Jake E. Lee, artiste maudit ? Sans aller jusque dire qu’il est un guitariste sur lequel le destin s’acharne, il n’en est pas moins un musicien à qui la chance a toujours cherché à échapper. Viré du groupe d’Ozzy Osbourne suite à une saute d’humeur de son patron en 1987, il n’aura finalement été qu’une période entre deux plus importantes : Randy Rhoads et Zakk Wylde. Semblant parfaitement rebondir avec Badlands, ce groupe si prometteur à la fin des années 80 a pourtant éclaté dès le début des 90’s. Dès lors, Lee disparait presque pour ne revenir qu’épisodiquement, pour un featuring ou quelques discrets albums solo. Mais le revoilà avec ce nouveau projet Red Dragon Cartel en 2014, longtemps après ses plus grandes heures ! Mais faut-il craindre le retour d’un zicos qui serait resté coincé dans une époque chérie ?
Que nenni, braves gens ! Ce Cartel compte bien s’installer dans son temps, et le nom du producteur Kevin Churko en est un bon indicateur. Ce dernier a, en effet, travaillé avec Ozzy sur ses deux derniers albums aux sonorités déjà très modernes mais aussi sur les dernières œuvres de formations plus jeunes comme Five Finger Death Punch et In This Moment. Probable donc que c’est ce qui a permis à Lee d’apporter des titres comme ce « Shout It Out » aux accents industriels quasi « ministryens » ou d’amener la chanteuse Maria Brink sur « Big Mouth », offrant une dose de sensualité féroce par sa voix posée sur des riffs montés sur perceuse, pour démontrer la modernité de son propos. Cet album, c’est d’ailleurs une masse d’invités offrant un éventail varié de couleurs : du bon gros heavy avec Paul Di’Anno à la power-ballad finale « Redeem Me » avec la Canadienne Sass Jordan, avant une outro au piano, instant d’ « Exquisite Tenderness » à la sortie.
Mais Red Dragon Cartel se veut aussi un nouveau groupe. Et de ce côté, dès l’entrée « Deceived », le chanteur Darren J. Smith le fait immédiatement basculer dans un registre plus proche d’Ozzy que du hard bluesy des Badlands, avec ce timbre propice aux compositions lourdes et purement metalliques. Un « War Machine » justement, avec son rythme lourd, cette voix étranglée et ses riffs allant même jusqu’au doom, ne dépareillerait pas dans la discographie du Madman. Mais c’est finalement toujours et avant tout le groupe de Lee et c’est lui qu’on surveille à chaque solo (et il y en a !), prouvant que le jeune gratteux de Bark At The Moon n’est pas prêt de se faire oublier.
Ci-dessous le clip de « Deceived » :
Album Red Dragon Cartel, sorti le 24 janvier 2014 chez Frontiers Records
Il est géniale le riff