtés un moment, avant d’embrayer sur son opinion sur la musique classique), ne sont que les prémices d’un changement plus marqué. On en doute, cependant. L’origine de la présence de l’orchestre est une suggestion du producteur. Et cette introduction sludge, certes réussie, semble être le résultat d’une inspiration du moment, sans suite.
L’interview ayant été réalisée le lendemain de l’annonce officielle de la signature de Gojira chez Roadrunner Records, Randy étant un proche du groupe, nous l’avons également questionné sur sa réaction à cette actualité.
Radio Metal : Votre nouvel album s’intitule Resolution. Une résolution est une décision de changer quelque chose dans son comportement, sa personnalité ou ses habitudes. Alors, quelle est la résolution de Lamb Of God?
Randy Blythe (chant) : Resolution ne veut pas forcément et uniquement dire qu’on va changer, une résolution peut être beaucoup de choses différentes. Elle peut être la finalité et le résultat de quelque chose, elle peut être la clarté de la vision… Mais tu as raison, ça peut désigner une décision qu’on va prendre, donc ma résolution pour cet album est simplement de faire une tournée mondiale et d’offrir le meilleur show possible.
Sur l’artwork de l’album, on peut voir un endroit désertique et ce qui semble être un volcan en éruption à l’arrière-plan. D’après le titre de certains morceaux, tels que « Desolation », « To the End » ou « Ghost Walkin’ », on peut supposer que l’album parle de la fin du monde. Resolution est-il un moyen, pour vous, de dire aux gens qu’ils doivent changer leur comportement afin d’éviter des représailles de la nature?
Oui, comme je l’ai dit sur le dernier morceau du dernier album. Je pense que le monde va très mal en ce moment et que les gens devraient changer leur comportement, sans quoi tout va éclater. Et d’après les problèmes qu’on peut voir dans le monde entier, je pense que ça a déjà commencé. Les choses vont de plus en plus dans la mauvaise direction. Enfin, je ne sais pas. 2012 viendra et nous verrons ce qu’il se passera. (rires)
Tu crois que la fin du monde aura lieu en 2012 ?
Je ne sais pas ! Peut-être !
Tu as écrit sur ton blog que tu détestes l’étape du choix d’un ordre pour les morceaux. Est-ce que c’est difficile pour le groupe de trouver un compromis sur cet ordre ?
Oui, ça a pris un petit moment avec celui-ci, puis nous avons décidé. C’est vraiment difficile, chacun veut faire les choses à sa façon. Mais on s’en est sorti finalement. Ça vaut ce que ça vaut mais je pense que les morceaux de cet album s’enchaînent bien.
A la lecture de ton blog, cela a l’air de te toucher particulièrement. Est-ce que c’est parce que certains morceaux que tu aimais vraiment ont été supprimés pour l’album?
Non ! Pas du tout pour celui-ci. Pour cet album, nous avons écrit et enregistré seize morceaux. Nous n’allions pas tous les mettre dans l’album. Nous étions donc dans cette situation où il fallait choisir quels morceaux ne seraient pas dessus. Il comporte déjà quatorze pistes et dure presque une heure. Ça aurait vraiment été trop si nous en avions mis plus. Je ne pense pas que les morceaux aient été complètement écartés, c’est seulement nous qui nous sommes dit « OK, on y est presque, maintenant finissons-en. »
Et que vont devenir ces morceaux? Est-ce qu’ils sortiront un jour?
Oui, bien sûr ! Ils ne vont pas disparaître. Qui sait où ils finiront…
Tu as déclaré qu’un bon album n’est pas fait des morceaux préférés de chaque musicien, mais des meilleurs morceaux de chacun. Comment parvenez-vous à faire la différence ?
Pour nous, c’est plutôt simple puisque nous sommes cinq. Si ça avait été un projet solo, si ça avait seulement été un album de Randy Blythe, là, j’aurais choisi mes morceaux préférés. Mais vu qu’il y a quatre autres personnes, nous nous surveillons les uns les autres en quelque sorte. On vote et voilà. C’est un processus démocratique et je pense que chacun d’entre nous agit dans le but d’en sortir la meilleure chose possible.
Est-ce que d’autres gens sont impliqués dans ce processus?
Non, juste le groupe.
Au niveau musical, l’album commence avec un court morceau doom/sludge, et se termine avec un orchestre. Est-ce que ces morceaux sont des indices sur la façon dont Lamb of God pourrait évoluer dans le futur?
Nous venons juste de finir cet album, il ne sortira pas avant janvier, donc nous ne pensons pas encore au prochain. Nous pensons à CET album en ce moment. Nous en faisons la promo. Je n’ai aucune idée de ce qu’il se passera dans un ou deux ans quand nous ferons le prochain. Tu pourras me le demander plus tard, pour l’instant je n’en sais rien.
Ces deux morceaux sont plutôt convaincants. Pourquoi n’avez-vous pas essayé d’aller plus loin dans ces expérimentations sur cet album ?
Parce que nous avons composé exactement ce que nous voulions composer et ces morceaux ont été écrits parce que, à ce moment précis, nous étions d’humeur à faire un morceau sludge. On s’est dit « Et si on écrivait un morceau sludge? » puis on n’en a plus eu envie ensuite et on a donc fait autre chose. L’orchestre a été ajouté à la fin. Ce morceau n’était pas censé avoir d’orchestre ou de chanteurs d’opéra au départ.
Comment vous est venue l’idée de jouer avec un orchestre ?
Elle vient de notre producteur Josh. Il a dit : « Vous savez quoi ? Des cordes sonneraient bien ici, et puis une voix lyrique aussi ». Nous avons donc répondu « OK ! »
Qu’avez-vous pensé de cette expérience ? Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le fait d’enregistrer un morceau de ce type ?
En ce qui concerne le morceau c’était pareil, il a été enregistré alors que nous ne pensions pas insérer un orchestre. C’est venu tout à la fin, nous l’avons donc enregistré de la même façon que les autres morceaux. Le moment le plus difficile a été celui du mixage où il a fallu faire en sorte que les voix ne couvrent pas le reste du morceau. Il s’agissait donc davantage d’un problème de mixage complexe que d’un problème d’écriture.
A propos de cette chanson, le batteur Chris Adler a déclaré : « Nous avons essayé de comprendre comment ne pas faire de black metal, mais quelque chose de différent ». Vous avez un problème avec le black metal ?
Non. Chris parle beaucoup alors qu’il ne le devrait peut-être pas. Ce qu’il voulait dire, c’est simplement que beaucoup de groupes de black metal – et nous sommes amis avec certains d’entre eux – utilisent un orchestre. Or nous ne sommes pas un groupe de black metal, nous avons donc voulu nous assurer que notre morceau ne sonnait pas comme du black metal. C’était juste un commentaire idiot qui n’a aucun rapport. Je suis ami avec des mecs qui font du black metal et c’est leur truc. Nous ne sommes pas un groupe de black metal mais nous faisons des tournées avec des groupes de black metal, donc non, nous n’avons aucun problème avec le black metal.
Les musiciens de l’orchestre étaient-ils des fans de Lamb of God ?
Non, ce ne sont pas des fans. Ce sont juste des gens qui ont été engagés.
Certains amateurs de metal, voire des musiciens pensent que le heavy metal est la nouvelle musique classique. Es-tu d’accord avec ça ?
Non. La musique classique, c’est la putain de musique classique. Si des mecs qui font du heavy metal veulent utiliser des cordes ou autres, ils ne font que se servir d’un élément du classique. C’est un commentaire ridicule. Non, le heavy metal n’a rien à voir avec une nouvelle forme de musique classique. Les gens qui font du heavy metal, du moins la plupart d’entre eux, n’ont aucune idée de la profondeur de la composition d’une pièce de musique classique. Si tu composes du classique, tu dois écrire des partitions pour trente, quarante instruments différents selon la taille de l’orchestre. Composer du heavy metal demande beaucoup de savoir-faire, beaucoup plus que pour une chanson pop basique, mais ça n’a rien à voir avec l’habileté et la maîtrise nécessaires pour écrire entièrement une pièce de musique classique pour un orchestre. Cela dit, je ne connais pas de metalleux qui pensent que le heavy est la nouvelle musique classique… Peu importe. Ils sont peu nombreux, mais la plupart des metalleux que je connais sont fiers de ce qu’ils sont, genre « C’est du putain de heavy metal et ça blaste. »
Pour votre tournée mondiale en 2012, vous avez l’intention de tourner un film sur vos fans et la façon dont ils utilisent la musique de votre groupe pour faire face à leur vie quotidienne. Comment cette idée vous est-elle venue ?
Il est encore trop tôt pour en parler. L’idée vient de notre manager, mais je ne sais pas exactement comment ça va se faire, comment ce sera filmé, de qui l’équipe sera composée, où ça se passera. Mais c’était vraiment une idée de notre manager. Notre boulot, c’est juste de faire de la musique et des concerts, et on verra bien ce qu’il se passe.
Est-ce que tu penses que la musique de Lamb Of God a plus d’impact sur la vie quotidienne des gens que celle des autres groupes ?
Je ne sais pas ! Je n’ai pas cette prétention, je m’occupe de mon groupe et pas de celui des autres, donc je ne m’impliquerais pas dans un projet qui consisterait à se demander « En quoi écouter Rush ou Black Sabbath affecte votre vie quotidienne ? ». Non, vraiment, je ne sais pas, je ne connais pas tout le monde, je ne sais pas quel impact les autres groupes ont sur la vie des gens, je sais seulement que mon groupe en a un parce qu’on me le dit.
Et toi ? Quels groupes ont un véritable impact sur ta vie quotidienne ?
Oh, la, la… Le vieux punk rock comme les Sex Pistols, les Misfits, Bad Brain, Black Flag, tous ces trucs. J’ai grandi avec et j’en écoute toujours aujourd’hui.
Nous avons appris aujourd’hui (NDLR : interview réalisée le 9 novembre 2011) que le groupe français Gojira a signé un contrat avec Roadrunner Records. Étant proches d’eux, quelle est ton opinion là-dessus?
Je pense que c’est bien pour eux. Listenable Records a fait du bon boulot pour eux tant qu’ils le pouvaient. Prosthetic en a fait autant au stade où ils en étaient. Ils se sont battus pour arriver où ils en sont. Ils méritent d’être signés par un gros label qui peut faire connaître leur musique auprès d’autant de gens que possible parce qu’ils sont un des groupes les plus talentueux actuellement. Je suis très content pour eux, j’espère qu’il ne leur arrivera que de bonnes choses.
Étant donné que tu as collaboré avec eux sur leur album The Way Of All Flesh, verra-t-on un jour Joe Duplantier chanter sur un morceau de Lamb Of God?
Bien sûr ! J’y ai pensé et je suis complètement pour, mais ce n’est pas prévu pour le moment. Il a déjà chanté avec nous en live plusieurs fois. Ce n’est pas à l’ordre du jour car nous venons juste de finir d’enregistrer, mais si nous devions collaborer avec des chanteurs, j’aimerais clairement qu’il en soit.
Interview réalisée le 9 novembre 2011 par phoner
Retranscription et Traduction : Chloé et Amélie
Site Internet de Lamb Of God : www.lamb-of-god.com
il a l’air super heureux de faire l’interview en tout cas…
[Reply]
Rien à voir c’est son caractère il est vachement franc et direct c’est ce qui fait une part de son charme aussi