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Chronique Focus   

Remina – Strata


Le concert donné par Draconian en juin au Hellfest était le dernier du groupe avec Heike Langhans, qui avait annoncé en mai quitter le groupe, notamment pour se consacrer à ses projets personnels. Il faut dire que la musicienne n’en manque pas. En plus de son projet solo de darkwave, :LOR3L3I:, qu’elle mène depuis 2006, elle a formé de 2015 à 2020 le duo de post-rock atmosphérique Ison avec Daniel Änghede (qui a notamment joué dans Crippled Black Phoenix), avant de trouver un autre partenaire artistique en la personne de Mike Lamb de Sojourner. La tournée européenne que Sojourner a partagée avec Draconian début 2019 a en effet permis la naissance d’un duo créatif particulièrement prolifique puisque à Light Field Reverie, créé en 2020 par les deux musiciens, s’ajoute déjà un deuxième projet commun, Remina.

L’objectif de Light Field Reverie était de permettre à Heike Langhans et Mike Lamb d’explorer des styles qu’ils n’abordent pas dans leurs autres projets. Cet exutoire créatif sans limites était donc voué à produire des albums différents les uns des autres, au risque d’aboutir à une formation sans identité propre. C’est ce que le duo a voulu éviter en divisant son expression en deux : à Light Field Reverie leurs créations les plus progressives, modernes et énergiques, et à Remina les plus doom et atmosphériques. Ainsi est né Remina, sous des influences musicales et thématiques finalement assez proches de celles de Light Field Reverie. Le nom du groupe est tiré du manga Hellstar Remina de Junji Itō, dans lequel une planète, qui se rapproche dangereusement de la Terre en détruisant tout sur son passage, se révèle être un organisme vivant prêt à dévorer notre planète avec tous ses habitants.

Cette source d’inspiration étonne peu lorsque l’on connaît le goût de Heike Langhans et Mike Lamb pour les thèmes de l’imaginaire et de l’évasion, que ce soit à travers la littérature, le cinéma ou les jeux vidéo. L’album de Light Field Reverie, Another World, s’inspirait du jeu vidéo du même nom, dans lequel un physicien est projeté au cours d’une expérience dans un autre monde peuplé de créatures hostiles. Le regard de Remina porte, lui, vers le ciel, par-delà la stratosphère, le duo l’ayant conçu comme le lieu d’expression de son intérêt pour l’espace et la science-fiction. Les morceaux de Strata sont directement inspirés par des œuvres de ce genre : la série de romans The Expanse et la série télévisée qui en a été tirée ont donné naissance à « Ilos », le film Sunshine de Danny Boyle, à « Dying Sun », et le manga Blame! de Tsutomu Nihei, à « The Endless City », mais aussi à la pochette de l’album et plus généralement à son atmosphère.

Musicalement également, les balises sont connues : Remina se situe, comme Light Field Reverie, à mi-chemin entre le doom gothique de Draconian et la darkwave de :LOR3L3I: et ce sont des nuances assez fines qui différencient les deux projets. Alors que l’album de Light Field Reverie, avec ses couleurs et ses humeurs changeantes, manifeste un dynamisme et un certain mordant, Remina explore les limbes qui bordent les territoires metal, les confins nébuleux où le spleen se dissout dans l’éther. Aux commandes de ce voyage sans retour, la majestueuse voix d’Heike Langhans, dans un registre plutôt bas, s’étale en nappes surréelles et se démultiplie en harmonies. La chanteuse prouve une fois de plus sa capacité à faire vibrer les émotions les plus intimes et on ne peut que se réjouir de la naissance d’un nouveau véhicule musical à la hauteur de son expressivité. Autour d’elle, les synthés tracent le parcours d’une échappée interstellaire au fil de laquelle la guitare lead, moins agressive qu’au sein de Light Field Reverie, fait résonner ses notes mélancoliques et ses lourdes déflagrations. Principal élément doom, la section rythmique appuie de sa force la calme et grave intensité du chant.

Lorsque les deux musiciens ont décidé, en 2021, de lancer Remina et de lui réserver leurs morceaux les plus doom, ils prévoyaient de sortir ces derniers régulièrement, au fur et à mesure de leur création, sous la forme de singles et non sous celle d’un album. Il semble qu’ils soient depuis revenus sur cette première idée et cela à raison, tant les sept morceaux de Strata forment une suite logique, un périple que l’on imagine mal scindé en étapes isolées. L’écart entre l’album de Light Field Reverie et celui-ci n’est à cet égard pas que stylistique. Dans sa volonté de laisser libre cours à de multiples inspirations, Another World déployait une diversité de tons qui s’accordait à son caractère plus up tempo et énergique. Strata gagne au contraire à privilégier une certaine homogénéité, un mouvement régulier et fluide en accord avec sa portée onirique. Toutes les compositions, fruits d’une écriture profondément inspirée, ont cependant une identité suffisamment forte pour que l’ennui ne rompe jamais l’élan de ce « doom cosmique ». Au fil de ses longs morceaux, Remina bâtit des cathédrales dans l’espace, du puissant « Aeon Rains » au poignant « Back In Time », en passant par le superbe « The Endless City », tout en flux et reflux, traversé de quelques drones et des échos gothiques de la guitare de Mike Lamb.

Lyric vidéo de la chanson « The Endless City » :

Chanson « Aeon Rains » :

Chanson « Obsidian » :

Chanson « Dying Sun » :

Album Strata, sortie le 11 novembre 2022 via Avantgarde Music. Disponible à l’achat ici



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  • J’adhère à tout ce que j’entend ici. Très prometteur . D’une manière plus générale, comment ne pas succomber au charme envoûtant de l’ensorcelante et magnifique Heike ?

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